ELABBADI BOUCHRA 2013 Epistémologie-Méthodologie Ce document pédagogique met l’
ELABBADI BOUCHRA 2013 Epistémologie-Méthodologie Ce document pédagogique met l’accent sur l’épistémologie et ses paradigmes. Il offre aux étudiants en master de recherche en sciences de gestion surtout, une panoplie d’outils méthodologiques à la fois utiles et obligatoirement de savoir le contexte de leur utilisation. Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger Année universitaire 2013/2014 Epistémologie-Méthodologie 2013 2 Document pédagogique /Elabbadi bouchra Master de recherche sciences de gestion Les positionnements épistémologiques Comme le rappelle F.Wacheux (1996)1, l’épistémologie est la philosophie de la pratique scientifique. Tout travail d’ordre scientifique doit se baser sur une conception et une vision des choses. Mbengue (2001)2 présente, quant à lui, l’épistémologie comme le statut de la relation entre le chercheur et ce qui peut être connu. Cette relation peut prendre la forme d’une indépendance ou d’une interdépendance. Selon Thiétart et al (2003)3. « L'épistémologie a pour objet l'étude des sciences. Elle s'interroge sur ce qu'est la science en discutant de la nature, de la méthode et de la valeur de la connaissance ... Tout travail de recherche repose, en effet, sur une certaine vision du monde, utilise une méthode, propose des résultats visant à prédire, prescrire, comprendre, construire ou expliquer ... ». Dans les recherches en sciences des organisations, il existe deux épistémologies ou visions de la recherche : le positivisme et la phénoménologie. Le positivisme4, courant classique de la recherche, met l’accent sur la vérification d’une réalité préétablie en recherchant des liens de causalités entre des faits. Tandis que la phénoménologie oriente le chercheur vers la construction sociale d’une réalité inexistante. L’objectif est donc, de construire une réalité ou une connaissance qui se comprend comme étant la représentation de l’expérience cognitive des individus. En d’autres termes, l’objectif de la phénoménologie est d’aboutir à la description d’un phénomène par celui qui le vit ou l’a vécu. Ainsi pour F.Wacheux (1996, p.265), la phénoménologie est « une introspection faite par des acteurs sur des évènements antérieurs vécus, pour permettre la conscience, la connaissance puis la transmission des expériences rationnalisées ». Le tableau suivant synthétise les deux épistémologies les plus fréquemment utilisées dans les sciences de gestion : 1 Wacheux Frédéric, « Méthodes qualitatives et recherche en gestion », Economica, 1996. 2 Mbengue A. (2001), « Posture paradigmatique et recherche en management stratégique », in Stratégies – Actualités et futurs de la recherche, sous la dir. D’A.C. Martinet et R.A. Thiétart (Ed.), Vuibert cité par Moez ESSID, « Les mécanismes de contrôle de la performance globale : Le cas des indicateurs non financiers de la RSE » Thèse de doctorat soutenue en 2009. 3 Thiétart et al (2003), »"chapitre 1", Méthodologie de recherche en management, Edition Dunod. 4 « La connaissance produite par les positivistes est objective et a contextuelle dans la mesure où elle correspond à la mise à jour de lois, d’une réalité immuable, extérieure à l’individu et indépendante du contexte d’interactions des acteurs ». Cité par Thiétart et al Edition Dunod, 2003. Epistémologie-Méthodologie 2013 3 Document pédagogique /Elabbadi bouchra Master de recherche sciences de gestion Tableau : Les positions épistémologiques en recherches en gestion (Perret et Séville, 2003, pp.14-15)5 1-Le paradigme positiviste Le paradigme positiviste est né au 19ème siècle, il constitue la science dominante dans beaucoup de disciplines. Comme le souligne F.Wacheux (1996, p.39), La connaissance, selon ce paradigme, je cite :« se base sur l’observation et l’expérience des faits sociaux, considérés comme des choses »6. Ainsi notre travail de recherche peut être schématisé linéairement comme suit: Ces dernières années, cette approche est de plus en plus remise en cause dans les sciences sociales car les problèmes sociaux et humains ne sont pas traduits par les mêmes termes que les problèmes des sciences exactes. L’imprévisibilité et l’instabilité des 5In Moez ESSID, « Les mécanismes de contrôle de la performance globale : Le cas des indicateurs non financiers de la RSE » Thèse de doctorat soutenue en 2009, page.238. 6 Wacheux Frédéric op. cit. p 39. Traditions philosophiques Le positivisme La phénoménologie Le positivisme Les questions épistémologiques Le positivisme L’interprétativisme Le constructivisme Quel est le statut de la connaissance? Hypothèse réaliste Il existe une essence propre à l'objet de connaissance Hypothèse relativiste L'essence de l'objet ne peut être atteinte (constructivisme modéré ou interprétativisme) ou n'existe pas (constructivisme radical) La nature de la "réalité" Indépendance du sujet et de l'objet Dépendance du sujet et de l'objet Hypothèse déterministe Hypothèse intentionnaliste le monde est fait de nécessité Le monde est fait de possibilités Comment la connaissance est-elle engendrée ? La découverte L'interprétation La construction Recherches formulées en termes de "pour quelles causes…" Recherches formulées en termes de "pour quelles motivations des acteurs…." Recherche formulée en termes de "pour quelles finalités…" Le chemin de la connaissance scientifique Statut privilégié de l'explication Statut privilégié de la compréhension Statut privilégié de la construction Quelle est la valeur de la connaissance ? Vérificabilité Idiographie Adéquation Les critères de validités Confirmabilité Réfutabilité Empathie (révélatrice de l'expérience vécue par les acteurs) Enseignabilité Théorie Hypothèse Théorie Généralisation Observation Epistémologie-Méthodologie 2013 4 Document pédagogique /Elabbadi bouchra Master de recherche sciences de gestion comportements se sont, selon F.Wacheux (1996, p.40)7, deux éléments qui caractérisent plus les sociétés et les groupes humains que l’irréversibilité et la rationalité. Dans un contexte de plus en plus complexe, les théories universalistes, ou the one best way, ne permettent pas de résoudre les problèmes contingents. 2-Le paradigme constructiviste Le paradigme constructiviste a une attitude ouverte de recherche, plutôt qu’avec un paradigme définitif (Positiviste). Autrement dit, il existe plusieurs attitudes constructivistes. La seule chose commune comme le précise F.Wacheux (1996, p.43) : « est la manière de se comporter et de penser en sujet, des objets par l’expérience»8. La démarche constructiviste a donc pour objectif d’expliquer la réalité tout en élaborant une représentation, comme le souligne F.Wacheux (1996, p.43), je cite : « le chercheur produit des explications, qui ne sont pas la réalité, mais un construit sur une réalité susceptible de l’expliquer»9. Ceci étant, l’épistémologie constructiviste abandonne la croyance d’un accès objectif possible au réel. Il est donc à l’opposé de l’empirisme logique puisqu’il travaille à observer, comprendre et proposer des explications sur les phénomènes, avant de les associer et de les réinterpréter. Des auteurs ont proposé des classifications, comme par exemple, Henri Bouquin. Ce dernier identifie deux paradigmes utilisés lors des recherches en contrôle de gestion : Le paradigme structuro-fonctionnaliste : dans ce paradigme positiviste, l’organisation et ses systèmes de contrôle sont considérés comme un organisme qui s’adapte à son environnement concurrentiel et technologique. L’analyse du contrôle de gestion est contingente. La recherche s’oriente vers l’identification et la compréhension des caractéristiques des contextes et vers la définition des outils de contrôle de gestion les plus pertinents dans chaque situation. Le contexte détermine le type de contrôle de gestion et son évolution ; Le paradigme interprétato-constructiviste : contrairement au précédent, ce second paradigme accorde une place centrale au comportement humain dans la définition des systèmes de contrôle de gestion. Henri Bouquin regroupe ainsi des travaux qui mettent en avant les relations entre acteurs au sein des organisations. Ce paradigme rejette donc l’idée d’un déterminisme environnemental, les outils se définissant à partir de facteurs sociaux internes. Les systèmes de contrôle sont définis en continu à partir des représentations mentales que les acteurs se forgent grâce à leurs expériences. Les relations entre individus ou groupes (tels que les conflits) déterminent le type de contrôle de gestion et son évolution. 7 Wacheux Frédéric op. cit. p 40. 8 Wacheux Frédéric op. cit. p 43. 9 Wacheux Frédéric op. cit. p 43. Epistémologie-Méthodologie 2013 5 Document pédagogique /Elabbadi bouchra Master de recherche sciences de gestion Les principes qui différencient positivisme et constructivisme ont été clairement formulés par Le Moigne [1990]. Nous les résumons ci-après : Epistémologie positiviste : Principe ontologique : (réalité du réel, naturalité de la nature, existence d’un critère de vérité). Peut être considérée comme vraie toute proposition qui décrit effectivement la réalité. Le but de la science est de découvrir cette réalité. Ceci est applicable à tous les sujets sur lesquels l’esprit humain peut s’exercer. Principe de l’univers câblé : Il existe des lois de la nature, le réel est déterminé. Le but de la science est de découvrir la vérité derrière ce qui est observé. La description exhaustive est possible, par décomposition en autant de sous-parties que nécessaire. Les chaînes de causalité qui relient les effets aux causes sont simples et peu nombreuses. Principe d’objectivité : l’observation de l’objet réel par l’observant ne modifie ni l’objet réel ni l’observant. Si l’observant est modifié, cela ne concerne pas la science (l’esprit humain ne fait pas partie des objets réels sur lesquels il puisse lui-même s’exercer). Principe de naturalité de la logique : la logique est naturelle, donc tout ce qui est découvert par logique naturelle est vrai et loi de la nature. Donc tout ce qui ne pourra être découvert de cette manière devra être considéré comme non scientifique. Principe de moindre action : entre deux théories, il faut prendre la plus simple (principe de parcimonie d’Occam) Epistémologie uploads/Philosophie/ les-positionnements-epistmologiques.pdf
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- Publié le Apv 16, 2021
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