1 Michel Schooyans Professeur émérite de l’Université de Louvain LA FACE CACHÉE
1 Michel Schooyans Professeur émérite de l’Université de Louvain LA FACE CACHÉE DE L’ONU Paris 2000 2 Ouvrages du même auteur O comunismo e o futuro da Igreja no Brasil, Herder, São Paulo, 1963. O desafio da secularização, Herder, São Paulo, 1968. Chrétienté en contestation : l’Amérique latine, Le Cerf, Paris, 1969. Destin du Brésil. La technocratie militaire et son idéologie, Duculot, Gembloux, 1973. La Provocation chinoise, Le Cerf, Paris, 1973. (Traduction italienne). L’Avortement, problème politique, Université catholique de Louvain, Département de Science politique, 1e éd. 1974 ; 2e éd. revue et augmentée, 1981. (Traductions italienne et anglaise). Demain, le Brésil ?, Le Cerf, Paris, 1977. (Traduction espagnole). Droits de l’homme et technocratie, CLD, Chambray-lès-Tours, 1982. Démocratie et libération chrétienne. Principes pour l’action politique, Lethielleux, Paris, 1986. Maîtrise de la vie, domination des hommes, Lethielleux, Paris, 1986. (Traductions brésilienne et anglaise). Théologie et libération. Questions disputées, Le Préambule, Longueuil, Québec, 1987. L’enjeu politique de l’avortement, 2e édition, l'OEIL, Paris, 1991. (Traductions espagnole, italienne, polonaise et brésilienne ; traduction russe en préparation). De « Rerum novarum » à « Centesimus annus », Conseil Pontifical Justice et Paix, Cité du Vatican, 1991. (Avec R. Aubert). (Traduction brésilienne). Initiation à l’Enseignement social de l’Église, L’Emmanuel, Paris, 1992. (Traductions espagnole, slovaque, italienne, anglaise et chinoise). Bioéthique et Population, Fayard, Paris, 1994. (Traductions espagnole, italienne, slovaque, anglaise, portugaise et allemande ; traduction chinoise en préparation). El imperialismo contraceptivo, ALAFA, Caracas, VHI, Miami, 1994. La Dérive totalitaire du libéralisme, 2e éd., Mame, Paris, 1995. (Traduction anglaise ; traductions italienne, espagnole et portugaise en préparation). Pour comprendre les évolutions démographiques, 2e éd., Université de Paris-Sorbonne, APRD, Paris, 1995. (Traduction espagnole). L’Évangile face au désordre mondial, 2e éd., Fayard, Paris, 1998. (Traductions anglaise et espagnole ; traduction italienne en préparation). Le crash démographique, Le Sarment-Fayard, Paris, 1999. (Traductions anglaise, allemande, portugaise, espagnole et italienne en préparation). 3 Liste des sigles AMI : Accord Multilatéral sur les Investissements CPI : Cour pénale internationale ECOSOC : Conseil économique et social des Nations Unies (New York) FAO : Food and Agricultural Organization (Rome) FNUAP: Fonds des Nations Unies pour la Population (New York) ILO : Organisation internationale du Travail (Genève) IPPF : International Planned Parenthood Federation (Londres) NAMBLA : North American Man/Boy Love Association OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique (Paris) OMS : Organisation mondiale de la santé (Genève) ONG : Organisations non gouvernementales ONU : Organisation des Nations Unies (New York) PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement (New York) UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (Paris) UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (New York) UNIDO : Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel 4 Introduction L’ONU et ses « Lumières » Toutes les grandes révolutions se sont faites contre le pouvoir absolu, arbitraire et tyrannique. Toutes se sont faites au nom de la dignité de l’homme, que des puissances despotiques bafouaient. Tous les grands documents déclarant les droits de l’homme sont le fruit d’une prise de conscience progressive de la dignité inaliénable de tous les hommes et tous, cependant, sont nés au prix de beaucoup de souffrances et de beaucoup de larmes. D’un despotisme à l’autre Ainsi, l’histoire moderne a connu le despotisme éclairé. Le despote prétendait avoir le privilège de jouir des lumières de la Raison, inaccessibles au commun des mortels. Sa volonté était la source de la loi. Son pouvoir était absolu : il n’avait point de compte à rendre au peuple. Héritières misérables de ces despotismes sont certaines dictatures dérisoires qui fleurissent à l’époque contemporaine. Elles règnent par la terreur simple, la corruption, la concentration de tous les pouvoirs, le cynisme et la brutalité. Despotisme précaire que celui-ci, puisqu’il peut à tout moment être renversé. Le despotisme survit aussi dans les régimes autoritaires. Dans ceux-ci, le « despote » — concrètement : un individu ou une minorité — a la hantise de sa sécurité face à un ennemi désigné. Quelques havres de liberté subsistent parfois dans la vie économique, plus rarement dans la vie intellectuelle et culturelle, mais il est interdit d’exprimer une quelconque opposition politique. Le régime autoritaire favorise l’hypocrisie : dans votre for intérieur, vous pouvez penser ce que vous voulez ; il suffit de ne pas être opposant, d’avoir l’échine souple. Bref, ce qui est requis c’est la soumission extérieure. Dictatoriaux ou autoritaires, ces régimes despotiques ne s’embarrassent guère de constructions idéologiques compliquées pour se justifier. Pourvu qu’ils aient la force, qu’ils ne regardent pas aux moyens, qu’ils n’hésitent pas à recourir à la 5 violence, qu’ils aient une police efficace, ils n’ont guère besoin de se fabriquer des légitimations. Toute coquetterie idéologique est ici pratiquement superflue. Au XXe siècle, le totalitarisme a poussé le despotisme classique — dictatorial ou autoritaire — à son point d’incandescence. Ce qui n’était que despotisme minable ou artisanal, et donc souvent éphémère, cède la place à un despotisme d’un professionnalisme haut de gamme. Les trois premiers totalitarismes du XXe siècle — communisme, fascisme, nazisme — ont dès à présent pris place au panthéon des classiques de la perversité. Bien sûr, on recueille les recettes du passé : abus de pouvoir en tout genre, violence, goulags, terreur, répression, suspicion, corruption, etc. Quelque chose de plus est cependant ajouté. Non un simple ingrédient supplémentaire, mais quelque chose d’essentiel. Le totalitarisme résulte du funeste concours, de la convergence entre la tendance quasi générale à accepter volontairement la servitude et l’offre de produits idéologiques du meilleur effet domesticateur. La dictature, l’autoritarisme : on les supporte, on s’y oppose ; le cas échéant, on s’insurge contre eux. Le totalitarisme, lui, anesthésie le moi, subjugue les corps, colonise les esprits et fait scintiller les charmes de l’esclavage consenti. L’idéologie est la drogue qui tue la capacité de discerner le vrai du faux, le bien du mal, et qui inocule un ersatz de vérité, habituellement sous forme d’utopie. Quels Droits de l’Homme ? Au terme d’une triple expérience totalitaire, les hommes ont eu la sagesse de se ressaisir. Ils ont posé la question essentielle : pourquoi ? Pourquoi tant de violence, de méchanceté, de larmes ? La réponse fut donnée en 1948 dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Pour éviter de tels désastres, les hommes devaient reconnaître qu’ils étaient tous égaux en dignité, qu’ils avaient tous les mêmes droits, et que ces droits devaient être promus et protégés par les États et par la Communauté internationale. C’est sur cette base que se trouvent définies la responsabilité de l’ONU en matière de droits de l’homme, ainsi que sa mission de paix et de développement. Il est cependant surprenant de constater que, depuis quelque cinquante ans, l’ONU s’est progressivement éloignée de l’esprit de ses origines et de la mission qui lui avait été confiée. Cette évolution s’est faite, en partie, sous l’influence de la Charte de San Francisco (1945). Parfois sur des points essentiels, mais trop rarement relevés, ce document fondateur de l’ONU diffère de la Déclaration de 1948. Pour faire bref : la Charte de 1945 doit beaucoup au positivisme juridique : seules valent les règles du droit positif, émanant de la volonté du législateur ; la Déclaration de 1948 se fonde, elle, sur des principes généraux reposant à leur tour sur la nature des choses. Ces principes, métajuridiques, sont connus par la raison et permettent de critiquer la loi positive. Sous l’influence de cette dualité d’inspiration, mais aussi sous celle de 6 nombreux autres facteurs, la Déclaration de 1948 tend imperceptiblement à être réduite à un document ringard et dépassé. Cette Déclaration, et les législations particulières que celle-ci a inspirées, sont de plus en plus coiffées par d’étranges « nouveaux droits de l’homme ». L’ONU et certaines de ses agences se comportent en effet de plus en plus ouvertement comme si elles avaient reçu mandat pour élaborer une conception des droits de l’homme radicalement différente de celle qui s’exprimait en 1948. La Déclaration universelle était anthropocentrique. Elle reconnaît qu’au centre du monde et au cœur du temps il y a l’homme, raisonnable, libre, responsable, capable de solidarité et d’amour. Désormais — selon l’ONU — l’homme est une parcelle éphémère dans le cosmos. Il n’est plus au cœur d’un temps ouvert à un au- delà ; il est le produit d’une évolution ; il est fait pour la mort. Il n’est plus une personne, mais un individu plus ou moins utile et en quête de plaisirs. Les hommes ne sont plus capables de reconnaître la vérité et d’y accorder leur conduite ; ils négocient, décident selon une arithmétique des intérêts et des jouissances. Triomphe éphémère de consensus toujours renégociables et dès lors perpétuellement en sursis. Telle est la source principale des soi-disant « nouveaux droits de l’homme ». Ils ne sont plus reconnus ou déclarés ; ils sont négociés ou imposés. Marchandés. Ils sont l’expression de la volonté des plus forts. Les valeurs elles-mêmes sont le simple reflet des préférences, de la fréquence des choix. L’idéologie nouvelle qui sous-tend ces soi-disant « nouveaux droits » est holistique. Tout uploads/Politique/ la-face-cachee-de-l-onu-mgr-schooyans.pdf
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- Publié le Jan 06, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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