Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle : MOLIÈRE, Le Malade Imaginaire, 1673
Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle : MOLIÈRE, Le Malade Imaginaire, 1673 PARCOURS ASSOCIÉ : Spectacle et comédie ŒUVRE INTÉGRALE LECTURE LINÉAIRE Acte II scène 5 : Monsieur Diafoirus, Thomas Diafoirus, Argan, Angélique, Cléante, Toinette Lecture linéaire lignes 1 à 23 : tirade de Monsieur Diafoirus Situation du passage : Monsieur Diafoirus, médecin, présente son fils Thomas à Argan. Il s'agit de la présentation officielle : Argan veut que sa fille Angélique épouse Diafoirus . Dans une longue tirade, le père chante les louanges de son fils, louanges pour le moins surprenantes. NB : quand Monsieur Diafoirus invite son fils à présenter ses compliments à Argan, la première réplique de Thomas Diafoirus est présentée ainsi : « Thomas Diafoirus est un grand benêt, nouvellement sorti des Écoles, qui fait toutes choses de mauvaise grâce et à contretemps. » PROBLÉMATIQUE Comment la satire des médecins se développe-t-elle dans cette tirade ? Un éloge paradoxal. (bien mettre en évidence les ridicules du fils et du père, tous deux médecins stupides) MOUVEMENTS DU TEXTE : Ils suivent, après une captatio benevolentiae étonnante, la chronologie de la vie de Thomas Diafoirus : 1) captatio benevolentiae et petite enfance : l. 1 à 7 2) les débuts de sa formation : l. 7 à 12 3) une intelligence prometteuse... : l. 12 à 23 PREMIER MOUVEMENT : CAPTATIO BENEVOLENTIAE ET PETITE ENFANCE (l. 1 à 7) Monsieur, ce n’est pas parce que je suis son père, mais je puis dire que j’ai sujet d’être content de lui, et que tous ceux qui le voient en parlent comme d’un garçon qui n’a point de méchanceté. Monsieur Diafoirus s'adresse à Argan, et manifestement à lui seul, comme le montre l'adresse qui ouvre la tirade. VALORISATION DU FILS Le jeu d'opposition manifeste un apparent souci d'objectivité, (négation de la prop de cause + conj de coord à valeur d'opposition) tout en rappelant la filiation : implicite : si le père est bon médecin, le fils a de grandes chances de l'être aussi. D'abord satisfaction du père, valorisation du fils : apparente modestie dans la formulation contournée : je puis dire que j’ai sujet d’être content de lui puis élargissement : et que tous ceux qui le voient second terme de l'éloge : en parlent comme d’un garçon qui n’a point de méchanceté noter que le premier compliment se limite à une affirmation sans explication aucune : content pourquoi ? noter que le second compliment repose sur une observation visuelle : ceux qui le voient : l'ont-ils vu agir, l'ont-ils entendu parler ? Formulation du second compliment sous forme négative : un garçon qui n’a point de méchanceté : il porte sur un aspect du caractère de Thomas Diafoirus, pas sur ses compétences professionnelles. Ses qualités semblent reposer sur ce qu'il n'a pas, sur ce qu'il n'est pas, et non sur ce qu'il a ou ce qu'il est HYPOTHÈSE : ironie ? : absence de méchanceté = bêtise ? Père aveuglé ; fils idiot ? Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns ; HYPOTHÈSE immédiatement confirmée : deux qualités sous forme négative, signes en réalité d'une intelligence limitée : négation (partielle) de la capacité d' imagination, renforcée par le recours à l'adverbe intensif bien coordination : négation : absence d'intelligence : ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns : métaphore de la vivacité (sous forme négative) dans feu d’esprit ; personnage en rien extraordinaire : qu’on remarque dans quelques-uns 1/4 Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle : MOLIÈRE, Le Malade Imaginaire, 1673 PARCOURS ASSOCIÉ : Spectacle et comédie ŒUVRE INTÉGRALE LECTURE LINÉAIRE Acte II scène 5 : Monsieur Diafoirus, Thomas Diafoirus, Argan, Angélique, Cléante, Toinette mais c’est par là que j’ai toujours bien auguré de sa judiciaire, qualité requise pour l’exercice de notre art. Paradoxe : père visionnaire (j’ai toujours bien auguré), capable de discerner l'intelligence de son fils, sa capacité de réflexion, de jugement (sa judiciaire) dans l'absence même d'intelligence : c’est par là que j’ai toujours bien auguré : manifestement , le père est aussi aveugle que le fils est stupide qualité requise pour l’exercice de notre art. : ironie de la valorisation : les notions de qualité et de compétence professionnelle (l’exercice de notre art) seraient proportionnelles à la bêtise et du fils, et du père... Lorsqu’il était petit, il n’a jamais été ce qu’on appelle mièvre et éveillé. Souvenir de la petite enfance sous le signe du manque d'intelligence : négation des adjectifs valorisants + effet d’insistance « jamais » On le voyait toujours doux, paisible, et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l’on nomme enfantins. Jeu d'opposition avec ce qui précède : « jamais / toujours » + énumération de qualités qui s'opposent à celles de la phrase précédente : à l'énergie et à la curiosité s'opposent le calme (doux, paisible, et taciturne), l'incapacité à parler (ne disant jamais mot), l'incapacité à jouer (et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l’on nomme enfantins.) : répétition de jamais, jeu rythmique : les éléments de l'énumération sont de plus en plus développés : moins il manifeste d'éveil ou d'énergie, plus les groupes s'allongent ; jeux sonores : nasales voyelles et consonnes + allitération en [ʒ] (= j) et [z] : douceur, monotonie DEUXIÈME MOUVEMENT : LES DÉBUTS DE SA FORMATION (l. 7 à 12) On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire, et il avait neuf ans, qu’il ne connaissait pas encore ses lettres un apprentissage (de ce que l'on appelle aujourd'hui l'un des fondamentaux (apprendre à lire)) extrêmement laborieux : intensif et pluriel associés à la notion de difficulté (On eut toutes les peines du monde) ; passivité de l'enfant perceptible à sa position de COS (à lui apprendre à lire) ; analphabétisme à un âge inhabituel (et il avait neuf ans, qu’il ne connaissait pas encore ses lettres) : petit effet de suspense comique assez cruel : la précision de l'âge laisse imaginer que c'est le moment où l'enfant va (enfin) savoir lire, mais la proposition sub circ temporelle use une nouvelle fois d'une forme négative : négation de la connaissance (qu’il ne connaissait pas encore ses lettres) et renforcement de l'infantilisation, avec l'emploi du mots lettres (et non plus lire) « Bon, disais-je en moi-même, les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits ; on grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable ; mais les choses y sont conservées bien plus longtemps, et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d’imagination, est la marque d’un bon jugement à venir. » ironie du contenu des pensées du père, au style direct : une métaphore végétale : valorisation du retard de maturité avec le superlatif relatif de supériorité ( les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits) : affirmation en forme de vérité générale, sagesse populaire, ancrée dans la nature une comparaison minérale : opposition (marbre / sable) : solidité vs fluidité, labilité ; opposition, conj de coord à valeur d'opposition (mais) construction parallèle avec intensif et comparatif (bien plus malaisément / bien plus longtemps), affirmation en forme de vérité générale, sagesse qui repose sur l'expérience des artisans/artistes : marbre, matériau noble idée de pérennité (on grave ; conservées) et cette lenteur à comprendre, cette pesanteur d’imagination, est la marque d’un bon jugement à 2/4 Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle : MOLIÈRE, Le Malade Imaginaire, 1673 PARCOURS ASSOCIÉ : Spectacle et comédie ŒUVRE INTÉGRALE LECTURE LINÉAIRE Acte II scène 5 : Monsieur Diafoirus, Thomas Diafoirus, Argan, Angélique, Cléante, Toinette venir. » : conclusion encore une fois paradoxale : deux défauts formulés explicitement (pour reformuler la métaphore et la comparaison qui précèdent) synonymes de stupidité ; écho sonore ( cette lenteur / cette pesanteur ) en opposition avec (un bon jugement) ; retournement paradoxale avec (la marque) : la marque est une trace de ce qui précède, pas de ce qui est (à venir) TROISIÈME MOUVEMENT : UNE INTELLIGENCE PROMETTEUSE... (l. 12 à 23) Lorsque je l’envoyai au collège, il trouva de la peine ; mais il se raidissait contre les difficultés, et ses régents se louaient toujours à moi de son assiduité, et de son travail. Période d'apprentissage scolaire (collège / ses régents = ses professeurs) Rappel des difficultés d'apprentissage (il trouva de la peine / difficultés) + qualités liées à la volonté d'apprendre, à l'effort (et donc non liées à la seule intelligence) (il se raidissait contre / son assiduité / son travail) Enfin, à force de battre le fer, il en est venu glorieusement à avoir ses licences ; (Enfin) image de la difficulté à comprendre aisément : adverbe temporelle qui dit un résultat après une longue durée (à force de battre le fer) expression qui a le même effet (terme d'escrime qui signifie un long entraînement - difficulté + longue durée + image d'un esprit qui manque de souplesse dans la métaphore figée uploads/Religion/ moliere-ii-5-texte-2-ll.pdf
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- Publié le Mar 10, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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