Jean-Luc Marion, cours sur Etre et Temps de Heidegger Sorbonne, Paris IV 5 octo

Jean-Luc Marion, cours sur Etre et Temps de Heidegger Sorbonne, Paris IV 5 octobre 2005 On étudie Heidegger car il est au programme, parce qu’il est enseigné dans le secondaire et parce qu’il a révolutionné la philosophie. Deux philosophes ont révolutionné la philosophie : Wittgenstein et Heidegger. Une remarque sur les problèmes que cet auteur peut soulever. Je m’en tiens à Lévinas, dans Entre nous (Grasset, p. 134 et p. 255) ; Lévinas avait dit souvent que Heidegger est le plus grand philosophe du texte, qu’il a été nazi, ce sont deux faits indéniables. C’est un assez fidèle reflet du siècle, le siècle du nihilisme. Il faut ajouter deux remarques : du point de vue des livres que vous pouvez lire, Hugo Ott, Eléments pour une biographie ; vous pouvez lire aussi la traduction des textes politiques faite par Fédier, Ecrits politiques chez Gallimard, 1995. Sur ce sujet encore des tentatives de réflexion spéculative intéressantes, et le volume XVI des discours de la période 33-34, période du Rectorat. Quelques indications sur les livres qu vous pouvez lire pour préparer cette étude : SZ avril 27, PF semestre d’été 1927, CF cours de 29-30. Sur la bibliographie, introduction générale à Heidegger, c’est le livre de Otto Pöggeler, qui est un livre de 63, Chemins de pensée de Heidegger, c’est un livre qui a beaucoup structuré la réception de Heidegger dans les années 60. Sinon, il y a aussi le livre de Jean Greisch. Les interprètes canoniques, Beaufret, Dialogues avec Heidegger, t. III ; plus récemment, Courtine, Franck (Heidegger et le problème de l’espace). Cf. aussi le Cahier de l’Herne consacré à Heidegger en 83, avec la traduction de juillet 29 sur Qu’est-ce que la métaphysique ? qui est excellente et qu’il faut connaître par cœur. Il y a aussi le Janicaud, Heidegger en France, 2001. Il y a quelques recueils qui ne sont pas inutiles, Janicaud à Sud en 89, Etre et temps de martin Heidegger, Questions de méthode et voies de recherche, c’est bien ; il y a aussi Courtine De l’herméneutique de la facticité à l’analytique du Dasein. Ou Kearney, Heidegger et la question de Dieu. Sur le détail de la genèse de SZ, il y a Kisiel et tous ses travaux. Un peu de chronologie ne messied point. Les textes que vous avez au programme sont des textes de l’hiver 27 et de l’hiver 29-30. C’est très judicieux, car SZ est l’œuvre majeure de Heidegger, et il en a toujours convenu ; son dernier texte, prononcé en 72, Temps et Etre. Au § 8 de SZ, Heidegger donne le plan de tout le livre : la deuxième partie n’a pas été écrite, mais on en trouve des traces dans les cours. Revenons à la première partie, elle-même découpée en trois sections ; la dernière partie porte comme titre « Temps et Etre ». Or il est capital de comprendre que l’un des tous derniers textes reprend le titre de la dernière section manquante. Nous nous arrêtons en 1930 ; nous n’avons pas à prendre parti sur le rapport entre 30 et 33-34 ; peut-être car des décisions théoriques ont été prises. Mais pour comprendre SZ nous allons faire abstraction de tout l’itinéraire de Heidegger. Il naît en 89, en Bavière, dans le pays de Bade, 1903-09 : fait son lycée à Constance et Freibourg ; il entre à l’Université de Freibourg pour faire de la théologie, puis passe à la philosophie de 11 à 14 ; dès 13, il soutient son doctorat, à 24 ans et deux ans après il passe son habilitation avec Rickert ; il devient l’assistant de Husserl à Freibourg. Il se marie en 17, et reprend son poste en hiver 19 ; il fait son premier cours (cours non traduit) ; en 22, à 33 ans, il est nommé professeur à Marburg, grande université à l’Est de Freibourg, où était le mouvement de retour à Kant, avec Cassirer, Natorp, Cohen. Il y va déconstruire l’interprétation néo-kantienne de Kant (la Critique de la raison pure est une doctrine de la science, et non métaphysique ni transcendantale) ; il va montrer que la CRP est l’esquisse d’une analytique du Dasein, à l’endroit même où on dit le 1 contraire. Ici les choses s’accélèrent ; en 24 il fait une conférence sur le concept de temps, qui est décisive car il a déjà alors la doctrine de SZ ; en 26, il finit SZ et choisit pour le finir la date de naissance de Husserl (8 avril) ; il sort dans les Annales de phénoménologie et de recherche phénoménologique, que dirige Husserl. Il y a donc entre Husserl et Heidegger une parenté institutionnelle ; il va mettre la dernière main aux leçons sur la conscience intime du temps de Husserl. La communauté de pensée entre Heidegger et Husserl est réelle et très étroite. En 29 : il est appelé à revenir à Freibourg comme le successeur de Husserl, il reçoit une habilitation à prendre la chaire de Berlin, qu’il refuse, et juste avant de quitter Marbourg, il y a le débat de Davos, entre Cassirer et Heidegger, auquel assiste Lévinas. Autre événement important, c’est le discours du 27 juillet 29 intitulé : « Qu’est-ce que la métaphysique ? » : reprise de l’analyse de l’angoisse des paragraphes 40 de SZ, analyse plus claire et meilleure. Enfin tout s’achève avec Kant et le problème de la métaphysique qui insiste sur la finitude du Dasein. En 33 il est nommé recteur de l’université, il le restera 11 mois ; il prend sa carte qu’il aura en 45. En 45, il est interdit d’enseigner par les français, puis en 51 fait des séminaires surnuméraires. En 45 il rencontre Beaufret et Char, et devient un auteur de gauche en France. Nous nous intéressons à la première partie, et c’est déjà beaucoup. Je propose de prendre comme principe de lecture : vous avez déjà lu les trois textes déjà au programme, et nous faisons une deuxième lecture. Je vous donne le plan du cours pour que vous puissiez lire les textes : 11/10 (aujourd’hui) : les quatre premiers paragraphes ; 18 : 4-5 25 : 7 à lui tout seul 8/11 : 9-11 (l’analyse formelle des caractéristiques formelles du Dasein) 15 : 12-14 et la deuxième partie des Problèmes fondamentaux. 22 : 15-18 sur le Vorhanden (l’objet sous la forme de l’ousia), le Zuhanden.(+cours de l’été 29, 1re partie des Problèmes fondamentaux). 6/12 : 26-27 le on et la question d’autrui. 13/12 : 29 sqq. sur la Stimmung (première section des problèmes fondamentaux, avec le problème de la tonalité fondamentale : ennui, ou angoisse ?) 3/ 1 : l’angoisse et l’ennui 10 : 43, la réalité du monde 17 : 44 la définition de la vérité. Je vais donner des indications sur les deux premiers paragraphes. Je m’en tiens à l’essentiel. La question de l’être est énigmatique pour une raison radicale, car on peut y répondre beaucoup trop bien : § 1 : la question de l’être est close parce qu’elle n’a pas besoin d’avoir de solution, car il n’y a pas de question ; et § 2 : il faut rouvrir la question : « la question de l’être doit être construite », élaborée. Pourquoi ? Car, c’est la conclusion du § 1, cette question elle-même est obscure et dépourvue d’orientation. Pourquoi n’a-t-elle pas de sens, de direction ? Il ne suffit pas d’invoquer le mot de métaphysique pour que la question de l’étantité soit posée. Pour Platon, c’était l’objet d’une bataille de géants et non d’un consensus de nains. Donc Wust tombe à côté. Heidegger utilise l’expression versaümnis, qui veut dire manquer, que Heidegger utilise souvent § 6 ; dans un cours, Prolégomènes à une histoire du concept de temps, il reprend § 12-13 ce manquement citant le Sophiste plus à loisir. A quoi tient la dérobade ? A des préjugés : répondre à une question sérieuse en racontant des histoires. La philosophie a tendance à se raconter des histoires, sous le dehors de la prétention scientifique. Le mythe, ici, c’est le concept d’être lui-même, la définition du concept d’étant par la métaphysique, laquelle dit Sein, alors qu’elle devrait dire Seindes. La métaphysique, quand on lui pose la question de l’être, répond : l’être est un étant. C’est pourquoi la question 2 qu’est-ce que l’être a du sens pour la métaphysique : l’être n’apparaît qu’une seule fois dans la question. La métaphysique ne parle pas de l’être, mais de l’étant et éventuellement de sa manière d’être. Le concept métaphysique d’étant (conceptus entis, Duns Scot, Suarez, puis Clauberg) a des caractéristiques : 1/ Il est le plus universel : Aristote, Métaphysique B 4 ; puis Duns Scot ; Suarez DM I, I, 27 ; Aristote Métaphysique B 3 : l’étant n’est pas un genre, et il n’y a pas de science de l’étant ; toutes les caractéristiques de to on sont liées à ces caractères supérieurement universels. Il y a une pluralité des quatre sens de l’étant, il est donc le uploads/Philosophie/ marion-cours-sur-heidegger-e-tre-et-temps.pdf

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