Victor Delbos (1911) “ Husserl Sa critique du psychologisme et sa conception d’

Victor Delbos (1911) “ Husserl Sa critique du psychologisme et sa conception d’une Logique pure ” Un document produit en version numérique par Bertrand Gibier, bénévole, professeur de philosophie au Lycée de Montreuil-sur-Mer (dans le Pas-de-Calais) Courriel: bertrand.gibier@ac-lille.fr Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Victor Delbos (1911), “ Husserl. Sa critique du psychologisme et sa conception… ” 2 Cette édition électronique a été réalisée par Bertrand Gibier, bénévole, professeur de philosophie au Lycée de Montreuil-sur-Mer (dans le Pas- de-Calais), bertrand.gibier@ac-lille.fr , à partir de : Victor Delbos (1911) “ HUSSERL. Sa critique du psychologisme et sa conception d’une Logique pure” (1911) Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Victor DELBOS, (historien de la philosophie) “ HUSSERL. Sa critique du psychologisme et sa conception d’une Logique pure. ” Leçon faite à l’École des Hautes Études sociales. In Revue de métaphysique et de morale, XIXe année, n° 5, sept.-oct. 1911, pp. 685-698. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 27 novembre 2002 à Chicoutimi, Québec. Victor Delbos (1911), “ Husserl. Sa critique du psychologisme et sa conception… ” 3 Victor DELBOS “ HUSSERL. Sa critique du psychologisme et sa conception d’une Logique pure. ”1. in Revue de métaphysique et de morale, XIXe année, n° 5, sept.-oct. 1911, pp. 685-698. Cet article écrit par Victor Delbos est l’un des premiers consacrés en France à Husserl. [Bertrand Gibier.] ____________________ L’explication des règles de la connaissance peut être poursuivie et pré- sentée sans aucun doute de plus de deux façons ; mais, dès que l’on se croit autorisé à simplifier, il est tout de même possible de concevoir que c’est dans l’une ou l’autre des deux grandes directions suivantes qu’elle peut être enga- gée. Ou bien elle se donne pour fin essentielle de définir les lois idéales de la pensée logique, d’en développer rigoureusement la signification régulatrice et impérative, sans avoir égard aux conditions de fait qui ont porté les esprits à en prendre conscience, même peut-être sans avoir égard aux transactions qu’elles sont plus ou moins obligées de consentir pour s’appliquer à tels ou tels objets ; ou bien au contraire, dépouillant la pensée logique de l’apparente rigueur de ses formes propres, elle tendra surtout à la replacer dans l’ensemble des événements qui composent la vie mentale, à la prendre dans sa signifi- cation réelle, mêlée de contingences et de compromissions, à la traiter en tout cas comme un fait, sujet aux mêmes recherches génétiques et aux mêmes déterminations causales que les autres faits psychologiques. La première de ces deux façons est celle qui est la plus fidèle à la tradition ; c’est qu’en effet 1 Leçon faite à l’École des Hautes Études sociales. Victor Delbos (1911), “ Husserl. Sa critique du psychologisme et sa conception… ” 4 elle est celle qui fut pour les philosophes la plus naturelle et pendant un temps la seule possible à pratiquer. La pensée logique, par ce qu’elle a de régulier et de clair, s’offre d’elle-même à la réflexion ; elle accomplit ses démarches dans la lumière ; elle est incomparablement plus aisée à saisir que la plupart des états psychologiques, qui s’appellent, se combinent, se déterminent selon des affinités imprévues et obscures ; et c’est précisément parce qu’elle était la plus claire, la plus capable d’être fixée, qu’elle a imposé longtemps le type auquel on ramenait bon gré mal gré les autres formes de la vie mentale. Cependant, à mesure que la psychologie est devenue davantage une science d’observation positive et d’expérience, non seulement elle a dissipé de plus en plus le pré- jugé d’une vie mentale qui ne serait guère qu’une logique réalisée, mais enco- re elle a été portée à s’attribuer le pouvoir de ramener aux conditions du milieu psychologique la structure et le fonctionnement de la pensée logique. Par là, du reste, elle a souvent prétendu ne faire que manifester d’une façon particulière sa souveraineté, justifiée par le principe, qu’il n’est rien pour nous qui ne soit, directement ou indirectement, une donnée de la conscience. Cette prétention de la psychologie à être toute la philosophie ou du moins l’essentiel de la philosophie a reçu dans ces derniers temps, principalement en Allemagne, l’appellation de « Psychologisme » : appellation dont je ne saurais dire qui l’a inventée — l’inventeur fut sans doute quelqu’un que la prétention offensait ; et ce n’est pas la seule fois qu’une doctrine a reçu de ses adversai- res le nom attaché à sa notoriété ; — appellation qui en tout cas convient parfaitement, dès qu’à l’usage s’efface le souvenir de la petite intention mal- veillante qui a pu l’inspirer. Cependant, malgré la force croissante que lui conféraient les conquêtes de la Psychologie, le psychologisme devait se heur- ter à, ce qui, dans la connaissance authentique des choses, en constitue l’ob- jectivité, impossible à résoudre, semble-t-il, en simples états ou données de la conscience d’où, par action, un effort en vue de reconstituer avec une rigueur plus systématique la logique indépendamment de la psychologie, et pour les conceptions issues de cet effort le nom de « Logicisme ». « Psychologisme » et « Logicisme », sont des termes nouveaux pour d’assez anciennes choses. Le Logicisme, je viens de le dire, a été, comme doctrine ou comme tendance, in- hérent aux philosophies rationalistes et même parfois aux autres ; quant au Psychologisme, n’est-il pas, depuis Hume et même depuis Berkeley ; la carac- téristique de l’École anglaise, très portée, comme on sait, à ne voir dans les rapports logiques que des schèmes, fictifs dans leur abstraction, de relations mentales concrètes ? N’est-il pas la disposition là plus foncière du récent pragmatisme ? Cependant c’est surtout en Allemagne et en Autriche que Psy- chologisme et Logicisme se sont rencontrés sous cette forme expresse. Constitué par Brentano, le Psychologisme est représenté, avec des nuances de pensée d’ailleurs différentes, par des philosophes tels que Marty, Stumpf, Victor Delbos (1911), “ Husserl. Sa critique du psychologisme et sa conception… ” 5 Lipps, Uphues, etc. ; il a des affinités étroites avec l’empirio-criticisme d’Avénarius, avec les analyses et les vues d’Ernest Mach, avec la philosophie immanente de Schuppe et de Rehmke. Contre lui en revanche se dresse le Logicisme des néo-kantiens, d’un Hermann Cohen par exemple, et de ses disciples, ou le Logicisme formaliste d’un Husserl. C’est de ce dernier que je dois vous entretenir : je ne pourrai guère, dans les limites de cette leçon, vous exposer que les préliminaires et les idées directrices d’une œuvre qui du reste n’a mis son plan à exécution que dans des recherches partielles, assez diffici- les à suivre dans le détail. Mais si je dois, pour réparer en quelque mesure cette lacune, rendre hommage à l’ingéniosité très subtile et souvent vigoureu- se que Husserl a apportée dans ces recherches, j’estime cependant que sa critique du Psychologisme et sa conception d’une logique pure gardent une valeur propre en même temps qu’une signification plus générale et plus accessible. Husserl ne saurait pécher par l’ignorance de la doctrine qu’il combat ; car cette doctrine, il l’avait un moment adoptée dans sa Philosophie de l’arith- métique, dédiée à « son maître, M. Brentano » (1891). Il était naturellement parti, nous avoue-t-il lui-même, de l’opinion régnante d’après laquelle c’est de la psychologie que la logique en général, et même la logique déductive, doit attendre son explication philosophique. De fait, tant qu’il s’était agi unique- ment de l’origine des notions mathématiques ou de la formation des méthodes pratiques, l’analyse psychologique avait paru aboutir à des résultats clairs et féconds. Mais dès qu’il avait fallu passer des combinaisons psychologiques de l’esprit à l’unité logique du contenu de la pensée, elle s’était montrée incapa- ble de continuité et de rigueur. Dès lors il devenait indispensable de se deman- der si l’objectivité de la mathématique et de toute science en général est com- patible avec une explication purement psychologique de la pensée logique. Dès le début de ses « Logische Untersuchungen » (Erster Theil : Prolegomena zur reinen Logik, 1900), Husserl pose en ces termes les questions controversées sur l’objet, la nature et les procédés de la Logique : La Logique est-elle une discipline théorique ou un art pratique ? Est-elle une science indépendante des autres sciences, en particulier de la psychologie ou de la métaphysique ? Est-elle une discipline qui n’a affaire qu’à la simple forme de la connaissance, sans souci de ce qui en est la matière ? A-t-elle le caractère d’une discipline démonstrative a priori, ou bien celui d’une disci- pline empirique et inductive ? Il y a entre ces questions uploads/Philosophie/ victor-delbos-1911-quot-husserl-sa-critique-du-psychologisme-et-sa-conception-quot.pdf

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