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Château d’Omonville 27110 Le Tremblay FRANCE Tél. : 33 (0) 2.32.35.41.28 Fax : 33 (0) 2.32.35.66.03 Internet : www.rose-croix.org Courriel : amorc@rose-croix.org ORDRE DE LA ROSE-CROIX MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE, INITIATIQUE ET TRADITIONNEL MONDIAL Le 2 décembre 2020 « Le mysticisme est l’inclination innée de l’âme humaine à s’interroger sur son origine et sur sa destinée, et à vivre en harmonie avec les lois onto- logiques qui régissent l’univers ; par extension, il vise à s’unir en conscience à l’Absolu. » Evelyn Underhill (1875-1941) LETTRE OUVERTE AUX MYSTIQUES QUI S’IGNORENT de Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix Peu connu du grand public, le mot « mystique », lorsqu’il est employé dans le langage courant, sert le plus souvent à désigner quelqu’un dont les idées ou la manière de vivre sont jugées mystérieuses, marginales, déconnectées de la réalité. Mais qu’en est-il vraiment ? J’ai pensé que le meilleur moyen de le savoir était peut-être d’écrire une lettre ouverte aux (vrais) mystiques et, ce faisant, de s’interroger sur l’origine et la signifi cation exactes de ce terme mal compris et pourtant porteur d’un sens profond. Reste ensuite à savoir s’ils y répondront et confi rmeront les quelques réfl exions qui suivent... Sur le plan étymologique, le mot « mystique » provient du grec « mysticos », qui veut dire « secret », et du latin « mysticus », qui signifi e « relatif aux mystères ». Cette double étymologie traduit en elle-même les deux sens de ce mot, tel qu’il était employé jadis dans la Grèce et la Rome antiques. À cette époque lointaine, il s’appliquait à la fois à ceux et à celles qui s’intéressaient aux mystères de l’existence, et à la connaissance qu’ils possédaient, laquelle faisait l’objet du plus grand secret et ne se transmettait que de bouche à oreille, d’Initié à Initié. C’est ainsi qu’il existait, parallèlement aux religions “offi cielles” en vigueur, des « Écoles de mystères » qui étaient fréquentées uniquement par des mystiques éclairés, désireux, non pas de croire, mais de connaître par l’étude et l’observation. Et si j’ai précisé « ceux » et « celles », c’est parce que ces Écoles étaient ouvertes aux femmes dès l’Antiquité. Sur le plan traditionnel, on considère que le « mysticisme », c’est-à-dire, littéralement, l’« étude des mystères », a pris naissance en Égypte. C’est pourquoi les mystiques, au sens le plus noble de ce terme, font de ce pays le berceau de la Tradition primordiale. Dans cer- tains textes ésotériques, elle est assimilée à un arbre, celui de la connaissance et de la sagesse, qui émergea du sol égyptien pour étendre progressivement ses branches et son feuillage sur nombre de pays, en Orient comme en Occident. À propos des Mystères égyptiens, voici ce que E.A. Wallis Budge, célèbre égyptologue, déclara dans l’un de ses livres : « On peut affi rmer que 2 l’Ordre élevé des Khéri-Hebs possédait une connaissance ésotérique secrète que ses Maîtres gardaient jalousement. Si j’interprète bien l’évidence, ils possédaient une gnose, une connais- sance qui ne fut jamais confi ée à l’écriture, de sorte qu’ils étaient à même d’accroître ou de réduire son rayonnement selon les circonstances. » De nos jours encore, l’Égypte fascine, et la civilisation qui se développa sur cette terre aride est un défi à la raison, d’autant qu’elle perdura plus de trois mille ans. Les égyp- tologues eux-mêmes sont incapables d’expliquer comment cette civilisation évolua aussi rapidement d’un état relativement primitif à un niveau si élevé. Ce qui est certain, c’est que les Égyptiens de l’Antiquité possédaient un savoir prodigieux dans de nombreux domaines : arithmétique, géométrie, astronomie, astrologie, médecine, architecture... À ce jour, on ignore encore comment ils ont construit les pyramides de Gizeh, lesquelles, contrairement à l’opi- nion courante, n’ont pas servi uniquement de tombeaux aux pharaons Khéops, Khephren et Mykérinos. Elles furent également des lieux d’initiations aux Mystères, lesquels étaient ensei- gnés dans certains des nombreux temples érigés dans ce pays. L’un des plus prestigieux fut celui d’Héliopolis où, conjointement aux cultes destinés au peuple, se tenaient régulièrement des réunions d’étude réservées aux mystiques. Comme l’ont confi rmé les historiens de l’ésotérisme, la connaissance acquise dans les Écoles de mystères égyptiennes n’est pas restée fi gée sur la terre des pharaons. Elle rayonna jusqu’en Grèce grâce aux philosophes venus de ce pays pour étudier en Égypte. À titre d’exemple, nous savons que Pythagore y vécut plus de vingt ans et fut initié aux Mystères égyptiens. Vers 580 avant l’ère chrétienne, de retour dans la Grande Grèce, il fonda sa propre École à Crotone. Sur le fronton de cette École, il fi t inscrire cette formule : « Tout est nombre ! ». Les Pythagoriciens considéraient en eff et que toute la Création, visible et invisible, dans le macrocosme comme dans le microcosme, était régie par les nombres. Pour eux, ils étaient l’essence du Tout et le Tout en essence. Le plus important à leurs yeux étaient le 10, qu’ils appelaient « divine Tetraktys » et qui correspondait à la somme des quatre premiers chiff res : 1 + 2 + 3 + 4 = 10. Elle faisait l’objet d’une vénération, comme en témoigne cette invocation pythagoricienne : « Bénis-nous, Nombre divin, Toi qui as tout engendré, Toi qui contiens le fl ux éternel de la Création. » Outre les Mystères égyptiens, Pythagore enseignait également les Mystères éleusi- niens, delphiques et orphiques, auxquels il avait été initié. Il imposait à ses disciples une période de cinq ans pendant laquelle ils devaient se contenter de l’écouter parler. Au terme de ces cinq années préparatoires, ils étaient admis à le voir et à s’entretenir directement avec lui. Cette règle constituait l’une des premières épreuves permettant de solliciter leur loyauté. Ceux qui réussissaient à faire preuve de la patience voulue étaient admis successivement dans les trois degrés de son enseignement. On rapporte qu’il fut le premier à se faire connaître sous le nom de « philosophe », terme qui signifi e littéralement « celui qui aime la sagesse », ceci parce qu’il ne voulait pas que l’on voie en lui un sage et qu’on le vénère en tant que tel. Dans un autre ordre d’idée, on dit également que c’est lui qui employa pour la première fois l’expression « Grand Architecte de l’Univers » pour désigner la Divinité. Il considérait en eff et que Dieu ne cesse de géométriser ce qu’Il crée, ce qui confi rme l’intérêt qu’il accordait aux nombres. De Grèce, la connaissance des Mystères se répandit dans la Rome antique et, là aussi, fut enrichie par les penseurs qui vivaient et étudiaient dans la Cité. La plus connue fut celle que Plotin y fonda vers l’an 240 après Jésus-Christ. Considéré comme le Père du néopla- tonisme, il enseignait les préceptes les plus mystiques promulgués par Platon, mais également ceux qu’il avait appris en étudiant les Mystères égyptiens et grecs. Par ailleurs, il s’intéressait 3 beaucoup à l’alchimie, attribuée traditionnellement à Hermès Trismégiste, considéré par les uns comme un personnage imaginaire, par les autres comme un Initié ayant vécu en Égypte vers l’an 3000 avant notre ère. C’est à lui que l’on attribue les « Hermetica », ensemble de textes traitant de magie, d’astrologie, d’alchimie, de médecine et de philosophie. Quoiqu’il en soit, l’École plotinienne rassembla à son époque les plus grands adeptes du mysticisme. Quant à Plotin lui-même, il est l’auteur d’un ensemble de traités connus sous le nom d’« Ennéades ». Bien que ce soit sa seule œuvre, elle fut connue de son vivant et infl uença toute la philosophie occidentale. Les Mystères enseignés dans la Rome antique (lesquels incluaient donc les Mystères égyptiens et grecs) furent perpétués dans l’Europe du Moyen-Âge et de la Renaissance par les alchimistes, ce qui ne peut vous étonner au regard de ce que j’ai rappelé précédemment. Contrairement à ce que l’on croit couramment, ils ne se consacraient pas uniquement à la trans- mutation des métaux vils, en l’occurrence le cuivre et le plomb, en or. Parallèlement à cette alchimie matérielle, ils s’adonnaient à une alchimie spirituelle, fondée sur l’éveil de l’âme et des vertus qui lui sont propres : patience, humilité, bienveillance, intégrité... En fait, c’est cette quête de sagesse qui leur importait le plus, comme en témoignent ces propos de Basile Valentin, l’un des plus connus : « Si tu veux trouver notre Pierre, persévère dans la vertu, et que ton esprit soit éclairé par l’amour de la Vérité et de la Lumière. » Comme vous le savez peut-être, l’un des plus beaux symboles que les alchimistes nous ont transmis est celui d’une rose rouge auréolée d’une formule latine : « Dat rosa mel apibus » (« La rose donne le miel aux abeilles. ») Décryptée comme il convient, cette formule veut dire : « La Connaissance (le miel) est acces- sible (attire) à ceux et à celles qui la recherchent (les abeilles). » À la lumière de ce qui précède, est-il étonnant que ce soit les Rose-Croix qui, dès le début du XVIIe siècle, uploads/Philosophie/ lettre-ouverte-mystiques.pdf

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