CHAIRE DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE MEDICALE MODULE DE PSYCHIATRIE Responsa

CHAIRE DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE MEDICALE MODULE DE PSYCHIATRIE Responsable : Pr. Ag DOUKOURE Morifodé Année Universitaire : 2019- 2020 LA SEMIOLOGIE PSYCHIATRIQUE Comme dans les autres domaines de la médecine, l’examen d’un malade en psychiatrie vise à recueillir des signes cliniques dans le but d’établir un diagnostic, d’évaluer le pronostic et d’orienter une thérapeutique. Mais ici, le registre des signes est largement dominé par le matériel verbal, et si le corps s’exprime à la fois par ses symptômes et par ses comportements, il n’est guère, en psychiatrie l’objet d’une investigation directe, médiatisée par une technique codifiée de l’examen. A la différence de l’examen médical où le recueil des signes cherche la généralité de la maladie plus que les singularités du patient, l’examen psychiatrique tend à une connaissance et une compréhension aussi large que possible de la globalité de la personne du malade et de son histoire personnelle et familiale, dont il privilégie les particularités. Deux particularités de la clinique psychiatrique doivent être soulignées qui tiennent à la nature des symptômes et au caractère spécifique de la démarche diagnostique. Les symptômes psychiatriques ont bien rarement la qualité objective et à fortiori pathognomonique qu’ils peuvent avoir en médecine somatique. Essentiellement subjectifs et très largement polysémiques, ils nécessitent un travail permanent d’interprétation qui se situe à un double niveau : de confrontation avec le reste du matériel symptomatique pour leur attribuer ou non une valeur de signe, en référence aux données connues de la clinique ; et de repérage de leurs liens avec l’histoire personnelle du sujet pour tenter d’en apprécier le sens en fonction des difficultés et des conflits qui marquent cette histoire. Pr DOUKOURE Morifodé Maître de Conférences Agrégé des Universités Pédopsychiatre Page 1 CHAPITRE I : LES TROUBLES DE LA PENSEE Objectifs : - Définir la Pensée ; - Citer les étapes de l’examen de la Pensée - Enumérer les différents types de troubles de la Pensée ; - Rappeler les situations au cours desquelles on les retrouves. Plan : I – Généralités 1 – Définition 2 – Intérêt II – Modalités d’examen de la Pensée III - Sémiologie I - GENERALITES 1 – Définition : La pensée est une activité psychique consciente qui traite les éléments fournis par la connaissance, la mémoire, la perception et l’imagination en combinant les idées et en formant des raisonnements et des jugements. La pensée se différencie de l’affectivité et des émotions qui cependant l’influencent largement. Le fonctionnement de la pensée oscille entre deux pôles : un imaginatif et l’autre rationnel. - La pensée rationnelle<<normale>>pourrait se définir comme un enchaînement d’idées, d’images mentales et d’associations, dirigées vers des conclusions ou des jugements correspondant au consensus de la majorité des individus quant à la notion de <<réalité>> - La pensée imaginative est moins liée aux réalités du milieu. 2 – Intérêt : Les troubles de la pensée sont très fréquents et sont rencontrés dans presque toutes les pathologies psychiatriques. II - LES MODALITES D’EXAMEN L’examen de la pensée repose sur l’analyse du discours du sujet, ce qu’il révèle de sa pensée et ce qu’il en dit. On observera particulièrement le cours de la pensée, son contenu et l’attitude du sujet à cet égard. . Le cours de la pensée (la façon dont elle se déroule) peut être rapide dans son enchaînement ou au contraire lent, hésitant ; le mode d’enchaînement et d’association des idées peut être continu, précis, Pr DOUKOURE Morifodé Maître de Conférences Agrégé des Universités Pédopsychiatre Page 2 logique, fixé sur le même thème, ou au contraire relâché, approximatif, fait de ruptures successives, d’interruptions incongrues, voir totalement incompréhensibles. . Les contenus de la pensée peuvent être réalistes, adaptés à la situation, associant bien les éléments nécessaires à la compréhension synthétique ; mais ils peuvent ailleurs être trop concrets, adhérant totalement au réel ou au contraire, très abstraits ou envahis de symboles et de métaphore, détachés de la réalité, privilégiant l’imaginaire ou fonctionnant comme un rêve. . L’attitude du patient à l’égard de sa pensée et de ses contenus est variable. Il peut adhérer totalement à ce qu’il énonce, mettre en doute le caractère justifié de certaines de ses préoccupations, être capable de critiquer ses raisonnements, ressentir certaines pensées comme une gêne ou une absurdité et lutter contre elles, se sentir envahi par des pensées extérieures, étrangères à lui ou avoir le sentiment de ne plus contrôler sa pensée. III - SEMIOLGIE A – Les troubles du cours de la pensée : Le cours de la pensée peut être perturbé d’une part dans son rythme, accéléré ou ralenti, et d’autre part dans ses enchaînements, sa continuité et ses associations. 1 – La tachypsychie : c’est l’accélération de tout le processus de la pensée. Elle se traduit par une pensée rapide, où se succèdent sans cesse les idées, les souvenirs, les détails du présent, les productions imaginaires. Cette accélération pathologique n’améliore généralement pas l’efficience intellectuelle. Au cours de cette accélération de la pensée, on peut noter : - La fuite des idées qui est un éparpillement de la pensée, qui vole d’un détail à un autre, multiplie les digressions, change sans cesse de thème, perd toute direction et échappe au contrôle du sujet. - Les associations d’une idée à un autre qui se font sans continuité, par assonance entre les mots, par contiguïté ou par ressemblance approximative, donnant une impression de jeu à l’observateur. Un tel trouble de la pensée est caractéristique de l’excitation maniaque. 2 – La bradypsychie : c’est le ralentissement des processus psychiques. La pensée est lente, laborieuse ; le patient parait faire un Pr DOUKOURE Morifodé Maître de Conférences Agrégé des Universités Pédopsychiatre Page 3 effort important pour répondre aux questions ; il est hésitant, peu intéressé et donne une impression de pauvreté intellectuelle qui contraste avec ses capacités habituelles. Au cours de ce ralentissement des processus psychiques, on peut observer : - Des associations d’idée rares et pauvres - Le monoidéisme qui traduit l’adhérence de la pensée à une idée unique, sans cesse énoncée, de culpabilité ou d’incurabilité. Le ralentissement de la pensée est caractéristique du syndrome d’inhibition psychomotrice que l’on observe dans les états dépressifs sévères et dans les formes déficitaires de la schizophrénie 3 – Les troubles de la synthèse mentale : Ils s’observent dans la confusion mentale où les troubles de l’attention, le déficit de la vigilance, le caractère parcellaire des perceptions et des souvenirs entraînent une difficulté et une lenteur de la compréhension et de l’idéation. Le sujet confus a une pensée laborieuse, lente peu cohérente, il comprend mal et ne parvient pas à élaborer des réponses claires. 4 – La discontinuité de la pensée : Elle est caractérisée par : - La digression pouvant aller jusqu’à la diffluence où la pensée perd toute cohérence ; - Les barrages qui sont des interruptions brusques du discours en apparence immotivées. Ils sont vécus dans l’indifférence et sont à distinguer des hésitations, des absences épileptiques, des interruptions liées à une hallucination psychosensorielles, - Le fading qui est ralentissement du débit verbal durant lequel le patient semble absent ; - Les stéréotypies verbales : là il s’agit d’une répétition prolongée sans but compréhensif d’expressions verbales ; - L’écholalie : qui est une répétition par le sujet des mots ou des phrases prononcés devant lui. Cette discontinuité de la pensée est caractéristique de la dissociation psychique des schizophrènes. Pr DOUKOURE Morifodé Maître de Conférences Agrégé des Universités Pédopsychiatre Page 4 B – Les troubles du contenu de la pensée 1 – Les troubles quantitatifs des contenus de la pensée : a – La pauvreté des idées : elle caractérise une insuffisance intellectuelle congénitale ou précocement acquise (retard mental) ou peut traduire la détérioration mentale dans les déficits acquis(démence) b – La richesse de la pensée : Elle n’est évidemment pas pathologique. Mais de même que la tachypsychie, elle est en général peu productive. La facilité idéique et la richesse de la pensée obtenue par l’utilisation de l’alcool ou des stimulants sont les plus subjectives que réelles. 2 – Les troubles imaginatifs de la pensée : a – La rêverie : C’est un état de consciences particulières, où l’attention est relâchée et l’environnement perçu de façon distraite. Au cours de la rêverie, la pensée se laisse envahir d’idées vagues et d’image visuelle, au gré des mouvements de l’affectivité et de la dynamique pulsionnelle. Ces productions imaginaires et conscientes sont appelées fantasmes. La rêverie n’est pathologique que lorsqu’elle envahit totalement la vie du sujet. b – La mythomanie : C’est la tendance plus moins consciente à mentir aux autres et à soi-même, à élaborer des fables, à raconter des histoires imaginaires où le sujet se donne le beau rôle, et cherche par ses récits à attirer l’attention et l’intérêt d’autrui. Cette activité est banale chez l’enfant. Elle se rencontre chez les personnalités histrioniques (qui ont besoin de se faire valoir), chez les personnalités psychopathiques où elle est souvent consciente et utilitaire (escroquerie, usurpation de titre) ou chez les pervers qui agissent leur mythomanie avec malignité (lettres anonymes, dénonciations). 3 – uploads/Philosophie/ les-troubles-de-la-pensee.pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager