LE MARCHE DE CONCURRENCE PURE ET PARFAITE Depuis 1989, et la chute du mur de Be

LE MARCHE DE CONCURRENCE PURE ET PARFAITE Depuis 1989, et la chute du mur de Berlin, les experts et autres essayistes, ont annoncé "l'arrivée du monde à la fin de l'histoire" ( F. FUKUYAMA ) ou "la fin des idéologies". Cette ère nouvelle, n'est en fait que le triomphe d'une "idéologie" vieille de plusieurs siècles se dénommant libéralisme et de ses avatars économiques que sont la loi du Marché ( stylisé ) et la rationalité. Cette idéologie ( se basant sur le modèle d'un Marché virtuel parfait ) perçoit la société comme un ensemble d'agents libres et rationnels dont les activités vont être coordonnées grâce au marché pour aboutir à un optimum économique. Il conviendra donc de disséquer celle-ci comme un édifice théorique. Seront mises en lumière, dans un premier temps, ses bases ( philosophiques et autres ), suivra le cœur essentiel de la théorie, à savoir le modèle d'Equilibre Economique Général de L. WALRAS, et finalement ce qui couronne l'édifice, son aboutissement c'est à dire son emprise sur la réalité via les conseils d'éminents "experts". I. La conception de la réalité des libéraux : " tout est pour le mieux, dans le meilleur des mondes possible " En prémisse à tout raisonnement, il convient de préciser que le discours économique tout comme le discours religieux ou social, en tant que discours pensé, s'appuie sur des hypothèses bien précises qui relèvent le plus souvent de l'ordre de la conception du monde, véritable base de la réflexion ( cf. chapitre sur la culture ). On peut se rappeler que nombre de grandes théories économiques sont sorties de la tête de philosophes1[1] ou du moins de personnages dont le pôle d'intérêt ne se limitait pas exclusivement à l'économie2[2]. A. Le socle philosophique La pensée libérale qui touche l'ensemble des domaines de la vie sociale ( politique, économie, droit…) se comprend par 4 maitres-mots : Raison, Nature, Individu, Propriété [ 3 ]. Elle prône : 1[1] SMITH ( Adam Smith Institute, Adam Smith web site ) n'était-il pas professeur de philosophie et d'économie aux universités d'Edimbourg puis de Glasgow [ 1 ] [2] Il aura fallu une thèse à R. DI RUZZA [ 2 ] pour expliquer que ce qui était intrinsèquement important chez WALRAS, n'était pas en soi sa "technologie" ( autrement dit sa formalisation à outrance ) mais sa philosophie ou plutôt sa "représentation de la réalité" qu'il se contentait d'appliquer à l'économie. [3] "Partir des individus considérés comme libres de toute attache sociale, et voir dans la société la résultante de leurs comportements" [ 4 ]. [4] "Les lois de la nature sont aussi celles de la raison" [ 3 ]. [5] Ici on comprend mieux l'engouement extraordinaire que suscitent les mathématiques chez les économistes de la théorie néoclassique. [6] Fondateurs de ce courant C. MENGER ( 1840-1921 ), L. WALRAS ( 1834-1910 ), S. JEVONS ( 1835-1882 ) ; autres auteurs à connaître A. MARSHALL ( 1842-1924 ), V. PARETO ( 1848-1923 ), A.C PIGOU ( 1877-1959 )... [7] les modèles économiques sont des expressions condensées, généralement sous forme d'équations, d'une théorie. [8] Rationalité instrumentale : on peut citer l'exemple de G. BECKER : si j'ai froid aux pieds la rationalité économique me pousse à acheter des chaussettes plutôt qu'un bateau. [9] L' utilité marginale d'un bien est l'accroissement d'utilité ajouté par la consommation d'une unité supplémentaire du bien, les quantités consommées des autres biens étant inchangées. [9 bis] cité par J-P DUPUY dans Introduction aux sciences sociales Ellipses 1992 p. 67 [10] Utilité ordinale ( on suppose que le consommateur classe simplement des ensembles de biens selon la satisfaction qu'ils lui procurent ) remplaçant l'utilité cardinale ( utilité est mesurable ). [11] Il existe des cas particuliers où l'élasticité de la demande par rapport au prix peut-être positive : biens de type GIFFEN ( "paradoxe de GIFFEN" Sir Robert GIFFEN avait observer durant la famine des années 1850 en Irlande, que les paysans augmentaient leur consommation de pommes de terre, alors que le prix de celles-ci était à la hausse ), dans le cadre de phénomène de snobisme ( art, bijoux..), en cas de spéculation à la hausse, lorsqu'un bien est remplacé par un autre plus apprécié ( CD remplace le vinyle...). [12] On dira que l'entreprise est "price taker" : preneuse de prix. [13] un bien consommé par un acteur A ne peut profiter à un acteur B qui est donc exclu de l'usage du bien et se trouve sur le marché le rival de A. [14] le contraire étant la viscosité. [15] Le contraire étant l'opacité. [16] "main invisible" pour SMITH ( Adam Smith Institute, Adam Smith web site ), rôle du commissaire priseur et des tâtonnements pour WALRAS. 1. les idées d'individu, d'autorité de la seule conscience personnelle. Pour les libéraux, l'homme, est un "animal raisonnable", et c'est dans cette raison qu'il découvre les lois de sa liberté. De plus, l'individu est un absolu qui possède en lui les caractères de l'universalité et de l'unicité. Dès lors, la société est un résultat et non pas un fondement ; l'individu est toujours antécédent à l'Etat dans sa consistance unique et métaphysique. On retrouve ici les bases de l'individualisme méthodologique3[3] ( cf. chapitre sur la méthode sociologique ). 2. la foi en la Raison : l'homme est avant tout un être doué de Raison . La souveraineté de la Raison est le moyen et le but pour l'homme en vue d'accéder au bonheur. Mais cette raison individuelle est elle-même finalisée en vue de conquérir la nature : l'univers étant le symbole même de l'harmonie, il est par conséquent du devoir de l'homme de retrouver par la raison "les lois naturelles" qui gouvernent le monde et d'en édicter les règles4[4]. 3. Le corollaire d'un tel mode de pensée est un optimisme irréductible face au progrès, à la science et la nature : l'idée centrale du libéralisme consiste à introduire la notion de perfectibilité : la raison peut par [17] "ceteris paribus" en latin. [18] MARSHALL n'envisage pas l'ensemble des marchés mais il porte son attention sur un seul marché en faisant abstraction de son environnement économique. Ceci n'est possible que si l'on postule la constance de cet environnement. A cet effet, il utilise la clause ceteris paribus, c'est à dire "toutes choses égales par ailleurs" aux termes de laquelle dans son analyse, les goûts, les techniques et les revenus restent constants. [19] L'Equilibre général chez L. WALRAS est le point vers lequel les choses tendent "Tel est le marché permanent, tendant toujours à l'équilibre sans y arriver jamais…" ( idée fondamentale de processus ) L. WALRAS Eléments d'économie politique pure ( 1874 ). [20] "Les membres d'une collectivité jouissent, dans une certaine position, du maximum d'ophélimité, quand il est impossible de trouver un moyen de s'éloigner de très peu de cette position, de telle sorte que l'ophélimité dont jouit chacun des individus de cette collectivité augmente ou diminue. C'est-à-dire que tout petit déplacement à partir de cette position a nécessairement pour effet d'augmenter l'ophélimité dont jouissent certains individus, et de diminuer celle dont jouissent d'autres : d'être agréable aux uns, désagréable aux autres" V. PARETO Manuel d'économie politique 1906 [21] M. FRIEDMAN (1976 ), G. DEBREU (1983), G. BECKER (1992), R. LUCAS (1995)… [22] En France, nous avons le trio, A. MINC, J. ATTALI et G. SORMAN. [23] Ces 3 fonctions sont appelées des fonctions "régaliennes". [24] Cf. A. SMITH ( Adam Smith Institute, Adam Smith web site ). [ 25 ] " Toute question qui pose un problème d'allocation de ressources et de choix dans le cadre d'une situation de rareté caractérisée par l'affrontement de finalités concurrentes relève de l'économie et peut donc être traitée par l'analyse économique" G. BECKER cité par BASLE. M et alii dans Histoire des pensées économiques. Les contemporains Sirey 1988 . 2 3 4 son seul pouvoir, faire progresser dans l'ordre de la connaissance et de l'action. Dans cette optique, on aboutit à une vision linéaire de l'histoire où "tout rationalisme est un progressisme"[ 3 ]. L'appareillage mathématique, depuis DESCARTES apparaît comme le moyen privilégié d'expression de la pensée raisonnante puisque pour ce dernier, les sciences en règle générale, doivent nous conduire sur les voies de la vérité universelle et unique5[5]. 4. la jouissance de la propriété privée considérée comme un fondement de base de l'entité individuelle. Pensez au bac blanc de français : sujet n°1. B. Les " grands anciens " de la pensée libérale en économie La conception libérale ( qui postule que le libre fonctionnement des mécanismes du marché permet seul de se rapprocher de l'optimum économique et social ) remonte en économie par certains aspects, à des auteurs tels que P. de BOISGUILBERT ( 1646-1714 ) réclamant la liberté des prix et marchés ou aux physiocrates ( au 18ème siècle ). Cependant si l'on attribue à ces derniers la paternité de l'idée de laisser faire, avec la fameuse phrase attribuée par l'Histoire à Vincent de GOURNAY ( 1712- 1759 ) "laisser faire, laisser aller", en revanche selon K. uploads/Philosophie/ le-marche-de-la-concurrence-pure-et-parfaite.pdf

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