LE PEN CONTRE LE FN › Jacques BOMPARD › LE PEN CONTRE LE FN › Jacques BOMPARD ›

LE PEN CONTRE LE FN › Jacques BOMPARD › LE PEN CONTRE LE FN › Jacques BOMPARD › PRÉAMBULE J’aurais préféré que ce livre ne paraisse jamais. L’enfermer à jamais au fond d’un tiroir aurait voulu dire que le Front national était un mouvement où l’on peut parler, débattre, s’affronter avant de se retrouver sur l’essentiel. Hélas, cette vision de la politique n’est pas celle des plus hautes instances du Front. Ces dernières ont obtenu mon exclusion d’un mouvement que j’ai servi loyalement durant trente trois années. Cette exclusion me donne une liberté totale, m’accorde un droit de m’exprimer ne souffrant plus d’aucune restriction. Je dirai même que cette liberté nouvelle implique un devoir de témoigner. Car si ceux qui ont vécu au cœur du Front national se taisent, qui parlera ? J’entends dire, ici, mes vérités. Dans l’intérêt du mouvement national au sens le plus large. A chacun de me lire et de me comprendre, ou pas, selon sa propre expérience. Contrairement à certains, je ne souhaite pas parler du Front national ou de monsieur Le Pen jusqu’à la fin des temps. Une page se tourne et ce livre est aussi une façon d’écrire le mot «fin» au bas de celle-ci. Il est divisé en deux parties. La première, la plus longue, a été écrite dans les semaines précédant mon exclusion. Elle me semble essentielle pour com- prendre l’histoire du Front national depuis dix ans. On y trouvera également une critique positive de son organisation ainsi que des propositions que je crois valables pour toute organisation politique rebelle au système en place et que nous appliquons le plus possible à l’Esprit Public. La seconde, beaucoup plus brève, écrite dans le mois suivant mon exclu- sion, est tournée vers l’avenir. Elle présente et explique mes choix. Toutes les deux cependant ont un point commun. Elles sont écrites par un combattant politique qui n’a d’autre objectif que le service le plus efficace possible de la France et de la civilisation européenne. 5 INTRODUCTION L A politique fut une noble activité. Les choses de la cité, le sort commun, la vie d’un peuple, autant de préoccupations élevées qui, de la cité antique à la cité de Dieu, don- nèrent naissance à des littératures, à des systèmes, à des mythes, et modelèrent l’his- toire de l’Europe, puis du monde. Hier respecté ou détesté, craint ou aimé, discuté ou admis, le politique apparaissait comme le sommet d’où tout partait et où tout revenait. Il n’en est plus rien. Le politique a abandonné sa prééminence. Désormais, l’économie, l’idéologie économiste commandent au monde. Le politique s’est transformé en un rouage administratif, destiné à traduire en application sociale les besoins du Marché. Bien logiquement, car il n’était plus utile, l’homme politique a disparu. Les fortes person- nalités, les caractères puissants ont laissé place à cette pâte molle qu’on appelle le politi- cien moderne. Ils peuplent tous les partis du Système, et même parfois au-delà. Leur durée limite de consommation citoyenne est variable et dépasse rarement cinq ans chez les ministres. Et que dire de la grande majorité de ceux qui devaient régner sur notre avenir ? Exit en 2005, les Barre de 1988, les Balladur de 1995, les Madelin de 2001, les Juppé, les Léotard, les Rocard, etc… Dans leurs moeurs, par leurs origines, à cause de leur absence d’idéal, ces politiciens sont interchangeables, un peu comme doivent l’être des domestiques. Seule leur livrée change de couleur, rouge sang des communistes, rose chamarré d’or et d’argent des socialistes, bleu gris terne pour les Gaullistes et leur bâtarde descendance, mais, au final, cet arc-en- ciel de servilité obéit au même maître. Ils savent parfaitement que leur ambition dépend de leur docilité aux médias, lesquelles ne sont que l’expression tarifée des puissances de l’Argent. On aimerait pouvoir dire que ces politiciens vivent l’échine cassée, mais les vers ont-ils une colonne ? Ces politiciens ne deviennent mammifères que pour hurler avec les loups, après les maudits du Système, ceux qui ne pensent pas droit, ceux qui pensent tout court malgré les efforts conjoints de la télévision et du ministère de l’Education républi- caine. Les politiciens se gardent bien, eux, de penser. Ils concentrent tous leurs efforts pour dire différemment la même chose. Ces politiciens sont méprisés. Peu de citoyens ont confiance en eux. Pourtant, ils recueil- lent encore nombre de suffrages. Un peu comme ces émissions de télé-réalité, que tout le monde s’accorde à trouver débilitantes, mais qui rassemblent chaque soir des millions de téléspectateurs. Face à eux, il n’existe depuis trente ans qu’un seul mouvement d’opposition, qu’une seule force alternative. Ce mouvement est aisé à reconnaître. Il est différent de tous les autres. Il ne comporte dans ses rangs aucun ministre, aucun député ayant volé les Français, aucun président de la République, aucun maire ayant mis les mains dans les caisses publiques. 6 Son cas est donc grave. Un tel mouvement est un vrai danger pour la démocratie. Il ne peut être qu’un parti antirépublicain. Il doit être combattu en conséquence. Il est devenu le bouc émissaire et le deus ex machina de la vie politicienne. Ne parlez pas de l’immigration, sinon vous faites son jeu. Votez pour un pourri, mais pour un pourri républicain, votez pour un voleur, mais pour un voleur citoyen, votez pour une authentique crapule, mais votez pour elle ! Pas une voix pour le camp du Mal Absolu. Ce mouvement craint par toute la classe politicienne et que les médias ont appris aux Français à haïr, c’est, bien sûr, le Front national. J’y appartiens depuis les premiers temps de sa fondation. Je l’ai connu petit groupuscule de quelques centaines de militants, dispersés aux quatre coins de la France, sans argent, sans crédit, inconnu de tous, déployant de vains efforts dans l’indifférence totale d’une France encore bien portante. Porté sur les fonts baptis- maux par Ordre Nouveau en 1972, l’enfant a survécu à son parrain. En 1979, Simone Veil invectivait démocratiquement Jean-Marie Le Pen, lui intimant l’ordre de se taire car «vous ne représentez qu’1% des gens». En 2002, avec 17% des suffrages, le mot d’ordre reste le même : le Front national doit se taire ! Mais à l’indifférence des années 70 a succédé le mensonge. En toute impunité, le Système peut utiliser ses armes de désinformation mas- sive, sans rencontrer la moindre réticence intellectuelle, dans la majorité de la population française. Pendant de longues années, notamment celles suivant la percée des Municipales de Dreux en 1983 et les Européennes de 1984, le Front national a été une redoutable machine poli- tique et militante. Les plus anciens s’en souviennent : entre 1984 et 1988, tout semble possible. Sans doute car tout est encore possible… A partir des années 90, le Front natio- nal se stabilise, c’est-à-dire qu’il ne progresse plus. A l’intérieur, il est organisé de telle manière qu’une bonne partie des énergies des cadres sert à surveiller, contenir et contrer les initiatives de tel ou tel considéré comme un rival. Face à Jean-Pierre Stirbois, le prési- dent du Front national favorise l’ascension de Bruno Mégret. Pour tenir compagnie à Mégret, Bruno Gollnish prend du galon. Mégret parti, Marine Le Pen apparaît pour contrebalancer Bruno Gollnish. Pendant ce temps, le président arbitre. Longtemps, comme la plupart des responsables du Front national, je me suis tu. Au nom d’un intérêt général de plus en plus difficile à cerner, j’ai gardé pour moi mes inquiétudes, j’ai cultivé mon jardin électoral. Mais cette attitude ne peut avoir qu’un temps. Le Front national n’est pas un jeu vidéo. Le combat pour la France, une partie virtuelle. Hier, je me taisais au nom de l’intérêt du mouvement, je crois qu’aujourd’hui, c’est pour le Front national qu’il faut parler. Il y en a assez de ce mouvement où l’on étouffe ! Fondé par des hommes libres, le Front national doit redevenir un mouvement où l’on se sent libre, pas une organisation dont près de la moitié des membres du Bureau politique se taisent de 7 peur de perdre leur emploi, pas un mouvement où la lettre d’un adhérent de base criti- quant le président est transmise, illico, à ce même président qui convoque aussitôt une commission de discipline pour punir dans la foulée, pas un mouvement dont la presse interne s’autocensure pour échapper, sans toujours y parvenir, à la seule censure du Président. Le Front national est devenu le château de la Belle au Bois Dormant. A ceci près qu’on y attend non le réveil d’une princesse mais qu’un président consente à laisser sa place. Alors que jamais les réalités quotidiennes n’ont autant donné raison au Front national, ce mou- vement est incapable de capitaliser les intérêts électoraux de trente ans de combat. Moins d’adhérents, ô combien moins de militants, moins de cadres, beaucoup moins d’élus régionaux et municipaux. Que reste-il ? Le baromètre des sondages qui, invariablement, hors élections, gratifie le Front national d’une promesse de 10 à 13%. Guère plus, rare- ment moins. Encore s’agit-il moins d’un vote d’adhésion qu’un cri d’exaspération, un signe de désespoir. Pour certains, uploads/Politique/ le-pen-contre-le-front-national-jacques-bompard.pdf

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