« PEDAGOGIES ET PEDAGOGUES » D’après les cours de Mr Luis Chacon à l’université
« PEDAGOGIES ET PEDAGOGUES » D’après les cours de Mr Luis Chacon à l’université de Paris 8 On distingue deux conceptions de méthode d’enseignement qui correspondent à deux conceptions de l’enfance : -une conception traditionnelle pour laquelle l’enfance est une étape transitoire vers la vie adulte -une conception dite nouvelle selon laquelle l’enfance est un état en lui-même, une valeur à part entière. La pédagogie traditionnelle s’accompagne d’une attitude de méfiance à l’égard de l’enfance et justifie par là un enseignement magistral. La pédagogie nouvelle a dérivé vers la non-directivité et par là à la négation de toute pédagogie (cf . I.Illyich « Une société sans école ») 1. LA PEDAGOGIE TRADITIONNELLE Au début du 20è siècle on s’intéresse au développement de l’intelligence, et on voit apparaître un courant behavioriste qui considère toute action humaine comme une réaction biologique à un stimuli. Leur objet d’étude est le comportement humain mais les chercheurs s’intéressent particulièrement à l’instruction. Pour eux, l’action pédagogique doit privilégier des exercices répétés pour produire des automatismes. C’est une conception qui retient de l’enfance son caractère d’état transitoire et son fondement est le modèle et l’effort. Elle confie au maître l’organisation du travail, qu’il s’agisse de connaissances ou de rythme d’acquisition, de progression didactique en fonction de la logique des notions. En outre la volonté psychologique de l’enfant est censée faire défaut. Les principaux auteurs de ce courant sont Durkheim, Alain, Piaget, Wallon, Skinner. Emile Durkheim Philosophe fondateur de la sociologie française, premier professeur de Science de l’éducation, c’est une référence en la matière. Selon lui l’éducation est un fait social à observer objectivement, son but étant la modification du comportement humain. Les enfants naissent en état d’anomie (c'est-à-dire qu’ils sont « a- sociaux », qu’ils ne connaissent pas les codes de leur groupe). La socialisation est la modification de ce comportement, l’action exercée par les adultes su les jeunes qui n’ont pas encore acquis les aptitudes nécessaires à leur intégration sociale. L’éducation doit imposer à l’enfant un système d’attitude morale afin de constituer en lui l’être social .Par conséquent la transmission des normes et des valeurs d’une génération à l’autre est la tâche de l’éducation, c’est l’éducation morale. Cette conception a quatre conditions : - l’adulte doit avoir un ascendant sur l’enfant, c'est-à-dire de l’autorité - l’adulte doit être convaincu que la pression qu’il exerce sur l’enfant permet à celui-ci d’édifier un être nouveau - l’enfant doit être naturellement dans un état de passivité, d’accessibilité , de contagion ; il est enclin à l’imitation - l’autorité morale a un caractère sacré qui doit être vécu par les parents Cette construction implique un esprit de discipline, d’abnégation, fondé sur la régularité, l’effort et le respect de la règle. L’autonomie est ici la reconnaissance de la règle établie par le groupe auquel on est destiné ; et l’enfant doit s’identifier à celui qui incarne cette règle, sa personnalité se construisant à l’image de celle de l’adulte. Alain Eduquer, c’est connaître et faire connaître,c’est un instrument pour saisir les choses, pour atteindre la vérité et refuser l’erreur de l’immédiat, c’est disposer d’un jugement, rejeter tout ce qui est de l’ordre des croyances, c’est d’abord l’éducation de l’Homme, de sa volonté et de sa liberté. Selon lui l’enfance est un état mental et non un âge réel, c’est une manière d’appréhender le monde. Le petit enfant se passe de règles et de modèles dans sa première connaissance, et il confond le réel et l’imaginaire .Ses connaissances commencent par les sens : le premier étant la vue, qui est, par essence, trompeuse car elle donne à voir sans laisser comprendre pourquoi. Vivant dans un monde déjà humanisé, il doit faire des signes pour se faire comprendre, il a donc un rapport actif aux mots. Son désir spécifique est de devenir adulte. Ce qui le pousse hors de l’enfance, c’est l’orgueil et l’ambition. Sans ces sentiments, il n’est pas éducable. L’enfant aime imiter l’adulte. Le modèle d’Alain est la discipline et l’effort, c’est une pédagogie sévère où le bonheur est le résultat final du travail. Il prêche une approche méthodologique semblable au solfège et à l’apprentissage d’un instrument de musique : patience, répétitions, imitation. L’école est un lieu où l’erreur est normale, c’est même une pratique répétée. Jean Piaget Comprendre la nature de l’enfance est pour lui une nécessité. En effet, l’enfant passe par un certain nombre d’étapes de son développement qui sont des structures successives et stables : il les appelle les stades. A chaque stade correspond un enseignement. L’épistémologie génétique qu’il étudie est une analyse critique des processus fondamentaux d’acquisition des connaissances. Il veut décrire les modes d’apparition de structuration cognitive. Les connaissances ne s’acquièrent pas par une addition d’informations extérieures, elles s’organisent, se structurent par une relation du sujet connaissant et de l’objet à connaître. Il affirme la possibilité universelle de résoudre des problèmes et d’évoluer, il croit en la perfectibilité de l’homme au-delà de l’innée. Sa psychologie de l’intelligence est conçue comme une faculté globale de co-ordinner des actions et des opérations. La connaissance se construit par l’expérience sensorielle en interaction avec la raison. Il propose des méthodes actives où le rôle de l’adulte est fondamental : il doit favoriser la construction des connaissances. Toute conduite consiste en une assimilation d’une donnée nouvelle qui modifie le schéma intérieur de comportement. L’intelligence est donc successive et progressive. Le rôle de l’école est d’aider les assimilations et les accumulations qui impliquent cette évolution. En outre l’école doit adapter les valeurs transmises à celles de la société par les programmes. Henri Wallon Psychologue et philosophe français. Il propose l’idée de l’interaction entre l’enfant et ses milieux de vie, interaction qui permet la connaissance de soi. C’est à travers les relations établies avec autrui que la personnalité se construit. Il développe en 1925 la théorie des mentalités hétérogènes. A force d’affirmer l’originalité irréductible de l’enfance, les nouveaux pédagogues ont selon lui établi une coupure entre deux mentalités hétérogènes : celle des adultes et celle des enfants. Or l’enfant est bien une projection de l’adulte. L’enfant fait partie du social, et son milieu est la condition de son développement, car il n’y a pas de vie psychique sans forme de relation réciproque. Eduquer, c’est provoquer, par la mise en situation, une réaction totale et synthétique de l’organisme, c’est stimuler la spontanéité d’action et d’assimilation, c’est laisser à son être global les moyens et les occasions de croître sans contrainte. Les caractéristiques de son approche sont : - la méfiance envers l’éducation autoritaire, didactique et normative - l’éducation n’est plus bornée aux activités intellectuelles mais s’élargit aux activités manuelles - il faut encourager les initiatives des enfants - l’opposition de l’enfant, ses attitudes critiques, sont positives pour l’éducation car le conflit est formateur. Pour Wallon, la vie est une expérimentation continuelle qui oblige l’individu à se remettre en question de façon permanente. L’éducation est une continuelle réorganisation et reconstruction des expériences passées, à la lumière de celles auxquelles nous sommes confrontées. L’école doit apprendre à apprendre. Skinner Sa conception de la psychopédagogie se veut révolutionnaire et en rupture avec le behaviorisme. Il rejette toute approche philosophique, la psychologie devant se cantonner aux faits observés et mesurables. La création de la machine à apprendre donnera suite à l’enseignement programmé. Si la théorie behavioriste affirme que l’effet d’un stimulus sur le comportement permet l’acquisition des connaissances, cette acquisition implique la production d’un nouveau stimulus qui doit être lié au premier, entraînant le renforcement de la réponse. Le renforcement est essentiel pour comprendre l’installation d’un comportement déterminé. Il existe des mécanismes de renforcement qui dessinent l’interaction des circonstances stimulantes des réponses de l’organisme et principalement des conséquences renforçantes. La tâche première de l’enseignant est de se laisser guider par la psychologie expérimentale afin d’organiser au mieux les contingences de renforcement 2. LA PEDAGOGIE NOUVELLE A la fin du 19è siècle, naît une nouvelle pédagogie fondée sur deux postulats : - l’enfant a sa propre vie et a le droit de vivre heureux - la nature de l’enfant est bonne, c’est l’éducation mal conçue par l’adulte et l’adulte lui- même qui pervertissent cette nature (cf. J.J.Rousseau) Leurs auteurs sont : Claparède, Ferrière, De Croly, Montessori, Freinet Edouard Claparède L’intelligence est l’adaptation mentale aux circonstances nouvelles. L’individu va dépasser les insuffisances par son intelligence. Le premier problème de l’éducateur, est d’adapter l’enfant au milieu par une activité fonctionnelle et volontaire. L’enfant doit vouloir ce qu’il fait même s’il ne fait pas ce qu’il veut. Il raisonne par analogie, par tâtonnements, source de conduite intellectuelle. Auguste Ferrière Sa pédagogie active est fondée sur les centres d’intérêt. L’activité spontanée est la base de tout travail. Il parle d’appétit de savoir. A partir des centres d’intérêt, s’expriment la curiosité et la spontanéité naturelles des enfants. Les leçons se systématisent grâce à ces deux qualités. L’éducation morale de Durkheim doit s’effectuer à l’intérieur d’un groupe qui doit pratiquer l’autogouvernement et permettre ainsi l’autonomie relative des élèves qui s’entraident. Dewey Il crée une école laboratoire, selon lui démocratique, où les programmes sont définis par l’ensemble uploads/Philosophie/ pedagogies-et-pedagogues.pdf
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- Publié le Jan 03, 2021
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