Georges Bertin. Mythe et société. MYTHE ET SOCIETE. « Les mythes sont faits pou
Georges Bertin. Mythe et société. MYTHE ET SOCIETE. « Les mythes sont faits pour que l’imagination les anime » Albert Camus. Georges Bertin. 2 Georges Bertin. Mythe et société. 3 Sommaire. Introduction. Ière partie: ACTUALITE DU MYTHE. 1) définitions. 2) mythe et recheche scientifique. 3) la recherche sur le mythe. a) l’anthropologie culturelle. b) l’ésotérologie. c) l’anthropologie symbolique. 4) le retour du mythologique: exemples. a) Lancelot du Lac et le mythe du médiateur. b) du New Age à la Pentecôte: romans populaires et apparitions. 2ème partie: MYTHE ET SOCIETE. 5) niveaux de communication culturelle et sociétés. 6) forme et histoire, une dialectique pour penser la complexité. 4 7) la transversalité comme méthode. 8) applications:médiations locales et développement culturel, opérationnaliser la reconnaisance des formes de l'Imaginaire. Conclusions. Bibliographie des articles liés au thème traité. Bibliographie générale depuis 1989. Georges Bertin. Mythe et société. 5 INTRODUCTION. Dans son ouvrage « Philosophie des images », partant du constat général que « la vie et la culture de l’esprit sont marquées de nos jours par l’omniprésence des images », à tel point que l’on peut parler d’une civilisation des images, Jean- Jacques Wunenburger nous amène à entrevoir l'image, cette «catégorie vide et déconcertante» comme objet de connaissance, puis posant, en termes mesurés et dialectiques, la question de sa nature (mimesis, ressemblances et dissemblances),1 l'auteur nous apprend finalement à l’entrevoir dans ses rapports avec la connaissance et la pensée comme avec la vie elle-même et le sacré. Notre effort portant sur une catégorie du symbolique, le mythe, s'inscrit bien évidemment dans cette perspective qui vise redonner à l’image un statut épistémologique et philosophique que d’ailleurs ses contempteurs n’avaient pu lui faire perdre tant elle restait liée à l’aventure humaine, Jean-Jacques Wunenburger nous propose ainsi un vade- mecum philosophique du «penser en images », sans pour autant occulter , dans ses usages, la nécessité où nous nous 1 Wunenburger Jean-Jacques. Philosophie des images. Paris, P.U.F./ Thémis-philosophie. 1997, 322p. 6 trouvons de reconsidérer « l’essence même des processus cognitifs, d’envisager l’existence d’une pensée figurative, d’un intellect poétique, d’une imagerie symbolique » (p.199). Ceci le conduit à examiner « l’intellect imageant » et, contre une tendance intellectualiste qui visait à s’affranchir des images, à y voir au contraire, avec Kant, « des figures de pensée » et à considérer avec Gilbert Durand, les corrélations qui existent entre «syntaxe de l’imaginaire et structures intellectuelles ». Il n’est en effet «pas de vie intellectuelle sans médiation de l’image » (p.249) et les faiblesses de l’image (reflet, aliénation, sacrilège, fantômes, prolifération) ne doivent pas faire oublier sa force, tant elle « participe aux visées et situations les plus décisives de la vie active » (p.269), de la vie morale (idéaux), du politique (images du pouvoir, telles celles de l’Etat et de la Nation, symbolique de l’Autorité), et jusqu’aux mythologies de la subversion qui ouvrent la question du sacré et du religieux, de l’art, lequel « atteste chez l’homme un besoin universel de fabriquer des images » (p.291). Georges Bertin. Mythe et société. 7 Cette réflexion philosophique sur les images est particulièrement bien venue dans un monde marqué, comme l’a établi Gilbert Durand, par « une pensée pathologique qui se désimprégne du sens, dans laquelle les images et les mythes se rétrécissent jusqu’à être pris pour des perceptions et des sensations 2». « Placer l’image au coeur de l’esprit est peut-être, comme le souligne Jean-Jacques Wunenburger, le meilleur moyen pour comprendre ses activités » (p.292). Notre temps a repris conscience de l'importance des images symboliques dans la vie mentale ou sociale. Les conduites humaines, les cadres sociaux (dont l'architecture, l'habitat, l'urbanisme) sont aussi organisées en fonction d 'un imaginaire qui ne cesse de les habiter et dont l'analyse doit provoquer l'émergence. Plusieurs courants hermèneutiques s'y attachent parmi lesquels comptent notamment les réflexions développées par Gaston Bachelard et Gilbert Durand, celui-ci s'étayant souvent sur celui-là. 2 Durand Gilbert, La Foi du Cordonnier, Paris, Denoël, 1984, p.33. 8 Gaston Bachelard a en effet développé une importante réflexion sur la constitution et la mobilité des images et esquissé les prémisses d'une véritable psychologie de l'imagination ordonnée selon lui à deux moments repérables: - celui de la perception d'images formées et fixées dans la conscience humaine, forces imaginantes qui creusent le fond de l'être , qui veulent trouver dans l'être à la fois le primitif et l'éternel, qui dominent la saison et l'histoire. Elles produisent des germes où la forme est enfoncée dans une substance, où la forme est interne, - celui de la mobilité d'images qui trouvent leur essor devant la nouveauté, animent l'imagination créatrice dans l'expression des langages qui leur prêtent vie. Dans la nature, en nous et loin de nous, elles produisent des fleurs.3 Il distingue ainsi deux types d'images, celles qui se réfèrent à l'intime, à la profondeur, à la matière, à l'eau, et celles qui se situent dans l'expansion, dans la liberté, dans l'espace. Gilbert Durand, faisant la synthèse, en les reprenant, des propositions de Bachelard qu'il confronte aux apports de la psychanalyse, du structuralisme et de philosophes comme Kant ou Cassirer4, ouvre les voies d'une réflexion sur 3 Bachelard Gaston, L'eau et les rèves, Paris, José Corti, 1942. 4Durand Gilbert, L'Imagination Symbolique, Paris, PUF, 1968. Georges Bertin. Mythe et société. 9 l'Imaginaire qu'il présente comme un dynamisme équilibrant entre plusieurs réseaux de forces antagonistes: les régimes diurne et nocturne des images et les dominantes physiologiques qui déterminent les schèmes de nos fonctionnements mentaux et sociaux entre les gestes de l'érection, de l'avalage et l'obsession profonde et universelle du rythme..Il isole sur cette base "les structures anthropologiques de l'Imaginaire5"qu'il organise en trois grandes classes: héroïques, dramatiques et mystiques. C'est à lui que nous devons la notion de "trajet: anthropologique" les forces de l'imaginaire dans leur confrontation à la réalité sociale, pour accéder au statut de symbole, devant faire la part de ce qui ressort des intimations du milieu et de ce qui relève des pulsions bio- psycho-affectives. Dans "La méthode: la Connaissance de la Connaissance", Edgar Morin met l'accent sur la présence occulte du mythe au coeur de notre monde contemporain et ce malgré l'opposition soigneusement entretenue entre les pensées rationnelle et mythique, entre science et religion. "Il a fallu, écrit-il, l'élargissement et l'autocritique de la pensée 5Durand Gilbert Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Paris, Dunod, 1985, 10ème édition. 10 critique pour que celle-ci s'interroge sur l'universalité, le sens et la profondeur de la pensée mythologique". Parmi les fonctions du symbole, dans lequel il voit en particulier la concentration d'un coagulum de sens, soit "une constellation de significations et de représentations liées symboliquement par contiguïté, analogie, imbrication", il développe celle qui concerne la communauté (6), réflexion reprise et amplifiée par Michel Maffesoli dans la plupart de ses ouvrages. De fait, entre l'imaginaire social, magma, réservoir de significations qui se proposent à l'émergence de la vie sociale et les contraintes rationnelles-réelles de l'organisation, le mythique relève du symbolique, dont il est "une succession organisée en récit"(G. Durand), d'un point de vue épistémologique, il nous oblige à reconsidérer nos catégories car il constitue, comme objet d’études, ce que Jean-Marie Brohm et Louis-Vincent Thomas ont appelé une transversalité laquelle est « interrogation permanente et questionnement infini », soit, « le refus des cloisonnements des disciplines, des champs, des objets, des méthodes, l’attention accordée aux totalités mouvantes (Garfinkel), aux praxis-processus (Sartre), aux mondes cachés (Bachelard), la compréhension de l’unité signifiante de tout fait social qui 6 Morin Edgar, La Méthode-3, La Connaisance de la Connaissance-1, Paris, Le Seuil, 1986, p.155 sq. Georges Bertin. Mythe et société. 11 est prioritairement une donnée existentielle avec ses finalités, ses enjeux anthropologiques, ses conflits7. » Le Mythe interroge à la fois les couches profondes de la psyché, dans ce qu'elle a de plus radical comme dans ses formes immuables ordonnées aux besoins les plus fondamentaux de l'espèce et les formations dues à l'effervescence poétique, aux capacités instituantes mises en oeuvre par l'imagination créatrice. Il peut donc sembler légitime de s'interroger sur la fonction sociale du mythe à la fois garant de notre relation à ce qu'on a pu appeler l'arkhé et comme force productrice de sens au coeur du construit social. car "la vie sociale est un mixte inextricable d'intelligible et de sensible, de sapiens et de demens"8. - En tant que réalité touchant l'humain, comme nous le rappellent tous les grands textes fondateurs, des antiques à la psychanalyse, le mythe est l'objet d'une réflexion légitime, rien n'étant "indigne d'être objet de science"(9), ceci implique et la liberté de penser et le refus de tout monopole théorique et doctrinal, - de plus, parce qu' exerçant une domination manifeste sur la rationalité de nos systèmes politiques", le mythe plonge au 7 Brohm J.M. in Pretentaine, Université Montpellier III, Mai 1996, p.16. 8 Maffesoli Michel, La Connaissance ordinaire, Méridiens, 1985, p.81. 9 Brohm Jean-Marie, Galaxie Anthropologique-Transversalités, Paris, N.E.A., N°1, Avril 1992. 12 plus profond de l'évolution humaine (10). De fait, "l'histoire contemporaine, tout en dissolvant les anciennes mythologies, en secrète de nouvelles et régénère de façon proprement moderne la pensée symbolique uploads/Philosophie/ mythe-et-societe-georges-bertin.pdf
Documents similaires
-
10
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 07, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.2968MB