Platon, la rhétorique copier coller d'une bonne partie d'un article de Samuel I

Platon, la rhétorique copier coller d'une bonne partie d'un article de Samuel Ijsseling, « Rhétorique et philosophie, Platon et les sophistes » Gorgias, et un peu Phèdre Dans l'Antiquité la « rhétorique » était comprise selon une double acception ; elle est définie d'une part comme une technique pratique, se réalisant comme un art de bien parler et de bien écrire (ars bene dicendi) — et ce mot bien (bene) reçoit ici la double connotation d'être beau et séduisant, et d'être convaincant ou persuasif (ars persuadendi) — et d'autre part elle est comprise comme une discipline théorique qui introduit à un système de règles et de conditions nécessaires pour produire un discours fort, beau, persuasif et bien construit. Gorgias Dans la première partie, Platon et Gorgias essaient de définir la rhétorique, qui est définie comme art de tenir un discours qui influencerait ou introduirait des opinions chez les hommes. La rhétorique est l'art de persuader. Socrate fait remarquer qu'un discours ou une parole persuasive ne nous apportent point de connaissance vraie ou de science véritable (épistémè), mais imposent seulement des convictions ou des opinions (doxa). Gorgias attire l'attention sur le pouvoir assez surprenant et universel du discours. En effet, par un mot bien choisi, par un discours beau et fort on peut espérer que les hommes penseront comme il est souhaitable qu'ils pensent et on peut les pousser et les engager à adopter un comportement juste et plein de sens. Il faut simplement faire un usage juste et justifiable de la rhétorique. Socrate répond qu'il faut d'abord posséder une connaissance véritable de la justice, et cette connaissance ne peut pas être acquise en s'en tenant à la rhétorique. Et il ajoute que, précisément pour cette raison, la rhétorique ne pourra jamais prétendre au statut d'une vraie science. Elle ne repose pas sur une connaissance pure et n'a pas de relation avec la réalité vraie. La rhétorique n'est qu'une flatterie, un faire semblant et une vraie-semblance. En somme elle n'a rien de sérieux. On peut la comparer à l'art culinaire qui nous procure sans aucun doute une certaine satisfaction, mais qui ne sert pas vraiment la santé, ou au maquillage qui rend l'homme peut-être plus séduisant, mais qui n'apporte pas une beauté réelle au corps humain, comme le fait la gymnastique (Gorgias, 465-466). Polos, un des personnages du dialogue, insiste cependant sur le pouvoir réel de l'orateur, surtout dans le domaine de la politique. L'orateur domine par ses paroles la vie de la « polis », de l'État et de la société. Socrate répond qu'en politique il s'agit d'abord de la justice et du bien, et qu'ils ne peuvent jamais être réalisés par la force ou la violence des mots. La force et la violence sont le contraire de ce qui est bien et juste. Calliclès, enfin, avance que la politique est avant tout un jeu de positions de pouvoirs et que dans ce jeu, la rhétorique est indispensable et justifiée. L'exaltation du pouvoir des mots et l'exaltation du pouvoir tout court sont intimement liées. Socrate ne souhaite pas participer à ce jeu de pouvoirs. Il préfère la vie d'un philosophe. Et cette vie est une vie de liberté, de vérité et de justice. L'État et la politique devraient essayer de réaliser une telle vie pour chacun. Phèdre Platon est plus nuancé dans le Phèdre. Le dialogue commence ainsi : le jeune Phèdre possède un discours d'un certain Lysias, lequel fréquentait le milieu de Gorgias. Il fut le premier à écrire un discours pour que ses étudiants pussent l'apprendre par coeur. Le discours que Phèdre possédait et connaissait par coeur traitait de l'amour, et il veut en parler avec Socrate. Si au début du dialogue ils échangent leurs points de vue sur le contenu et la thématique même du discours, le dialogue s'orientera assez vite vers un problème déterminé : comment tenir et écrire un discours. Et dès lors c'est la forme ou la rhétorique en tant que technique qui devient le thème principal du dialogue. On fait une distinction entre la mauvaise et la bonne rhétorique. La mauvaise est celle qui est enseignée dans les écoles d'orateurs, comme celle de Lysias. Cette rhétorique n'a affaire qu'au vraisemblable (doxa), à la persuasion ou à l'autorité et au pouvoir, et même à l'illusion. La bonne rhétorique est celle qui est basée sur la philosophie et la rationalité. Seulement celle-ci a un rapport avec la vérité et avec la connaissance. C'est une rhétorique philosophique et dialectique. C'est l'art d'atteindre la vérité dans le dialogue. Un langage figuré, des exemples instructifs à suivre, l'invocation de témoins ou d'arguments d'autorité, l'appel à la tradition et enfin la narration des mythes et des récits, c'est-à-dire un discours rhétorique, voilà qui peut avoir un certain sens quand on veut instruire le peuple ordinaire dans un espace de temps limité. Néanmoins ce discours ne procure nullement un savoir vrai. À vrai dire on n'en apprend rien, il y s'agit seulement de croyances et de convictions, on y essaie de convaincre et de faire changer d'avis. Ce discours-monologue, comme méthode didactique, se révélera finalement infructueux et même dangereux, parce qu'on ne possède aucun critère pour fixer la vérité des convictions. On pourrait seulement faire usage de cette forme de rhétorique si le maître ou l'orateur possédaient préalablement une connaissance réelle et une science véritable. Et cela c'est le privilège d'un philosophe seulement. Et celui-ci ne parvient à cette connaissance que par l'intermédiaire d'un dialogue ou de la dialectique. Cette dialectique est l'unique forme d'une rhétorique philosophique. A la fin du Phèdre, Socrate prononce un jugement sur ce Lysias, l'auteur du discours que Phèdre connaissait par coeur, et sur Isocrate, disciple de Lysias, qui dirigeait une école connue d'orateurs non loin de l'académie de Platon. Lysias est selon Socrate le contraire d'un philosophe. la place et le rôle que la rhétorique et les orateurs sophistes reçoivent dans la société. Pour les Grecs la « rhetoriké téchné » était un art authentique, l'art des arts. Un art sublime qui ne trouvait pas d'équivalent dans les autres domaines de la culture hellénique. C'est elle qui a la place la plus importante dans la formation, la culture. On doit apprendre à parler de tout, même de philosophie. La carrière d'orateur est la plus estimée. « Il brille lors de l'assemblée et quand il se promène en ville, on l'admire comme un dieu» Homère, Odyssée Diodore de Sicile « On aurait du mal à nommer une qualité plus haute que le discours. Car c'est lui qui met les Grecs au-dessus des autres peuples et les gens cultivés au-dessus des incultes; c'est en outre grâce à lui seul qu'un individu peut se rendre maître d'une multitude ; et il faut dire absolument, que toute chose n'apparaît que telle que la puissance de l'orateur la présente » (12). C'est surtout dans le domaine de la politique et de la jurisprudence que le pouvoir du discours et des porte-parole s'est manifesté le plus clairement. Cependant il y a plus. A l'origine, les porte-parole par excellence étaient les poètes et les chanteurs. C'étaient eux qui, par leurs hymnes, maintenaient la foi dans les dieux et les héros. C'étaient eux qui, par leurs mots et expressions, composaient le cadre des valeurs, du sens et du non-sens, du bien et du mal, de la justice et de l'injustice, qui faisaient circuler le savoir et le rendaient possible. Avec eux les choses peuvent briller (doxa) et les hommes être sauvés de l'anonymat, du néant et de la mort et acquérir célébrité ou mauvaise réputation. C'est sur ce fond que les Sophistes doivent être compris. Ils ont repris sous différents aspects le rôle du poète, mais en même temps quelque chose de neuf advient avec eux. Les Sophistes étaient persuadés que les choses et les hommes, les situations et les événements nous paraissent tels qu'ils sont présentés par les porte-parole officiels. Les Sophistes prenaient comme point de départ le fait que l'homme vit dans un monde d'opinions et de convictions. Ces convictions sont aussi bien les choses qui paraissent objectivement que les opinions subjectives. Les choses n'apparaissent que grâce aux mots et les opinions sont l'effet de la persuasion. Mais — et ceci est le grand renouveau — ils savaient aussi que le système des opinions et des convictions est en principe transformable. Pour changer et influencer les convictions et les opinions une certaine praxis est nécessaire : la praxis du discours persuasif. Afin que cette praxis puisse exercer de l'influence, une maîtrise de la parole est requise. Seul un discours beau et fort peut avoir un effet dans la réalité. Quand on a une maîtrise du langage, on est un maître de la vérité ; bref, on est un homme de pouvoir. C'est pourquoi les Sophistes s'appliquent à l'enseignement de la rhétorique, de l'art de parler vraisemblablement de toutes choses. Revenons maintenant à Platon. Si les Sophistes et les orateurs étaient conscients du pouvoir des mots, Platon, lui, se rend compte de l'ambiguïté fondamentale du mot. Un mot peut conduire, réduire uploads/Philosophie/ platon-rhetorique.pdf

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