INITIATIONS AU ZAZEN Récit de trois disciples traduit par Fukiko Morii et Miche

INITIATIONS AU ZAZEN Récit de trois disciples traduit par Fukiko Morii et Michel Fourot AVANT-PROPOS Ce livre a été écrit par des gens qui ont voulu raconter leur première expérience du Zazen dans un temple. N’importe qui, quelle que soit la raison qui l’amène à cette expérience, est très vite en mesure de comprendre l’essence de son être et d’accomplir de rapides progrès, pourvu que la méthode employée soit authentique et qu’il s’y applique sérieusement. Ce livre en apporte la preuve. Celui qui fait Zazen doit avoir la pleine conscience de ses progrès. Autrement dit, il devient capable de saisir facilement et clairement les mouvements de son cœur et, de ce fait, se trouve plus apte au soin de ses affaires. Il comprend aussi que notre doctrine ne parle que de choses extrêmement naturelles. S’il ne parvient pas à ces résultats, c’est que la méthode qu’il emploie n’est pas la bonne, ou qu’il ne fait pas suffisamment d’efforts. Car ce n’est qu’avec un maximum de persévérance et une méthode authentique que l’on pourra progresser. Et faire des progrès signifie le salut. Il est naturel qu’il y ait plusieurs façons de pratiquer dans un temple Zen, mais une méthode qui ne permettrait pas d’atteindre authentiquement le Satori n’aurait plus rien à voir avec le Zazen transmis directement du Bouddha. Le Satori est le mot qui désigne l’Éveil de l’être à la Vérité Suprême. Cette méthode est concrète et si vous la pratiquez sans idées préconçues, vous pourrez la saisir clairement et sans difficulté. Et si vous avez la chance de rencontrer un Maître quia ainsi véritablement acquis le Zen, il ne vous restera plus qu’à pratiquer en lui faisant entièrement confiance. Cela vous mènera au Satori par le chemin le plus court. Bien que les auteurs de ces témoignages soient encore bien loin de l’Éveil, ils indiquent clairement le chemin à suivre pour atteindre la libération du cœur. Ne lisez pas ces pages avec les deux yeux qui sont sur votre visage. Lisez seulement avec «les yeux de l’âme», des yeux qui, délaissant tout jugement de l’intellect, embrassent la totalité de l’univers. Alors vous pourrez commencer à comprendre la méthode du Zen et apercevoir la «Voie». Celle-ci vous mènera vers un monde où votre vie quotidienne en tant que telle sera Zazen, et où vous-même serez «Satori» à chaque instant et pour toujours. Je vous promets qu’un jour, vous aussi vous bondirez inévitablement de joie, pourvu que vous ne ménagiez pas vos efforts en pratiquant une méthode authentique! Cela ne vaut-il pas la peine? Le 3 Novembre 1986 Kido Inoue INTRODUCTION De nos jours, le Zen provoque des rassemblements dans tout le Japon et commence même à faire parler de lui dans le monde entier. C’est un phénomène positif. Mais lorsqu’on recherche le pourquoi d’un tel phénomène, on est malheureusement bien obligé de constater qu’il est dû à la peur ressentie devant les risques d’autodestruction de l’humanité. Notre civilisation matérielle est extrêmement développée. Dans la plupart des pays, les gens n’ont plus besoin pour vivre de faire de patients efforts. Et, non contents d’ignorer la gêne matérielle, ils consacrent toute leur vie à se repaître et à gaspiller inutilement. On peut dire que dès l’instant où ils peuvent obtenir un certain bien-être, les hommes perdent la conscience claire de leur existence. Mais cette conscience de l’existence donne un sens à la vie et apporte, en plus d’une profonde satisfaction, la tranquillité de l’âme. Elle cultive aussi et enrichit cette dignité originelle de l’être humain qui lui permet d’éprouver la gratitude et la joie. Bouddha dit: «Celui qui sait se contenter de peu est riche malgré sa pauvreté. Celui qui n’est jamais rassasié est pauvre malgré sa richesse.» Mais voici les maximes des gens de ce monde: «les revers de fortune appauvrissent le cœur» ou bien «Seul, celui qui est bien nourri et bien habillé peut pratiquer la politesse!» Devant ces affirmations, les gens se sont mis à faire des efforts, à peiner, pour rendre leur vie quotidienne plus facile, plus confortable. Ils admirent et recherchent la civilisation matérielle comme si elle était le but suprême de l’évolution du genre humain. Résultat? A l’heure actuelle, bien que submergé de produits de consommation, l’homme a perdu le sens de la satisfaction et de la gratitude; la vie sociale n’est que concurrence acharnée et elle épuise le corps et le cœur des gens comme un combat sans merci. Nous assistons, de plus, à la destruction de la famille et de l’école, c’est à dire du seul terrain qui devrait permettre à l’esprit de se cultiver et de s’épanouir sainement. Beaucoup de gens feignent d’être sereins. En fait, tout le monde a peur et ne peut qu’être angoissé devant cette maladie propre à la civilisation actuelle. Car en perdant le sens de l’humain, de la sensibilité et de la compréhension, la base même du cœur est en train de se détruire. La décadence de l’esprit est un problème profond commun à tous les pays développés et elle est un immense danger pour l’avenir de l’humanité. La plupart des hommes, hélas! pensent avec résignation que tant que l’être humain existera, le développement de la civilisation se poursuivra en répétant ses destructions. Et comme ils sont dans la conviction que, sans un tel développement il leur serait impossible de vivre, ils en arrivent, jour après jour à faire fi de la dignité humaine. Leur cœur, bon gré mal gré, devient de plus en plus dur et violent. En tout cas, dès l’instant où le cœur humain perd sa stabilité il perd aussi confiance en lui. Dans le même temps, il n’a plus conscience de son appartenance à l’univers. Alors sa pureté originelle s’évanouit à son tour. Voilà le triste cheminement de ce malheureux cœur. Et, plus il se soumet à la tyrannie de cette vie destructrice, plus il lui devient impossible de réagir selon des critères d’amour, de vérité, de bien, de courage ou de justice. Combien, pourtant, ces vertus sont indispensables à la coexistence des hommes! Sans elles, cette coexistence ne serait qu’un chemin menant à une guerre sans fin. Aujourd’hui chacun se doit de prendre conscience que cette maladie moderne, ce manque d’humanisme dû à un développement excessif, est déjà devenue chronique. Mais comme il s’agit d’un problème essentiel qui touche au plus profond du cœur de l’homme, ni la politique, ni l’éducation générale n’ont la possibilité de le résoudre. Il faut donc que l’esprit renaisse. Oui, une véritable résurrection de l’humanité doit être réalisée en vue d’une saine coexistence. La tranquillité du genre humain n’est qu’à ce prix. Si l’on réfléchit sérieusement au moyen qui permettra de réaliser cette tranquillité, on devrait arriver à la même conclusion que celle des bouddhistes: les troubles et la destruction de l’esprit sont causés par l’égocentrisme aveugle. Il empêche d’apercevoir la pure Vérité –– pourtant si simple –– et par conséquent oblige le cœur à vivre dans les ténèbres. Voilà l’origine de la souffrance humaine. Celui qui prend conscience de cela recherche alors le secours de la philosophie ou de la religion. Mais je dois dire, hélas! que beaucoup trop de religions et de sectes figées dans leurs traditions se révèlent exclusives et que leurs convictions arrogantes nuisent souvent à l’élévation et à la paix de l’esprit. Voilà pourquoi tant de gens sont attirés par le Zen. Nous autres, bouddhistes Zen, pensons que la «Religion» est la découverte de l’essence de l’univers, antérieure, bien sûr, à la conscience humaine. Autrement dit, qu’elle est éveil à la «Vérité de la Grande Nature» au-delà du simple «Moi», et donc aussi connaissance du plus profond du cœur humain. Ce cœur humain ne connaît originellement ni affirmation ni négation. Il ne peut donc y avoir ni contradiction ni division. Le cœur est primitivement libre. Connaître ce cœur originel amène une satisfaction incomparable et une grande quiétude. Et le moyen de parvenir à cette connaissance, c’est la doctrine du Bouddha et le Zen. Comme dit le grand Maître Dogen(*): «le Zen est la pratique qui amène à la connaissance de la Vérité et on nomme cette découverte Satori.» On prendra naturellement conscience de ce qu’est le Zen en pratiquant sérieusement le Zazen; ainsi le corps et le cœur deviendront purs. Le Zen, c’est l’assimilation à l’existence même. Lorsque le corps et le cœur s’assimilent à la nature originelle, la source des troubles se tarit. Alors le cœur est libéré et on s’éveille à la pure «Vérité». A ce moment naît la «Grande Conscience». C’est le Satori. Dans le cœur de celui qui obtient le Satori, se fondent sagesse, sensibilité et volonté. Sa personnalité est réunifiée et un sentiment d’amour, de gratitude et de satisfaction inonde ce cœur apaisé. Qu’est-ce que le Zen pour moi? Que peut-il m’apporter? Qu’est-ce que l’«éveil» du Bouddha? Son enseignement? Est-il vraiment possible d’obtenir le Satori? Comment pratiquer? Qu’éprouve-t-on et comment se concentrer? Qu’advient-il lorsqu’on pratique? Voilà des questions auxquelles ceux qui éprouvent de l’intérêt pour le Zen voudraient qu’on leur réponde, et si possible immédiatement. Mais peut-on affirmer uploads/Science et Technologie/ initiation-au-zazen.pdf

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