Université Sultan Moulay Slimane Faculté des Lettres et des Sciences Humaines B

Université Sultan Moulay Slimane Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Beni Mellal Département de Langue et de Littérature Françaises Master Sciences du Langage/ S3 Sémantique Cognitive 2020 / 2021 Réalisé par : Hassna CHAQUI Hasna EL HOUCH Dissertation autour de : La polysémie dans la conception cognitive Dans le cadre du séminaire de la sémantique cognitive de : Mr. Brahim OUMERAOUCH « Language is integral part of human cognition » (R.W. Langacker, 1987 : 12). « Meanings are in the mind of the speakers who produce and understand the expressions » (R.W. Langacker, 2008 : 27). Vers les années 1940, malgré sa contribution remarquable dans la compréhension des mécanismes d’apprentissage, le béhaviorisme fut objet de maintes critiques pertinentes d’où il n’est plus le paradigme dominant. En effet, on le jugeait de réductionniste et de n’avoir s’intéressé qu’à ce qui est observable et extérieur à l’esprit humain du fait qu’il concevait l’apprentissage comme un résultat conditionné par la relation stimulus-réponse en ne faisant ainsi aucune différence entre l’homme et l’animal et en considérant la tête humaine comme une boite noire dont on ignore le fonctionnement et l’utilité. Par conséquent, et pour mieux comprendre les mécanismes intérieurs d’apprentissage, il fallait, pour ce faire, interpeler un ensemble de sciences et de disciplines. Effectivement, en 1950 aux Etats Unis, des courants de recherche en psychologie et en neurosciences ont dépassé la conception comportementaliste en une nouvelle conception dite cognitiviste, de laquelle s’inspiraient les linguistes donnant ainsi naissance à ce qu’on appelait une linguistique cognitive. Une démarche déjà précédée et va de pair avec la cybernétique et la logique mathématique dont le but était de fonder une science de l’esprit qui rend capable de décrire le fonctionnement du raisonnement tout comme fonctionne une machine. La linguistique qui s’opère dans ce paradigme, dite cognitiviste, repose sur deux postulats : le premier considère la linguistique comme une science cognitive à part entière. De la sorte, les connaissances langagières doivent faire partie du système global des connaissances qu’à un locuteur- auditeur ; autrement dit, l’on associe les unités langagières à des structures conceptuelles d’informations (son potentiel informationnel) qui en représentent leur signification. Le deuxième postulat, quant à lui, est lié à la notion de conceptualisation. En effet, penser la signification en termes de conceptualisation ne peut en aucun cas restreindre la signification seulement aux conditions de vérité ou de fausseté avec le monde. Au contraire, Langacker affirme que « The cognition envisaged by cognitive linguists is noninsular, being grounded in perception and bodily experience » (R.W. Langacker, 2008:28). Cela veut dire que la conception cognitive discute le langage en le reliant à la perception et à l’expérience d’un locuteur- auditeur. Ainsi, en parlant de la signification, en plus de l’approche référentielle l’on doit inclure une approche conceptuelle. Dans cette optique, notre travail traitera le concept linguistique de la polysémie que l’on peut définir comme étant un phénomène linguistique mettant le locuteur- auditeur devant un item lexical à sens multiples. L’évolution de la linguistique, et surtout l’apparition de nouvelles approches traitant la signification, a mis en valeur ce phénomène, considéré à ces débuts comme un accident ou une exception en langue, et a ouvert une autre parenthèse de traitement notamment sous l’étiquette de l’approche conceptuelle. La question qui se pose alors est la suivante : comment les cognitivistes conçoivent-t-ils le phénomène de la polysémie ? Pour répondre à cette problématique, nous allons dans un premier moment nous attarder sur la conception de la modélisation de la signification des unités et expressions de la langue, et plus particulièrement des polysèmes en réseaux schématiques (schematic network model), passer par la suite à voir l’influence du contexte sur la construction du sens d’un item lexical polysémique et enfin survoler les différents tests grâces auxquels l’on peut faire la distinction entre l’ambiguïté, la polysémie et l’indétermination. Pour ce faire, nous nous inscrirons dans le cadre théorique de la Grammaire Cognitive initiée par R.W. Langacker et les travaux de D. Tuggy (1993). la linguistique dans la perspective des cognitivistes ne peut en aucun cas être indépendante ou autonome. Au contraire, telle nouvelle approche juge incontournable de lier l’analyse de la signification à la cognition, et donc aux facteurs physiques, biologiques, comportementaux, psychologiques, culturels, etc. Ainsi, les unités du lexique peuvent être décrite et représentée par des « traits » ou « catégories », « composants », « marqueurs » sémantiques, autrement dit, par des propriétés ou des relations d’ordre sémantique. Sauf que pour les cognitivistes, et surtout ceux inscrits dans le courant componentiel, une entrée lexicale X est composée certes des référents de X mais aussi contient un inventaire de traits ou propriétés extralinguistique relatifs l’expérience et la connaissance qu’a l’individu du monde qui l’entoure. Dans cette optique, l’approche cognitive a pensé la modélisation de l’ensemble des informations et des connaissances en des structures qu’elle a baptisé réseau schématique ‘schématique network). Il s’agit, Selon F. Rastier (1991 : 121), d’un « graphe fini, orienté, étiqueté, généralement connexe et cyclique. Ses sommets, appelés noeuds (nodes), représentent des "concepts" […] ; et ses arcs, appelés liens (links), des relations binaires entre les "concepts" ». Telle schématisation correspond au modèle de la mémoire sémantique à long terme d’un locuteur-auditeur (ce qui est appelé par les psycholinguistiques le lexique mental). La signification est donc liée à une structure composée de concepts avec leurs relations avec d’autres concepts. Effectivement, les concepts représentent les objets de l’univers du discours, cela inclut « toute idée, toute pensée ou toute construction mentale au moyen de laquelle l’esprit appréhende les choses ou parvient à les reconnaître » (J. Lyons, 1987). Quant aux relations conceptuelles, plusieurs types de relations ont été définis à savoir : AGT pour agent, PAT patient, OBJ objet, INST instrument, LOC lieu, TEM temps, DEST destination, ORIG origine, CRC caractéristique, MNR manière, APP appartenance, POSS possession, etc. telle relations gèrent les relations entre les concepts ce qui justifie en quelques sortes le fait que les informations contenues peuvent « circuler » d’un concept à l’autre. D’où l’on peut à partir d’une unité lexicale donnée atteindre les informations des concepts associés à cette unité. A titre d’exemple, l’on présente le réseau schématique du verbe buy présenté par J.F Sowa : Ainsi, comment peut-on donc représenté le contenu informationnel d’un item polysémique ? G. Kleiber définie la polysémie comme étant : « (i) une pluralité de sens liée à une seule forme, (ii) des sens qui ne paraissent pas totalement disjoints mais qui se trouvent unis par tel ou tel rapport. » G. Kleiber (1999 : 55) Selon J.F. Sowa, le polysème présentera autant de graphes que de sens qu’il a. A titre d’exemple l’on présente l’exemple du verbe comprendre selon M. Chawk. Tel polysème présente au moins deux sens : * activité mentale (Jean comprend un texte), * action d’inclusion (Le système de télécommunication comprend les autocommutateurs, le téléphone, Internet et les écrans), etc. Ainsi, les réseaux-graphes ont plusieurs avantages. L’approche conceptuelle s’est imposée alors comme une valeur ajoutée par le biais de cette conception de modélisation de la structure informationnelle qui dépasse le simple inventaire de traits en présentant les connaissances en rapport avec leurs interactions et leurs relations les uns aux autres. Sauf que, comme nous l’avons vu ci- dessus, les items à sens multiples posent problèmes. La question qui se pose maintenant concerne le nombre de structures d’informations ; est-ce une seule couvrerait les différents sens ? Sachant qu’avant de schématiser, il faut savoir faire auparavant la distinction entre les items à sens multiples à savoir les polysèmes, les homographes, les homophones et les homonymes. En effet, les homonymes, les homophones et les homographes présentent des sens multiples indépendants les uns des autres ce qui n’est pas le cas pour les polysèmes dont les sens sont reliés les uns des autres. Pour ce faire, les avis ont été partagés entre ceux qui opte pour la perspective homonymique et suggèrent que les représentations doivent être distinctes et non reliées ; chaque sens constituant une entrée indépendante (Hyp. 1), et ceux qui optent pour une seule entrée en représentant un noyau de sens sur lequel se griffera par la suite les différents sens en fonction du contexte d’emploi ; trois autres hypothèses ont été présentées comme support à telle perspective unificatrice. ( J.PYNTE : 1989) La représentation de la signification par un réseau schématique a mis en relief trois différents types de sens polysémiques :  les sens reliés par métaphore : les entités de sens appartiennent à des domaines conceptuels différents mais elles montrent certaines similarités, par exemple de forme, de propriété, etc. (projection interdomaniale),  les sens reliés par métonymie : les entités appartiennent au même domaine conceptuel (projection intra- domaniale) et sont en relation de contiguïté (partie-tout, tout-partie et partie-partie) et  les sens reliés en ce qu’ils partagent des informations similaires dites de fonctionnalité dans leur base conceptuelle ; tel type peut tout simplement être assimilé à une métaphore dite de ressemblance. La représentation en réseau schématique a pu aussi mettre en exergue la différence uploads/Philosophie/ schematic-network.pdf

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