Docteur Geley L'ETRE SUBCONSCIENT INTRODUCTION De la méthode et de l’évolution

Docteur Geley L'ETRE SUBCONSCIENT INTRODUCTION De la méthode et de l’évolution de la philosophie scientifique Philosophie scientifique et science idéale. - Méthode de la philosophie scientifique. - Evolution de la philosophie scientifique. - Le matérialisme et la science. - Difficultés des théories matérialistes. - Le monisme. - Ses bases scientifiques. - Les conséquences du monisme. - Tendance au pessimisme. - Les transformations imminentes de la philosophie moniste. - Le monisme et l'immortalité individuelle. - Les conséquences, au point de vue métaphysique, des progrès de la psychologie. De toute évidence, la philosophie de l'avenir sera une philosophie scientifique, basée sur les connaissances positives, guidée dans ses déductions et dans ses hypothèses par l'esprit scientifique. C'est là, sans doute, une vérité banale, mais que l'on est bien obligé de proclamer hautement et sans cesse, en face des attaques audacieuses d'une certaine école. 2 M. Berthelot a bien exprimé ce que devait être cette philosophie qu'il appelle science idéale1: « En deçà comme au delà de la chaîne scientifique, l'esprit humain conçoit sans cesse de nouveaux anneaux ; là où il ignore, il est conduit par une force invincible à construire et à imaginer, jusqu'à ce qu'il soit remonté aux causes premières... Ces réalités cachées, ces causes premières, l'esprit humain les rattache d'une manière fatale aux faits scientifiques, et, réunissant le tout, il en forme un ensemble, un système embrassant l'universalité des choses matérielles et morales... Pour construire la science idéale, il n'y a qu'un seul moyen, c'est d'appliquer à la solution des problèmes qu'elle pose tous les ordres de faits que nous pouvons atteindre... Ici, chaque science apportera ses résultats les plus généraux... La vérité, nous devons l'avouer, ne saurait être atteinte par la science idéale avec la même certitude que par la science positive... En effet, la science idéale n'est pas entièrement formée, comme la science positive, par une trame continue de faits enchaînés à l'aide de relations certaines et démon- trables. Les notions générales auxquelles arrive chaque science particulière sont disjointes et séparées les unes des autres dans une même science, et surtout d'une science à l'autre. Pour les réunir et en former un tissu continu, il faut recourir aux tâtonnements et à l'imagination, combler les vides, prolonger les lignes... Ainsi, tandis que la science positive une fois consti- tuée l'est à jamais, la science idéale varie sans cesse et variera toujours. » Ainsi donc, la philosophie ne s'écartera pas de la méthode scientifique, quand elle ira au delà des faits. Elle avancera toujours très prudemment, du connu à l'inconnu, n'admettra que les déductions parfaitement logiques et rationnelles ; ne fera, en fait d'hypothèses, que celles qui seront rigoureusement nécessaires, et ne leur donnera jamais qu'un caractère provisoire. Elle n'hésitera pas à sacrifier les hypothèses devenues insuffisantes ou trouvées en contradiction avec un seul fait bien établi. La science étant indéfiniment progressive, la philosophie scientifique sera elle-même progressive, variable par conséquent. Aussi constatons-nous que depuis moins d'un demi-siècle, par le prodigieux essor des sciences modernes, le caractère général de la philosophie scientifique a subi des transformations radicales. Du matérialisme pur, il s'est élevé au monisme naturaliste. Le monisme lui-même semble devoir subir une évolution capitale, grâce au développement récent de la psychologie, et aboutir bientôt à une interprétation rationnelle de l'univers et de la vie satisfaisante en même 3 te 4 m 5 ps 6 , 7 a 8 u point de vue idéaliste et moral. Le matérialisme pur semblait avoir trouvé une solide base scientifique dans les grandes découvertes des sciences naturelles et la théorie transformiste de Lamarck, Darwin, Wallace et leurs successeurs. Tout paraissait avoir une explication naturelle dans l'évolution progressive de la matière, reliant par une transition insensible les formes inférieures de la vie et de l'intelligence aux formes supérieures. L'homme descendait de l'animal avec lequel il ne présentait aucune différence essentielle. Comme, d'autre part, il était prouvé jusqu'à l'évidence qu'une corrélation étroite existait entre l'étendue de la conscience et le développement des centres nerveux et comme cette conscience semblait subordonnée au bon état et au bon fonctionnement du système nerveux ; 9 il n'y avait plus à espérer de survie de l'intelligence après la destruction de l'organisme. Tout était donc matière, ou produit de l'évolution de la matière et cette évolution se faisait spontanément par l'influence du milieu, la lutte pour la vie et la sélection naturelle. Influence du milieu et lutte pour la vie amenaient la disparition du plus faible, la subsistance de l'organisme le mieux adapté aux conditions vitales ambiantes. De là les transformations progressives de l'organisme, favorisées par la sélection naturelle. Donc plus besoin de cause première ni de cause finale. Ame, fonction du cerveau. Déterminisme absolu. Le mal, utile au perfectionnement de l'espèce, subi sans compensation par les individus. L'Univers, dans son ensemble, simple jeu des forces naturelles inconscientes. Telles étaient les premières conclusions de la philosophie scientifique. Mais les progrès de la science ébranlaient bientôt l'hypothèse matérialiste. D'abord, le raisonnement rigoureux semblait prouver que l'évolution est non pas une explication, mais une constatation pure et simple. En effet, la connaissance des conditions évolutives (influence du milieu, lutte pour la vie, sélection naturelle) ne peut pas, exclure l'idée de cause première ni de cause 10 finale. Des volumes2 ont été écrits en vue de cette démonstration. L'argument le plus probant et le plus scientifiquement déduit est le suivant : Dans aucun cas, le « plus » ne peut sortir du «moins », ni le « moins » ne contient pas en puissance toutes les possibilités du « plus ». Admettre le contraire est tout à fait illogique et tout à fait anti-scientifique. Le chêne sort du gland, parce que le gland contient en germe le chêne futur mais le chêne ne pourra dériver d'une graine végétale inférieure, quelque lente que soit cette dérivation, que s'il est déjà contenu en puissance dans cette graine. Les conditions constatées de l'évolution n'en sont donc pas la cause suffisante. Les transformations progressives ne peuvent être conçues comme possibles qu'à condition de les supposer en puissance dans l'élément originel le plus simple, quel qu'il soit, placé à la base de l'évolution. Le raisonnement est rigoureux et semble bien scientifiquement irréfutable. Par conséquent, bon gré mal gré, on est ramené à la recherche de cette cause première que l'on espérait éviter. Autre difficulté : la matière, prise comme base de l'évolution, n'offrait bientôt plus le solide point d'appui que l'on croyait trouver en elle. Ses qualités les plus essentielles, étendue, impénétrabilité soumises à l'analyse, apparaissaient tout à fait illusoires. Les solides n'avaient de solide que l'apparence et cette apparence était essentiellement relative à nos sens. Avec Ampère, Faraday, Tyndall, etc.., on ne pouvait plus voir dans un corps prétendu solide qu'un agrégat de milliards d'atomes mobiles, gravitant les uns autour des autres, ne se touchant nulle part, mais séparés par des distances relativement considérables. L'atome lui-même n'apparaissait bientôt plus que comme une nécessité de logique, une fiction commode mais sans réalité vraie. L'atomisme devenait dynamisme l'atome n'était plus qu'un tourbillon (Helmoltz), un centre de forces et les forces elles-mêmes se ramenaient logi- quement au mouvement. Le matérialisme n'a donc pas plus de valeur ni d'importance scientifique que le spiritualisme. 11 « Le matérialiste, dit admirablement Guyau3, croit faire de la science positive ; il fait, lui aussi, tout comme l'idéaliste, de la poésie métaphysique ; seulement ses poèmes, avec leurs constructions imaginatives, sont écrits en langue d'atomes et de mouvements, au lieu d'être écrits en langue d'idées... ceux de nos savants qui spéculent ainsi sur la nature des choses sont des Lucrèce qui s'ignorent. » 12 En réalité, le seul système de philosophie scientifique est le monisme4, avec sa conception grandiose d'un principe unique, à la fois intelligence, force et matière, embrassant tout ce qui est et tout ce qui est possible, cause première et cause finale, dont les différenciations ne seraient que des formes diverses de mouvements. Cette doctrine est d'accord avec toutes les constatations scientifiques ; elle s'appuie non seulement sur les sciences naturelles, mais sur tout ce que nous enseignent la physique, la mécanique et la chimie, touchant l'immortalité de la matière et de la force ; leurs transformations et leur unité probable. Les conséquences du monisme sont des plus importantes : Tout d'abord, c'est le rejet définitif de la conception d'une divinité extérieure à l'Univers. C'est, en effet, une « hypothèse inutile », conformément au vieil et irréfutable argument panthéiste qui nous montre la cause première, elle-même sans cause, comme au moins aussi incompréhensible pour nous en dehors de l'univers que dans l'univers même ; de sorte que placer cette cause première en dehors, c'est simplement reculer la difficulté et non la résoudre. De plus, même au point de vue moral, c'est une hypothèse vraiment peu rationnelle, comme l'a bien montré Guyau. En dépit des subtilités théologiques, et des paradoxes de l'optimisme, le Dieu tout-puissant serait responsable de tout le mal constaté dans l'univers. Il est plus moral et plus consolant d'attribuer le mal à la nature aveugle : S'il est des malheureux, il uploads/Science et Technologie/ l-x27-etre-subconscient.pdf

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