ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine ISSN 1112-5020 Hawliyyat al-Tura
ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine ISSN 1112-5020 Hawliyyat al-Turath, University of Mostaganem, Algeria N° 10, September 2010 De l'Isnad à la phraséologie l'évolution d'un concept From Isnad to phraseology The evolution of a concept Dr Chokri Mimouni Université de Rennes, France chokri.mimouni@univ‐rennes2.fr Publié le : 15/9/2010 10 2010 Pour citer l'article : Dr Chokri Mimouni : De l'Isnad à la phraséologie, l'évolution d'un concept, Revue Annales du patrimoine, Université de Mostaganem, N° 10, Septembre 2010, pp. 33-44. http://annales.univ-mosta.dz *** Revue Annales du patrimoine, N° 10, 2010, pp. 33 - 44 ISSN 1112-5020 Publié le : 15/9/2010 chokri.mimouni@univ-rennes2.fr © Université de Mostaganem, Algérie 2010 De l'Isnad à la phraséologie l'évolution d'un concept Dr Chokri Mimouni Université de Rennes, France Résumé : Dans l'intérêt de préserver l'art de bien parler, les Arabes, avec Sibawayh comme chef de file, ont su développer très tôt un système de codification de la langue, une référence qui ouvre la voie pour l'appréciation de tout l'héritage littéraire et culturel arabes. Il est, en outre, tout à fait légitime que cette discipline naissance ait pu évoluer et se développer à travers les siècles pour être la référence de base pour tous ceux qui veulent maitriser cette langue aujourd'hui. Ce sont les réflexions des pionniers en la matière, pour la codification de la langue basée sur l'isnad, que nous avons voulu retracer, à travers cette modeste contribution. Mots-clés : langue, isnad, phraséologie, Sibawayh, grammaire. o From Isnad to phraseology The evolution of a concept Dr Chokri Mimouni University of Rennes, France Abstract: In the interest of preserving the art of speaking well, the Arabs, with Sibawayh as leader, knew how to develop very early a system of codification of the language, a reference which opens the way for the appreciation of all the Arab literary and cultural heritage. It is, moreover, completely legitimate that this birth discipline could evolve and develop through the centuries to be the basic reference for all those who want to master this language today. These are the reflections of the pioneers in this area, for the codification of the language based on Isnad, that we wanted to retrace, through this modest contribution. Keywords: language, Isnad, phraseology, Sibawayh, grammar. o Suite à l'agrandissement des territoires de l'Islam, surtout Dr Chokri Mimouni - 34 - Revue Annales du patrimoine avec le deuxième calife Omar (m. 644C), l'entrée massive dans la nouvelle religion, l'Islam, par des communautés non arabophones et ne maîtrisant pas forcément la langue arabe à attirer l'attention des autorités à codifier la langue et à prescrire des normes d'usage. D'autres facteurs viennent s'ajouter à cela, notamment la diversité langagière des nombreuses tribus arabes, nomades ou sédentaires, les variances dans la récitation du Coran et n'ont fait que réconforter l'idée de tracer une voie, une orientation qui serait commune pour une pratique raisonnée de la langue arabe(1). A travers tout le corpus mis en place pour la codification de la grammaire arabe, notre but est de revenir sur la théorisation du concept de phrase dans cette discipline nouvellement appelée science de la grammaire, "ilm al-Nahw". Car cet héritage grammatical arabe est cependant, remis en question, face au système éducatif moderne et face à l'élaboration de méthodes d'apprentissage et de manuels scolaires. Entre des traditionnalistes rattachés aux travaux de leurs ancêtres et des modernistes soucieux de l'évolution de la langue en conformité avec les temps modernes, le concept de phrase qui constitue le tronc cérébral du discours en général fait état, encore aujourd'hui, de controverses et de polémiques qui méritent une attention particulière. Il est vrai que lors de la codification de la grammaire arabe, l'étude de la phrase n'a pas eu la place qu'elle méritait dans l'analyse du discours. Les grammairiens arabes se sont plutôt penchés sur l'étude des mots dans leurs singularités, "al- mufradat", que de travailler sur le mécanisme reliant ces mots entre eux pour faire une locution concevable et significative. Cette conception, va laisser de séquelles irrémédiables encore aujourd'hui quant à la définition de la phrase et sa conception. La phrase désignée unanimement par le terme "jumla" chez tous les contemporains, n'eut cette appellation qu'à partir du XIIIe siècle. Comme nous allons le voir, elle fut construite sur des conceptions De l'Isnad à la phraséologie l'évolution d'un concept - 35 - N° 10, Septembre 2010 différentes que celles connues aujourd'hui chez les premiers grammairiens à la tête desquels Sibawayh demeure, bon gré mal gré, dans toute la tradition grammaticale arabe, la référence dans ce domaine avec son fameux ouvrage "al-Kitab". 1 - La théorie de l'isnad : Sur les différentes parties qui composent le livre, al-Kitab, la théorie de l'isnad, dès son apparition, a fait couler beaucoup d'encre afin de mieux l'expliciter et l'éclaircir vu le caractère obscure qui la voilait. Qu'il s'agisse des successeurs immédiats à Sibawayh ou de grammairiens tardifs, de l'école Basrite ou de l'école koufite(2), ils se sont tous rués sur cet ouvrage afin d'y puiser une nouvelle matière de réflexion. Il faut dire qu'il s'agit là d'une théorie clé pour l'analyse de la phrase, une première dans l'histoire des Arabes, dans un ouvrage considéré comme la clé de voute de toute la grammaire arabe, premier ouvrage en son genre(3) qui vient sceller les règles de la langue arabe portées jusque-là par voie orale au travers du répertoire poétique et de la psalmodie du Coran. Cette polémique autour de la notion de phrase continue à prendre de l'envergure et encore aujourd'hui le problème n'est pas tranché entre les différents protagonistes. Comment préserver cet héritage tout en l'adaptant aux besoins de nos jours ? Ce genre de questions concernant la nécessité de rompre ou pas avec la voie des anciens, sur la ou les méthodes à proposer pour apprendre l'arabe dans cette nouvelle vague de mondialisation et de sociétés changeantes, se posent de plus en plus, partout où la langue arabe est enseignée. La syntaxe de la phrase est, à notre avis, un des principes actifs pour remédier à toutes ces incompréhensions. 1. Sibawayh (m. 180H-796C) : "Hada bab-u l-musnad w-al musnad ilayh wa huma ma la yastaghni wahid-un min-huma an l-akhar w la yajidu l- mutakallim-u min-hu buddan. Fa-min dalika l-ismu l-mubtada w- al mabniyy alayhi wa-huwa qawluka abdullah-i akhuka wa hada Dr Chokri Mimouni - 36 - Revue Annales du patrimoine akhuka"(4). "Ceci est le chapitre du Musnad (littéralement appuyé) et du Musnad ilayh (littéralement appuyé contre lui). Ce sont deux éléments dont l'un ne peut se dispenser de l'autre et dont le locuteur ne peut se passer. (Comme) cela le nom par lequel on débute et celui qui est construit dessus comme abdullah akhuka (Abdallah est ton frère) et hada akhuka (Celui-ci est ton frère)". Il faudrait donc une combinatoire d'au moins deux éléments pour construire un discours(5). Bien qu'il n'y est pas plus de précision, il s'agit là de la première pierre de cet édifice, communément connue sous le terme de jumla, aujourd'hui. Un minimum de deux éléments, le musnad et le musnad ilayh, suffit pour construire une phase. Cette définition va être commise d'office avant d'être critiquée plus de deux siècles plus tard. Par ailleurs Ibn Mandhur (m. 711H-1311C) rapporte qu'al- khalil (m. 173H-789C), avait déjà tenté de définir la phrase par sanad et musnad ilayh, avant son disciple, l'intérêt de la tradition grammaticale restera fixé sur la terminologie de Sibawayh(6). 2. Al-Sirafi (m. 368H-979C) : Dans son commentaire du livre al-Kitab, Al-Sirafi(7) a traité du musnad et du musnad ilayh, dans un chapitre entier, au tout début de son travail(8). Sa théorie se résume ainsi : Puisque Sibawayh considère que la phrase minimale est composée de deux entités, quatre cas sont alors possibles pour déterminer la place du musnad et du musnad ilayh si l'on se basait sur deux exemples comme suit où l'un commence par un verbe et le second commence par un nom : Qama zayd-un (Il se lève, Zayd) et Zayd-un qa’im-un (Zayd "est" debout) : Première hypothèse : Le musnad désigne l'information, ce que l'on dit à propos d'un sujet. Alors le verbe Qama (exemple 1) et le deuxième nom Qa’im-un (exemple 2) sont, tous deux, musnad. Il s'ensuit que l’agent du verbe (exemple 1) et le premier nom (exemple 2) sont des musnad ilayh. Dans ce cas le musnad ilayh serait l'élément à propos de quoi l'on parle. Deuxième hypothèse : Sur le plan lexicographique, le terme De l'Isnad à la phraséologie l'évolution d'un concept - 37 - N° 10, Septembre 2010 musnad est un participe passif. Donc, il est déjà considéré comme appuyé ou construit sur un autre élément. Alors dans la terminologie musnad ilayh, comportant un groupe prépositionnel (ala = préposition et hi = anaphore), l'anaphore hi renvoie au premier terme musnad. Ainsi le musnad ilayh serait musnad à un musnad. Ce qui veut dire que tous les deux bénéficient du même statut et il n'y a plus d'ordre positionnel. Troisième hypothèse : Que le musnad prend la deuxième position et le musnad ilayh lui serait antéposé. Il en résulte que le verbe uploads/Philosophie/ dr-chokri-mimouni-de-l-x27-isnad-a-la-phraseologie-l-x27-evolution-d-x27-un-concept.pdf
Documents similaires










-
37
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 18, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2039MB