L’hypothèse ET est-elle obsolète ? Plus explicitement, cette hypothèse extrater

L’hypothèse ET est-elle obsolète ? Plus explicitement, cette hypothèse extraterrestre (HET), qui veut voir dans les ovnis des véhicules en provenance de l’espace circumterrestre venus là de beaucoup plus loin, est-elle encore susceptible de prévaloir aujourd’hui à la lumière des connaissances actuelles ? A-t-elle résisté aux attaques en règle débutées dans les années 1960 avec ce qui devait être l’assaut final en 1990 ? Ou bien doit-on l’abandonner purement et simplement en faveur d’une alternative qui s’impose ? Michel Granger est scientifique et, à ce titre, il adhère à l’HET même s’il pense que certains ajustements doivent en être faits pour qu’elle s’adapte aux données historiques et à cette longue attente du contact officiel. « La recherche appliquée aux ovnis doit tendre à la découverte de ce qui est et non à l’affirmation de ce qu’on voudrait qui fût. » René Fouéré, 1977. La publication récente par les Editions Le Courrier du Livre d’un coffret1/ comprenant toute l’œuvre du G.E.P.A. me donne l’opportunité de revenir ici sur l’évolution en France de l’hypothèse extraterrestre (HET) pour expliquer l’origine des ovnis ; celle-là même qui, justement, prévalait dans la période couverte par les publications de cette association ufologique respectée et trop tôt disparue. De 1962, date de sa création, jusqu’à sa dissolution en 1977, le bureau du G.E.P.A., tout acquis à l’HET, resta extrêmement méfiant envers les théories alternatives qui se faisaient jour en cette période en Amérique, puis en France ; celles-ci n’ont contribué d’ailleurs qu’à compliquer la problématique du phénomène ovni. Qui était le G.E.P.A. ? Le G.E.P.A., groupe d’étude des phénomènes aériens, fut l’une des premières associations ufologiques françaises et, par son sérieux et la qualité de sa ligne éditoriale, il contribua largement à dissiper l’image « soucoupiste » qui ternissait alors l’ufologie française. Ses membres fondateurs étaient principalement des scientifiques2/, des ingénieurs, des techniciens parmi lesquels se mêlaient même des militaires dont le Général de l’Armée de l’Air, Lionel M. Chassin (1902- 1970) qui en fut le premier Président. Grâce à son ambition d’aborder le problème des soucoupes volantes (SV) du point de vue scientifique, ce qui était nouveau en France, le G.E.P.A. s’attira la collaboration de scientifiques et de chercheurs issus du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et même du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) et ce, dans un contexte non ambigu où son bureau directeur et ses enquêteurs adhéraient très largement à l’HET. Le G.E.P.A. fit notamment la promotion de la déclaration du Dr James E. McDonald (1920-1971), physicien américain, qui prônait « un effort conjugué de tous les savants du monde en vue de déterminer la nature des ovnis »3/. R. Fouéré, cheville ouvrière du G.E.P.A., renchérissait en 1969 : « seule l’approche scientifique est valable dans ce domaine ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas aux philosophes, aux hommes de religion ou aux historiens qu’il faut nous adresser » (PS4/ n°19); excluait-il là tous ceux qui, dans cette catégorie, s’en sont mêlés pour le grand malheur de l’HET ? En tout cas, dans les années 1970, l’ufologie française bénéficia d’une aura inégalée. Les rares ufologues français reconnus5/ Outre Atlantique datent de cette époque. R. Fouéré soulignait : « La recherche (sur les ovnis) qui se veut digne de ce nom doit être désintéressée et inséparable d’une certaine forme d’humilité ». Il faut bien reconnaître que nombre d’ufologues français ont oublié ces deux qualités. L’HET transparaît partout dans les publications du G.E.P.A. : éditoriaux et comptes-rendus d’enquêtes, articles de réflexion… On y trouve la conviction profonde que les soucoupes volantes (terme conservé et préféré à celui d’ovnis par son Président, R. Fouéré qui succéda au Général Chassin après sa mort) viennent de l’espace. Y figure aussi une magnifique iconographie de la variété du genre. 1 Quand l’HET faisait consensus Bref, tout y est pour accréditer l’HET comme la seule explication possible des ovnis : en des termes choisis, les SV ne pouvaient être que des astronefs, des vaisseaux spatiaux, pilotés ou téléguidés par des « visiteurs », des disques volants, des « engins » extraterrestres stationnés dans l’espace à proximité de la Terre ou directement en provenance de l’espace intersidéral… Il faut croire que les « objets » (c’était le terme généralement employé) observés se prêtaient bien à cette HET puisque ni le staff de la revue, ni les enquêteurs, ni les témoins, ni les lecteurs n’y trouvaient à redire, celle-ci reflétant un consensus largement en vigueur à l’époque. Dans certains cas même, les conducteurs de ces SV se montraient accréditant plutôt la thèse d’une exploration non robotisée (on y reviendra, ce serait un point faible de l’HET) ; ainsi, les SV s’imposaient comme des « machines spatiales pilotées par des êtres non-humains », « des êtres intellectuellement beaucoup plus âgés que nous » puisque capables de venir de si loin. C’est dans les éditoriaux et les « chapeaux » des articles assortis de réflexions personnelles de son emblématique Président, le respecté René Fouéré, ingénieur de son état et intéressé aux soucoupes depuis le début de leur apparition (1947), à travers ses remarques toujours modérées mais si bien senties sur les premières remises en cause de l’HET, notamment sur les premiers écrits de Jacques Vallée, que j’ai suivi le cheminement de ces idées anti-HET au sein du G.E.P.A, (n’y a-t-il pas eu une route parallèle suivie par l’ufologie française sérieuse de cette période ?), allant jusqu’à penser que tout cela n’était pas sans quelque liaison cachée avec la mise en sommeil du groupe en 19776/. L’HET contestée C’est dans la revue « Flying Saucer » de Ray Palmer7/ qu’au début des années 1960, certains ufologues américains arguèrent que le phénomène SV « était trop étrange pour accréditer une notion aussi matérialiste que celle d’une exploration extraterrestre » ; ainsi s’implanta une base occulte pour le « phénomène » qui se développa dans la revue britannique « Flying Saucer Review ». L’écrivain américain John Keel y remit en cause l’HET et, dans des livres publiés entre 1970 et 1975, substitua aux extraterrestres des « ultraterrestres », êtres démoniaques qui secrètement contrôlaient le monde en manipulant notamment l’humanité à des fins obscures. Bizarrement, ce ne furent pas les idées iconoclastes de J. Keel (qu’il exposait sans se prendre au sérieux) qui firent le plus mal à l’HET. Le coup le plus dur vint d’un scientifique français, J. Vallée qui, tout d’abord champion de l’HET, emboîta brusquement le pas de l’Américain avec un certain talent, il faut bien le reconnaître. Déjà, rapportant succinctement la parution de son livre « Les Phénomènes Insolites de l’Espace »8/ dans PS n°7 de mars 1966, R. Fouéré glissait laconiquement que « l’auteur n’était même pas moins, à certains moment, d’ironiser sur l’hypothèse des soucoupes volantes comme astronefs ET » et on sentait que cette humour n’avait pas l’heur de lui plaire beaucoup. Mais c’est dans son « Chroniques des apparitions extraterrestres »9/ [signalé dans PS n° 32 (juin 1972) juste avant deux ouvrages de J. Keel et non commenté] que J. Vallée s’attaquait à l’HET, qu’il qualifiait de « naïve » et semait les graines qui vont engendrer ses plus farouches adversaires lesquels se déchaîneront pendant 30 ans : les partisans de l’hypothèse psychosociale, l’école qui, profitant d’un travail de sape dans le milieu scientifique (celui-là même visé justement par l’œuvre de R. Fouéré), menaça bien de s’imposer : en reléguant tout simplement les ovnis au rang des fantasmes socioculturels nés du folklore et de la science fiction ! Cette thèse qui domina l’ufologie européenne dans les années 1980 dont la compréhension m’a toujours dépassé, est sur ses fins ; citons Anthony R. Brown, dans « Magonia »10/ d’octobre 2000 qui en annonce le déclin et la chute (tout en n’étant pas moins tendre avec l’HET par ailleurs !) : « L’essence de l’hypothèse psychosociale est de banaliser l’expérience du témoin et de remettre en question son honnêteté de base comme être humain. L’hypothèse et quelques-uns de ses supporters nous disent plus sur leur propre caractère et leur ignorance même des faits les plus basiques de la science que cela nous en apprend sur la vraie nature des ovnis ». Lire cela dans cette revue ufologique britannique anti HET est d’un grand réconfort pour ceux qui, comme moi, s’y raccrochent encore et ferait certainement plaisir au regretté R. Fouéré 11/ pour lequel c’était les faits qu’il fallait étudier en priorité! C’est dans le n° 41-42 de PS (juin- décembre 1974) que R. Fouéré prenait nettement ses distances avec les idées folklo-féériques de J. Vallée développées dans « Chroniques des Apparitions Extraterrestres » toujours à mots couverts contestant « le caractère psychologiquement impressionnant » du phénomène qui provoquerait cette perception extra-sensorielle des témoins…; décidément, l’HET assaisonnée à la sauce paranormale (dite parapsychologique), ne lui convenait pas particulièrement. En juin 1975, suite à la sortie du livre de Vallée : « Le collège Invisible »12/, R. Fouéré dans son éditorial de PS n°44 soulignait « l’influence néfaste sur la recherche qui nous est si précieuse » des idées développées dans ce uploads/Philosophie/ lhypothese-et-est-elle-obsolete.pdf

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