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L'Hérésie asiate et l'Église confessante. De l'Apocalypse àIgnace Author(s): P.

L'Hérésie asiate et l'Église confessante. De l'Apocalypse àIgnace Author(s): P. Prigent Source: Vigiliae Christianae, Vol. 31, No. 1 (Mar., 1977), pp. 1-22 Published by: BRILL Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1583654 . Accessed: 22/07/2013 15:48 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . BRILL is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Vigiliae Christianae. http://www.jstor.org This content downloaded from 78.155.22.44 on Mon, 22 Jul 2013 15:48:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions Vigiliae Christianae 31, 1-22; C North-Holland Publishing Company 1977 L'HERESIE ASIATE ET L'EGLISE CONFESSANTE DE L'APOCALYPSE A IGNACE PAR P. PRIGENT Les Lettres aux Eglises (Apoc. 2-3) combattent des heresies qui menacent la puret6 de l'Eglise vers la fin du premier siecle. Parmi les h6r6tiques vises, certains portent le nom de Nicolaites (Apoc. 2,6. 15). Les renseignement fournis par ces deux chapitres de l'Apocalypse sont pauvres et d'inter- pr6tation souvent delicate du fait meme de leur brievete. Ce qui amene a penser qu'il n'est peut-etre pas de trop mauvaise methode de commencer par interroger un autre ensemble de documents, relatif lui aussi 'a des problkmes d'heresie dans la meme region d'Asie, bien qu'il soit posterieur de quelques annees aI l'Apocalypse. II s'agit des Lettres d'Ignace. Ce corpus, beaucoup plus important que le recueil des Lettres apocalyp- tiques, permet en effet une etude plus ais6e et des resultats plus stirs. I1 y aura lieu de comparer les conclusions tirees de l'6tude des deux collections epistolaires en se gardant cependant de tout rapprochement hatif et donc imprudent entre les situations respectives. Un troisieme groupe de documents viendra complkter nos connaissances et donner plus d'assises aux conclusions: les notices consacrees par les heresiologues aux Nicolaites. LES HERItTIQUES D'IGNACE Les grandes etudes consacr6es ' Ignace a la fin du si6cle dernier' concluaient que les heretiques vises dans ses Lettres ne forment qu'une seule famille malgr6 l'apparente incompatibilit6 qu'il y a entre deux attitudes qui leur sont reproch6es: ils sont doc6tes et judaisent. Telle est aussi, malgr6 des reserves et des precautions, la position de W. Bauer.2 1 Cf. Th.Zahn, Ignatius von Antiochien (Gotha 1873) 386s., J.B.Lightfoot, The Apostolic Fathers, II,1 (London 1885) 359ss., et E.von der Goltz, Ignatius von Antiochien als Christ und Theologe, T.U. 12,3 (Leipzig 1894) 81 s. 2 Die Briefe des Ignatius von Antiochia und der Polykarpbrief (Tiibingen 1920) 238-340, et Rechtglaubigkeit und Ketzerei im iiltesten Christentum (Tiibingen 1934) 92s. This content downloaded from 78.155.22.44 on Mon, 22 Jul 2013 15:48:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 2 P. PRIGENT Mais les etudes ulterieures distinguent le plus souvent deux heresies qui, si elles ne sont pas imputables 'a des groupes nettement identifiables, forment au moins des tendances tout a fait s6par6es l'une de l'autre. L'offensive judaisante est particulibrement virulente a Magn6sie et ' Philadelphie: seules les Lettres aux Eglises de ces deux villes contiennent de claires allusions a cette forme d'h6r6sie; le danger docete menace surtout les communaut6s des autres villes. Comme ce sont aI les deux fronts sur lesquels Ignace se sent attaqu6, il n'est pas 6tonnant, dit-on, que ses r6pliques a un ennemi contiennent 6galement une pointe plus sp6cifiquement dirigee contre le second.3 Il faut avouer que cette argu- mentation ne parvient pas a refuter d'une maniere convainquante les arguments contraires d6j~i avanc6s par Zahn et Lightfoot. E. Molland' le remarque fort justement et tente une nouvelle formulation de l'ancienne d6monstration. En voici les grandes lignes: Les chapitres 8 I 11 de la Lettre aux Magn6siens montrent clairement que, dans l'esprit d'Ignace, le doc6tisme et la tendance judaisante sont ins6parables. Cette conjonction n'est impensable que pour autant qu'on suppose la situation identique "a celle qu'a connue l'ap6tre Paul en Galatie 60 ans plus tit. Mais les judaisants d'Ignace n'ont pas grand chose de commun avec les opposants de Paul: ils ne demandent meme pas qu'on se fasse circoncire,4a et si le reproche peut leur etre fait de sabbatiser (Magn. 9,1), le mot pourrait bien signifier <<vivre a la juive, au nom de principes juifs>> et s'opposer ainsi au christianisme qu'Ignace veut d6celer de6j chez les prophetes de 1'Ancient Testament.5 On peut donc comprendre que ces h6r6tiques en appellent a 3 Ainsi M. Goguel, Les Nicolaites, Revue de l'Histoire des Religions 58 (1937) 32s., H.W. Bartsch, Gnostisches Gut und Gemeindetradition bei Ignatius von Antiochen (Giitersloh 1940) 34ss., et tout r6cemment V. Corwin, St Ignatius and Christianity in Antioch (New Haven 1960) 52ss., R.M. Grant, La gnose et les origines chretiennes (Paris 1964) 152, et H. Kraft, Die Offenbarung des Johannes (Tiibingen 1974) 87-94. 4 The Heretics combatted by Ignatius of Antioch, The Journal of Ecclesiastical History 5 (1954) 1-6. 4a On sait que les 6crits Pseudo-clementins attestent l'existence d'une forme de Jud6o-christianisme, plus ou moins marque de gnose, qui remplace la circoncision par le bapteme. Cf. par ex. E. Molland, La circoncision, le baptime et l'autorit6 du decret apostolique (Actes XV, 28 sq.) dans les milieux jud6o-chr6tiens des Pseudo-Cl6mentines, Studia Theologica 9 (1955) 1-39. V. Corwin, o.c., 61-63, rapproche des doctrines judaisantes combattues par Ignace quelques-unes des grandes affirmations ess6niennes susceptibles d'avoir p6netre dans l'Eglise chr6tienne. 5 Au premier abord cette interpretation du verbe <<sabbatiser > peut surprendre. I1 n'est donc sans doute pas inutile de pousser plus loin l'enquate. Justin (Dial. 12,3) reproche aux Juifs de ne respecter que la lettre du commandement relatif au sabbat, alors que l'intention de Dieu 6tait que l'homme sabbatise constamment, c'est-a-dire qu'il cesse non plus d'agir un jour, mais de mal agir chaque jour. This content downloaded from 78.155.22.44 on Mon, 22 Jul 2013 15:48:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions L'HERESIE ASIATE ET L'tGLISE CONFESSANTE 3 l'Ancient Testament dont ils invoquent l'autorit6 a l'appui de leur christologie. Ce faisant ils juda'isent, alors que les prophetes dont ils se reclament 6taient des temoins du Christ, puisqu'ils l'attendaient et souffraient pour lui. Le fameux texte de Philad. 8,2 ne signifie pas autre chose: ces her6tiques refusent de croire en la passion du Christ et demandent qu'on leur apporte la preuve scripturaire que ces souffrances messianiques 6taient veritable- ment proph6tisees. Ignace a produit quelques textes, mais ses opposants n'ont pas 6t6 convaincus. II abandonne alors cette argumentation qui ne lui est pas familiere pour invoquer la seule autorit6 incontestable a ses yeux: Jesus-Christ crucifi6, mort et ressuscit6. Quant aux consequences qu'il en tire, nous en reparlerons bient6t. Sous cette forme la demonstration est int6ressante.5a Si nous la re- prenons a frais nouveaux, ce n'est pas qu'elle nous semble insuffisante, mais parce qu'on peut esp6rer la mener jusqu'a de nouveaux r6sultats. Nous allons relever dans les Lettres oiu l'h6r6sie vis6e est, de l'aveu de tous, une gnose doc6te, tous les renseignements que nous pouvons glaner. En regard nous interrogerons les Lettres aux Magn6siens et aux Philadel- phiens. II faudra bien reconnaitre alors que les traits pr6c6demment relev6s s'y retrouvent la plupart du temps et d'une manikre 6tonamment semblable. - Ces her6tiques se disent chretiens (Eph. 7,1; 14,2). Ignace lui-mrme reconnait qu'ils rel6vent encore du ministere pastoral de l'6veque (Polyc. 2,1). Voila pourquoi Ignace a pu les connaitre personnellement lors de son sejour a Smyrne (Smyr. 5,3). I1 est interessant de remarquer que la meme acception du mot se retrouve dans un 6crit marqu6 ' la fois de Jud6o-christianisme et de gnose, l'Evangile selon Thomas dont le logion 27 promet, en deux propositions paralleles, a qui jefine au monde de trouver le royaume, et ' qui sabbatise le sabbat de voir le PWre. Quoique le mot manque, l'id6e se trouve pr6cis6e de maniere discursive dans la Pistis Sophia (C.Schmidt, GCS 45, 140,8ss., 160,17, 161,8ss., 164,27, 165-166). Dans ces textes il est question de renoncer au monde et a la matikre. De longues 6num6rations litaniques 6numerent les vices auxquels il faut renoncer, autrement dit les pens6es et actions pour lesquelles il faut <ch6mer>>. Nous avons l1 des indices qui montrent que certains milieux gnostiques entendaient garder des commandements de la loi juive, quitte a les prendre dans une acception nouvelle. Voild pourquoi il ne nous parait pas sage de nous rallier sans hesitation aA l'explication traditionnelle et d'affirmer que les h6retiques vis6s dans la Lettre d'Ignace aux Magn6siens enseignaient Ai respecter le sabbat des Juifs. 5a L. W. Barnard aboutit Ai des conclusions assez comparables dans son etude The Background of St. Ignatius of Antioch, Vigiliae Christianae 17 (1963) 193-206. This content downloaded from 78.155.22.44 on Mon, 22 Jul 2013 15:48:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 4 P. PRIGENT Dans Magn. 4 il est question de gens qui portent le nom de chretiens mais qui ne le sont pas vraiment. - Ils peuvent faire illusion et sembler entierement dignes de uploads/Religion/ l-x27-heresie-asiate-et-l-x27-eglise-confessante-de-l-x27-apocalypse-a-ignace.pdf