Cours de Francophonie – Géopolitique Par Alpha BARRY alpha.barry@u-bordeaux-mon
Cours de Francophonie – Géopolitique Par Alpha BARRY alpha.barry@u-bordeaux-montaigne.fr La Francophonie, essai de définition La francophonie apparaît comme une notion, qui fait date dans l’histoire des idées et des mentalités, mais dont la définition pose quelques problèmes quant à la précision de son contenu. D’où la nécessité de remonter le cours de l’histoire en vue de comprendre et d’expliquer ses différents sens. L’histoire du mot francophonie On doit au géographe français Onésime Reclus (1837-1916) l’origine du mot francophonie en acte et en paroles. Persuadé du bien-fondé de l’œuvre colonisatrice de la France, comme c’est le cas de Jules Ferry, Onésime Reclus soutient que les langues étaient le socle des empires et des liens entre les civilisations. Selon lui, les langues, qui sont vouées à un avenir international durablement, se révélaient être des facteurs capables d’influencer durablement, en matière culturelle, les « milieux humains ». En effet, en tant qu’outils de transmission des connaissances, les langues permettent de faire profiter au plus grand nombre des avancées politiques, techniques, économiques et culturelles des nations les plus développées. D’où la nécessité de valoriser les langues en vue d’en faire le moteur de transmission de la culture française auprès des populations « indigènes ». Le projet d’Onésime Reclus : Classer les habitants de la planète en fonction de leur langue parlée L’initiative de classer les humains en fonction de la langue qu’ils parlaient, ou dans leurs relations sociales, était entièrement neuve à l’époque du traité de Berlin (1878) où le globe était divisé en : Etats ou en colonies et les hommes en citoyens ou en sujets administrés. Cette disposition correspondait aux mentalités du 18ème siècle : les peuples à écriture dont la mentalité est logique et les peuples sans écriture qui réfléchissent via les mythes. Fidèle à ce projet, Onésime Reclus essaye de décrire et même de chiffrer les populations parlant le français, ce qui l’amène à créer le terme de francophonie : qui désigne l’ensemble des populations parlant français. C’est ainsi qu’est né la francophonie. Le sens premier de francophonie La francophonie recouvre à la fois une idée linguistique et une relation géographique : c’est avant tout l’ensemble des territoires où on parle français ; ensuite l’ensemble des peuples et des hommes dont la langue (maternelle, officielle, courante ou administrative) est le français. Un sens linguistique : « francophone » signifiant « qui parle la langue française » Un sens institutionnel : l’ensemble des organisations publiques et privées œuvrant dans l’espace francophone. Un sens pourrait-on dire spirituel ou mystique : le sentiment d’appartenir à une même communauté, cette solidarité naissant du partage de valeurs communes aux divers individus et communautés francophones. En effet, tous ceux qui parlent la même langue partage une même culture et donc des modes de vie communs, qu’on désigne communément par l’expression « connaissances encyclopédiques ou savoirs partagés ». C’est ce sentiment qui a conduit les spécialistes en Sciences du langage à utiliser habituellement la notion de « communauté linguistique ». La francophonie en deux concepts En réalité, la francophonie (usage) avec un f « minuscule » désigne aujourd’hui l’ensemble de ceux qui, à des degrés divers, utilisent la langue française. Alors qu’avec un F « majuscule », Francophonie (institution) évoque l’ensemble des institutions intergouvernementales ou gouvernementales qui utilisent le français dans leurs travaux, en particulier lorsqu’elles sont destinées à promouvoir l’usage du français et la propagation d’une culture francophone dans le monde. Aujourd’hui on peut définir la Francophonie comme un mouvement qui vise à transformer les liens linguistiques, culturels et historiques qui rapprochent certains peuples, dans un ensemble politique et économique plus large, et qui se traduit par la mise en place d’institutions et de programmes multilatéraux de coopération. On décèle facilement dans l’interstice de cette définition les visées économiques et au-delà géopolitique de la Francophonie. Il s’agit dans les faits de se positionner sur l’échiquier international en prenant-pied dans des espaces géoéconomiques bien déterminés, dans un contexte de mondialisation, face à des organisations comme le Commonwealth. Ainsi, l’espace géoéconomique acquiert une dimension géopolitique, diplomatique et géostratégique. La francophonie : une diversité Une diversité géographique qui regroupe plusieurs pays appartenant à tous les continents : Maghreb, Afrique noire, Océan Indien, Proche et Moyen-Orient, Asie, Europe, Pacifique, Amérique du Nord et du Sud. Une diversité politique : tous les types de régimes politiques, tous les niveaux de libertés, tous les degrés de laïcité. En d’autres termes, tous les pays membres de l’organisation de la Francophonie ne pratique pas tous les mêmes régimes politiques. En sont membres aussi des pays à régime que de pays à régime monarchique. Une diversité culturelle : d’où procède une richesse que mettent en avant les institutions de la Francophonie parce qu’elle favorise le dialogue des cultures pour éviter la globalisation qui est trop réductrice. Dans la plupart des pays membres de l’organisation de la Francophonie, le français côtoie d’autres langues et donc d’autres cultures. Dans ces conditions, l’un des fondements de l’organisation de la Francophonie est de prôner le dialogue des cultures. Le statut géopolitique de la francophonie La Francophonie doit beaucoup à l’ancien secrétaire perpétuel de l’Académie Française et ancien ministre de la culture, Maurice Druon. Il fut le premier à proposer, pour définir la francophonie, les termes d’« ensemble de ceux qui ont le français en partage », mais il est aussi le premier à déclarer « la Francophonie est une géopolitique ». L’essence même de la constitution de la Francophonie se retrouve dans cette définition fondatrice. Le français comme fondement de l’espace géopolitique En tant que langue première ou langue seconde, selon les cas, que partagent un nombre important de locuteurs, le français est le fondement essentiel de l’espace géopolitique francophone. Il est aussi le socle et le ferment de l’organisation de la Francophonie. Cette dimension géopolitique, la Francophonie l’acquiert avec la création le 20 mars 1970 de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), première organisation intergouvernementale francophone. Ainsi, la Francophonie a- t-elle pris place sur la scène internationale en tant qu’entité géopolitique. Mais ce statut n’a été reconnu qu’en 1986 avec la tenue à Paris du premier sommet des chefs d’Etats et de Gouvernement à Versailles. Le sommet de Versailles : le souffle nouveau Le 16 février 1986, le premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernements des pays ayant en commun l’usage de la langue française lui reconnaissent le statut de vecteur de développement économique et social. En effet, c’est le respect des autres cultures qui offre au français de réelles perspectives de développement à côté de ses qualités intrinsèques et des valeurs qu’il véhicule. Au sommet de Paris (Versailles) les chefs d’Etats inscrivent à l’ordre du jour des questions : politiques, économiques et de coopération culturelle. C’est ainsi que des programmes importants sont mis en place, faisant alors évoluer le contenu du premier projet de la Francophonie initié au départ par les pères fondateurs. Ce souffle nouveau donne à la Francophonie une visibilité internationale avec la mise en commun de ressources dans un fond multilatéral unique, la désignation d’opérateurs directs comme : ACCT, AUPELF-UREF, TV5. La francophonie acquiert une double dimension : Assurer la promotion de la langue et de la culture française, Construire un espace de coopération et de solidarité avec tous les peuples en soutenant les références culturelles communes et l’histoire partagée (dimension géopolitique et géostratégique). Avec la mise en place d’une politique de Promotion de l’action universaliste et humaniste, la Francophonie met en œuvre un vaste programme visant à développer en commun les langues et les cultures ainsi que des liens économiques et institutionnels. Il en résulte que le projet dans sa nouvelle configuration visait la mise en acte : d’un humanisme solidaire, du Co-développement, et enfin du respect des droits de l’homme et de liberté. Ces idées humanistes, qui ont valu à la France d’être désignée par l’expression « la patrie des droits de l’homme », reposent sur le prestige des valeurs que partagent les pères fondateurs de la Francophonie. L’ACCT, Agence de coopération Culturelle de la Francophonie L'Agence de coopération culturelle et technique est une organisation intergouvernementale de la Francophonie chargée d'intensifier la coopération culturelle et technique entre ses membres francophones. Avec l’ACCT, la coopération s’engage pour le compte de la Francophonie dans les domaines de la culture et de l’éducation. L'ACCT, créée en 1970 à la Conférence de Niamey (Niger) gère aujourd'hui le domaine de l'Organisation internationale de la francophonie sous le nom d’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Cette organisation intergouvernementale, qui est chargée d’intensifier la coopération culturelle et technique entre ses membres, intervient comme opérateur principal de la Francophonie dans les domaines suivants : éducation et formation (à l’exception de l’enseignement supérieur), Sciences et techniques (à l’exception de la recherche), agriculture, culture et communication (à l’exception de la télévision), droit (à l’exception de la démocratie locale), environnement et énergie. Tous les domaines exclus de la liste précédente relèvent de la compétence des autres opérateurs directs. uploads/Politique/ 6-france-et-francophonie.pdf
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- Publié le Apv 21, 2022
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