IL ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE APRÈS IMPOSITIONS SPÉCIALES CENT VINGT - TROIS EXEMP
IL ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE APRÈS IMPOSITIONS SPÉCIALES CENT VINGT - TROIS EXEMPLAIRES IN-QUARTO TELLIÈRE SUR PAPIER VERGÉ LAFUMA DE VOIRON AU FILIGRANE DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE, DONT HUIT EXEMPLAIRES HORS COM-MERCE, MARQUÉS DE A A H, CENT EXEMPLAIRES RÉSERVÉS AUX BIBLIOPHILES DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE, NUMÉROTÉS DE I A C’ QUINZE EXEM-PLAIRES NUMÉROTÉS DE CI A CXV ET NEUF CENT QUARANTE EXEMPLAIRES IN-HUIT GRAND-JÉSUS SUR PAPIER VÉLIN PUR FIL LAFUMA DE VOIRON, DONT DIX EXEMPLAIRES HORS COMMERCE, MARQUÉS DE a A j. HUIT CENTS EXEMPLAIRES RÉSERVÉS AUX AMIS DE L'ÉDITION ORIGINALE, TRENTE EXEMPLAIRES D'AU-TEUR HORS COMMERCE, NUMÉROTÉS DE 801 A 830 ET CENT EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS DE 831 A 930. CE TIRAGE CONSTITUANT PROPREMENT ET AUTHENTÏ-QUEMENT L'ÉDITION ORIGINALE. EXEMPLAIRE N° XII IMPRIMÉ POUR M E. LAFUMA TOUS DROITS DE REPRODUCTION ET DE TRADUCTION RÉSERVÉS POUR TOUS LES PAYS, Y COMPRIS LA RUSSIE. COPYRIGHT BY LIBRAIRIE GALLIMARD, 1919. LES PROPOS D'ALAIN TOME PREMIER NRF PARIS ÉDITIONS DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE 35 ET 37, RUE MADAME. 1920 OUVRAGES DU MÊME AUTEUR : Cent-Un Propos d'Alain, 1ère série (1908) ….Épuisée. Cent-Un Propos d'Alain, 2e série (1909). Édition de luxe épuisée. Édition ordinaire, ancienne librairie Cornély, 101, rue de Vaugirard ………………………..……3 fr. 50. Cent-Un Propos d'Alain, 3e série (1911) …….Epuisée. Cent-Un Propos d'Alain, 4e série (1914)........ Epuisée. Vingt-et-Un Propos d'Alain (1915), à l'Émancipatrice, 3, rue de Pondichéry (15e). Quatre-Vingt-Un Chapitres sur l'Esprit et les Passions (1917). Chez Camille Bloch, rue Saint -Honoré. AVERTISSEMENT AVERTISSEMENT Pour les nombreux lecteurs qui réclamaient ce livre et savent ce qu'ils en attendent, il n’est pas besoin de préface. Mais il y a d'autres esprits que la pensée d'Alain va choquer tout d'abord, pour les éveiller mieux. A leur intention, transcrivons ces lignes du premier critique par qui les Propos furent signalés au grand public l’: 1. Henri Massis, dans le Gil Blas, après la publication de la 3e Série (1911). 2. Voici des richesses, voici une œuvre bienfaisante ; et je dis davantage, voici un ami, un être qui vous aidera à vivre, à comprendre, dans la joie, librement, dans le plein jour de votre cœur et de votre pensée, qui ne vous prendra rien de vous-même, mais vous aidera à vous trouver, sans rien exiger en retour. Et je l'affirme avec d'autant plus de liberté que nous n'avons pas, lui et moi, une idée commune ; mais, au fond de moi-même, je sais bien tout ce que je lui dois... Prenant les objets premier venus, les choses les plus humbles, les choses quotidiennes, le blé qui lève, le vol d'une mouette, l'étoile des vents, les giboulées d'avril, Alain éveille nos esprits, les amène devant les faits, les excite à percevoir, à penser... Il ne veut que nous maintenir en éveil devant le spectacle du monde, nous mettre en face de nous-mêmes. L'idée ne lui est bonne que pour piquer le dormeur au bon endroit. Aussi rien de dogmatique dans le ton de ce philosophe. Sa pensée n'est point d'un tyran. Il ne se perd pas dans les nuages ; il ne joue pas avec les abstractions. Il pense comme il parle, en plein air, avec joie ; et non pas avec la satisfaction de l'homme qui vend la vérité, mais de l'homme qui cherche, qui se bat avec ses propres idées : Le pédant, dit-il, a l'esprit assuré et un corps qui tâtonne ; l’homme libre a le corps assuré et l'esprit douteux. Ces lignes sont justes ; on n'aura nulle peine à découvrir ce qu’elles ne disent pas : Pour Alain, le doute est une méthode, non pas une fin : toute affirmation est suspecte, et pourtant vivre, c'est affirmer. A l'égard d'autrui, croyez bien qu'il ne renonce pas à convaincre ; il s’interdit seulement d'entraîner, et ne veut obtenir qu'un libre assentiment. Les Propos d'un Normand ont paru chaque jour dans la Dépêche de Rouen, du 16 février 1906 au 1er septembre 1914, date où l'auteur s'engagea pour la durée de la guerre. La série entière comprend 3 .098 Propos. Alain juge qu'une fois imprimée son œuvre appartient à tous. Laissés par lui maîtres d'un choix qui ne peut retenir qu'un Propos sur dix, nous voulons qu'on y retrouve tous les aspects, toutes les tendances de sa pensée, et jusqu'à ses écarts extrêmes. C'est scrupule envers l'auteur, mais envers le lecteur aussi, qui peut mieux savoir où il va, et chercher où ses objections commencent. L'ordre nous a donné plus de peine que le choix : Tous ces articles furent écrits au jour le jour, selon l'occasion et l'humeur ; ils sont donc faits pour être lus de même, et médités chacun à part. Tels d'entre eux pourtant se répondent par-dessus des semaines, des mois ou des années ; à se trouver rapprochés, ils gagnent en clarté, en justesse, en vigueur. Plus on relit l'ensemble, et mieux on y discerne, sous l'apparente fantaisie, une liaison naturelle et sûre des idées. Devions-nous, l'ayant dégagée, la dissimuler à plaisir ? Non ; il suffît que le classement reste souple, et s'offre sans s'imposer. Libre à vous de suivre jusqu'au bout cette chaîne de réflexions, en passant des redites bien légères au compte de l'éditeur. L'ordre est le même dans les deux Volumes ; et chacun contient donc un peu de tout, mais en proportions différentes : Les lois de la Nature, les conditions de la Science, la police de l'esprit et des passions l'emportent dans le premier, tandis que le second ouvre plus de vues sur les réalités sociales et les problèmes de l'action. I Je rencontrai le vieux Sage au moment où je considérais une troupe de moufflons aux cornes massives qui se battaient pour une croûte de pain. Il m'emmena vers les singes et vers les crocodiles. Chemin faisant nous vîmes des vautours chauves drapés dans leurs ailes, des perroquets, des grues, des lions, des ours. Le long d'un grillage, on voyait l'ancêtre du cheval de fiacre, chargé de muscles, et la tête basse ; puis le zèbre trop paré, et l'indomptable âne rouge, que les savants appellent l'hémione. Au moment où nous considérions l’allure du chameau, sa toison inculte, son air étranger et ses yeux sans fond, le ciel prit une couleur d'orage, un vent soudain courba les branches, et de grosses gouttes de pluie roulèrent dans la poussière. Il y eut une déroute de nourrices et l'odeur de la pluie se mêla à l’odeur des fauves. Il fallut s'enfuir jusqu'au cèdre. C'est là que le vieux Sage me fit le discours que j'attendais. J'étais venu, dit-il, en curieux, comme vous-même, afin de me nourrir les yeux de formes et de couleurs nouvelles. Mais le hasard, qui nous a présenté en même temps que la force des bêtes la force de l’orage, a donné un sens à ces cornes d'antilope et à ces croupes d’âne sauvage. Vous avez remarqué combien tous ces êtres sont puissants, définis et fermés. Bien loin de donner l'idée de quelque chose d’imparfait et d'esquissé, et comme d'une humanité manquée, tout au contraire ils affirment leur type, et s'y reposent. Chacun d'eux se borne à lui- même, et n'annonce aucune autre volonté que la volonté de durer tels qu'ils sont et de se reproduire tels qu'ils sont. Les petits des moufflons ont déjà leur vie faite. Aucun doute ne leur viendra jamais. Ce sont des dogmes, toutes ces bêtes-là. Il réfléchit un moment, et dit encore ceci : Platon enseignait que les bêtes nous ont été données par les dieux, afin de nous faire comprendre la puissance de nos vices et de nos passions. Je ne crois guère qu'il y ait d'autres dieux en tout cela que les moufflons eux-mêmes, et les chameaux et les singes et les vautours. La leçon qu’ils nous donnent n'en est pas moins utile. Il y a une pensée animale, et un animal contentement de soi dont les bêtes sont comme les statues vivantes. Et toutes les bêtes ne sont pas en cage. Combien de moufflons barbus à figure humaine, et combien d'obstinés chevaux et chameaux parmi nous, un peu gracieux et poètes dans leur première jeunesse, mais bientôt pétrifiés, définis pour eux-mêmes, et les yeux fixés désormais sur leur pâture, et remâchant toujours le même refrain ; sûrs d'eux-mêmes, sourds aux autres, et suivant leur route, toute leur pensée ramassée sur leurs joies et leurs douleurs. Toutes ces bêtes m'ont rappelé ma vraie devise d'homme : me penser moi-même le moins possible, et penser toutes choses . II Si le soir, en rentrant chez vous vers dix heures, vous levez les yeux au midi, il est impossible, si la nuit est claire, que vous ne soyez pas saisis par la vue d’Orion un peu penché, qui enjambe le ciel. Ce rectangle gauche, ces trois clous du baudrier, ces trois autres clous plus petits qui marquent la gaine de quelque couteau de chasse, tout cela est plein d'autorité. Quelque chose est durement affirmé par là. Mais quoi ? L'Hiver. On croit toujours que l'été sera sans fin. Le roux Octobre a uploads/Philosophie/ les-propos-d-x27-alain-tome-1.pdf
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- Publié le Aoû 27, 2022
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