1 LES FÊTES DE LA SAINT JEAN Traditions, rituels et résurgences des fêtes de la

1 LES FÊTES DE LA SAINT JEAN Traditions, rituels et résurgences des fêtes de la Saint Jean et du solstice d'été 1. Descriptif – définition de la Saint Jean Les fêtes de la Saint Jean répondent aux grands principes des rituels saisonniers permettant d'entrer en communion avec les forces naturelles et spirituelles que l'Homme interroge depuis la nuit des temps lui permettant « d'apprivoiser » les cycles de vie et de mort. La Saint Jean, suivant les lectures que nous pouvons en faire, s'organise autour de quelques grands principes que Nadine Cretin dans son ouvrage « Fêtes et traditions occidentales1 » nous expose de la manière suivante : C'est une « fête d’extérieur », ayant souvent lieu dans un espace public où tous les membres peuvent se retrouver (au centre d'un village et/ou dans un lieu en hauteur la plupart du temps), une « fête sociale » permettant à la communauté « de se rassembler, de se retrouver, de fraterniser », « fête protectrice », permettant la purification et la protection des récoltes et des Hommes, « fête expiatrice » elle permet d’attirer les faveurs ou la clémence de « l'invisible », « fête magique », donnant vertus et pouvoirs particuliers aux éléments auxquels elle fait honneur. Mais la fête de la Saint Jean est également une fête spirituelle permettant la conscience qu'après la croissance (printemps) vient la décroissance (automne), et que la vie réside dans l'équilibre fondamental entre les forces naturelles, humaines et sacrées. 2. Période calendaire La Saint Jean d’été est proche du jour du solstice. C’est le moment où la Terre présente son pôle nord au soleil et cache son pôle sud. Le solstice d’été correspond ainsi au jour le plus long de l’année et la nuit la plus courte (dans l’hémisphère nord). Dans le calendrier cet événement tombe le 21 ou 22 juin et signale le début de l’été. Inversement pour le solstice d'hiver, qui représente le jour le plus court et la nuit la plus longue annonçant par là même le début de l’hiver (21 ou 22 décembre). Cependant la Saint Jean d’été est communément fêtée le 24 juin. « Les deux Saint-Jean partagent l'an, un jour bien court, l'autre bien long. » 1 Source : Fêtes et traditions occidentales (Nadine Cretin, 1999, PUF) 2 http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/solstice.xml 3. Origines de la Saint Jean La Saint Jean d’été est une tradition ancestrale célébrée par de nombreuses civilisations. L'origine de cette pratique est liée au culte du soleil. Du fait de sa position symbolique qui détermine le moment où les jours commencent à raccourcir le lendemain du solstice d'été, la Saint-Jean est l'objet d'importantes manifestations. Les rites solsticiaux réunissent des gestes communautaires et propitiatoires : feux rituels, cueillette d'herbes et de plantes, baignade rituelle, pratiques magiques. Il semble que l'origine de cette célébration provienne de cultes celtes et germaniques. Mais en Syrie et en Phénicie le solstice donnait lieu également à une grande fête en l'honneur de Tammuz2. Dans leurs recherches, les Amis de Viuz-Faverges3 avancent : « Il y a trois mille ans (et probablement bien avant encore), les Celtes célébraient déjà la lumière de cette manière; leur habitude d'allumer des brasiers sur les sommets se perpétue, par exemple, dans la fête nationale suisse. Selon Pline l'Ancien, les Romains eux aussi fêtaient le solstice d'été par de grands brasiers; en Ligurie, où au moins deux montagnes portent le nom d'un dieu solaire, la tradition s'est perpétuée de façon quasi ininterrompue depuis la nuit des temps. (…) » Les peuples de Russie et de l'est célébraient la Saint Jean en hommage à Yvan Koupalo, le dieu du soleil, de la réincarnation et de la purification. 2 Tammuz ou Tammouz chez les Babyloniens ou Dumuzi chez les Sumériens est le dieu de la végétation, symbole de la mort et de la renaissance de la Nature. Chaque année il meurt pendant l'été et il est entraîné vers les Enfers par les génies Gallas. Alors la sécheresse et la désolation règne sur terre. Mais Ishtar, son épouse, ira le chercher aux Enfers 3 La Société d’Histoire et d’Archéologie des Amis de Viuz-Faverges est une association loi 1901 créée par quelques passionnés en 1972. Son but est la recherche et la diffusion de connaissances archéologiques et historiques sur le territoire du Pays de Faverges de la Préhistoire à nos jours. 3 L'église catholique a ensuite christianisé les pratiques païennes en remplaçant les dieux païens par des Saints et en interdisant les baignades nocturnes et les pratiques à caractères magiques. Ainsi au Ve siècle la France catholique a subrogé la célébration de Koupalo par la Saint-Jean-Baptiste. Dans la religion chrétienne, Jean-Baptiste est le cousin de Jésus. Il baptisait les gens dans le fleuve Jourdain en annonçant l'arrivée du royaume de Dieu. Le choix de l’église de remplacer la fête de Koupalo par la Saint Jean n’est pas anodin, car en slave Yvan signifie Jean et Koupalo la baignade. « La naissance du Christ est fêtée au solstice d'hiver (le 24 décembre, le jour le plus court de l'année; on y brûle par ailleurs une bûche de Noël, qui ne manque pas de rappeler le feu de joie du solstice d'été...) Saint Augustin, dans un sermon précise : "À la naissance du Christ le jour grandit, tandis qu'à la naissance du précurseur (Saint-Jean Baptiste), dernier prophète, il diminue". » Il est à noter que dans le symbolisme romain les fêtes solsticiales nous renvoient à Janus. C'est le dieu des portes (de janua, « porte » en latin) car il gardait les portes du ciel et du domaine des Dieux. Il est représenté avec deux visages, l'un tourné vers le passé et l'autre tourné vers le futur. En effet, Janus regarde en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil en pointant ainsi la Saint-Jean d'hiver (Jean l'Évangéliste fêté le 27 décembre) et la Saint-Jean d'été (Jean le Baptiste fêté le 24 juin). Janus est le dieu des commencements et des fins, des choix, des clés et des portes. Avec la clé d'or il ouvre ou ferme la voie ascendante vers la lumière ou la connaissance spirituelle, et avec la clé d'argent il ouvre ou ferme la voie descendante vers l'obscurité ou l'ignorance (spirituelle). Les clés font de Janus le dieu de l'initiation aux “mystères”. Le moment de la Saint Jean d’été est associé à la porte des Hommes, celle qui donne accès aux « petits mystères » (en opposition à la porte des dieux qui ouvre sur les grands mystères au moment de la Saint Jean d’hiver). Cette porte ouvre la voie à l'état proprement humain. 4. Les fêtes de la Saint Jean en France et en Catalogne En France on peut noter des variantes régionales dans la façon de célébrer le solstice comme l’indique Marie-Odile Mergnac4 : « En Poitou, pour célébrer la Saint-Jean, on entoure d'un bourrelet de paille une roue de charrette ; on allume le bourrelet avec un cierge bénit, puis l'on promène la roue enflammée à travers les campagnes, 4 Marie-Odile Mergnac- historienne et généalogiste française, auteure de « Petite histoire de nos Fêtes en France ». 4 qu'elle fertilise (…) Ici, les traces du druidisme sont évidentes cette roue qui brûle est une image du disque du soleil, dont le passage féconde les terres. Le long de la Loire, les mariniers qui fêtent la Saint-Jean allument aussi des feux de joie, sur lesquels ils font une Matelote (ndlr : plat traditionnel). Cet acte domestique semble rappeler le renouvellement des feux de ménage à l'ancienne fête de solstice. Que faisait-on autour du feu ? Dans l’Oise, les mamans tournaient trois fois autour avec leur nouveau-né dans les bras pour lui porter chance. En Bresse, quatorze fois “pour être assuré de ne jamais avoir mal aux reins”. Dans la Creuse, on en faisait le tour neuf fois si on voulait trouver femme ou mari. “Aussitôt que les flammes pétillaient, tous les assistants, jeunes et vieux, se prenaient par la main et se mettaient à danser des rondes autour de la jônée. Les jeunes filles surtout se livraient à cet exercice avec beaucoup d’entrain, car elles savaient qu’en dansant ainsi neuf fois autour des feux de la Saint-Jean, elles se marieraient infailliblement dans l’année. Les rites magiques autour des feux de Saint-Jean : Des superstitions et croyances magiques étaient liées à ces feux de joie. Dans la Creuse et le Poitou, on jetait des pierres dans le brasier pour les récupérer ensuite et les placer dans les champs de raves : plus grosses étaient les pierres, plus grosses seraient les raves! En Touraine, en Limousin ou dans le Haut-Poitou, on y jetait des pierres marquées d’une croix pour que “la bonne Vierge vienne s’asseoir sur la plus jolie des ces pierres, de sorte que le lendemain on y voit de ses beaux cheveux d’or”. À Metz, on faisait brûler des bouquets d’armoise pour éviter les maux de reins des moissons. Pour obtenir le même résultat, on pouvait dans certaines régions se faire balancer au-dessus du feu. Dans uploads/Religion/ fete-de-la-saint-jean 1 .pdf

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  • Publié le Nov 24, 2021
  • Catégorie Religion
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