Du même auteur LA THYORIE DE L'INTUITION DANs LA PHZNOMZNOLOGIE DE HussERL, 193
Du même auteur LA THYORIE DE L'INTUITION DANs LA PHZNOMZNOLOGIE DE HussERL, 1930, Vrin, 1963. DE L'EXISTENCE À L'EXISTANT, 1947, Vrin, 1973. LE TEMPS ET L'AUTRE, 1948, Fata Morgana, 1979. EN DYCOUVRANT L'EXISTENCE AVEC HusSERL ET HEIDEGGER, Vrin, 1949. ToTALITY ET INFINI. EssAI SUR L'EXTZRIORITZ, Nijhoff, La Haye, 1961. DIFFICILE LIBERTY. EssAIS SUR LE JUDAÏSME, Albin Michel, 1963, édi- tion revue et augmentée, 1976. QUATRE LECTURES TALMUDIQUES, Éditions de Minuit, 1968. HUMANISME DE L'AUTRE HOMME, Fata Morgana, 1973. AUTREMENT QU'[TRE, ou AU-DELÀ DE L'ESSENCE, Nijhoff, La Haye, 1974. NoMS PROPRES, Fata Morgana, 1975. SuR MAuRICE BLANCHOT, Fata Morgana, 1975. Du SACRY AU SAINT, CINQ NOUVELLES LECTURES TALMUDIQUES, Édi- tions de Minuit, 1977. L'AU-DELÀ DU VERSET, Éditions de Minuit, 1982. DE DIEu QUI VIENT À L'IDYE, Vrin, 1982. DE L'YVASION, 1935. Fata Morgana, 1982. ÉTHIQUE ET INFINI, Fayard, 1982. TRANSCENDANCE ET INTELLIGIBILITZ, Labor et Fides, Genève, 1984. HoRs SUJET, Fata Morgana, 1987. EMMANUEL LEVINAS / ENTRE NOUS ESSAIS SUR LE PENSER-À-L'AUTRE BERNARD GRASSET PARIS Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. © Editions Grasset & Fasquelle, 1991. A Jean Halpen·n Le lecteur trouvera en annexe les références bibliographiques des chapitres. Avant-propos Les études réunies dans le présent volume sont disposées selon l'ordre chronologique de leur parution dans diverses publications de philosophie. Celle qui, remontant à 1951, s'intitule « L'Ontologie est-elle fondamentale ? » indique le débat général des études qui la suivent. La rationalité du psychisme humain y est recherchée dans la relation inter subjective, dans le rapport de l'un à l'autre, dans la transcen dance du '' pour-l' autre , qui instaurent le « sujet éthique ,, qui instaurent l'entre-nous. Il n'y a certes pas urgence de remonter à l'éthique pour élaborer, tout neuf, quelque code où s'inscriraient d'emblée les structures et les règles de la bonne conduite des personnes, du domaine public et de la paix entre nations, quelque fondamentales que puissent ainsi appa raître les valeurs éthiques impliquées dans ces chapitres. On voudra, avant tout, essayer de voir ici l'éthique par rapport à la rationalité du savoir immanente à l'être, laquelle est primordiale dans la tradition philosophique de l'Occident, même si l'éthique pouvait - excédant, en fin de compte, les formes et les déterminations de l'onto logie et sans renier pour autant la paix du Raisonnable - accéder à un autre dessein de l'intelligibilité et à un autre mode d'aimer la sagesse. Et peut-être même - mais nous n'irons pas jusque-là - au mode qui figure aux Psaumes 111, 10. Je partirai de l'être au sens verbal de ce mot : non pas des « étants >> - choses, corps animés, individus humains - ni de la nature qui les embrasse tous, d'une façon ou d'une autre dans sa totalité. Je partirai de l'être au sens verbal du mot, où l'être est suggéré et entendu en quelque façon comme un processus d'être ou événement d'être ou aventure d'être. Aventure remarquable ! L'événement d'être est dans un souci d'être, il 9 Entre nous ne serait qu'ainsi dans son élan « essentiellement » fini et tout entier absorbé par ce souci d'être. Il n'y va, en quelque façon, dans l'événement d'être que de cet être même. Ķtre en tant qu'être, c'est dès l'abord se préoccuper d'être, comme s'il fallait ici déjà quelque détente, ou quelque '' cal mant » pour rester - en étant - sans se soucier d'être. Ķtre, déjà insistance d'être comme si un « instinct de conserva tion » coïncidant avec son déroulement, le préservant et le maintenant dans son aventure d'être, était son sens. La ten sion de l'être sur lui-même, intrigue où se noue le pronom réfléchi se. Insistance d'avant toute lumière et décision, secret d'une sauvagerie excluant délibération et calcul, vio lence en guise d'étants qui s'affirment « sans égards » les uns pour les autres dans le souci d'être. Origine de toute violence, diverse selon les divers modes d'être : vie des vivants, existence des humains, réa lité des choses. Vie des vivants dans la lutte pour la vie ; histoire naturelle des humains dans le sang et les larmes des guerres entre personnes, nations et classes; matière des choses, dure matière ; solidité ; le fermé-sur-soi jusque dans les confinements intra-atomiques dont parlent les physiciens. Et voici que surgit, dans la vie vécue par l'humain - et c'est là que, à proprement parler, l'humain commence, pure éventualité, mais d'emblée éventualité pure et sainte -, du se-vouer-à-l'autre. Dans l'économie générale de l'être et de sa tension sur soi, une préoccupation de l'autre jusqu'au sacrifice, jusqu'à la possibilité de mourir pour lui ; une responsabilité pour autrui. Autrement qu'êtré! C'est cette rupture de l'indifférence - de l'indif férence fût-elle statistiquement dominante -, la possibilité de l'un-pour-l'autre, qui est l'événement éthique. Dans l'existence humaine interrompant et dépassant son effort d'être - son conatus essendi spinoziste - la vocation d'un exister-pour-autrui plus fort que la menace de la mort : l'aventure existentielle du prochain importe au moi avant la sienne, posant le moi d'emblée comme responsable de l'être d'autrui, responsable c'est-à-dire comme unique et élu, comme un je qui n'est plus n'importe quel individu du genre humain. Tout se passe comme si le surgisse- 10 Avant-propos ment de l'humain dans l'économie de l'être renversait le sens et l'intrigue et le rang philosophique de l'ontologie: l'en-soi de l'être persistant-à-être se dépasse dans la gra tuité du hors-de-soi-pour-l'autre, dans le sacrifice ou la possibilité du sacrifice, dans la perspective de la sainteté. L'ONTOLOGIE EST-ELLE FONDAMENTALE? J. PRIMAT DE L'ONTOLOGIE Le primat de l'ontologie parmi les disciplines de la connaissance ne repose-t-il pas sur l'une des plus lumineuses évidences ? Toute connaissance des rapports qui rattachent ou opposent les êtres les uns aux autres n'implique-t-elle pas déjà la compréhension du fait que ces êtres et ces rapports existent ? Articuler la signification de ce fait - reprendre le problème de l'ontologie - implicitement résolu par chacun, fût-ce sous forme d'oubli - c'est, semble-t-il, édifier un savoir fondamental sans lequel toute connaissance philo sophique, scientifique ou vulgaire demeure naïve. La dignité des recherches ontologiques contemporaines tient au caractère impérieux et originel de cette évidence. En s'appuyant à elle, les penseurs s'élevèrent d'emblée au dessus des « illuminations » des cénacles littéraires pour res pirer à nouveau l'air des grands dialogues de Platon et de la métaphysique aristotélicienne. Mettre en question cette évidence fondamentale est une téméraire entreprise. Mais aborder la philosophie par cette mise en question, c'est, du moins, remonter à sa source, par delà la littérature et ses pathétiques problèmes. 2. L'ONTOLOGIE CONTEMPORAINE La reprise de l'ontologie par la philosophie contempo raine a ceci de particulier que la connaissance de l'être en général - ou l'ontologie fondamentale - suppose une situa tion de fait pour l'esprit qui connaît. Une raison affranchie des contingences temporelles - âme coéternelle aux Idées - c'est l'image que se fait d'elle-même une raison qui s'ignore 13 Entre nous ou s'oublie, une raison naïve. L'ontologie, dite authentique, coïncide avec la facticité de l'existence temporelle. Comprendre l'être en tant qu'être - c'est exister ici-bas. Non pas que l'ici-bas, par les épreuves qu'il impose, élève et puri fie l'âme et la rende à même d'acquérir une réceptivité à l'égard de l'être. Non pas que l'ici-bas ouvre une histoire dont le progrès seul rendrait pensable l'idée de l'etre. L'ici bas ne tient son privilège ontologique ni de l'ascʳ qu'il comporte, ni de la civilisation qu'il suscite. Déjà dans ses soucis temporels s'épelle la compréhension de l'être. L'onto logie ne s'accomplit pas dans le triomphe de l'homme sur sa condition, mais dans la tension même où cette condition s'assume. Cette possibilité de concevoir la contingence et la facti cité, non pas comme des faits offerts à l'intellection, mais comme l'acte de l'intellection - cette possibilité de montrer dans la brutalité du fait et des contenus donnés la transitivité du comprendre et une « intention signifiante » - possibilité découverte par Husserl, mais rattachée par Heidegger à l'intellection de l'être en général - constitue la grande nou veauté de l'ontologie contemporaine. Dès lors, la compré hension de l'être ne suppose pas seulement une attitude théorétique, mais tout le comportement humain. Tout l'homme est ontologie. Son œuvre scientifique, sa vie affec tive, la satisfaction de ses besoins et son travail, sa vie sociale et sa mort articulent, avec une rigueur qui réserve à chacun de ces moments une fonction déterminée, la compréhension de l'être ou la vérité. Notre civilisation tout entière découle de cette compréhension - celle-ci fût-elle oubli de l'être. Ce n'est P.as parce qu'il y a l'homme qu'il y a vérité. C'est parce que l'être en général se trouve inséparable de son apérité parce qu'il y a vérité, ou, si l'on veut, parce que l'être est intelligible qu'il y a humanité. Le retour aux thèmes originels de la philosophie - et c'est par là encore que l'œuvre de Heidegger demeure frappante - ne procède pas d'une pieuse décision de retourner enfin à je ne sais quelle philosophia perennis, mais d'une attention radicale prêtée aux uploads/Philosophie/emmanuel-levinas-entre-nous-essais-sur-le-penseralautre.pdf
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- Publié le Jan 17, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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