dossier pédagogique saison 2003-2004 de Molière mise en scène de Stéphane Braun

dossier pédagogique saison 2003-2004 de Molière mise en scène de Stéphane Braunschweig création de la troupe du TNS Durée Salle Bernard-Marie Koltès du 20 novembre au 20 décembre 2003 Contact TNS Patrick Lardy 03 88 24 88 47 06 61 40 66 91 (de 10h à 21h, merci…) public2@tns.fr Site internet : www.tns.fr un dossier réalisé par le TNS Le Misanthrope TNS / Saison 2003-2004 Dossier pédagogique 2 Le Misanthrope De Molière > Création de la troupe du TNS Mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig Collaboration artistique Anne-Françoise Benhamou Costumes Thibault Vancraenenbroeck Lumière Marion Hewlett Collaboration Lumière Patrice Lechevallier Assistanat à la mise en scène Pierre-Emmanuel Rousseau Avec par ordre d’apparition Claude Duparfait Alceste Thierry Paret Philinte Philippe Girard Oronte Maud Le Grévellec Célimène Pierre-Emmanuel Rousseau Basque Isabelle Olive Eliante ( jusqu’au 14 décembre) Claire Aveline Eliante (à partir du 16 décembre) Jean-Marc Eder Clitandre/ Du Bois Nicolas Pirson Acaste Hélène Schwaller Arsinoé Dates Du jeudi 20 novembre au samedi 20 décembre du mardi au samedi à 20h les dimanches 30 novembre et 14 décembre à 16h Relâche les lundis et les dimanches 23 novembre et 7 décembre Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation dimanche 14 décembre TNS / Saison 2003-2004 Dossier pédagogique 3 Résumé Acte 1 Dans le salon de Célimène, Alceste, le misanthrope, reproche à son ami Philinte sa complaisance et l'amabilité artificielle qu'il témoigne à tous ceux qu'il rencontre. Il plaide pour une sincérité absolue en toutes circonstances et critique avec véhémence l'hypocrisie et les politesses intéressées. Philinte s'étonne, qu'avec de tels principes, son ami puisse aimer la coquette Célimène. Sincère jusqu'au bout, Alceste avoue à son ami qu'il vient justement trouver Célimène pour avoir avec elle une discussion décisive. Surgit alors Oronte, un gentilhomme vaniteux venu consulter Alceste sur un sonnet dont il est l'auteur. Alceste se retient autant qu'il peut, mais après quelques tergiversations, il s'exprime avec une franchise brutale : ce sonnet ne vaut rien. Les deux hommes se fâchent. Acte 2 Alceste a un entretien houleux avec Célimène. Il lui reproche d'avoir de trop nombreux prétendants. Célimène l'assure de son amour… Et Alceste fait une crise de jalousie. Froissée, la jeune femme coupe court à l'entretien. Un valet annonce l'arrivée d'Acaste et de Clitandre, deux «petits marquis». Leurs médisances inspirent Célimène qui, se révélant femme du monde, dresse avec cruauté le portrait drolatique de plusieurs absents. Elle remporte donc un succès certain auprès des deux marquis ricaneurs et déclenche les foudres d’Alceste, qui se tournent vers… les deux importuns. Bafoué et ridicule, il est bien décidé à attendre le départ des marquis, mais un garde fait son apparition: la querelle avec Oronte s'envenime, Alceste est convoqué au tribunal des maréchaux. Acte 3 Acaste, satisfait de lui, confie à Clitandre la fierté qu'il éprouve de se sentir tant aimé de Célimène. Les deux hommes de Cour se découvrent ainsi rivaux tous deux sont convaincus de pouvoir en apporter rapidement la preuve. Ils s'engagent à être loyaux: celui qui le premier obtiendra une preuve décisive pourra exiger de l'autre qu'il se retire de la compétition. Célimène revient et on la prévient de l'arrivée de la prude Arsinoé. Avec une complicité faussement charitable, celle-ci informe Célimène de la fâcheuse réputation que suscite sa coquetterie. Célimène lui répond sur le même ton, en lui indiquant que sa pruderie et son austérité ne sont guère appréciées. Piquée au vif, Arsinoé bat en retraite et profite d'un tête-à-tête avec Alceste, qu'elle aime en secret, pour le détourner de sa rivale: elle lui promet de lui apporter la preuve de la trahison de la jeune femme. Acte 4 Éliante, cousine de Célimène, et Philinte discutent d'Alceste et évoquent son singulier caractère. Éliante avoue à Philinte qu'elle aime Alceste et Philinte lui avoue, que tout en respectant les sentiments qu'elle éprouve pour son ami, il espère qu'un jour elle l'aimera comme lui l'aime. Alceste, de son côté, est révolté par une lettre que Célimène a adressée à Oronte et qu'Arsinoé lui a montrée. Se croyant trahi par celle qu'il aime, il se tourne vers Éliante et lui demande de l'épouser. Célimène paraît. Elle subit les plaintes d’un Alceste furieux qui l'accuse de trahison mais elle parvient à retourner la situation à son avantage. La colère d'Alceste finit en déclaration d'amour. Leur réconciliation est interrompue par un valet qui vient chercher Alceste de toute urgence et l'informe des conséquences fâcheuses de son procès. Acte 5 Alors qu'il avait toutes les raisons de gagner son procès, Alceste l'a perdu. Cette fois, il décide de renoncer définitivement à la compagnie des hommes et souhaite avoir une dernière entrevue avec Célimène. Les petits marquis et Arsinoé entrent à leur tour dans la danse et accablent Célimène en donnant lecture de lettres reçues d’elle, grandement critiques pour chacun! Clitandre, Acaste et Oronte se retirent en criant haut leur mépris pour la coquette. Alceste, lui, accepte de lui pardonner, à condition qu'elle s'engage à le suivre… hors du monde. Célimène refuse. Alceste part seul, non sans avoir approuvé l'union d'Éliante et de Philinte. TNS / Saison 2003-2004 Dossier pédagogique 4 À mi-chemin des répétitions Quelques notes sur Le Misanthrope de Molière par Stéphane Braunschweig (septembre 2oo3) «Moi, votre ami? Rayez cela de vos papiers.» Le Misanthrope de Molière commence par une violente scène de rupture. Alceste s’estime trahi par son ami Philinte, qui vient de traiter en «ami» une vague connaissance. Comment Alceste pourrait-il désormais continuer à croire en la sincérité de Philinte à son propre égard? Tel un paranoïaque aux aguets, Alceste s’engouffre dans les vertiges du doute, du soupçon, de la méfiance, et c’est clairement dans une blessure narcissique que Molière ancre les grands discours moralistes d’Alceste sur la sincérité qu’on doit exiger en toute chose. Le désir de vérité d’Alceste traduit le désir de certitude qui hante son irrépressible et très impudique demande d’amour. Il n’en ira pas autrement avec Célimène: la jalousie maladive d’Alceste ne distingue pas les sexes. «Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre, Le fond de notre cœur, dans nos discours, se montre.» Ce n’est sans doute pas dans ses manifestations extérieures que l’hypocrisie est dangereuse, et les flatteries condamnées par Alceste comme les pires de tous les vices semblent bien inoffensives. C’est par tout ce qu’elle recèle. L’hypocrisie cache, elle dissimule. Elle laisse l’autre hors d’atteinte, elle construit son mystère, sa fuite, son échappée. Le secret est une torture pour le paranoïaque qui voit partout des masques. C’est pourquoi celui-ci n’a pas d’autre choix que de penser que le «fond du cœur» doit être toujours clair (pas d’ambivalence ou d’incertitude des sentiments, pas d’inconscient non plus) et que le «discours» est apte à l’énoncer, sans que jamais les mots puissent trahir les choses…Or cette aptitude quasi ontologique du langage à dire le vrai, cette transparence du langage que réclame Alceste, se heurte de plein fouet à cette langue d’alexandrins, qui oblige à rimer, à rythmer en douze pieds, et à tordre la syntaxe pour que rien n’en déborde. Alceste, sans le savoir, se débat dans cette langue qui nous apparaît déjà comme corruptrice de la pureté des sentiments, si tant est qu’elle existe. Mais Alceste veut y croire, aux sentiments purs, aux mots qui disent le vrai, et à son combat légitime contre toutes les corruptions. «Je n’y puis plus tenir, j’enrage, et mon dessein Est de rompre en visière à tout le genre humain.» Le dégoût d’Alceste pour tous les «vicieux» et tous les flatteurs de vicieux qui peuplent la cour de Louis XIV se traduit par une rage et une combativité qui le font se poser en champion unique de la vertu prêt à affronter rien moins que le genre humain tout entier. Évidemment le genre humain a pour lui les contours étroits de cette petite société aristocratique dont il fait lui-même partie, et l’on n’a pas vraiment l’impression qu’il ait les yeux ouverts sur le reste du monde. Et quand dans ses moments de découragement, il évoque son départ de la cour et sa fuite des salons, c’est un «désert» qu’il évoque. Entre la cour et le désert, rien qui vaille la peine. Le Misanthrope raconte les oscillations d’Alceste entre les hommes et le no man’s land, et les efforts de son entourage pour qu’il reste parmi eux, efforts pour le calmer lorsqu’il se rue dans la logique de l’affrontement, efforts pour nourrir sa combativité lorsqu’il se place dans la logique de la fuite. TNS / Saison 2003-2004 Dossier pédagogique 5 «Je prends, tout doucement, les hommes comme ils sont, J’accoutume mon âme à souffrir ce qu’ils font.» Le projet d’Alceste est de changer le monde, celui de Philinte de s’en accommoder. Ce qui les oppose n’est pas que le second trouverait les hommes meilleurs que le premier. Ils partagent au contraire une vision pessimiste du monde, mais tandis que le premier ne veut s’y résoudre, moins sans doute par amour de l’humanité que pour restructurer son narcissisme toujours menacé, le second – peut-être plus pessimiste encore et en uploads/Politique/ dossierpedagogique-20032004-lemisanthrope-pdf.pdf

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