165 CHAPITRE 10 Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démo
165 CHAPITRE 10 Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? I. Présentation du chapitre Ce chapitre est le seul chapitre de science politique à proprement parler du programme de terminale. Il inter- vient après quatre chapitres de sociologie consacrés respectivement à la stratification, à l’école, à la mobilité sociale et à la question du travail. Dans le programme, ce chapitre est articulé autour de quatre grands axes. → →1er AXE Il s’agit de montrer que l’engagement politique peut prendre des formes variées. L ’idée centrale est de montrer que l’engagement politique ne se résume pas à l’engage- ment dans la politique. Si rejoindre un parti politique ou voter sont bien des formes d’engagement privilégiées, d’autres actions peuvent aussi être interprétées comme telles (y compris des actions qui peuvent sembler plus individuelles, comme la consommation engagée). Cet axe ne contient pas vraiment de référence explicite à la socio- logie politique, il est principalement descriptif. → →2e AXE Il faut expliquer ce que l’action collective peut avoir de paradoxal. En effet, si les individus raisonnent tous en « passagers clandestins », alors il ne devrait pas y avoir d’action collective ! C’est la conclusion célèbre des travaux de Mancur Olson dans les années 1960. Mais la sociologie politique a depuis longtemps montré comment on pouvait dépasser ce paradoxe, en mobi- lisant à la fois une analyse utilitariste (les incitations sélectives) et une autre plus symbolique (rétributions de différentes natures). → →3e AXE Il s’agit ici de s’intéresser à quelques déterminants de l’action collective mis en avant par la sociologie politique. La difficulté réside dans le fait qu’il est difficile d’asso- cier des types d’engagement politique à des variables en particulier : ainsi, l’appartenance à une classe sociale défavorisée peut jouer dans deux sens opposés sur le niveau d’engagement. Il importe donc de montrer que, selon l’époque et le contexte, certaines variables peuvent se révéler déterminantes ou non. Il faut donc éviter de « naturaliser » les constats qui peuvent être faits (sur les différences de comportements politiques entre hommes et femmes par exemple), mais essayer de comprendre pour quelles raisons cette variable pourrait jouer un rôle. → →4e AXE Il faut là aussi montrer que l’action collective peut prendre des formes diverses, et qu’elle a changé de forme au cours du temps. Le programme nous invite à étudier à la fois les objets de l’action collective, les acteurs et les répertoires. Cela représente un ensemble très vaste. Dans certains cas il faut donc se contenter de montrer la diversité des formes de l’action collective (par exemple sur les acteurs), et à d’autres moments il faut insister sur les transformations. La partie consa- crée aux objets de l’action collective semble ici adopter une approche dynamique, avec le terme de « nouveaux enjeux de mobilisation » et celui de luttes minoritaires, apparus relativement récemment. Le terme de lutte minoritaire est difficile à appréhender, car il ne fait pas l’objet d’une définition stabilisée. Le choix fait ici est de le prendre dans son sens « numérique » (des individus qui forment des groupes minoritaires sur le plan quan- titatif). La diversité des répertoires fait appel au concept de « répertoire d’action collective ». II. La mise en œuvre du programme dans le chapitre La page de sensibilisation montre que l’engagement politique des jeunes peut prendre des formes encoura- gées par l’institution scolaire (semaine de l’engagement lycéen) et d’autres qui sont en contradiction avec celle-ci (blocage d’un lycée). Elle invite à comprendre qu’il existe de nombreuses manières de s’engager. La vidéo permet d’évoquer un mode d’action des jeunes prisé en 2019, les « marches pour le climat ». Les quatre axes du programme sont ensuite déclinés en trois dossiers, car les deux premiers axes peuvent facilement être combinés, le premier axe étant princi- palement descriptif. Le premier dossier présente les différentes formes d’engagement politique à partir d’un exemple, celui de l’engagement en faveur de l’écologie, puis il explique le paradoxe de l’action collective et les manières de le surmonter en utilisant les résultats classiques de la sociologie politique. Le deuxième dossier revient sur le rôle des variables sociodémographiques. On distingue d’abord l’effet de la catégorie socioprofessionnelle et du niveau de diplôme, puis celui de l’âge et de la génération en prenant soin de les distinguer, puis celui du genre. Le troisième dossier expose les transformations de l’ac- tion collective. Il commence par différents acteurs dont le rôle dans les actions collectives est déterminant, puis il revient sur l’évolution des objets de l’action collec- tive (c’est-à-dire les raisons qui poussent les gens à se mobiliser), et enfin il évoque la diversité des répertoires d’action collective. CHAPITRE 10 Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? Manuel p. 286-313 166 III. Corrigés PAGES D’OUVERTURE p. 287-288 1. Certains lycéens s’engagent parfois dans des actions de ce type pour exprimer leur mécontentement, le plus souvent par rapport à des décisions politiques prises par les pouvoirs publics et qui concernent les jeunes (réforme du lycée, mise en place de la sélection à l’université...). Les lycéens mécontents peuvent aussi organiser des manifestations, faire signer des péti- tions, s’exprimer sur les réseaux sociaux, rejoindre des syndicats lycéens, militer dans des associations, ou bien encore voter par exemple pour ceux qui ont plus de 18 ans. 2. L’Éducation Nationale organise un tel évènement pour inciter les lycéens à investir les espaces qui leur sont dédiés : conseil de vie lycéenne, conseil d’adminis- tration, etc. Le but est d’inciter les lycéens à participer aux décisions au sein de l’établissement. Ceux qui se présentent à des élections au sein du lycée le font pour différentes raisons : désir d’améliorer la vie au sein du lycée, mais aussi désir de reconnaissance sociale ou bien encore tout simplement désir de prendre la parole pour représenter son groupe. 3. On peut tenir deux points de vue différents sur ces actions : soit on considère qu’elles montrent la mobilisa- tion des jeunes, ce qui pourrait obliger les gouvernements à agir en faveur du climat, soit on considère qu’elles sont surtout symboliques, et qu’elles ne vont pas avoir beau- coup d’influence sur les décideurs politiques. DOSSIER 1 Comment et pourquoi les individuss’engagent-ils ? p. 288-293 A. Les multiples formes de l’engagement politique : l’exemple de l’écologie Doc. 1 Le vote comme forme d’engagement Le document 1 montre que le vote est une manière d’exprimer des valeurs politiques et de participer aux décisions politiques. 1. Les électeurs du parti animaliste défendent principa- lement la cause des animaux, l’arrêt de la souffrance animale et la mise en place de droits pour les animaux. Ils sont donc opposés à la chasse, à l’élevage intensif ou bien encore à la corrida. 2. Oui, ces personnes pourraient aussi choisir de rejoindre des associations qui militent contre l’élevage intensif par exemple, ou bien d’autres qui recueillent les animaux en détresse. Ils pourraient aussi cesser de consommer de la viande qui provient de l’élevage industriel par exemple. 3. Ils ont décidé de voter pour ce parti car c’est le seul qui propose un programme correspondant à leurs convic- tions personnelles. Ils accusent les autres partis de ne pas prêter suffisamment attention à la cause animale. 4. Cela peut tout de même être pertinent, car cela permet de créer un débat public autour de certaines revendications du parti. Ce débat public peut ensuite aboutir ou non à des prises de décisions politiques. On appelle parfois cela un « vote de conviction ». Doc. 2 Le militantisme, un engagement plus poussé Le document 2 montre des militants en train de parti- ciper à une marche pour le climat 5. Les personnes qui tiennent la banderole verte appar- tiennent manifestement au même parti politique, à savoir Europe Écologie les Verts (EELV). 6. Ces personnes manifestent pour demander à l’État de prendre des mesures plus importantes pour lutter contre le réchauffement climatique. Elles espèrent, par leur action, contraindre l’État à s’engager plus radica- lement. 7. En dehors de la participation à des manifestations, les militants des partis politiques peuvent réaliser de nombreuses activités : participer à l’élaboration du programme du parti, élire les représentants du parti, faire campagne lors des élections (tracts, affiches), organiser des débats, faire signer des pétitions... 8. Un tel engagement prend souvent beaucoup de temps et d’énergie : les militants vont assister régulièrement à des réunions en dehors de leurs horaires de travail, ils s’informent, ils essaient de convaincre leur entourage du bien-fondé de leurs idées... BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE : Voici quelques ressources susceptibles de compléter et enrichir les informations présentes dans les documents du chapitre : - - Xavier Crettiez et alii, Introduction à la science politique, Armand Colin, 2018. - - Anne-Cécile Douillet, Sociologie politique, coll. « Cursus », Armand Colin, 2017. - - Olivier Fillieule et alii, Dictionnaire des mouvements sociaux, Presses de Sciences Po, 2020. - - Philippe Braud, Sociologie politique, L.G.D.J, 2018. - - Site The conversation, onglet « politique+société » (https://theconversation.com/fr/politique) 167 CHAPITRE 10 Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? Doc. 3 L uploads/Politique/ pdf-ses-tle-ldp10-pdf 2 .pdf
Documents similaires
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 23, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1536MB