1 COMMENTAIRE DE LA LETTRE AUX HÉBREUX EXORDE : DIEU NOUS A PARLÉ... : 1, 1-4 C
1 COMMENTAIRE DE LA LETTRE AUX HÉBREUX EXORDE : DIEU NOUS A PARLÉ... : 1, 1-4 Cet exorde est un condensé de l'Histoire du Salut. Dieu a parlé à bien des reprises par le ministère de ses serviteurs les prophètes (2 R 17, 13 ; Zc 1, 6), et de bien des manières, en paroles, en son- ges, par des événements, des visions, à nos pères, les croyants de la première Alliance. à la suite de ces jours : après le temps des prophètes, mais dans leur continuité. Mis à part le ces, cette locution se trouve dans l'Ancien Testament, par exemple en Jr 23, 20, ~ymiêY"h; ‘tyrIx]a;(B., evpV evsca,- tou tw/n h`merw/n. Les traductions habituelles donnent à cette expression un sens correspondant aux temps messianiques depuis l'incarnation du Verbe jusqu'au retour glorieux du Christ, qui la rap- proche de 2 Tm 3, 1, Jc 5, 3, 1 P 1, 5.20, 2 P 3, 31. nous a parlé par un Fils : est souligné avant tout ici la plus grande dignité du médiateur entre Dieu et les hommes par rapport aux prophètes souvent désignés comme « serviteurs » (2 R 9, 7 ; 17, 13). L'article indéfini un étonne au point que certains lui ont substitué un le (BOT) ou encore un son (La Pléiade). Il faut pourtant le conserver car, d'après l'Ancien Testament, les anges, dont il va être ques- tion juste après, sont eux aussi appelés « fils de Dieu » (Dt 32, 43 ; Jb 1, 6) et exercent un ministère auprès des hommes (He 1, 14). Mais l'auteur veut souligner combien la filiation de ce Fils est sans égale, ce qu'il va développer en He 1, 5-14. qu'il a établi héritier de toutes choses : la supériorité de ce Fils de Dieu sur les anges est d'abord marquée par le caractère universel de la seigneurie qu'il a reçu de Dieu en tant qu'homme. On pense bien sûr aux paroles de Jésus en Mt 28, 18 : « Toute autorité m'a été donnée au ciel et sur la terre ». par qui aussi il a fait les mondes (Cf. Sg 13, 9) : la supériorité de ce Fils de Dieu est encore souli- gnée par le rôle unique qu'il a joué dans la réalisation de la création, rôle qui l'assimile à la Sagesse de Dieu, « ouvrière de toutes choses », pa,ntwn tecni/tij (Sg 7, 21), « resplendissement, avpau,gasma, de la lumière éternelle » (Sg 7, 26), et qui révèle sa nature incréée, sa nature divine. portant toutes choses par la parole de sa puissance : autre rapprochement entre ce Fils et la Sa- gesse puisque celle-ci est assimilée à la Parole de Dieu en Sg 9, 1-2. Non seulement, ce Fils est Créateur, mais il est Providence avec son Père. L'unité de nature et la distinction des personnes du Père et du Fils sont fortement suggérées par ces versets. après avoir fait la purification des péchés : évocation discrète de l'Incarnation, de la Passion et de la Résurrection et du caractère sacerdotal (cf. rôle du Grand Prêtre : Lv 16, 30) de ce Fils-Sagesse. s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs : glorification auprès de Dieu de l'humanité de ce Fils avec une allusion au Ps 110, 1 (cf. 1, 13 ; 8, 1 ; 10, 12 ; 12, 2). Les anges ne sont plus les mieux qualifiés pour servir la médiation entre Dieu et les hommes, car le nom, celui de « Fils » (He 1, 5) et de « Prêtre-principal » (He 9, 11), reçu par ce Fils, fait de lui l'incomparable médiateur. L'auteur précise dans les hauteurs : les rois siégeaient à droite de Dieu, c'est-à-dire à droite du Temple de Jérusalem ; Jésus, lui, siège dans les cieux (He 8, 1), position évidente de supériorité aus- si sur les anges, qu'on ne représente jamais assis en présence de Dieu, mais debout (Is 6, 2 ; Tb 12, 15). 1 BOT : « en cette fin des jours » ; BJ : « en ces jours qui sont les derniers » ; Segond : « dans ces derniers temps » ; Crampon : « dans ces derniers temps » ; La Pléiade : « dans les jours derniers » ; TOB : « en la période finale où nous sommes » avec en note : « Litt. à la fin des jours que voici [...] En ajoutant que voici , l'auteur affirme que la période finale est désormais présente ; le Christ l'a inaugurée » ; Liturgie : « dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes ». La traduction de Chouraqui se rapproche de celle proposée ici : « aux derniers de ces jours ». 2 I – SITUATION DU CHRIST : 1, 5 – 2, 18 a) Exposé dogmatique : le Christ par rapport à Dieu et aux anges : 1, 5-14 L'exorde avait abouti à la contemplation de la gloire actuelle du Fils de Dieu. Désormais donc, l'au- teur parle du Fils glorifié (cf. He 2, 9) en faisant appel à divers textes de l'Ancien Testament (7 cita- tions dont 5 du psautier [He 1, 1.5.6.7.13]) : ➢ Proclamation du nom de Fils (He 1, 5) en appliquant le Ps 2, 7 et 2 Sm 7, 14 (oracle de Na- tan à David qui va susciter l'attente du Messie, fils de David, fils de Dieu) à Jésus ressuscité et glorifié (Ac 4, 25-27 ; 13, 33). ➢ Le Fils est supérieur aux anges qui ne sont en définitive que des serviteurs (He 1, 6-7). Utili- sation de Dt 32, 43 et du Ps 97, 72 (LXX) en appliquant au Fils ce verset que l'Ancien Testa- ment appliquait au Seigneur. C'est dire la nature divine de ce Fils. Utilisation du Ps 104, 4 (LXX) pour montrer que les anges ne sont que des serviteurs3 ; c'est un psaume de création car les anges ne sont que des créatures. ➢ L'entrée du premier-né dans le monde signifie l'entrée du Fils dans la gloire après sa résur- rection d'entre les morts, son entrée dans la nouvelle création au moment de sa glorification (He 2, 5). Par sa résurrection, ce Fils est le premier-né (Ps 89, 28) d'entre les morts (Col 1, 18 ; Ap 1, 5) et de la nouvelle création (Rm 8, 29 ; Col 1, 15). Les anges se prosternent devant lui comme devant Dieu. Les chrétiens, dès les origines, avaient conscience de la divi- nité du Christ. Ils se savaient en relation avec le Christ glorieux siégeant auprès de Dieu. ➢ Intronisation du Fils (He 1, 8-9). Utilisation du Ps 45, 7, psaume messianique. Le Fils est du côté du Créateur, est appelé Dieu et règne pour l'éternité. L’œuvre de la création lui est attri- buée. Les anges sont des messagers, le Fils est roi. Le v. 9 exprime l'apothéose du Christ à l'Ascension, sa récompense pour l’œuvre de salut (Ac 2, 36), sa consécration comme roi su- prême ; mais le voilà pourquoi peut aussi indiquer la cause finale, « comme si l’Apôtre disait : afin que vous possédiez ce que nous avons dit, c’est-à-dire un trône éternel, un sceptre d’équité, etc..., Dieu, pour qu’il en soit ainsi, vous a oint d’une huile, c’est-à-dire de cette huile de sanctifi- cation » (S. Thomas). Les associés, me,tocoi, doivent être compris ici comme les anges. ➢ Pouvoir du Fils sur l'univers depuis la création jusqu'au jugement final (He 1, 10-12). Cita- tion du Ps 102, 26-28 qui exprime l’œuvre créatrice de Dieu et judicative à la fin du monde. ➢ Position privilégiée du Fils-roi (He 1, 13) par rapport aux anges-serviteurs (He 1, 6-7.14). Le Fils est mieux qualifié qu'eux pour être médiateur du fait de sa proximité-égalité avec Dieu. Les ennemis peuvent être compris comme tout ce qui empêche les hommes de parve- nir au salut (He 2, 8). Les anges sont des esprits liturgiques, destinés-à-servir (He 1, 14) ; sous un chef, ils exercent une fonction cultuelle d'adoration et de louange, et sont au service du salut de l'homme dispensé par Dieu en son Fils, auteur du salut (He 2, 10) ; ils disposent les hommes à recevoir ce salut. b) Exhortation : appel à mieux accueillir l'annonce du salut : 2, 1-4 De la contemplation du Christ Dieu et Roi supérieur aux anges, découle une exigence de vie sainte. Un raisonnement a fortiori renforce cet appel. La tradition juive attribuait à des anges la promulga- tion de la Loi au Sinaï (Ac 7, 38-53 ; Ga 3, 19). Toute désobéissance comporte un châtiment, d'au- tant plus sévère qu'elle a lieu vis-à-vis d'une personne plus haute en dignité (Dt 13, 7-12). Les verset 3-4 soulignent la tradition apostolique appuyée par des manifestations surnaturelles (Mc 16, 20) et des distributions de charismes (1 Co 12, 4.11). 2 Cf. aussi Dt 32, 43b (LXX) où le Vaticanus porte a;ggeloi qeou/ tandis que l'Alexandrinus a ui`oi. qeou/. 3 Un seul verset pour les anges (He 1, uploads/Religion/ commentaire-de-la-lettre-aux-hebreux.pdf