{r^ 6e Le problèrne <hr peychologisme : quelqrrea réflexions préIirniuaires * p
{r^ 6e Le problèrne <hr peychologisme : quelqrrea réflexions préIirniuaires * par Marc R,rcnrn Stagî,aire d,e RcclLcrchæ au F.N.R.S. Comme on le sait, ctest dans le courant du xrx" siècle, sotrs I'irnpulsion dr:nnée par le développement des sciences positives, que Ia philosophie commença à se trouver radi.calement mise rrn question. On ne peut pas dire aujourd'hui que cette époque de < crise >> soit terminée, bien que, san6 doute, elle se donne maintenant au rega.rd sous des formes que les homrnes r1u xrx" siècle trouveraient étonnantes, voire inquiétantes. Ctest que, comme on a cottume cle le dire, de nouveaux discour:s scientifiques se sont progressivement élaborés dans le courirnt de ce sièele et ont envahi le champ de la culture : les discours clcs sciences < humaines >, principa.lement ceux de ltethnologie, clc la psychanalyse et de la linguistique, qu'on réduit peufôtre un peu hâtjvemcnt au dénomina.teur commun du << structura- lisme >>. Flus récemment encore, clepuis 1966, et sous l.'impulsion rl'Àlthusser et rle I,aca.n; Ie Cercle d'épistémologie tle I'Ilcole Nor- mrle supérieure (de Paris) tente cle dégager le statut dc scienti- ûeité rigoureuse du marxisme et cle la psycha.nnlyse, dans une entreprise dont I'envers est la détermination. du statut de l:r. philosophie comme irléologie. La philosophie ne serait, à l'égard de la science, que la constnretion illusionnée - prise à une sorte cl.'illusion cltoptique rlétermirrant sa, place et son champ - çltlng rationalité a.yarrt pour fonetion de totaliser cc que son illusiorr lui donne colnme étant le réel. Cette seienee, rlont la psyelrana- Iyse et le ma.rxisme ne eonstituent eneore qre cles préminses, ntir bien ententlu plus rien à voir avee les sc'iences positives arrx- quelles le xrx" sièele fn.isait confianee pour résoudre toris les plnbièmes qu'il se posait. T,e positivisme est arrssi une itldologie. L--_- * Texte d'irne conférenec <lonnée tl I& Société belge de Philosophlo, le 14 dôcemtrre 19ti8. .F- I f" È 'n y D< f- ç ,-1- çr t a c c vr " \o lF \â 1 109 -: Cc snrvol forcément superficiel montre u.u moins qrre depuis un sièclc, les choses ont considôr.ablement chnngé. Crest unc bana- lité que d'a.Tïirmer qu,il s'est passé < quelque ehosc > dont norrs sommes sans dorrte ineapables de mesrrrer lcs conséqlrenees. Aussi notre ambition ntest-elle pas tle rcpérer ici ee << qnelqrre ehose >> en retraçant l'histoirc rle ra pensée dep.is .n siècre. flne tellc tentative est peut-être conrla.mnée dès sa naissàncc, da.ns la. mesrrre or) torrt ce qutelle reventliquera.it comme son sens serait téléguidé par une précompréhension implicitc du << qucl_ que chose > qui est ici en question. Notre but n'est pa.s non plrrs de tenter de restaurer la philosophie sur des baseÈ mieux assrirées - l,échec répété de telles resta'rations dans Ie passé <loit nens inspirer de la méflanee _ mais de discerner ce < quel- que chose >> en tentant de déeeler I'enjeu du combat que la phi_ losophic a mené eontre les sciences positives dès lc tlébut tle ce sièclc, à travers Ia probléma.tique centralc clu psycbologisme. ltrxpliquons en peu de mots en quoi cette problématique occrrpe une plaee privilégiée. Iiffectuons pour cela un nouveau snrvol: Depuis la révolution cartésienne, I'homme a cessé d'être consi- déré simplement comme une créature, il a pris au contraire la valeur <Ie fondement - dont le cogito est la mesure de son incon- ditionnalité - rle toute connaiss*nee et de to'te aetivité. Bien qu'amorti par les grandes eynthèses métaphysiques de Spinoza et Lcibniz, le mouvement eartésien de < r,etour > au moi fut relnncé par l,itléalisme allema.nd, alors qu'il po.rsuivait aille'rs son ehcmin à, travers Locke et Ilume. Lr< échec > de la tcntative hégélienne de métaphysique absoluer rievait laisser la philoso- phic en face d,une altelnative : ou bien chercher les cadres n, Ttriori de la. pensée dans la subjcctivité conna.issante en suivant la voie tracée par Rant, ou hicn dé,clarer que, toute < spécula- tion >> sur lo subjectivité étant oiseusc, le seul discours rigou- reux qu,on puisse tenir à son égard est celui de cette seience positive qu'est la psychologie. seule cerle-ci pou*a fo'rnir des r'éponses nniyersellement va.lables aux problèmes posés par la phil.sophie. La psychologie est done celre d,cntre les scienees I Il y aurait benucoup à ilire de cet <échecr. Il reste peut-ôtre à montrcr qlr'en I'occurrence, il ne s'ngit pas d,un < éehec l, mais d.une incompr'ôhension qu'n nourrie Iû pensée philosophique à i,égûral tle l{egel. Perrt-être n'nvons-norrs pas encore flni de nous u a""u""", ayee IIcgel. Peut,ôtre I'horizor qu'il trace nous tl6passe_t_ll encore- r10 positives qui menaça le plus s{lremcnt la. philosophie cle mort. La. ligne or\ staffrontèrent psychologie et philosophie fut donc le < front > du combat rnen(r p:rr cclle-ci pour sâ survie. Porrr nous porter tnut rlc srrite a.u point le plus chaurl rle cc front, nous allons examiner Ia manière dont s'rrticule cette lrrt.to clnns la ne'nsée orri fut sans doute ln tcntative -h nlus r:rrtli eâ.le du sièele pnnr rcstnurer In philosophie : Nous voulons dire la pensée de llusserl. Cet examen nous amènera à sentir le l;r'nvail d'un < noynrl > de résista,nce et cl'impossibilité qui est peut-être le < quelque ehose > à la quôte drrquel nous sommes paltis. Par trne eoîneiclenee presque extraorrlina.ire - un tle ces hnsartls de I'fligtoire qu'on se plait à souligner, - Ie plernier écrit résolument anti-psychologiste parut en même temps que le rlébttt ile ee sièele: Lln 1900, Elusserl publie le premier volume dea Recherches logiqu,es intitulé Prolégomènes à, Ia logique 7nue. La tb.che d e s P r oI.é g o n!9n e s \était essen tiell ement épi stf:rnolo- Riqïftf-ne visait pas, tlans I'esfrit de Ilusserl, à la restauration de la métaphysique qu'il eonsitlérait a,vec mépris jusqu'à ee que la phénoménologie eut la pr-étention de fonder une philosophie première. Il s'agissait principalement de déga.ger le stntrrt propre rles idéalités et de clarifier ainsi Ie problème du sens en génTral. Or, selon firrsserl, ee slatut et cetTe elnrté étaient singuliire- ment obscureis par Ia psychologie qui prétend:rit expliquct la production ile I'itléalité pîr une Uæ!té-"ruf@ C'est eontrt' cette menace que lfusserl adressa au psychologisme les criti- ques bien eonnnes que lton pelrt somma.irement résumer cle la. manière suivante : en tânt qutelle est une seienee empilique, Ia psychologie s'oeeupe det!g!j1-et ne s'intenoge pas sur leurs corrditions rfintelligibilité, sur les corrélations d'essenca qui enveloppent les faite en lettr rlonnant sens. Si elle prétend forrrnir une explication cles lois logiqttes de la pensée, si rlonc elle se substitue à la philosophie, la psychologie r'édnit la 1l.ot'nta fl\l fait., en se rendant ainsi inca.pa.ble dtassuler sa propre vér'i1é et <le tronvcr son droif. La psychologie qni a. des prétentions phi- losophiques présuppose toujours a.rrtre chose qu'ellc-mêmc tout en s'inteltlisant I'a.ccès à sa pr:opre présupposition. Une expli- ca,tion psyehologique ne peut ser"vir de valirlation épistémolo- giqte. Une telle réaction eomportait cepenclant le risque dtériger 111 I'irléalité en < chose > inclépenclante du domaine sensible et de la. placer dans une sorte dtoutre-monde suprasensible, done de retomber rians ce que Ilusserl lui-même a toujours rejèté comme rrn << mythe > philosophique. Ires positioirs conquises clans lee Prot.égom.ènes ne sont pas loin tl'un << eertain platonisme >> 2. Coupées de toute r'éalité, les idéalités risquent <le devenir aussi opâqlres et contingcntes que les choses elles-mêmes, et lton n'âttra pas avancé rle beaucoup dans la tentative rltéllcidntion du sens et <les tâches dc la logique. C'est poutquoi les Prolégomèn'es appelaient une suite qui fut tlonnée en 1901 avec le seèond tome d.es Recherches logitytes qui portent en sous-titre : < Recherches ponr la, phénoménologie et la théorie tle la eonnaissance ufon sn.it qne les six ll,echerches s'attachent à une description des vécus de conscience tlans lesquels ri'effectue la connaissance des idéalités logiqrres, et -que I'espace de cette clescription est Ia phénoménologie pureJOn ne pourra dès lors manqtrer d'être étonné en apprenfnt qne << la phénoménologie révèle les " sourees tlécoulent " les cbncepts fondamentaux et les lois irlénles de la Ioç1àque pure, et jusqu'anxquelles il faudra les faire remonter si I'on veut procurer " la clarté et la diritinction " nécessaires pour une compréhenSion critiqlre de la logique pure3>. Poser I'origine des idéalités logiques rTans l'activjté vivnnte rl'une subjectivité connaissante, ntest-ee pa.s sutrreptice- ment retomber dans les pièges du psychologisme ? Comrnent con- cilier ceci avec eette autre affirmation : << La phénoménologie pure... est utile ù, la psychologie en ta'it't qua scienee ampiri' qttai ? > Une lecture clétaillée de I'fntroduction à Ia première édition drr seeond tome dcs Reeherches - lecture qui ilépasse le cadre de cet exposé - montrerait q@ phdnoménologie en tant que science descriplive des véerrs tle Ia rr"n----*ec n'est rras elairement délimité. Ctcst ce flottement qrti n 1913) à de nombreux 2 Cfr I'xrr exempl emarquons, pour lever toute éqniYoque, qne Ië Srfié-il-dont nous parlon8 ne se confond p&s avec ce que Platon met en plnce dans la llttérnllté de son texte. ,7;ff Ilossenr,, Recherches losiquee, Ir. I. tr. fr., Paris, P.I}.F., 1.901, 112 ( remaniements a. uploads/Philosophie/ le-probleme-du-psychologisme-quelques-reflexions-preliminaires.pdf
Documents similaires










-
23
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 30, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.9283MB