LA MORALE LE DEVOIR Dans ce cours sur le devoir, il va s’agir de s’instruire en

LA MORALE LE DEVOIR Dans ce cours sur le devoir, il va s’agir de s’instruire en matière de morale. La morale, c’est ce qui distingue le bien du mal, et le devoir c’est le sentiment d’obligation morale que j’ai d’agir bien ou justement. Toute la question est de savoir si le devoir est pur, si l’on agit absolument moralement, ou s’il n’est jamais qu’intéressé, contrainte. Dans un premier temps nous verrons que la plupart d’entre nous le considèrent précisément comme une contrainte, imposée par la vie en collectivité par exemple. Le devoir est ainsi l’outil privilégié du contrat social. Mais dans un deuxième temps, nous distinguerons deux formes de devoir : le devoir contrainte, celui qui m’est imposé de l’extérieur (je dois faire ça) et que je respecte formellement, et le devoir obligation, celui que je m’impose moi-même (je me dois de faire ça), que je respecte absolument, dans le fond, sans aucune autre finalité que morale. Le premier est celui du droit positif, du politique, le second celui du droit naturel et de la morale. Enfin la question sera posée de savoir si le devoir est contrainte ou liberté. Il apparaîtra alors que selon le type de devoir concerné, la réponse change. PRÉREQUIS Aucun prérequis, c’est un cours de débutant en philosophie, aucune crainte ! Il faut juste être vigilant quant aux distinctions conceptuelles employées et au vocabulaire spécifique utilisé. OBJECTIFS La définition du devoir et son lien à la morale ; Devoirs et droits ; Le devoir comme contrainte et outil collectif ; Le contrat social, l’état de nature et l’état civil ; Le mythe de Gygès (Platon) ; L’homme est un loup pour l’homme (Hobbes) ; Droit positif/droit naturel ; Le mythe d’Antigone (Sophocle) ; Contrainte vs obligation ; Je dois/Je me dois ; Mobile pathologique et mobile pur (Kant) ; Préceptes, maximes et impératif moral (Kant) ; Liberté ratio essendi/morale ratio cognoscendi (Kant encore) ; Le devoir comme assujettissement et manipulation par la religion (Nietzsche) ; L’actualisation de la morale et le principe responsabilité (Jonas). Introduction A. Définition Le devoir est une affaire avant tout morale. Il s’agit de l’obligation que l’on se donne d’agir selon certaines règles, certains principes, certaines valeurs. Il s’érige depuis un manichéisme, c’est-à-dire un dualisme qui départage le bien, le bon, le juste, le vertueux, du mal, du mauvais, de l’injuste, du condamnable. Le devoir peut avoir une dimension personnelle et trouver sa source de manière ainsi naturelle (j’agis de telle sorte parce qu’en mon for intérieur je sais que c’est bien d’agir ainsi), mais il a souvent aussi une dimension collective et est rattaché à un devoir plus ou moins institué et institutionnalisé par les règles sociétales et les lois (j’agis de telle sorte parce qu’il m’est interdit d’agir autrement). Le devoir se joue donc entre la conscience morale, la légitimité d’une action (le fait qu’elle soit juste et pas moralement condamnable) et la légalité de cette dernière. Il y a ainsi deux sources au devoir : l’une pure, qui ne dépend de rien d’autre que d’une finalité morale (j’agis bien pour agir bien et moralement), l’autre intéressée, qui dépend non plus d’une obligation intérieure mais davantage d’une contrainte (j’agis moralement parce que je ne peux pas faire autrement, parce que je n’ai pas le droit de faire autrement). On suppose alors que le véritable devoir, celui qui est absolument moral et donc vertueux, est pur et contient en lui-même sa finalité. Il y aurait là alors une sorte de sainteté du devoir, une gratuité qui l’élèverait au rang de vertu. Cependant, agir de manière intéressée ne serait qu’un faux-semblant de devoir, un polissage de nos actions pour faire comme si l’on respectait autrui, c’est alors une contrainte formelle : mes actions ont la forme du devoir mais non le fond. Enfin, on le voit, le devoir dépend de notre volonté et donc de notre liberté. Je choisis en mon âme et conscience de suivre le devoir ou non. Cela va conditionner la personne que je suis, ainsi que mes actions et ma responsabilité. Je suis aussi libre de juger, par exemple, qu’une contrainte légale n’est pas bonne moralement, alors j’érige le devoir en principe de choix et je décide de ne pas suivre ce qui me semble injuste et de faire valoir ma conscience morale contre la loi. B. Problématique La question qui semble essentielle dans cette notion de devoir est bien celle de la contrainte et de la liberté. Autrement dit, le devoir, la morale, est-ce ce qui me limite dans mes actions, ce qui me réduit, ce qui m’aliènerait ? Une sorte de chantage permanent où par les mises en gardes, les reproches, les punitions et la culpabilité, je serais absolument contraint psychologiquement d’agir correctement, en étant finalement infantilisé puisque je ne respecterai la morale que par crainte de représailles et en obéissant servilement aux leçons de morale que l’on me fait ? Ou au contraire, est-ce que je ne m’accomplirais pas pleinement dans mon humanité en agissant moralement ? La morale ne donnerait-elle pas une signification à proprement parler humaine à mes actions, qui se trouveraient par là-même élevées, détachées de l’instinct de la nature et de ses comportements plus ou moins vils, passionnés, intéressés ? Agir par devoir pour le devoir et non par crainte, n’est-ce pas ainsi que l’individu se construit comme sujet moral et accède à un degré supérieur d’humanité ? Quelle est donc la finalité du devoir ? La vie en communauté ou le bien en tant que tel ? Le devoir est-il une affaire de droit qui nous assujettit plus ou moins, ou la condition sine qua none de la morale qui nous élève au rang de sujet absolument libre ? I. LE DEVOIR APPARAÎT COMME UNE CONTRAINTE, UN IMPÉRATIF – JE N’AURAIS PAS LE CHOIX ET QUELQUE PART JE ME SACRIFIERAIS EN LUI DÉSOBÉISSANT A. Il y a des devoirs parce qu’il y a des droits … Dans le lexique des mots-clefs et concepts, le devoir est généralement associé au droit. Il est en effet son pendant. Le devoir, c’est agir de telle façon que je respecte les droits d’autrui. Le droit, c’est précisément le fait que je suis libre de certaines choses (propriété, dignité, sécurité) parce qu’autrui a des devoirs envers moi. Droit et devoir semblent donc en constante corrélation. Il y aurait donc des conditions à la fois politiques et juridiques du devoir. Les lois ou les codes moraux sociétaux, qui me disent comment je dois agir avec respect envers autrui, assurent ainsi d’une certaine manière l’émergence du devoir chez tout citoyen qui voudrait voir ses droits garantis en retour. Cela amène inéluctablement à l’idée que le devoir est avant tout une contrainte pour l’individu. B. Le devoir institutionnalisé comme contrainte « Tu dois faire ci », « Il faut que tu fasses cela », « Il est impératif d’agir ainsi ». Le devoir prend ainsi la forme d’un impératif. D’autant plus impératif qu’il met au jour tout un chantage. Entre culpabilisation, crainte de la punition, l’individu doit agir convenablement, correctement, pour avoir une vie paisible et ne pas être tourmenté par les retours de ses actions. Nous agissons en accord avec le devoir parce que nous y sommes contraints. Un mythe illustre parfaitement bien cela, c’est le mythe de l’anneau de Gygès, raconté par Platon dans La République. Ce mythe montre qu’on n’est jamais juste naturellement, spontanément. Quel est ce mythe ? Gygès est un berger, il trouve un anneau d’or en se promenant et il s’aperçoit qu’en le tournant il peut devenir invisible aux autres. Il profite de son sort, et à chaque fois qu’il est invisible, il fait tout ce qui est interdit, en toute impunité, puisque personne ne peut le voir, le dénoncer. Ce mythe est là pour dire que personne n’accomplit ses devoirs de son plein gré, mais qu’on n’agit justement que par contrainte, parce qu’on nous voit agir mal et que cela est passible de punition. Notre premier penchant serait l’injustice, le mal, l’intérêt personnel, que la loi et la société viendraient empêcher par leur côté punitif et coercitif. REPÈRE. Le mythe de l’anneau de Gygès illustre que l’homme, s’il était invisible, agirait de manière intéressée et non juste, parce qu’il serait en toute impunité. Il sert à montrer que le devoir est une contrainte et non un acte librement choisi par la volonté. Le devoir apparaît alors ni plus ni moins qu’un outil mis en place par la société pour qu’une vie collective soit possible, chacun agissant avec devoirs pour se respecter les uns les autres. C. Le devoir comme fondement de la vie ensemble, comme outil du contrat social Contre l’idée d’un homme par nature sociable et donc social, il y a celle qu’à l’état de nature, « l’homme est un loup pour l’homme », ainsi que le dit Hobbes dans le Léviathan. Qu’est-ce à dire ? Que par nature, les hommes sont enclins à des passions guerrières et meurtrières où ils ne se respectent pas du tout les uns uploads/Philosophie/ le-devoir-philosophie-bac-s-es-l.pdf

  • 10
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager