No 4 – juin 2005 Revue éditée avec la participation d’Éspaces Marx Diffusée par

No 4 – juin 2005 Revue éditée avec la participation d’Éspaces Marx Diffusée par courrier électronique Tél. : 01 60 02 16 38 E mail : Pensee lefebvre@aol.com Site Internet : www.Espaces-Marx.eu.org/SomReste Sommaire - Alessandra Dell’Ara : Henri Lefebvre – La vie quotidienne, « mère-terre » de la Socié- té moderne 1 - Alessandra Dall’Ara : L’existentialisme et le marxisme – Les parcours divers de Jean- Paul Sartre et Henri Lefebvre 9 - Alessandra Dall’Ara : table des matières de la thèse 16 Animateur de la revue : Armand Ajzenberg Rédacteurs(trices) – correspondants(antes) : Ajzenberg Armand (F), Andrade Margarita Maria de (Brésil), Anselin Alain (Martinique), Beaurain Nicole (F), Be- nyounes Bellagnesch (F), Bihr Alain (F), Carlos Ana Fani Alessandri (Brésil), Damiani Amélia Luisa (Brésil), Devisme Laurent (F), Gromark Sten (Suède), Guigou Jacques (F), Hess Rémi (F), Joly Robert (F), Kofman Éléonore (Royaume Uni), Labica Georges (F), Lantz Pierre (F), Lenaerts Johny (Belgique), Lufti Eulina Pacheco (Brésil), Magniadas Jean (F), Martins José de Souza (Brésil), Matamoros Fernando (Mex.), Montferran Jean-Paul (F), Müller-Schöll Ulrich (Al- lemagne), Nasser Ana Cristina (Brésil), Öhlund Jacques (Suède), Oseki J.H. (Brésil), Péaud Jean (F), Querrien Anne (F), Rafatdjou Makan (F), Sangla Sylvain (F), Seabra Odette Carvalho de Lima (Brésil), Spire Arnaud (F), Sposito Ma- rilia Pontes (Brésil), Tosel André (F). Études lefebvriennes - Réseau mondial UN ÉVÈNEMENT Il n’est pas si courant, en France, qu’une thèse universitaire soit consacrée à l’œuvre d’Henri Lefebvre pour que cela ne soit signalé. L’intérêt et l’originalité, pour moi, de ce travail sont l’affirmation que Lefebvre n’a pas écrit des études parcellaires (plus de 60 ouvrages) – une suite de « moments ? » – mais un ensemble cohérent. Pour Alessandra Dall’Ara, auteur de la thèse venue d’Italie, Henri Lefebvre « est le premier philosophe contemporain qui a démontré dans une œuvre unitaire l’importance historique fondamentale de la vie quotidienne comme base du fonctionnement de la société entière ». Pour Lefebvre, dit-elle, la vie quotidienne est « le centre de sa pensée, le fil conducteur qui parcourt et unit toutes ses œuvres », de La conscience mystifiée au Contrat de citoyenneté. Dans ce numéro de LA SOMME ET LE RESTE est donc d’abord publié non pas ce qui pourrait être considéré comme un résumé de la thèse mais plutôt comme un coup de projecteur jeté sur celle-ci. On pourra y lire également un autre travail d’Alessandra Dall’Ara consacré au parcours des deux philosophes – frères ennemis ? – Jean-Paul Sartre et Henri Lefebvre. Ce qui en ces temps de commémoration du centenaire de la naissance du premier et d’oubli du second par la plupart des médias et des « élites » n’est pas sans être signi- ficatif. Même LES LETTRES françaises participent, dans un dossier volumineux consacré à Jean-Paul, en date du 24.05.2005, à cette mise au rancart d’Henri. Ignorance ou volonté délibérée d’ignorer ? « Les deux,peut- être, mon général », ce qui serait dans l’air du temps. On trouvera enfin, dans ce numéro, la table des matières de la thèse d’Alessandra Dall’Ara. Thèse que l’on peut se procurer de la manière suivante : Il suffit de m’en envoyer la demande, que je communiquerais à l’auteur de la thèse, à l’adresse suivante : Armand Ajzenberg – 24 avenue du Clos Prieur – 77150 Férolles-Attilly – France Cette thèse a évidemment un coût. Il est de 13 Euros + frais d’expédition. Ceux-ci sont donc à ajouter aux 13 E. Ils sont de 4 Euros pour la France, de 11 Euros pour les Pays européens et de 18 Euros pour les Pays d’Amérique Latine (dans ces derniers cas de figure, peut-être vaut- il mieux en commander un exemplaire et le reproduire sur place ?) Les chèques sont à faire à l’ordre d’Alessandra Dell’Ara. Armand Ajzenberg No 4 – juin 2005 1 Alessandra Dall'Ara Henri Lefebvre : la vie quotidienne, "mère-terre" de la société moderne. Dans la pensée philosophique, littéraire et dans la culture en général la vie quotidienne a été généralement considérée et analysée comme la sphère de la praxis, des activités pratiques, habituelles ainsi que des faits or- dinaires constituant la partie "la moins inté- ressante" de l'existence humaine. Dès le XIXème siècle, les poètes et les hom- mes de lettres ont essayé de transfigurer es- thétiquement le quotidien dans leurs oeuvres et de le sublimer avec leur art, en mettant en lumière les faits les plus insolites et bizarres, pour trouver, comme Baudelaire, "l'extra- ordinaire dans l'ordinaire" et pour transfor- mer un "règne de la banalité" en un objet d'intérêt littéraire. Même la plupart des philosophes et des in- tellectuels de profession, considérant la vie quotidienne comme la sphère inférieure des activités vulgaires ou du "vulgus", ont mante- nu leur réflexion loin de la praxis et de la réalité quotidienne, au niveau de la spécula- tion métaphysique et des développements conceptuels. Aujourd'hui encore, dans le sens commun et dans les conceptions courantes, la vie quoti- dienne est généralement considérée comme une sphère sociale secondaire et est subor- donnée, par exemple, à l'économie, à la poli- tique, à la technique, aux sphères sociales qui sont considérées, selon la mentalité bour- geoise, comme "supérieures", comme les moteurs du progrès social. Henri Lefebvre (Hagetmau, 1901- 1991) est le premier philosophe contemporain qui a dé- montré dans une oeuvre unitaire l'impor- tance historique fondamentale de la vie quotidienne comme base du fonctionnement de la société entière. Après la théorie de Freud sur le sexe comme premier fondement de la nature de l'homme et après la théorie de Marx sur le travail comme fondement du système économique capitaliste, Henri Lefebvre démontre dans une théorie philosophique, critique et dialec- tique, que la vie quotidienne est le premier fondement, le moteur de la société tout en- tière. À la différence des études occasionnelles ou à caractère spécialisé qui ont été produites sur la vie quotidienne par de nombreux philoso- phes contemporains, de différents courants de pensée, Lefebvre n'a jamais abandonné la réflexion sur la vie quotidienne, qui a cons- titué pour lui non pas un objet d'intérêt tem- poraire mais le centre de sa pensée, le fil conducteur qui parcourt et unit toutes ses oeuvres, des premières, comme La conscience mystifiée (1933-1935), aux trois tomes de la Critique de la vie quotidienne (1947, 1962, 1981), dont le troisième a pour sous-titre "Pour une métaphilosophie du quotidien", jusqu'à la Méta- philosophie (1964) et aux dernières oeuvres sur la modernité et sur l'urbain, parmi lesquelles La vie quotidienne dans le monde moderne (1968), La révolution urbaine (1970), Le droit à la ville (1er tome 1968), Le Manifeste différentialiste (1970), Le contrat de citoyenneté (1990). Il est important de souligner, en premier lieu, que cette oeuvre globale et unitaire sur la vie quotidienne, monumentale par son ampleur – plus de 60 ouvrages – n'est pas l'oeuvre spéculative d'un "philosophe pur" ou d'un intellectuel traditionnel, dont les analyses se développent sur le plan théorétique de la pensée et de la raison abstraite, en restant donc "extérieures" à la vie réelle. L'oeuvre de Lefebvre se fonde, au contraire, sur l'analyse historique et scientifique de la vie quotidienne, qui consiste à relier la pen- sée à la réalité, le conçu au vécu, et à vérifier objectivement les concepts sur la base de la vie et des rapports sociaux, pour les actuali- ser, enfin, à la lumière du "nouveau" qui s'est produit dans la société par rapport au passé, puisque l'histoire évolue et la pensée philo- sophique, comme Lefebvre le montre, doit évoluer avec elle. Dans le panorama hétérogène des études et des oeuvres philosophiques sur le quotidien qui ont été produites par de nombreux pen- seurs contemporains, la théorie critique de la vie quotidienne élaborée par Henri Lefebvre marque un progrès dans la connaissance, car elle intègre et dépasse les deux courants ori- ginaires de la pensée philosophique, le Maté- rialisme et l'Idéalisme, qui constituent les deus pôles opposés de la pensée, d'où dérivent et No 4 – juin 2005 2 auxquels se réfèrent, dans leurs fondements, toutes les interprétations de la réalité ou les "visions du monde". Selon le point de vue du matérialisme, qui part de la matière et affirme son primat par rapport à l'individu comme Sujet, la vie quo- tidienne est conçue en sens étroitement prati- que, en faisant abstraction des individus et de leurs oeuvres créatives, comme la sphère des expériences et des activités sociales concrètes, et est donc synonyme de "routine", de ce qui se vérifie et qui se répète dans la praxis jour- nalière. À l'opposé, selon le point de vue de l'idéa- lisme, qui affirme la priorité de l'individu par rapport à la réalité et aux faits matériels, la vie quotidienne est conçue, dans un sens subjectiviste et existentialiste, comme l'en- semble des choix et des expériences intérieu- res, vécues personnellement (Erlebnis) par les individus et donc diverses et uniques, hors de l'ordinaire. En partant de ces deux pôles opposés de la pensée, Lefebvre montre que tant le matéria- lisme, en élévant la Matière à l'absolu, que l'idéalisme, en élévant le Sujet à l'absolu, ont produit uploads/Philosophie/la-somme-et-le-reste-no-4.pdf

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