Berman et les instruments critiques de traduction Fatemeh ESHGHI Maitre assista
Berman et les instruments critiques de traduction Fatemeh ESHGHI Maitre assistante, Université Allameh Tabatabai naideshghi@yahoo.fr Résumé Pour la première fois un philosophe traductologue, Antoine Berman, offre ses expériences basées sur l‟école de la traduction des romantiques allemands. Ses cours sont publiés plus tard dans un livre intitulé La traduction et la lettre ou l’auberge du lointain (1999). Au contraire des théoriciens traditionnels qui voulaient la restitution embellissant du sens et les analystes de certaines traductions concrètes, l'objectif de Berman est de transformer la traduction dont la formulation date depuis Bergson. Il vise juger une traduction littéraire par une vue critique au sens propre et particulier dans la lignée de Kant et de Benjamin, c‟est-à-dire la traduction basée sur l‟expérience et la réflexion du traducteur dans le respect à la lettre; un parcours qui éclaircit la notion de l‟étranger et de l‟étrangeté, la correspondance à l‟original et à sa langue, et la nécessité de faire œuvre dans le texte d‟arrivée au profit de la langue maternelle littéraire supérieure par apport du niveau normal, prolongée dans les polyphonies des koinai. Or, le critique de traduction rend conscient le traducteur à la polyphonie dialectale, c‟est-à-dire avoir le tact de la connaissance de sa langue maternelle qui ne pourrait pas être forcément la langue nationale. Aussi, le pouvoir d‟habiter, plus que ces deux langues cibles, sur ce que Berman appelle la langue Reineou une troisième langue. Telle est la dimension à explorer par le critique de traduction que nous allons étudier dans les limites de ces pages. Mots clés : Lettre, traduction littérale, expérience, réflexion, langue maternelle. ______________________________________________________________________________ 54 Études de langue et littérature françaises Introduction La tâche principale de Berman aura été de rendre à la traduction tout le respect et la profondeur de la critique littéraire. Il a la même passion pour la traduction que les romantiques vouaient à la littérature. Dans la limite d‟un absolu critique de la traduction, Berman ne tient pas compte de théories traditionnelles ou d‟analyses de certaines traductions concrètes. Dans son discours, il n‟y a aucune sorte de théorie, mais plutôt d‟expérience et de réflexion, deux facteurs essentiels dans la connaissance des œuvres traduites. Nous allons partager donc notre plan comme Berman dans son dernier livre, La traduction et la lettre ou l’auberge du lointain, en deux parties : d‟abord voir les traductions traditionnelles comme une restitution embellissant du sens où le traducteur laisse le lecteur le plus tranquille possible, et fait que l‟écrivain aille à sa rencontre. Ce concept refusé est considéré comme ethnocentrique, hypertextuel et platonicien. Ensuite, le contraire, où le traducteur laisse l‟écrivain le plus tranquille et fait que le lecteur aille à sa rencontre. Une manière préférée chez le romantisme allemand, cultivant la langue maternelle par l‟incidence d‟une autre langue et d‟un autre monde. Il s‟agit de l‟analyse de certaines grandes traductions littérales, afin de mieux cerner le travail sur « la lettre » inséparable à l‟acte de traduire, dès que sa figure sacrée ait oubliée dans le sens. Cette démarche de Berman, formulée par le respect à la lettre dans l‟expérience et la réflexion de la traduction, éclaircit semble-t-il, la notion de l‟étranger et de l‟étrangeté, la correspondance à l‟original et à sa langue, et la nécessité de faire œuvre dans le texte d‟arrivée au profit de la langue maternelle en tant qu‟une langue REINE. Expérience et l’analyse Antoine Berman (1942-1991), directeur du Collège International de philosophie et directeur du Centre de traduction et de terminologie de Jacques Amyot, est un penseur et un écrivain important au sujet de traduction (prose et poésie). Dans La traduction et la lettre ou l’auberge du lointain, le critique cherche à transformer la traduction dont la formulation remonte à Bergson. Il marche dans l‟objectif de pouvoir juger une traduction littéraire par une vue critique au sens propre et particulier dans la lignée de Kant et de Benjamin, c‟est-à-dire, la traduction sur la base de l‟expérience et de la réflexion sur ce que le traducteur a capté ou a saisi (Davreu, 1986, 20). En réalité, il a un autre plan à l‟épreuve de la langue étrangère, L’épreuve de l'étranger (1986) Berman et les instruments critiques de traduction 55 où il y a question d'une recherche sur les chemins de Heidegger, Benjamin, Arandt jusqu‟aux romantiques allemands et de là, en un seul mouvement au monde de la raison et du discours philosophique. Une épreuve continue de plus près au plus loin, de Saint Jérôme, à Holderlain et Chateaubriand. Une recherche historique sur des images connues, enseigner le concept impartial de l‟écriture et de la réflexion. Il veut donner une importance particulière à l‟acte de la traduction, la même valeur et la même profondeur que cherche la critique littéraire. Dans cette objective, Berman précise ainsi son point de vue sur la traduction littérale: «Nous partons de l‟axiome suivant: la traduction est traduction de-la-lettre, du texte en tant qu‟il est lettre ». La lettre existe et inspire le traducteur « elle n‟est pas le mot mais le lieu habité ou le mot perd sa définition et où résonne l‟être-en-langue » (Berman, 1999, 9). Dans ses recherches critiques, Berman respecte, comme Schleiermacher, les « différentes méthodes de la traduction »: les traductions traditionnelles basées sur la compréhension et son embellissement textuel en général. Et certaines traductions clairement privilégiées par le romantisme allemand au XIXe siècle, qui ont fait bouger la méthode de la traduction et par là, l‟évolution de la langue maternelle. Ainsi, l‟ensemble des expériences personnelles en traduction, études historique des grandes figures dans la matière, conceptualisation aussi sensible à l‟écriture qu‟au philosophe, constituent les éléments principaux de l‟étude critique de la pensée d‟Antoine Berman. Nécessité de l’expérience dans la traduction « Si critique veut dire, fondamentalement, dégagement de la vérité d‟une traduction, alors il faut dire que la critique des traductions commence à peine à exister » (Berman, 1995, 14). Pour le critique de la traduction, acquérir de l‟expérience, c‟est quelque chose d'inévitable car la traduction est elle-même l‟expérience des œuvres, l‟expérience de leurs langues, et de leur essence. Sur cette nécessité d'expérience, voici ce que dit Heidegger : Faire une expérience avec quoique ce soit, cela veut dire: le laisser venir sur nous, qu‟il nous atteigne, nous tombe dessus, nous renverse et nous rendre autre. Dans cette expression „faire‟ ne signifie justement pas que nous sommes les opérateurs de l‟expérience; faire veut dire ici, comme dans la locution „faire une maladie, passer à ______________________________________________________________________________ 56 Études de langue et littérature françaises travers, souffrir de bout en bout, endurer, accueillir ce qui nous atteint en nous soumettant à lui (1984, 143). Par cette nécessité de l‟expérience dans la traduction, nous comprenons une indépendance de savoir absolu qui n‟est «ni une sous- littérature (comme l‟a cru le XXe siècle) ni une sous-critique (comme l‟a cru le XIXe siècle)» (Berman, 1999, 16). Cette autonomie apparait depuis le Romantisme au XIXe siècle, en se distinguant par la réflexion de la traduction sur elle-même à partir de sa nature. L‟expérience et la réflexion sont les principaux vocables de la pensée philosophique de Kant à Hegel et Heidegger, concepts suivis par l‟idéalisme allemand de l‟époque où la plus grande traduction occidentale depuis Schlegel, Holderlin, Schleiermacher, Goethe et Humboldt se fait jour. Egalement au XXe siècle, Benjamin, Rosenzweig, Schadewaldt et autres, pensent à la traduction dans le langage philosophique de la réflexion et de l‟expérience. Cela veut dire, pour que l‟on arrive à un bon résultat dans la critique de la traduction aboutissant à la traductologie, il faut nécessairement s‟enraciner dans la pensée philosophique: Mais s‟il existe, d‟une autre façon, un langage de la vérité, où les ultimes secrets vers lesquels s‟efforce toute pensée, sont conservés sans effort et silencieusement, cette langue de la vérité est le véritable langage. Et ce langage, dont le pressentiment et la description constituent la seule perfection que puisse espérer le philosophe, est justement caché de façon intensive dans les traductions. La traduction, avec les germes qu‟elle porte en elle d‟un tel langage, se situe à mi- chemin de la création littéraire et de la théorie (Benjamin, 1971, 270). La traduction porte donc en elle un fondement de l‟interprétation qui n‟est à son tour que l‟accomplissement de la traduction qui encore se tait. C‟est ce que Heidegger affirme «conformément à leur essence l‟interprétation et la traduction ne sont qu‟une même chose» (Berman, 1999, 19). Par conséquence, l‟ambition de la traductologie visant la réflexion sur la totalité des formes existantes de la traduction aussi bien que le fondement de l‟expérience et de la réflexion, elle ne rentre pas dans une discipline objective mais fait partie d'une pensée issue de l‟acte de traduire, comme l‟acte de philosopher. Bien que la traduction de certains textes, comme celles des textes bibliques par exemple, ne fait pas partie, à premier vue, du champ de la philosophie et de l‟interprétation, cependant, le rapport fondamental de la traduction et Berman et les instruments critiques de traduction 57 la lettre est un rapport primordial, dans la littérature enfantine: «La traduction est traduction de-la-lettre, en tant qu‟il est lettre uploads/Philosophie/berman-et-les-instruments-critiques-de-traduction.pdf
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- Publié le Nov 18, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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