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Accueil du site || La revue || Volume 4 - Hiver 2009 || La Mémoire : Proust et les neurosciences La Mémoire : Proust et les neurosciences Par Hervé-Pierre LAMBERT Hervé-Pierre Lambert Le 15 janvier 2009 Parmi les problématiques à l’œuvre dans les relations entre littérature et neurosciences, l’une d’elles s’applique directement au phénomène cognitif de la mémoire, à savoir dans quelle mesure, pour les neurosciences, la littérature rend compte de manière scientifiquement valide du fonctionnement de la mémoire individuelle. Depuis une dizaine d’années, les neurosciences se sont intéressées à l’apport cognitif de la littérature que représente l’œuvre de Proust et des expressions comme : « syndrome proustien », « Proust neurologue », « Proust phenomenon », « the Proustian hypothesis », « Proust as a neuroscientist » sont maintenant utilisées. [Une version imprimable de cet article est accessible en pied de page] Premières études des neurosciences sur l’œuvre de Proust Les neurosciences incluent la neurobiologie, la neurophysiologie, la neuropsychiatrie, mais aussi la psychologie cognitive, sans omettre la philosophie cognitive. Les sciences du cerveau ont fait grâce aux nouvelles techniques d’imagerie médicale, particulièrement l’image à résonnance magnétique fonctionnelle, des découvertes essentielles au sujet de la localisation et du fonctionnement des différentes activités cognitives. Une neurobiologie des arts visuels, de la littérature et de la musique s’est développée, longtemps disséminée dans des revues scientifiques et médicales avant la récente publication de deux livres, Neurology of the Arts, Painting, Music, Literature [1] , dirigé par F. Clifford Rose, président de la Société Médicale de Londres, en 2004 et Neurological Disorders in famous Artists [2], dirigé par Julien Bogousslavsky du CHUV de Lausanne et François Boller de l’Inserm en 2005. Si l’une des fonctions majeures actuelles de la neurobiologie des arts est d’étudier les conséquences des désordres neurologiques sur la production des créateurs, artistes visuels, musiciens ou écrivains, les neurosciences traitent surtout des mécanismes des phénomènes cognitifs. Zemir Zeki, l’auteur d’un livre devenu déjà un classique Inner vision : An Exploration of Art and the Brain [3] , connaisseur incontesté de l’art moderne occidental et concepteur d’un livre de dialogue en français avec Balthus, a créé la notion de neuroesthétique qui désigne deux éléments, tout d’abord les études des relations entre les fonctions visuelles, la perception de l’art et l’exploration par les artistes du système visuel mais aussi un concept programmatif des relations entre neurosciences et production artistique, aux présupposés jugés toutefois trop exclusifs par l’esthétique traditionnelle. Page 2 sur 12 Épistémocritique : La Mémoire : Proust et les neurosciences 01/05/2012 mhtml:file://D:\fouad\lecture-écriture\lectures\temp\Épistémocritique La Mémoire Pr... « Les avances spectaculaires dans notre connaissance du cerveau visuel nous permettent de commencer à essayer de formuler les lois neuronales de l’art et de l’esthétique, -bref-, d’étudier la neuro-esthétique . »S [4]] ++++ En France, après la parution en 1997 d’un article intitulé « Marcel Proust, Prophète de l’inconscient ou la dialectique des hémisphères dans la création », dans lequel le docteur Jean Cambier s’intéressait surtout à l’« équilibre entre l’activité entre les deux hémisphères » [5] de l’écrivain, la relation entre les neurosciences et la conception proustienne de la mémoire semble commencer avec l’article de Jean-Yes Tadié « Nouvelles recherches sur la mémoire proustienne », présenté devant l’Académie des Sciences Morales et Politiques dans sa séance du 9 novembre 1998. Le spécialiste de La Recherche du temps perdu écrivait en introduction : « la description que Proust nous a donnée du fonctionnement de la mémoire a-t-elle quelque rapport avec celle qu’en fournissent les neurosciences ? » [6] L’auteur qui nomme la première partie de son article « Proust neurologue » rappelle les épisodes relevant de la neurologie dans l’œuvre avec l’invention du personnage du neurologue Du Boulbon et la description de deux pathologies neurologiques l’amnésie et l’aphasie, celle de Charlus après une attaque cérébrale. Le fait le plus révélateur de l’intérêt de Proust pour la neurologie serait son « emploi constant du mot cerveau ». Tadié présente l’étude proustienne des processus de la mémoire de manière problématisée, en commençant par les moyens d’acquisition. Il en distingue trois chez Proust : la répétition, le choc affectif, l’association. Tadié souligne que la mémoire dite involontaire, sans véritable équivalent dans la tradition psychologique anglo-saxonne, constituait depuis longtemps un thème de la littérature française depuis Chateaubriand, Nerval, Baudelaire et l’objet d’études scientifiques avec Ribot et Frédéric Paulhan à l’époque de Proust. S’appuyant sur des références à des neurologues, il met en parallèle la mémoire olfactive et gustative chez Proust avec les enseignements de la neurologie. « On voit donc que les souvenirs olfactifs, gustatifs, tactiles sont beaucoup plus prêts à revenir, beaucoup plus efficaces lorsqu’il s’agit de reconstituer tout un passé, que les souvenirs visuels, trop usés. Une raison en est sans doute aussi qu’ils sont conservés dans une zone archaïque du cerveau, comme chez les animaux . » ++++ Dans un second temps, Tadié interroge le processus de conservation des souvenirs chez Proust et souligne que la remémoration est pour Proust comme pour le psychologue anglais Bartlett, auteur de Remembering en 1932, une « reconstruction imaginative » [7] . Dans sa conclusion, l’auteur observe la pertinence de la conception proustienne des processus de la mémoire par rapport aux études scientifiques actuelles : « Il semble bien que les neurosciences décrivent le processus de la mémoire comme le romancier, qui n’a pas négligé un seul des domaines maintenant explorés par la science . [8] » Au début de son article, Tadié faisait part de sa surprise déçue devant ce qui lui semblait le manque d’intérêt des neurosciences pour Proust, rarement mentionné dans les manuels anglais, américains et français. Dans son livre suivant [9], Le sens de la mémoire , écrit en collaboration avec le professeur de neurochirurgie Marc Tadié, le spécialiste de Proust semble vouloir pallier ce déficit, ouvrant l’étude à la littérature en général, sans la limiter au cas initial de la mémoire sensitive chez Proust. Comme dans l’article de l’année précédente, le rôle de l’imagination dans la reconstitution du souvenir est souligné. Les auteurs remarquent que les déclencheurs de la mémoire sensitive proustienne sont multisensoriels, aussi bien l’odorat que le goût, l’audition que le toucher. Ils proposent une explication neuroanatomique et neurophysiologique de l’expérience proustienne de la mémoire dite involontaire, s’attachant à l’épisode de la madeleine : Page 3 sur 12 Épistémocritique : La Mémoire : Proust et les neurosciences 01/05/2012 mhtml:file://D:\fouad\lecture-écriture\lectures\temp\Épistémocritique La Mémoire Pr... « Cette forme de mémoire sensitive a vraisemblablement pour support un circuit reliant directement les neurones à potentialisation à long terme et le noyau amygdalien. […] Le support neuroanatomique est sans doute formé par des connexions synaptiques constituées entre les neurones de l’hippocampe, la circonvolution limbique et le noyau amygdalien, et procède à l’inverse de l’entrée en mémoire [10] . » Les auteurs affichent un scepticisme sur la valeur des études en laboratoire de ce qu’ils appellent la psychologie comportementale, qui resteraient incapables de cerner la complexité de la mémoire. C’est pourtant dans le domaine de la psychologie cognitive que va se réaliser en alliance avec la nouvelle imagerie du cerveau l’application des neurosciences à l’œuvre proustienne. ++++ Proust et les neurosciences durant les dix dernières années L’appropriation proustienne par la neurologie s’explique par l’état des travaux spécialisés sur la mémoire sensorielle à partir de la moitié des années Quatre-vingt dix et par une politique de communication dans le cadre d’une concurrence entre équipes. Une série d’études en laboratoire de psychologie cognitive sur la mémoire provoquée par les stimuli sensoriels, notamment olfactifs, corroborées par l’imagerie médicale ont fait partie des avancées scientifiques actuelles dues aux neurosciences. Deux laboratoires, l’un anglais, l’autre américain, en compétition sur le même terrain ont associé leurs recherches à des études sur la conception proustienne de la mémoire. Aux Etats-Unis, il s’agit du laboratoire de Cupchik et Rachel Herz. La liste de leurs publications est éloquente et montre la spécialisation dans l’étude de la mémoire humaine liée à des stimuli olfactifs [11] . Le premier article de Rachel Herz sur le sujet date de 1992 avec « An experimental characterization of odor-evoked memories in humans ». Ces études de psychologie cognitive concernant les domaines de uploads/Science et Technologie/ epistemocritique-la-memoire-proust-et-les-neurosciences-mht.pdf

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