L’ENKOMION DE SAINT DÉMÉTRIUS PAR JEAN DE THESSALONIQUE L’Enkômion de saint Dém

L’ENKOMION DE SAINT DÉMÉTRIUS PAR JEAN DE THESSALONIQUE L’Enkômion de saint Démétrius par Jean de Thessalonique (BHG 547h) a été signalé pour la première fois en 1780 par Cornélius Byeus1. Il est resté pourtant inédit, et même si peu connu que, pendant longtemps, il n’a pas été mentionné parmi les œuvres de Jean de Thessalonique2. Récemment, Démocracie Hemmerdinger-Iliadou a annoncé son intention de l’éditer, et de rééditer un texte vieux-slave dont elle a reconnu l’original dans le discours de Jean3 : ce projet d’édition n’a pas été réalisé. 1. Acta Sanctorum, oct. IV, Bruxelles 1780, §§ 33-34, 37-40 et passim du Commentarius praevius : p. 58-60 et passim = PG 116, col. 1100-1101, 1103-1105 et passim. Aux §§ 33-34, 38-39, 54-55 de son Commentarius praevius, C. Byeus cite quelques passages du panégyrique. 2. Ainsi, nous ne trouvons pas trace de ce discours dans les articles que M. Jugie a consacrés à Jean de Thessalonique (cf. ci-dessous, p. 398, n. 9). 3. D. He mmer d in g e r -Il ia d o u , Un encomion grec inédit de saint Démétrius, Anal. Boll., 73, 1955, p. 17 ; L’enkomion de saint Démétrius par Jean archevêque de Thessalonique, Balkan Studies, 1, 1960, p. 49-56. Dans le second article, l’auteur donne un aperçu du texte et quelques brefs passages. 4. P. Le me r l e, Les plus anciens recueils des miracles de saint Démétrius, I, Paris 1979, p. 15-19 ; on y trouvera aussi (p. 15-16) une notice de Ch. Astruc sur l’histoire et les caractères extérieurs du codex. Bibliographie antérieure : H. Omo n t , Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale, II, 1888, p. 75 ; Ha g io g r a ph i Bo l l a n d ia n i et H. Omo n t , Catalogus codicum hagiographicorum Bibliothecae nalionalis Parisiensis, Bruxelles 1896, p. 209-210 ; A. Eh r h a r d , Überlieferung und Bestand der hagiographischen und homiletischen Literatur der griechischen Kirche von den Anfàngen bis zum Endedes 16. Jahrhunderts. Ersler Teil, Die Überlieferung, III, 1939-1952, p. 901 ; Fr. Ha l k in , Manuscrits grecs de Paris, Inventaire hagiographique, Bruxelles 1968, p. 194. Le manuscrit. L’Éloge de saint Démétrius par Jean de Thessalonique est conservé dans un manuscrit unique, le Paris, gr. 1517. Ce manuscrit, qui contient exclusivement des textes démétriens, vient de faire l’objet d’une description détaillée de Paul Lemerle4 ; nous nous contentons donc d’une présentation sommaire, inspirée pour l’essentiel de cette description. Le Paris, gr. 1517 date du xiie s. Après la Passio altera (cf. BHG 497) et le pinax, ce manuscrit donne le premier Recueil de miracles ou Recueil de Jean, et le second Recueil ou Recueil anonyme (éd. P. Lemerle, Paris 1979), et ensuite deux discours de Léon VI (les nos 15 et 16 de l’éd. Akakios, Athènes 1868), le recueil dit troisième Livre des Miracles (cf. BHG 524-531), l’Éloge par Jean de Thessalonique, et l’Éloge par Joseph de Thessalonique (cf. BHG 535). Le codex comporte 253 fï. de parchemin (plus le f. 55a), écrits à raison de deux colonnes à la page et de vingt-deux lignes par colonne ; 398 ANNA PHILIPPIDIS-BRAAT il est composé de trente et un cahiers, dont les signatures sont postérieures aux muti­ lations. Ges mutilations affectent le début du second Recueil, le début du sixième miracle du second Recueil, le début d’une homélie de Léon VI (le n° 15 de l’éd. Akakios), et la fin de l’Éloge par Joseph de Thessalonique. L’écriture est régulière, et la décoration, à motifs géométriques, riche et abondante. L’Éloge par Jean de Thessalonique occupe les fï. 226-247v et porte le titre : Ίωάννου του άγιωτάτου αρχιεπισκόπου Θεσσαλονίκης έγκώμιον εις τον άγιον μεγαλο­ μάρτυρα Δημήτριον έν ώ καί περί θεοΰ καί θεών ; dans le pinax, il est annoncé comme Έγκώμιον Ίωάννου αρχιεπισκόπου Θεσσαλονίκης εις τόν άγιον μεγαλομάρτυρα Δημήτριον. Aux ίϊ. 242-243, une série de gloses marginales fournissent les noms des hérésies dont traite le texte ; nous retrouvons ces gloses dans la traduction vieux-slave, ce qui prouve, sinon leur originalité, du moins qu’elles remontent assez haut. La copie est faite avec soin, et les fautes d’orthographe sont peu nombreuses. Pourtant, par endroits, le texte est manifestement corrompu. Deux mots sur la traduction slave et ses manuscrits, branche de tradition que nous n’utilisons pas pour l’établissement du texte grec. La Commission Archéographique de Saint-Pétersbourg, qui a édité ce texte5, s’est servie d’une part des collations du métro­ polite Macaire de Russie (xvie s.), établies d’après le Codex Regius et le Codex Uspenskij, manuscrits non identifiés, et de l’autre du Codex 1358 de la bibliothèque de la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod, manuscrit aujourd’hui disparu, et qui semble plus proche de l’original grec que les collations de Macaire6. Le texte, qui est une traduction fidèle, a subi divers remaniements, dont le plus ancien remonte au xie s. et le plus récent à l’époque de Macaire ; on a pu néanmoins établir que cette traduction a été élaborée à l’époque du vieux-slave (xe s.)7 8 . Ainsi, cette ligne de tradition, aujourd’hui représentée presque uniquement par des collations tardives, remonte-t-elle à un témoin du texte grec plus ancien que le Paris, gr. 1517®. 5. Grands Menées, fase. VI, 19-31 octobre, Moscou 1880, col. 1944-1959. 6. Nous puisons ces renseignements dans les deux articles cités de D. He mmer d in g e r -Il ia d o u : Anal. Boll., 73, 1955, p. 17, et Balkan Studies, 1, 1960, p. 56. 7. Nous reprenons ici les conclusions de D. He mme r d in g e r -Il ia d o u , ibid. 8. La traduction slave a suggéré à D. He mme r d in g e r -Il ia d o u , Balkan Studies, 1, 1960, p. 55, deux additions au texte du Paris, gr. 1517 : elles ne sont ni nécessaires, ni satisfaisantes (voir ci-dessous, p. 411 et 414, apparat critique). 9. Sur Jean de Thessalonique et son œuvre, voir en dernier lieu P. Le me r l e, Les plus anciens recueils des miracles de saint Démétrius, II, Paris 1981, p. 32-34, 44-46 et passim. Cf., pour un aperçu de la question, M. Ju g ie , La vie et les œuvres de Jean de Thessalonique, EO, 21, 1922, p. 293-307; Jean de Thessalonique, dans Dictionnaire de Théologie Catholique, VIII, 1924, col. 819-823 ; Saint Jean, archevêque de Thessalonique (introduction à l’édition du Discours sur la Dormition de la sainte Vierge), Patrologia Orientalis, 19, 1925, p. 344-374 ; D. St ie r n o n , Jean de Thessalonique, dans Dictionnaire de Spiritualité, VIII, 1974, col. 778-780. 10. Cf. P. Le me r l e , op. cil., II, p. 28 et n. 10. C’est à J. La u r e n t , Sur la date des églises Saint- Démétrius et Sainte-Sophie à Thessalonique, BZ, 4, 1895, p. 424-431, que revient le mérite d’avoir déterminé l’époque où a vécu notre auteur. Auparavant, C. By e u s , Acta Sanctorum, oct. IV, § 23 du Commentarius praevius : p. 55 (= PG 116, col. 1095), l’avait identifié avec l’archevêque Jean qui a participé au VIe concile œcuménique (680-681), et cette thèse avait été adoptée par de nombreux savants. L’auteur. Dans le paragraphe suivant, nous allons démontrer que notre panégyrique, attribué à Jean de Thessalonique, est effectivement l’œuvre du prélat de ce nom qui a écrit aussi, et principalement, le premier Recueil de miracles de saint Démétrius. Ici, nous résumons brièvement ce que nous savons sur cet auteur, reprenant la chronologie établie par Paul Lemerle9. L’époque où il a vécu est établie d’une manière solide : fin vie-début vne s., ce qui fait de ce Jean de Thessalonique le premier des archevêques de ce nom10. Mais nous ne l ’e n k ô mio n d e s . d é mé t r iu s pa r je a n d e t h e s s a l o n iq u e 399 possédons que peu de renseignements sur sa vie, puisés dans le premier Recueil de miracles de saint Démétrius, écrit par lui-même, et le second Recueil ou Recueil anonyme. Il a vécu dans l’entourage de l’archevêque Eusèbe (avant le 22 septembre 586-fin 603, au plus tôt), de qui il a entendu le récit de plusieurs miracles de saint Démétrius. En septembre 586, il a assisté au siège de Thessalonique par les Avaro-Sklavènes. Nous ne connaissons pas les dates de son propre épiscopat, situé entre l’épiscopat d’Eusèbe et celui de Paul (attesté en 649) ; en tout cas, il a commencé sous le règne de Phokas. Vers 618, Jean de Thessalonique a participé activement à la défense de la ville assiégée par les Avaro-Sklavènes. Il est mort aux environs de 620. De l’œuvre oratoire de Jean, qui devait être importante, sont conservées, en plus du premier Recueil de miracles et de notre Éloge, les pièces suivantes, a) Une homélie sur la concordance des uploads/Religion/ philippidis-braat-a-tm8-enkomion-ocr 2 .pdf

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  • Publié le Dec 01, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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