Dissertation : « Peut-on se passer de religion ? » Corrigé [Introduction] [Accr

Dissertation : « Peut-on se passer de religion ? » Corrigé [Introduction] [Accroche :] Les plus grandes religions survivent aux générations, elles permettent aux sociétés de se donner des fondements, une tradition, à travers le temps. Dans ces sociétés, et même si les hommes n’en ont pas toujours conscience, les religions dirigent en partie leurs pratiques et représentations. A considérer la société actuelle, toutefois, il est difficile de ne pas constater un affaiblissement de la religion. En effet, un Etat laïc permet une liberté de croyance, qu’on ne songe guère à remettre en cause ; l’athéisme, en tant négation de l’existence de Dieu, est aujourd’hui habituel. S’agit-il d’un état d’exception ou d’une tendance irréversible ? [Annonce et reformulation du sujet :] Peut-on se passer de religion ? L’homme, considéré individuellement ou socialement, peut-il vraiment vivre sans rites et sans dogmes ? [problématique :] Est-il concevable de se dispenser des pratiques et croyances qui ont occupé l’humanité depuis son origine ? Est-ce même souhaitable : si l’on parvient à se dispenser de toute religion, peut-on vivre de manière tout à fait humaine ? Il est difficile de voir clair dans ces questions, tant qu’on n’a pas suffisamment bien compris pourquoi la religion peut, d’une part, être rejetée par l’homme, alors que, d’autre part, elle a toujours prétendu répondre à ses aspirations les plus profondes. [Plan :] Pour répondre, il faudra d’abord dégager ce qui permet à l’homme de refuser les croyances propres à la religion. Par la suite, il s’agira de montrer dans quelle mesure la foi est nécessaire à l’homme, même si cette foi est illusoire, et même si elle n’est pas tout à fait religieuse. Enfin, nous pourrons déterminer le rôle moral et social que la religion est amenée à jouer et si cela peut être véritablement indispensable à l’homme. [Enjeu :] Ce sera l’occasion de mieux saisir ce que l’on attend de la religion, ce qu’elle attend de nous, et, par là-même, de pouvoir comprendre ce qui peut animer la vie de tant d’hommes, y compris de ceux dont les croyances et les pratiques sont tout à fait éloignées des nôtres. [I – l’homme peut se passer des croyances religieuses, parce qu’elles sont illusoires] [La religion est devenue une affaire privée] Quelle est la place des grandes religions dans un pays comme la France ? Depuis 1905, nous distinguons l’Eglise et l’Etat. Il ne s’agit pas d’interdire la religion mais de la restreindre au domaine privé : les citoyens peuvent adopter n’importe quelle croyance s’ils le veulent et ont la liberté de culte. Il est aussi possible de ne choisir aucune religion. C’est le cas des personnes qui se considèrent athées ou agnostiques, et qui se passent visiblement de religion. Elles peuvent, étant athées, refuser nettement l’existence d’un Dieu, quel qu’il soit, ou tout simplement considérer, comme les agnostiques, que ce type de question est tout à fait indécidable et ne mérite pas vraiment qu’on partage les dogmes d’une Eglise. Quoi qu’il en soit, une personne athée ou agnostique se dispense des 1 dogmes et des pratiques obligatoires que toute religion comprend. Leur conception de la religion, plus ou moins critique, plus ou moins indifférente, est aujourd’hui complètement admise. On peut même se demander si le refus de la religion n’est pas plus évident que sa justification. Encore faut-il comprendre en quoi consiste ce refus. [La science remet en cause les croyances religieuses] Comment est-il possible de se dispenser des pratiques et des croyances religieuses ? Après tout, la grande majorité des cultures comprennent une religion. Pourquoi, historiquement, l’homme moderne a-t-il délaissé la religion ? Parmi les nombreuses raisons que l’on peut alléguer, les progrès de la science jouent ici un rôle important. Les croyances religieuses s’appuient en effet sur une croyance impérative en une réalité transcendante, que l’homme ne peut atteindre même s’il souhaite toujours s’élever vers elle. En tant que telles, des croyances de ce type ne peuvent être prouvées. Or, l’homme moderne se fie de plus en plus en la science, qui s’appuie sur l’observation, l’expérimentation et la raison. La science a produit des découvertes qui ont modifié de fond en comble la manière qu’avaient les hommes de se représenter le monde et l’univers. Les connaissances auxquelles la science a abouti ne concordaient pas toujours avec les dogmes des religions en place. Jusqu’à Copernic et Galilée, l’idée selon laquelle la terre est centre de l’univers était commune et soutenue par l’Eglise catholique, qui a refusé l’idée inverse, héliocentrique, que prouvait pourtant la science. Aujourd’hui, on a tendance à interpréter les catastrophes naturelles, les tremblements de terre par exemple, beaucoup moins comme des événements surnaturels que comme des conséquences, en partie prévisibles, de causes tout à fait naturelles. C’est pourquoi nous nous tournons plus spontanément vers un scientifique que vers un prêtre, quand il s’agit de comprendre le monde naturel et l’univers. [Le rejet de la religion comme illusion] Il est une autre raison qui peut justifier le rejet de la religion. Celle-ci impose des rituels et dogmes à ses fidèles, autrement dit elle les contraint à agir et à penser d’une manière bien déterminée. Pour des individus qui appartiennent à une société qui met en avant la liberté personnelle, ces contraintes apparaissent généralement insoutenables. L’individu préfère déterminer lui-même la manière dont il doit agir et penser. L’athéisme peut alors tout à fait se concevoir non seulement comme le rejet de l’existence de Dieu, mais aussi comme le refus de se conformer, sans réflexion préalable, à des pratiques et des représentations qu’il n’a pas choisies. Ce que l’athée refuse alors, c’est la domination d’une Eglise, et ce qu’il met en avant, c’est sa propre liberté pratique et intellectuelle. Ainsi, quand Marx juge qu’il faut se défaire de la religion, c’est pour promouvoir la liberté des peuples à se déterminer eux-mêmes. Il estime en effet que la religion a toujours été un outil au service de la domination du peuple par les puissants. Les illusions qu’elle fabrique, dans cet ordre d’idée, servent à contenir et à dominer la population. Si la religion répond bien à un besoin, celui de l’amélioration des conditions de vie, elle le fait d’une manière inacceptable, puisqu’elle reporte la résolution de la misère des hommes en un autre temps et en autre lieu, dont l’existence n’est pas garantie. Si l’on doit souffrir 2 toute une vie pour s’acheter une place au paradis, et que celui-ci n’existe pas, la souffrance a été vaine, et apparaît plus odieuse que jamais. C’est pourquoi il apparaît indispensable, pour Marx, de se passer de religion. Mais est-ce seulement possible ? Marx écrit : « le fondement de la critique irréligieuse est : c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. » (Critique de la philosophie du droit de Hegel) La conséquence est directe : dans la mesure où c’est l’homme qui fait la religion, il doit pouvoir s’en passer, en trouvant de meilleurs moyens pour répondre à sa condition misérable. Il peut et il doit parvenir à se passer d’une illusion aliénante, qu’il a lui-même forgée mais par laquelle il s’ôte sa propre liberté. [Transition] Le rejet de la religion est le rejet d’une illusion qui est irrationnelle et aliénante. Pourtant, si la religion est une illusion, c’est une illusion particulièrement solide, qui ne se dissipe pas aussi facilement qu’on peut le penser. Comment comprendre que les hommes ne parviennent pas si facilement à se détacher de sa dépendance ? [II – La foi, illusoire ou non, s’impose nécessairement à l’homme] [La religion répond à un désir nécessaire même s’il est illusoire.] On peut interpréter la religion comme un phénomène qui s’appuie sur des illusions, c’est- à-dire des représentations trompeuses, qui plaisent ou qui font peur, mais qui ne correspondent à rien de réel. Le problème, c’est que ce type d’illusion, si c’en est, dure depuis si longtemps qu’on doit supposer qu’il doit s’appuyer sur un besoin ou un désir fondamental pour l’homme. C’est ce qu’exprime Freud en montrant, dans L’avenir d’une illusion, que la religion ne s’appuie pas sur des erreurs, mais bien sur des illusions, au sens propre. D’un côté, il y a l’erreur, que l’on rejette dès qu’on en reconnaît la fausseté : si j’ai mal traité un problème de mathématiques et que je m’aperçois des erreurs que j’ai faites, je sais qu’il me faudra éviter de les reproduire. De l’autre côté, il y a l’illusion, qui peut bien apparaître fausse, mais qu’on ne parvient pas à rejeter pour autant. L’illusion, en effet, répond à des désirs qui sont si puissants qu’ils ne nécessitent pas vraiment la confirmation de la réalité. Ainsi, la jeune femme qui a rêvé, autrefois, étant petite fille, qu’elle rencontrerait le « prince charmant » sait bien que celui-ci n’existe pas, mais son comportement, ses attentes et, au bout du compte, ses désirs, seront dirigés par l’espoir de la rencontre avec un tel être. Pour Freud, il se passe un phénomène similaire pour la croyance religieuse : le croyant n’a pas besoin d’avoir la preuve uploads/Religion/ 01-religion-corrige-dissertation-def-peut-on-se-passer-de-religion.pdf

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  • Publié le Jul 30, 2022
  • Catégorie Religion
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