International Journal of Innovation and Scientific Research ISSN 2351-8014 Vol.

International Journal of Innovation and Scientific Research ISSN 2351-8014 Vol. 30 No. 2 May. 2017, pp. 140-148 © 2017 Innovative Space of Scientific Research Journals http://www.ijisr.issr-journals.org/ Corresponding Author: Jean-Marie CIKULI CIZUNGU 140 La rupture épistémologique de Bachelard: Une déconstruction sans Jacques Derrida [ The bachelardian epistemologic rupture: A deconstuction without Jacques Derrida ] Jean-Marie CIKULI CIZUNGU, Jean-Pierre BOKANGA, Gyavira MUSHIZI, and Dieudonné UKUMU Université de Kisangani (UNIKIS), RD Congo Copyright © 2017 ISSR Journals. This is an open access article distributed under the Creative Commons Attribution License, which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited. ABSTRACT: According to Gaston Bachelard, the scientific character is constantly a consequence of a reform of the reason and the reality. Indeed, the imagination is necessary in this permanent confrontation of the experience with the reasoning. It is in the worry to make spring the new that is progressively separated truths that don't firmly hold. The déconstruction helps us to explain better this dialectics because, in this process, one doesn't stop to a simple opposition of facts; when déconstructing, one decides better while separating what invites less. The new openings whose science becomes tributary in terms of mutation, explanation and revolution constitute values then thanks to the ' logos', to the specific ‘allocutoire’ power of the science. KEYWORDS: Epistemologic rupture, deconstruction, scientific dialectics, differance, mobilism, critical theory, imaginary, knowledge. RESUME: La scientificité selon Gaston Bachelard est conséquence d’une réforme sans cesse de la raison et de la réalité. En effet, il faut de l’imagination dans cette confrontation permanente de l'expérience avec le raisonnement. C’est dans le souci de faire jaillir du nouveau que sont écartées au fur et à mesure les vérités qui ne tiennent pas solidement. La déconstruction nous aide à mieux expliquer cette dialectique parce que, dans ce processus, on ne s’arrête pas à une simple opposition des faits ; en déconstruisant, on tranche mieux en écartant ce qui convient moins. Les ouvertures nouvelles dont la science devient tributaire en termes de mutation, d’explication et de révolution constituent alors des valeurs grâce au ‘logos’, au pouvoir allocutoire spécifique de la science. MOTS-CLEFS: Coupure épistémologique, déconstruction, dialectique scientifique, différance, mobilisme, théorie critique, l’imaginaire, connaissance scientifique. 1 INTRODUCTION La présente réflexion présente une nouveauté, celle de mettre en relation la rupture épistémologique de Gaston Bachelard avec la déconstruction de Jacques Derrida. En effet, Derrida dont la casquette n’était pas connue du grand public, a plus ou moins acquis une large compréhension à travers cette vaste application dont la déconstruction est sujette aujourd’hui. Tout est parti du sens que Derrida donne lui-même à la déconstruction à travers son application à la langue dans une critique face au culte du structuralisme opposant signifiant et signifié, écriture et parole, etc. Pour comprendre l’œuvre de Derrida, l’on se doit de situer d’abord cet auteur dans ses origines littéraires, notamment dans ses rapports avec H. G. Gadamer dont tous deux partagent la tradition ontologique heideggérienne avant de s’en démarquer pour chercher une intelligibilité derrière les signes, du moins pour Derrida. Ce qui nous amène à ouvrir la page à Jean-Marie CIKULI CIZUNGU, Jean-Pierre BOKANGA, Gyavira MUSHIZI, and Dieudonné UKUMU ISSN : 2351-8014 Vol. 30 No. 2, May. 2017 141 cette autre considération d’auteurs qui ont trouvé en cette figure quelqu’un qui aurait influencé la théorie critique littéraire. Face à cette dissidence dont fait montre l’œuvre de Derrida, il mériterait un positionnement récurrent de postmoderne dont les influences sont également immenses pour permettre de penser et de redynamiser sans cesse la connaissance scientifique en vue d’une ouverture toujours nouvelle, écartant les données qui ne tiennent pas solidement. C’est alors qu’une déconstruction permettrait de mieux asseoir la rupture épistémologique bachelardienne. 2 QUELQUES INDICATIONS SUR LA THÉORIE DERRIDIENNE DE LA DÉCONSTRUCTION La théorie derridienne devenue d’une vaste application aujourd’hui, devrait s’entendre en dehors du contexte qui lui a été donné par son auteur lui-même, à savoir Jacques Derrida. Car, si Derrida est poststructuraliste, par la déconstruction il se classe effectivement parmi les anti-structuralistes [1]. Et c’est là que se situe la genèse des choses. Mal percevoir la déconstruction, est-ce normal? Du temps qu’on ne connait pas Derrida, c’est aussi possible qu’on perde de vue sur l’image de sa philosophie. Charles Ramond pense que cela est dû au fait que l’ampleur même de son œuvre constituerait la raison de sa méconnaissance du public lettré [2]. Nous référant à l’un des entretiens de Jacques Derrida lui-même, « Il faut entendre ce terme de “déconstruction” non pas au sens de dissoudre ou de détruire, mais d’analyser les structures sédimentées qui forment l’élément discursif, la discursivité philosophique dans lequel nous pensons. Cela passe par la langue, par la culture occidentale, par l’ensemble de ce qui définit notre appartenance à cette histoire de la philosophie […]. La déconstruction est encore une sorte de critique formulée face à l’autorité manifeste du structuralisme et une démarcation face à ce dernier » [3]. La déconstruction portant non seulement sur les textes, les mots, mais aussi sur la pensée, il importe Selon Derrida, de bien définir les concepts qui composent une pensée. Dans le structuralisme, en effet, le rapport entre un mot et son sens est d’une ultime considération et l’on ne peut s’en dérober à travers le rapport signifiant-signifié consistant à soumettre le signe à la pensée sans sortir du système de sens : « J. Derrida, ce grand critique des structuralistes semble s’intéresser (…), plutôt au signifiant qu’au signifié, au ton qu’au contenu, ou encore, à l’écriture qu’à la parole »1 [4]. Il se propose de revoir le schéma, affirmant le jeu infini des signes, sans vérité, qui renoncent dès lors à l’idée d’un déchiffrement ultime [5]. Il en résulte que les sens des signes demeurent différés à jamais, par le jeu de ce que Derrida appelle la ‘différance’, où il faut entendre à la fois la différence entre les signes et les sens et le report infini de son accomplissement, car on ne sortirait jamais finalement de l’empire des signes. S’agissant de la ‘différance’, on trouve en ce concept le verbe ‘différer’ qui selon Derrida désigne le mouvement "producteur" des différences ; un "processus" par lequel les concepts diffèrent entre eux, « (…) à la fois dans l’espace et dans le temps » [6]. 3 DIFFÉRANCE OU MOBILISME DANS LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE? Gaston Bachelard qui préconisait un mobilisme à travers la démarche de la connaissance, pense que la vérité scientifique, loin d’être figée, elle n’est jamais statique comme l’est le réel. C’est dans ce sens que l’esprit scientifique ou mieux la culture scientifique exige un effort constant capable de redynamiser le mode du savoir. Le scientifique doit prendre conscience de nouveaux caractères de la science à travers un effort continu de représentation. Il s’agit d’un besoin de rationalisation permanente dont doit faire montre tout chercheur à travers son expérience sous l’image de « projet » [7]. Le texte pourrait alors correspondre à une expérience ou à une vérité ou bien même à une théorie scientifique, dans le nouvel esprit scientifique de Bachelard. Car la différance qui dynamise un texte en instaurant une tension constante par la fiction, elle constitue ainsi une quête d’autre chose, un devenir, une lutte contre les significations figées ou transcendantales qui, du reste n’existent pas. On comprendra alors comment on peut partir d’une expérience vers une nouvelle expérience devenue une nouvelle théorie. C’est alors qu’un concept (ou signifiant) peut renvoyer à une chaine infinie de signifiants qui 1 Il est bien perçu que Derrida s’intéresse plutôt à l’écriture qu’à la parole. Ceci rentre encore dans la polémique avec le structuralisme qui pensait que la parole passe avant toute chose pendant que pour Derrida, au commencement était l’écriture [Lire J.DERRIDA cité par D. SAINT-JACQUES, « Jacques Derrida, La Voix et le phénomène, Paris, P.U.F., Collection « Épiméthée », 1967; L’Écriture et la différence, Paris, Seuil, Collection « Tel Quel », 1967 ; De la grammatologie, Éditions de Minuit, Collection « Critique », 1967 dans ÉL, vol. 1, n° 3, 1968, p.452 ; on peut aussi lire dans CL. LEVESQUE « Jacques Derrida : L’Ecriture (de) la Copule » dans EL, vol. 9, n° 2, 1976, pp. 305-316] La rupture épistémologique de Bachelard: Une déconstruction sans Jacques Derrida ISSN : 2351-8014 Vol. 30 No. 2, May. 2017 142 se traduit par un jeu sans fin dans le sens d’ouverture de la science, la rendant mouvante. Dans ce sens on affirmerait que la science s’interprète, et donner ainsi une place à ces deux figures très importantes dans la théorie de l’interprétation. 3.1 LA DÉCONSTRUCTION ENTRE DERRIDA ET GADAMER En parlant de l’interprétation ou de la compréhension des textes, nous ne pouvons pas ne pas envisager quelque peu le rapport entre Derrida et Hans Georg Gadamer. Pourquoi envisager le rapport entre ces deux personnes qui pourtant n’ont pas orienté leurs réflexions dans le même sens ? Les deux sont partis d’un même fond, même si chacun a par la suite choisi une orientation tout à fait personnelle : Il s’agit uploads/Philosophie/ijisr-16-252-02.pdf

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