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Solitude de la théorie communiste https://www.hicsalta-communisation.com Dans le texte qui suit, je cherche à comprendre la situation d’isolement sévère où se trouve la théorie communiste à notre époque. Il est difficile pour les théoriciens de ne pas voir à quel point le langage qu’ils tiennent, qu’ils doivent tenir, est incompréhensible pour la plupart des prolétaires, même de bonne volonté. Cela est vrai quelles que soient les options théoriques retenues. Parmi les groupes ou individus qui réfléchissent théoriquement à la situation actuelle de la société capitaliste et à son dépassement possible, aucun n’a trouvé le langage et/ou le point de vue qui lui permettraient de sortir d’un petit milieu qui tourne en vase clos. Cette situation remet-elle en question la théorie communiste dans sa spécificité historique ? Ou bien la remet-elle plus simplement à sa place ? 1 – La théorie communiste et la lutte de classes Commençons par dire ce que la théorie communiste n’est pas : La théorie communiste n’est pas l’exposé scientifique de la conjoncture économique, des aléas de l’accumulation du capital. Sans doute la critique de l’économie politique permet- elle de voir plus clair que la plupart des économistes, d’atteindre un degré de connaissance qui va plus profondément qu’eux sous les apparences du marché. Mais même quand elle appréhende le mouvement de l’économie capitaliste comme celui d’une contradiction, la critique de l’économie politique n’a couvert qu’une partie du champ où se définit la théorie communiste. Il ne suffit pas de montrer que le capitalisme est mu par une contradiction, fût- elle mortelle. Il faut montrer où se situe, dans cette contradiction, la possibilité de son dépassement. Et il faut donner sens à cette contradiction. La théorie communiste n’est pas non plus une arme politique qui permettrait aux révolutionnaires d’abattre plus facilement leur ennemi, quelle que soit la façon dont ils le définissent (l’Etat, les capitalistes, le rapport prolétariat/capital…). Voyant plus clair que les autres dans le mécanisme de la contradiction sociale, les théoriciens peuvent-ils guider le prolétariat, ou lui donner l’exemple, dans le chemin qui mène du capitalisme au communisme ? Non. On verra plus loin pourquoi. Rien de ce qui est humain ne m’est étranger, disait Marx en reprenant Térence. Visant une transformation absolument complète de la vie, la théorie de la communisation ne laisse rien en dehors de sa critique. L’art, le sport, la science, l’éducation des enfants, etc. tout peut être pour elle un objet d’attaque et de critique, car elle considère toutes les activités des hommes comme historiquement déterminées. En l’occurrence, dans la société actuelle, toute activité est déterminée par son rapport à la contradiction fondamentale du mode de production capitaliste (MPC), à savoir le rapport de classes entre prolétariat et capital. Pour autant, la théorie communiste n’est pas une simple philosophie qui, comme toute philosophie, aurait son mot à dire sur tout ce qui est. La théorie communiste ne s’intéresse à ce qui est que pour montrer la possibilité de son abolition et de son dépassement. Ni commentaire, ni guide politique, ni philosophie générale, comment définir la théorie communiste ? De la façon la plus simple, disons qu’elle est théorie du dépassement du capitalisme, théorie de la révolution. Mais essayons d’être moins général. La théorie communiste doit être comprise par rapport à son ancrage dans la lutte des classes, car c’est là que se trouve la possibilité du dépassement. Encore faut-il savoir de Solitude de la théorie communiste https://www.hicsalta-communisation.com quoi on parle. La théorie communiste n’est pas un simple commentaire des luttes qui, chaque jour, voient le prolétariat et le capital s’affronter pour le partage de la valeur nouvelle que le prolétariat crée par son travail. Rien d’autre que la lutte de classes ne détermine, en dernière analyse, le partage de la journée de travail. Cette lutte est consubstantielle à l’existence même des classes. Mais son existence ne prouve pas plus la possibilité d’une révolution communiste que les alternances de la conjoncture économique entre prospérité et ralentissement de l’accumulation. La lutte quotidienne qui voit s’affronter prolétaires et capitalistes ne prouve rien d’autre que l’existence de la contradiction entre travail nécessaire et surtravail. Certains pensent que ces luttes quotidiennes sont porteuses d’un dépassement possible si elles s’étendent, se généralisent, deviennent un mouvement de masse permettant de développer une politique révolutionnaire. Il y aurait transcroissance des luttes revendicatives quotidiennes en révolution prolétarienne. D’autres, ne voyant dans la lutte de classes qu’un affrontement quotidien, la rangent au rayon des accessoires de la reproduction du MPC. Pour eux, l’affrontement prolétariat/capital n’est qu’une fonctionnalité du capital, où chaque classe présuppose l’autre, formant un système clos sans possibilité interne de rupture. Or la rupture dans la présupposition réciproque des classes existe bien, et concrètement, à chaque fois que le prolétariat se soulève en une insurrection. L’insurrection rompt avec le cours quotidien de la lutte de classe. Cela peut intervenir après une série d’échecs revendicatifs, comme en juin 1848, ou en raison d’un événement apparemment détaché de la lutte revendicative, comme la mutinerie des marins de Kiel en 1918. A ce moment-là, le rapport prolétariat/capital change. Le prolétariat ne cherche pas à disputer au capital un surcroît de salaire. Il ne cherche pas à déplacer en sa faveur le curseur qui partage la journée de travail. Quoi qu’elle dise, selon les époques et les pays, l’insurrection prolétarienne crée une socialité nouvelle, fugitive et transitoire, qui échappe à la présupposition réciproque des classes parce qu’elle se construit de façon interne au prolétariat. Le rapport social insurrectionnel se forme quand les insurgés s’emparent, par et pour la lutte, de fragments de capital qui d’abord leur font face comme propriété des capitalistes. Qu’ils occupent ou brûlent des usines, des bâtiments publics ou privés, la rue, les ponts, etc., qu’ils s’emparent de véhicules, d’armes ou de subsistances, les insurgés transforment leur rapport au capital. De présupposition réciproque, le rapport prolétariat/capital devient un pur affrontement. Et dans sa pureté, cet affrontement comporte la possibilité de son dépassement communiste parce que, pour affronter le capital, les insurgés ont formé entre eux un rapport social interindividuel qui n’a pas le travail pour contenu, qui englobe un rapport à une nature extérieure qui n’est pas, comme dans la présupposition réciproque, simple moyen de production. Au contraire, les éléments de capital dont le prolétariat insurgé s’empare sont transformés par l’insurrection. De moyens de production, ils deviennent moyens de lutte, voire de divertissement. L’existence même de ce rapport social insurrectionnel pose pratiquement la question du dépassement du MPC. C’est dans ce rapport social insurrectionnel que la théorie communiste trouve son ancrage. Elle en est la conscience de soi. Ce qui ne va pas sans problèmes, on va le voir. 2 – Conscience immédiate, conscience abstraite Dans toute l’histoire des sociétés de classes, on peut distinguer entre la conscience immédiate et la conscience abstraite. La première accompagne normalement toutes les Solitude de la théorie communiste https://www.hicsalta-communisation.com activités humaines. Aucune activité, dans aucune classe sociale, ne peut se dérouler sans un processus conscient qu’on appellera donc immédiat. Qu’il s’agisse de l’opération de travail la plus simple ou de l’organisation complexe d’une entreprise, le processus conscient qui accompagne l’opération est dit immédiat au sens où il est directement adapté et lié à l’activité en cause et ne cherche pas plus loin. La conscience abstraite ne se situe pas au même niveau. Elle est la conscience de soi du rapport social qui structure la société. Ce rapport social définit la subjectivité humaine, c’est-à-dire le processus par lequel l’homme, se rapportant à lui-même comme à son propre objet, se produit comme histoire, comme devenir. Des origines à nos jours, le processus d’autoproduction des hommes a été structuré par le travail et son exploitation, par le rapport contradictoire entre les classes, fussent-elles embryonnaires. On peut donc dire que la conscience abstraite est la conscience de soi du sujet contradictoire. Prenant la forme de la religion, de la philosophie ou de la théorie communiste, la conscience abstraite rend compte de la contradiction sociale et en projette la résolution. Le péché originel qui chasse Adam et Eve du paradis, avec la promesse d’y retourner après la mort (dans certaines conditions!) est un exemple de cette appréhension par la pensée de la contradiction sociale. D’une façon ou d’une autre, toutes les sociétés produisent une conscience abstraite qui explique la nature contradictoire de la société et projette son dépassement. De plus, la nature contradictoire de la société fait que sa reproduction, son évolution ne répond pas directement à l’action consciente des hommes, mais résulte du jeu de l’affrontement des classes. Par exemple : dans la société féodale les seigneurs se comportent conformément à leur situation de classe, et les serfs font de même. Chaque classe veut pour elle la plus grande partie possible du surproduit. La contradiction que cela met en mouvement va engendrer le capitalisme, qui fait disparaître seigneurs et serfs – ce qui évidemment ne correspond pas à leur intention initiale. En d’autres termes, les hommes ont été impuissants à faire évoluer la société selon leur volonté ou leur conscience, immédiate ou abstraite. De façon générale, la uploads/Philosophie/ solitude-de-la-theorie-communiste 1 .pdf

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