Ch. Picard Bengt Hemberg. Die Kabiren In: Revue de l'histoire des religions, to

Ch. Picard Bengt Hemberg. Die Kabiren In: Revue de l'histoire des religions, tome 142 n°2, 1952. pp. 219-229. Citer ce document / Cite this document : Picard Ch. Bengt Hemberg. Die Kabiren. In: Revue de l'histoire des religions, tome 142 n°2, 1952. pp. 219-229. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1952_num_142_2_5912 ANALYSES ET COMPTES RENDUS 219 d'autant plus essentiel que nous n'avons que des hypothèses ou des présomptions sur les autres. La traduction de Geldner, de toute façon, viendra aider la reprise du travail d'exégèse comparative qu'il n'a pas voulu faire en utilisant l'Avesta et de celui qu'il avait amorcé jadis avec Pischel en remontant le cours de la tradition sanskrite. Les pages 405-418 du dernier volume contiennent : C. R. Lanman, Henry Clark Warren (1854-1899)... a brief Memorial. J. Fiixiozat. Bengt Hemberg, Die Kabiren, Uppsala, 1950 ; Almqvist et Wiksell, in-8°, 420 p., 4 cartes. J'ai toujours cru, pour ma part, à la possibilité de consacrer aux Cabires une étude scientifique qui ne fût pas imprécise, et le temps semble lointain, déjà, où ils paraissaient ne pas « fournir à l'exégèse une matière solide » (F. Chapouthier, Les Dioscures, 1935, Avant- propos, p. i-ii). Depuis que ces vaines craintes avaient été exprimées, la mission K. Lehmann en 1937-1939 a trouvé et dégagé à Samothrace au N. du temenos le plus ancien complexe de bâtiments sacrés, avec par-dessous, un « palais ». L'équipe italienne de Lemnos a découvert aussi un Cabirion local. Nous pouvons enfin bénéficier du début de la publication des fouilles du Cabirion de Thèbes, et commencer à espérer connaître ses annexes. Il y a eu des travaux, plus ou moins hardis, consacrés à tenter d'élucider le problème général des Cabires, — ces mal connus (Goethe, Faust, II, 8075-8077) plutôt qu'inconnus — situés, semblait-il, aux frontières religieuses de deux mondes, l'asia tique et le grec. On conçoit que M. B. H. se soit senti encouragé à revenir vers eux dans une monographie docte et patiente, où il aura, comme on aime à dire, « fait le point » pour les lacunes, les erreurs, et même les faits exacts. C'est un travail préliminaire ingrat, mais précieux. Il a le désavantage d'arriver au moment même où l'on finit de fouiller à Samothrace, et où, à Thèbes, on va continuer. La prudence est une des bonnes qualités de l'A. Il ne s'est guère décidé, en cette dissertation inaugurale si soigneuse, qu'avec des précautions de militaire en campagne sur une terre étrangère, assu rant tous ses postes, et même tous ses pas. Il ne cède et ne concède, la plupart du temps, qu'à coup sûr ; il refoule le litigieux, l'incertain, et tout ce qui dépasse le cadre. Il y a sept chapitres, et six complé ments. Le but, dès le début, c'est de constituer un inventaire aussi détaillé et complet que possible de tous les sites antiques, où l'on a mentionné autrefois, soit les Cabires, soit les divinités rapprochées d'eux, parfois confondues avec eux, des temps premiers de l'histoire religieuse antique à nos jours. Rendons hommage à cet effort de discrimination : il était louable et il a été bien mené. Il fallait que la tâche fût faite, car déjà Него- 220 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS dote et d'autres avaient tendu à trop généraliser l'emploi d'un nom resté, au contraire, très spécial pour les fidèles du paganisme. Il y a peu à reprendre (cf. ci-après, nos remarques) aux répertoires constitués, et qui répondent à la majeure partie du travail. Les résultats se matérialisent sur quatre cartes où l'on peut lire, d'un regard synthétique, les amplitudes et les limites de différents domaines religieux : celui des Megaloi Theoi (p. 130) ; celui des Cabires pro prement dits (p. 210) ; celui des Samothrakes theoi (p. 238) ; celui enfln des « associés étrangers », comme on aimerait à dire : Courètes, Dioscures, Telchines, Anakes, et de nouveau, avec eux, les génies en cause, les Cabires (p. 354). Tout cela est très méthodique et expressif, sauf quelques rectifications possibles. Nous apprenons, p. ex., que les Megaloi Theoi, parfois Megistoi, et qui sont tantôt des Iheoi, tantôt des daimones, nous sont connus trente-sept fois, entre la mer Noire et la première cataracte du Nil, entre Action et Ter- messos, d'Ouest en Est, tout autour de l'Archipel avec une densité maximum ; bien plus clairsemés, les Cabires n'ont fourni que vingt ment ions : il n'y en a pas pour le Péloponnèse et l'Attique, ni en Egypte, d'ailleurs. Voilà déjà un résultat assez clair. Les Samothrakes theoi n'ont pas gîté en Grèce propre, mais ils sont présents sur toute la côte Est du Pont-Euxin, et d'Amphipolis au Bosphore, dans les îles de l'Archipel, sur la côte d'Asie Mineure et même assez loin à l'inté rieur ; en Egypte. A s'en tenir à l'enseignement des répertoires, on voit combien l'auteur a eu raison d'être circonspect : les Cabires attestés ne sont guère les plus nombreux. Pour chaque installation, l'enquête a été établie d'après la numismatique, les textes, l'épigra- phie, les monuments figurés1. Il est donné, chaque fois, avec une bibliographie, l'état des découvertes archéologiques, des publications. N'eût-on à remercier l'auteur que pour ce travail de carte religieuse — qu'on souhaiterait tant voir établir aussi au bénéfice de tous les autres cultes grecs — notre reconnaissance serait durable. Or, ГА. ajoute ici, dès maintenant, une enquête sur l'iconographie des dieux Cabires, de leurs actions rituelles, etc., sur tout ce qu'on avait tant hésité à entreprendre avant lui. Que penser d'abord des dieux ? Le nom de Cabires, Cabarnes, n'est guère, semble-t-il, qu'une appellation plutôt littéraire, et qui n'a pas pris l'avantage. A Samothrace (p. 51-131), où les fouilles de la mission américaine permettent maintenant de faire remonter les • origines du culte jusqu'au vne s. av. J.-C, le nom même de Cabires n'est pas attesté épigraphiquement, fait significatif ! Au moment où le culte est devenu panhellénique, d'autre part, c'est-à-dire à partir du iie s. av. J.-C, et jusqu'à la fin de l'Empire romain, on ne parle à peu près que des Samothrakes theoi. Le cas de Délos est spécial (p. 141-145) et ne doit point être allégué sans précautions, car à 1) On regrette du moins qu'aucun de ceux-ci ne soit ici jamais reproduit. ANALYSES ET COMPTES RENDUS 221 Délos, les dieux samothraciens — assimilés aux Dioscures à l'époque amphictyonique — se sont vraisemblablement agrégés à des Cabires plus anciens, qui pouvaient n'être pas d'origine samothracienne1. A Thèbes (p. 184-205) — où l'on distingue quatre périodes de construc tion sans qu'il existe, malheureusement, un point de départ bien établi — le mot Cabires est, il est vrai, le plus usuel. On considérera que les conclusions de l'auteur (p. 33-49), restent, du moins, fondées. Sur ce qu'étaient les « grands » ou « très grands » dieux du groupe cabirique, le travail de M. B. H. fait apparaître une évidence dont les travaux hardis, obscurs parfois, mais souvent perspicaces de M. K. Kerényi auraient pu déjà nous avertir2. La principale entité était d'abord une déesse-mère, à la manière des cultes préhelléniques, et cette grande déesse — Mère des dieux — s'apparentait, ainsi que les textes nous le montrent, à Rhéa, à Cybèle, à la Déméter Éleusinienne, à Aphrodite même ; il y a eu une Aphrodite dite Zéryn- thienne, dont Vépiclésis évoque la forme du nom (préhellénique) du Gynthe, et aussi un lieu de culte samothracien3. Nous devinons ainsi une des raisons de l'apparentement des Cabires avec les Telchines et les Courètes, en Crète, à Rhodes, à Êphèse, etc. ; nous compre nons mieux que le vieux mythe de la hiérogamie Cretoise, associant la déesse agraire au laboureur Jasion, ait revécu dans une tradition dérivée qui le plaçait à Samothrace. On notera encore que les cultes samothraciens ont un Pais, analogue à celui qui, dans le groupe d'ivoire de Mycènes trouvé par M. A. J. B. Wace, joue le rôle de Parapaizôn près des « Deux déesses ». Or, ce petit personnage est l'un de ceux qu'on remarque déjà, semble-t-il, sur les vases « samo thraciens » archaïques, comme à Lemnos : il approche là la Déesse- mère, derrière un meneur de jeu, peut-être Axiokersos = Hadès4, danseur et musicien, comme lui ; ou bien, on le voit, sur les skythoi à figures noires {Ath. Mill. 13, p. 412, pi. 9 sqq.), prophylactiques et caricaturaux, du Cabirion thébain (ive s.), assister à la dérobée à des embrassades ; un Pratolaos, autre « enfant », est peut-être en rapport avec Miios (semen virile?). En tout cas, l'attention peut se reporter efficacement désormais sur la glose d'Hésychius qui mentionnait l'équivalence xépoTjç = у°Ф-ос. Les hiérogamies préhellé niques sont cette fois encore au point de départ d'un culte énigma- tique, sur lequel l'aspect orientalisant n'est posé, de loin, que comme 1) F. Robert reprendra la question dans son étude, en cours de publication sur le Dioskoureion délien de la côte Ouest; cf. déjà R. Vallois, Architecture... Délos, p. 81 sqq. 2) Notamment : Die Geburt der Helena, 1945. 3) Cf., à l'Appendice III, la lettre uploads/Religion/ book-rev-hemberg-die-kabiren.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jan 11, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.9292MB