© Éditions Albin Michel, 2014 ISBN : 978-2-226-31163-4 « Il n’y a pas de limite
© Éditions Albin Michel, 2014 ISBN : 978-2-226-31163-4 « Il n’y a pas de limite assignable à la curiosité dans tout ce qui touche à l’Histoire. » Charles-Augustin Sainte-Beuve 1. Pourquoi Socrate n’a-t-il rien écrit ? Philosophe athénien du V e siècle avant J.-C., Socrate est considéré comme le père de la philosophie et le fondateur de la rationalité. Condamné à mort en -399 pour athéisme et corruption de la jeunesse, il accepte son jugement et boit la ciguë, un poison mortel. Il disparaît ainsi sans avoir laissé le moindre texte. Pourquoi ? Si la pensée de Socrate nous est connue, c’est grâce à certains de ses disciples, qui se sont chargés de nous rapporter ses paroles. Parmi ces élèves, les futurs philosophes Platon et Xénophon. Quant au maître lui-même, il n’a qu’une seule certitude, c’est de ne rien savoir. À sa maxime, « Connais-toi toi-même », qu’il a empruntée au fronton du temple d’Apollon à Delphes, on pourrait ajouter : et apprends par l’échange avec autrui. Déambulant dans les rues d’Athènes, Socrate dialogue avec des inconnus et les interroge sur des questions morales, comme la justice, l’amitié ou le courage. Dans ces conversations, son but est de « faire accoucher les esprits », s’inspirant en cela de sa mère qui était sage-femme. Cette démarche est à l’origine de la maïeutique. Il s’agit de poser des questions faussement naïves afin d’inciter l’interlocuteur à préciser lui- même sa pensée, à pousser son raisonnement au bout de sa logique, jusqu’à s’apercevoir que son savoir ne repose en fait que sur des croyances. Cette méthode orale explique pourquoi Socrate n’a jamais rien écrit. Il considérait aussi l’écriture comme une pensée morte, inférieure à la parole. Manquant de spontanéité, l’écrit présente le défaut de dispenser du dialogue, qui demeure à ses yeux le seul moyen de s’approcher de la vérité. Il peut être mal interprété ou déformé : « C’est pourquoi nul homme sérieux, assurément, ne se risquera jamais à écrire sur des questions sérieuses et livrer ainsi sa réflexion à l’envie et à l’incompréhension des hommes. » Si les dialogues de Socrate nous sont parvenus, c’est donc grâce aux retranscriptions de Platon, le problème qui se pose étant de savoir si les pensées qui s’y expriment sont bien celles de Socrate et non celles de son disciple. Un véritable écheveau… Quoi qu’il en soit, après la mort de Socrate, Platon enseigne à son tour la philosophie. Dans un jardin d’Athènes portant le nom d’Académie, il crée ainsi la première université digne de ce nom. Aristote y sera élève. Cette école restera en activité pendant plus de neuf siècles. Socrate ne fut pas le seul philosophe à n’avoir laissé aucun écrit. C’est également le cas du célèbre Épictète, qui vécut entre le I er et le II e siècle de notre ère et dont la pensée nous a été transmise par son disciple, Arrien. 2. Pourquoi Alexandre le Grand était-il pharaon d’Égypte ? Alexandre est sans conteste le plus grand conquérant de l’Antiquité. Fils du roi de Macédoine Philippe II, éduqué par Aristote, il a bâti en quelques années seulement un empire allant de la Grèce jusqu’en Inde, qui représentait alors la limite du monde connu selon les Grecs. En outre, Alexandre a fondé plus d’une soixantaine de cités et assuré à la culture hellénistique un incomparable rayonnement. Mort à trente-deux ans, Alexandre n’a pourtant jamais été couronné empereur, mais pharaon d’Égypte. Pourquoi ? Succédant à son père à la tête du royaume de Macédoine en 336 avant J.-C., Alexandre commence par conforter son pouvoir en Grèce. Deux ans plus tard, à peine âgé de vingt-cinq ans, il part à l’assaut de l’Empire perse accompagné d’une armée forte de 40 000 soldats. Après avoir écrasé l’ennemi sur les rives du Granique, au sud du Bosphore, Alexandre libère les cités grecques d’Asie Mineure. Souhaitant conserver l’avantage, il traverse ensuite l’Anatolie en direction du cœur du pouvoir perse. En novembre -333, il bat à Issos, en Cilicie, une armée trois fois supérieure en nombre et commandée par Darius III en personne. Le Roi des Rois s’enfuit précipitamment, abandonnant sa famille et ses insignes royaux. Plutôt que de pourchasser Darius vers l’est, Alexandre préfère poursuivre son plan d’encerclement méthodique des ports de la Méditerranée orientale. Il se dirige alors vers le sud, sur la Phénicie (actuel Liban). À l’issue du siège de Tyr, long de six mois, Alexandre décide de vendre tous les habitants comme esclaves, en guise de représailles. Après avoir pris Gaza à la fin de l’année -332, le conquérant et ses hommes pénètrent en Égypte. Supportant mal la domination perse qui s’exerce sur eux depuis deux siècles, les Égyptiens accueillent Alexandre en libérateur, ce qui lui facilite grandement la conquête du pays. Occupant la vallée du Nil, le héros fonde alors le port d’Alexandrie, promis à un grand avenir. Dans le même temps, il est proclamé pharaon à Memphis. Par respect des dieux égyptiens et souhaitant asseoir sa légitimité religieuse, Alexandre s’enfonce dans le désert. Dans l’oasis de Siwa, il accède au temple consacré à Amon, l’une des principales divinités du panthéon égyptien. C’est alors que le grand prêtre l’honore du titre de « fils d’Amon ». Sa divinité désormais attestée, Alexandre revient à Memphis et se fait officiellement couronner pharaon dans le temple de Ptah. Le nouveau maître de l’Égypte quitte le pays en -331. Quelques mois plus tard, contre son vieil ennemi Darius III, il livre à Gaugamèles la bataille décisive qui lui assurera la conquête de son empire. Mort de fièvre à Babylone à seulement trente-trois ans, Alexandre entrera aussitôt dans la légende. Grâce à ses conquêtes, le grec est devenu pour deux mille ans la langue des échanges dans tout le bassin méditerranéen. 3. Pourquoi Jules César n’a-t-il jamais été empereur ? Parmi les nombreuses légendes erronées de l’Histoire, l’une des plus répandues concerne Jules César. Récemment, après la découverte dans le Rhône d’un buste du héros de la guerre des Gaules, un grand journal français n’hésitait pas à titrer : « Un marbre de l’empereur a été découvert dans le fleuve à la hauteur d’Arles. » Pourtant, Jules César n’a jamais été empereur. D’où vient cette confusion ? Si cette erreur a pu traverser les siècles, c’est pour plusieurs raisons. En premier lieu, parce que Jules César a porté le titre d’« imperator », terme qui par la suite a donné naissance au mot empereur. Mais sous la République romaine, l’imperator désignait simplement un général exerçant un commandement en chef ; il devint un titre décerné aussi au général victorieux accueilli à Rome par un triomphe comme Pompée en -60 avant J.-C. et Brutus en -44. Autre élément portant à confusion : si César n’a pas été empereur, il a néanmoins cumulé tous les pouvoirs. Ainsi en -45, après la bataille de Munda en Espagne, César, qui exerçait tour à tour les fonctions de dictateur et de consul, est nommé « dictateur à vie » – et devient le premier Romain à voir son profil frappé sur les pièces de monnaie de son vivant. On le célèbre aussitôt par quatre « triomphes » successifs. Progressivement, un véritable culte s’organise autour de sa personne. Des jeux publics sont organisés en son honneur, des statues à son effigie sont dressées dans les temples, on va même jusqu’à donner son nom à un mois du calendrier (celui de juillet). Il est vrai que César prétend lui-même qu’il descend de Vénus ! En février -44, César est tout proche de se faire couronner empereur et de mettre fin à la République romaine. En effet, les sénateurs lui proposent un trône et un costume de roi. Au cours des fêtes de lupercales, une cérémonie publique est organisée au cours de laquelle Marc Antoine, l’un de ses plus fidèles amis, lui offre le diadème, symbole de la monarchie. Mais redoutant la réaction du peuple romain encore attaché à la République, César a la sagesse de repousser le diadème à deux reprises, déclarant : « Jupiter seul est le roi des Romains ! » Cette prudence politique ne sauvera pas Jules César. Il est assassiné un mois plus tard, sans jamais avoir été sacré roi ni empereur. La guerre de succession qui s’ensuit marquera la fin de la République romaine. C’est finalement son fils adoptif Octave qui sera le premier couronné empereur romain, en -27, sous le nom d’Auguste. 4. Pourquoi Cléopâtre, reine d’Égypte, n’était-elle pas égyptienne ? Par sa beauté légendaire, sa personnalité haute en couleur, ses histoires d’amour avec les Romains César et Marc Antoine, et sa mort mise en scène avec grandiloquence, Cléopâtre reste depuis deux mille ans la plus célèbre reine d’Égypte. Elle fut maintes fois représentée sous les traits d’une sensuelle Orientale au charme exotique, sans oublier ce fameux nez qui, selon Pascal, aurait changé la face du monde s’il avait été plus court. Mais sait-on que Cléopâtre n’était pas d’origine égyptienne mais grecque ? Née en -69 avant J.-C., Cléopâtre VII est la dernière représentante de la dynastie des Lagides, uploads/Philosophie/ secrets-d-x27-histoire.pdf
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- Publié le Aoû 12, 2021
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