Le processus de la traduction simulfanee MARIANNE LEDERER Universito Paris XII,

Le processus de la traduction simulfanee MARIANNE LEDERER Universito Paris XII, France Kurzfassung Der Prozeß der Simultanübersetzung läßt sich grob gesehen in drei Schritte unterteilen; die beiden ersten — Wahrnehmung und Versinnbildlichung — sind ganz natürliche und häufig auftretende Erscheinungen, der dritte Schritt — Äußerung — muß unter Anforderungen vorgenommen werden, die widernatürlich sind. Jedem Zuhörer gleich, vernimmt der Dolmetscher nur Laute, die er sinngerecht zusammenstellt. Wie jeder Hörer auch, konzeptualisiert er einen Sinn aus der Äußerung. Wie bei jedem Zuhörer auch, bleiben bestimmte Elemente der Rede in seinem Gedächtnis haften, andere verschmelzen zu einer synkretischen konzeptuellen Gesamtkeit. Anders wird es beim Sprechen. Nicht nur sind die zu übersetzenden Gedanken erst frisch entdeckt sondern auch die Ausgangsform stellt ein - Hindernis dar. Um mit diesen Schwierigkeiten fertig zu werden, faßt er sich so, daß er manchmal den Abstand zum Redner so weit wie möglich reduziert — er kann dann transkodieren — ihn manchmal aber weitmöglichst gestaltet — er kann dann ohne servile Abhängigkeit formulieren. In jedem Fall ist seine Rede eine parallele Rede, die sich auf das Original stützt, ohne es wortwörtlich nachzuahmen; sie ist gelegentlich eine ungezwungener Einfalt, gelegentlich eine streng terminologische Transposition. Abstract Broadly speaking, the process of simultaneous interpretation can be broken down into three phases, of which the first two, perception and conceptualization, are amongst the most natural and frequent of all phenomena, while the third, expression, encounters such constraints that it becomes almost an unnatural act. The interpreter perceives sounds like any other listener, and like him reconstitutes them rather than hears them. Like any other listener he conceptualizes the message carried by the words uttered, and as in the case of any other listener, certain elements in the speech are registered by his memory whilst others fuse into a syncretic conceptual unit. During the expression phase, on the other hand, not only does the interpreter discover the ideas which he must express virtually at the same time as he translates them, but he is also hindered by the form of the original language. To overcome these constraints he formulates his speech sometimes minimizing the time- lag between himself and the speaker, in which case he can transcode, and sometimes letting the speaker run ahead, in which case he can formulate without servility. in either event his speech is parallel speech, based on the original without being its carbon copy; sometimes inspired improvisation and sometimes strict terminological transposition. La traduction simultanee1 fait ses debuts historiques au proces de Nuremberg en 1945 ou accuses et accusateurs parlaient quatre langues differentes. Avant meme la deuxieme guerre mondiale la firme IBM avait, semble-t- il, pris un brevet pour I'installation telephonique qu'im- plique le precede mais celui-ci ne prit reellement son essor que lorsqu'il fut adopte par les Nations Unies vers la fin des annees 40. De lä, il fit tache d'huile et aujourd'hui il est couramment utilise dans toutes les reunions internationales; la Communaute Europeenne, par exemple, a sept langues de travail officielles et emploie chaque jour pres de deux cents interpretes simultanes. L'invention de la simultanee reposait sur Pidee sim- pliste que quiconque savait deux langues et avait Pesprit agile etait capable de dire dans une langue les mots qu'il entendait dans Pautre. Dans la pratique, il s'est bien vite avere que lorsque Pinterprete se bornait a transcoder de la sorte, sa version etait marquee par des interferences multiples de la langue traduite: faux amis, homophones, constructions syntaxiques aberrantes, faux-sens düs a la polysemie, etc. ... Le transcodage, ne tenant pas compte du sens des messages, est pratiquement inintelligible et done de peu d'utilite pour les auditeurs. L'utilite d'une activite etant proportionnelle ä son efficacite, il fallut, tant dans la pratique de la simultanee que dans son enseignement, remedier ä la situation imposee par son mode operatoire en transformant ce transcodage en une traduction plus normale malgre sa vitesse d'execution. II fallut limiter le transcodage aux unites linguistiques qui s'y pretaient: noms propres, mots techniques nettement definis, etc. et, pour le reste, rein- trod uire Tintelligence du premier stade, celui de la perception acoustique, au dernier, celui de remission des sons d'une autre langue. Entre ces deux stades s'etend la vaste plage de la conceptualisation qui transforme les sons en idees qui, a leur tour, commandent ä remission des paroles. Les activites exigees par la traduction simultanee sont multiples. En meme temps que Pinterprete entend le discours, il perpoit la situation globale dans laquelle se deroule la reunion; en meme temps qu'il conceptualise ce Multilingua 1-3 (1982), 149-158. 0167-8507/82/0001-0149 $2.00 Mouton Publishers» Amsterdam Brought to you by | University of California Authenticated Download Date | 6/4/15 9:52 AM 150 Marianne Lcdercr qu'il vicnt d'entendre, il entend la suite et enoncc le resultat de son operation de conceptualisation; ce fai- sant, il ecoute egalcment ce qu'il dit lui-meme pour verifier la correction de son expression. Ccs activites se chevauchent et se superposent les unes et les autrcs en nombre variable έ chaque instant; elles connaissent arrets et reprises, ralentissements et accelerations. Nous en parlerons separement pour plus de commodite mais sans jamais oublier que aucune n'intcrvient jamais seule et qu'il faut les voir la lumiere les unes des autres. Trois temps se degagent neanmoins de 1'enchevetrement, que nous allons examiner: la per- ception, la conceptualisation, I'enonciation. Mais auparavant, une mise en garde s'impose: pour etudier la traduction simultanee il faut fixer sur papier des paroles, qu'il s'agisse de l'original ou de la traduc- tion, qui ont ete emises oralement; le lecteur voudra bien ne jamais perdre de vue que la transcription detruit I'oral sans pour autant construire une ecriture. Les enonces spontanes les plus convaincants, la traduction orale la plus brillante ne font guere d'effet a la lecture et, pour en juger, il faut s'efforcer de retablir la prosodie et le caractere fugitif de la parole. Perception et suppleance mentale L'oreille n'est pas un micro qui enregistre tous les sons; d'innombrables bruits nous parviennent; nous en remar- quons quelques uns, parce que plus significatifs en cet instant que d'autres. Ces bruits sont pergus en partie seulement et en partie reconstitues; on entend en fonc- tion de ce que Γόη sait au moins autant qu'en fonction de la realite sonore elle-meme, car on assimile a 1'ensem- ble connu la sensation incomplete. Les sons pertinents Pemportent ainsi sur les bruits ambiants par la selection qui en est faite et par la suppleance mentale qui en complete les formes. Ce phenomene est vrai de tous les sons et entre autres de ceux qui constituent le langage organise. Toute stimulation sensorielle retenue est le resultat d'une selection completee par une interpretation. L'interprete se trouve dans une situation particuliere puisqu'il doit operer une double selection: ecouter le discours et controler a I'oreille la propriete de ce qu'il dit, ce qui le force a se concentrer successivement sur deux enonces differents. II se trouve aussi dans une situation particuliere parce que s capacite de reconstituer des signifiants peu usites mais frequents en langage techni- que se trouve insufftsante au depart. Dans le langage courant on a l'impression de tout entendre integralement sans se rendre compte du jeu constant de la suppleance mentale. Mais dans un langage Rosumo Le processus de la traduction simultanoe peut, grossierement, dtre subdiviso en trois operations dont les deux premieres, la perception et la conceptualisation, sont parmi les ph6nomenes les plus naturels et les plus froquents qui soient et dont la troisteme, ('expression, se heurte des contraintes qui en font presque une operation contre nature. Comme tout auditeur, I'interprete perpoit des sons. Comme lui, il les reconstitue plus qu'il ne les entend. Comme tout auditeur, il conceptualise le sens du message que lui apporte Ι'έηοηοέ. Comme chez tout auditeur certains 6loments du discours marquent sa memoire et d'autres se fondent en un ensemble conceptuel syncretique. Au stade de ('expression par contre, non seulement 1'interprete d£couvre les idoes qu'il doit exprimer quasiment au moment de les traduire mais encore il est gene par les formes que la langue originate pr§te au message. Pour surmonter ces contraintes, il formule son discours tant t en reduisant au minimum I'ecart qui le separe de l'orateur — il peut alors transcoder; tant t au contraire en lui laissant prendre les devants — il peut ainsi formaler sans serviiite. En tout etat de cause, son discours est un discours parallele/ qui prend appui sur (Original sans le calquer, parfois improvisation inspiree, parfois rigoureuse transposition terminologique. Compendio II processo delta traduzione simultanea puo essere grossolanamente suddiviso in tre operazioni di cui le prime due, la percezione e la concettualizzazione, rientrano tra i fenomeni piu natural) e piu frequenti e la terza, I'espressione, si imbatte in limitazioni tali da rendere I'operazione quasi innaturale. Analogamente a colui ehe ascolta, I'interprete percepisce dei suoni, e come questi piu ehe ascoltarli li ricostituisce. Egli concettualizza il senso del messaggio apportatogli daH'enunciato. Come awiene per I'uditore, taluni element! del discorso colpiscono la memoria dell'interprete mentfe altri si fondano in un insieme concettuale sincretico. Allo stadio del I'espressione invece non solo I'interprete scopre uploads/Philosophie/le-processus-de-la-traduction-simultanee.pdf

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