Mariana TUTESCU, L'Argumentation Introduction à l'étude du discours Sommaire Av

Mariana TUTESCU, L'Argumentation Introduction à l'étude du discours Sommaire Avant-propos Préliminaires I.L’argumentation entre rhétorique, philosophie, logique naturelle, pragmatique et théorie du discours 1. Bref historique 2. L’argumentation au XXe siècle A. Le moment Ch. PERELMAN et L. OLBRECHTS-TYTECA B. Le modèle des logiciens: L. APOSTEL, G.H. von WRIGHT, J.-Bl. GRIZE, G. VIGNAUX C. La rhétorique argumentative américaine. St. E. TOULMIN et le modèle réductionniste de l’enthymème D. Le modèle de l’argumentativité radicale de la langue: O. DUCROT et J.-Cl. ANSCOMBRE. Informativité et argumentativité, les deux composants du sens de l’énoncé E. L’École d’Amsterdam: Frans H. van EEMEREN et Rob GROOTENDORST II. L’argumentation, noyau dur de la structure et du fonctionnement du discours. L’objet du présent livre Première partie L’argumentème, trait inhérent du discours Chapitre Premier. Le concept de DISCOURS Chapitre II. Les opérations discursives 1. La schématisation 2. La justification 3. L’organisation et la cohérence Chapitre III. Le concept de POLYPHONIE Chapitre IV. Argumentation et démonstration 1. Les cinq traits de l’argumentation selon O. REBOUL 2. Argumentation, raisonnement non-contraignant, subjectivité et interaction 3. Argumentation, thèse et situation 4. Argumentation, vraisemblance et opinions 5. Argumentation et contradiction 6. Argumentation, implicite et implications 7. Argumentation et langue naturelle Chapitre V. Argument / Non argument / Contre-argument. La relation argumentative Chapitre VI. Force et orientation argumentatives.L’acte d’argumenter. Classe argumentative, gradualité et l’échelle argumentative. Principes discursif Chapitre VII. Les deux principes argumentatifs fondamentaux: le principe de force argumentative (réalisé par MÊME) et le principe de contradiction argumentative (réalisé par MAIS) Chapitre VIII. Les trois composants du dispositif argumentatif: le TOPIQUE, le LOGIQUE, l’ENCYCLOPÉDIQUE Chapitre IX. Pour une taxinomie des arguments I. Types d’arguments compte tenu des paralogismes ou sophismes traditionnels (Approche pragma-dialectique) II. La taxinomie de Ch. PERELMAN et de L. OLBRECHTS-TYT ECA III. Vers d’autres classifications ? Chapitre X. Stratégies argumentatives I. La Coopération II. L’Interrogation III. La Négation Polémique IV. La Réfutation V. La Métaphore VI. Le Paradoxe Chapitre XI. Opérateurs et connecteurs argumentatifs 1. Mais 2. Même 3. D’ailleurs 4. Or 5. Sinon 6. Au moins 7. Tu sais 8. Tu vois, vois-tu, voyez-vous 9. Attendez ! (Et) ce n’est pas tout ! Deuxième partie Le discours argumentatif, type spécial de discours Chapitre Premier.Types de discours 1. Le récit 2. La description 3. L’explication 4. L’argumentation 5. L’injonction 6. La prédiction 7. La conversation et le dialogue 8. Le discours figuratif 9. Y a-t-il de texte informatif? Chapitre II.L’argumentatif, discours prototypique ou « vivier » de tous les tyes textuels Chapitre III. Les traits caractéristiques du discours argumentatif Chapitre IV. La structure du discours argumentatif: la composante explicative et la composante séductrice Chapitre V. Le discours polémique, aspect outrancier de l’argumentation Chapitre VI. La non-contradiction argumentative, loi fondamentale du discours Conclusions Bibliographie AVANT-PROPOS L’étude du discours est le bouillon de culture des théories et hypothèses modernes sur le fonctionnement du langage. La théorie ou plutôt les théories sur l’argumentation représente/nt / le noyau dur de cette discipline qui se cherche encore et qui s’appelle la linguistique discursive. Placée à la croisée de plusieurs domaines, nourrie par les acquis de la logique, de la rhétorique, de la philosophie du langage, de la sociologie, de la pragmatique et de la grammaire de texte, l’argumentation constitue un de ces domaines où s’exercent les vertus théoriques et pratiques du langage naturel. En 1986 nous faisions paraître aux Éditions de l’Université de Bucarest L’argumentation, livre didactique sur les mécanismes fondamentaux de l’argumentation et synthèse des grandes voies de son développement. Plus de dix ans après, nous avons souhaité présenter au public universitaire une nouvelle mouture de cette problématique, en essayant d’en approfondir les nombreux aspects et caractéristiques historiques et fonctionnels. Tout en gardant la configuration générale du cadre méthodologique déjà esquissé, nous avons mis à profit les acquis et hypothèses de nombreuses recherches en théorie argumentative des deux dernières décennies. Par sa structure lexicale, grammaticale, logico-discursive et rhétorique, le français est la terre élue de l’argumentation. Notre souci constant a été le mariage heureux de la théorie du langage et de sa portée appliquée. Le linguiste doublé du professeur de langues trouve dans l’argumentation, noyau dur de l’étude du discours, de nombreuses réponses aux questions qu’il se pose. Le présent livre tâche donc de répondre aux interrogations théoriques et pratiques qui hantent actuellement l’analyse du discours. Notre plus vive gratitude s’adresse à Monsieur Maurice Lapeyrère et à Mademoiselle Luiza Palanciuc dont l’esprit, la compétence et la générosité ont rendu possible la publication de ce livre. Mariana TUTESCU Bucarest, mars 1998 1. Bref historique 0.La cristallisation d’une théorie de l’argumentation se situe à la croisée de plusieurs directions de pensée. L’intérêt pour l’argumentation, ou « rhétorique des conflits » (A. LEMPEREUR, 1991), n’est pas neuf. Cette discipline est étroitement liée à l’histoire de la philosophie, de la rhétorique et du discours. 1. Dès le Ve siècle avant J.-C., les Sophistes se faisaient forts de l’enseigner afin de remporter l’adhésion des auditoires les plus divers. Les avocats et les hommes politiques étaient formés par les meilleurs rhéteurs de l’époque. L’art de la persuasion, qui exigeait à la fois la maîtrise du raisonnement, des passions et du style, avait constitué le sujet de bien des traités de l’époque. 2. Les dialogues de PLATON renferment l’ensemble le plus ancien et le plus riche de raisonnements naturels dans toute la littérature philosophique. Une logique dialectique est instaurée avec ces types de textes. Comme SOCRATE, dont il avait écrit la défense, PLATON laisse ses lecteurs dans un état de perplexité féconde et dévoile la fonction éducative de la réfutation socratique. Il suffit, à ce sujet, de se rapporter au Sophiste, dans lequel PLATON décrit la question socratique comme « la plus grande et la plus vraie des purifications », une purgation de l’âme qui la libère de l’ignorance involontaire, de l’illusion de savoir ce qu’elle ne sait pas. La forme générale de l’elenchos, la réfutation socratique, est de faire ressortir dans la prise de position de l’interlocuteur une inconséquence, par le développement, à partir des propositions acceptées par cet interlocuteur, d’une conclusion qui contredit la thèse proposée. Dans une étude des principaux raisonnements de Gorgias, Charles H. KAHN démontra comment les trois réfutations de Gorgias, de Polos et Calliclès sont savamment construites pour faire voir une contradiction non pas entre les thèses et les propositions considérées en elles-mêmes, mais entre ce que l’homme croit et ce qu’il est obligé de dire devant l’auditoire (c’est le cas de Gorgias), entre deux attitudes morales incompatibles (c’est le cas de Polos), et finalement, dans le cas de Calliclès, entre ses convictions aristocratiques et les conséquences égalitaires de son hédonisme outrancier. Dans ces trois cas, l’argumentation dépend d’une façon essentielle du caractère et du rôle social de l’interlocuteur. Et c’est toujours le chercheur américain Charles H. KAHN qui étudia le raisonnement argumentatif de PLATON dans ses autres dialogues socratiques: Lachès, Protagoras, Ménon. La vie morale y est représentée comme l’œuvre de l’intelligence et du savoir. La raison reste pour PLATON une capacité de calcul, un logistikon. L’apparition de l’argumentation au Ve siècle avant J.-C. est déterminée par la conscience que prend l’éloquence attique de ses moyens langagiers, rhétoriques. « Avec l’épanouissement de la démocratie athénienne, cette éloquence découvre les pouvoirs et les moyens de la parole, qui est chargée de se substituer aux autres types de domination, d’affirmer et de décrire les valeurs de la cité. Une telle conception, chez Protagoras ou chez Gorgias, implique un relativisme généralisé. Il n’existe pas de vérité absolue. La matière des affirmations que proposent et qu’étudient les Sophistes se trouve chez les orateurs et chez les poètes tragiques. Elle est constituée par les « lieux communs » (topoï en grec, n.n.), opinions largement répandues, que la parole peut rendre dominantes mais aussi battre en brèche: le domaine du Sophiste et de l’orateur s’étend dans l’espace qui sépare les idées reçues (endoxon) des paradoxes. Ainsi s’expliquent les activités favorites de nos auteurs: ils pratiquent les « discours doubles », dans lesquels on traite successivement le pour et le contre à propos d’une question; ils recherchent, dans un esprit pragmatique, la culture encyclopédique qui permet seule de connaître et de définir les lieux communs; ils réfléchissent sur la psychologie et le pathétique » (MICHEL, Alain, 1991: « Rhétorique et philosophie dans le monde romain: les problèmes de l’argumentation », in L’argumentation. Colloque de Cerisy. Textes édités par Alain LEMPEREUR, Mardaga, pp. 38). PLATON réagit d’une manière évidente contre un tel relativisme. Derrière l’opinion, il profile l’exigence de l’idée, c’est-à-dire du vrai. L’existence des idées est nécessaire, même si on ne les atteint pas directement. Ce fait est évident pour les savants et surtout pour les géomètres, les disciples de Pythagore, épris de mesure, d’harmonie et de rigueur. La discipline qui permettra de régler la logique de la parole sera nommée par les Grecs dialectique. Celle-ci apparaît dans le dialogue, « qui accouche les esprits et fait appel à leur mémoire du fondamental, soit en pratiquant la dichotomie, la division, l’analyse qui remonte aux principes, soit en utilisant les constructions synthétiques du mythe. uploads/Philosophie/ mariana-tutescu-l-argumentation.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager