CNED TERMINALE PHILOSOPHIE 1 SÉQUENCE 1 PARTIE 1 : LA CONSCIENCE DÉFINIT-ELLE L

CNED TERMINALE PHILOSOPHIE 1 SÉQUENCE 1 PARTIE 1 : LA CONSCIENCE DÉFINIT-ELLE L’HOMME ? Étape 1 : S’étonner (entrée dans le cours/introduction) Nous rencontrons la notion de « conscience » dans un grand nombre de mots de la langue française. Nous disons que nous avons « bonne conscience » lorsque nous avons le sentiment de n’avoir rien à nous reprocher, ou au contraire « mauvaise conscience » quand nous nous sentons coupable de quelque chose (nous avons alors un poids « sur la conscience »). Nous agissons « consciencieusement », c’est-à-dire d’une manière appliquée, ou « par acquit de conscience », afin d’avoir l’esprit tranquille. On parle, en particulier au sein des États de droit républicains, de « liberté de conscience », du droit de croire ou de ne pas croire, de choisir telle ou telle religion. Dans un autre registre, nous disons « avoir conscience » ou « prendre conscience de nos actes » pour exprimer le fait que nous agissons en connaissance de cause, en nous rendant compte de ce que nous faisons. Au contraire, nous « perdons conscience » lorsque le contact avec les choses est rompu, par exemple quand nous nous évanouissons. Nous le pressentons : les premières formules réfèrent à la conscience entendue comme une capacité de jugement moral et les dernières à la conscience entendue comme une capacité de connaissance. Aussi parle-t-on de « conscience morale » et de « conscience psychologique ». (On notera que là où le français n’a qu’un mot, « conscience », pour qualifier cette dualité, l’anglais et l’allemand en possèdent deux : la conscience psychologique renvoie à l’anglais consciousness et à l’allemand Bewusstsein, et la conscience morale à l’anglais conscience et à l’allemand Gewissen.) La notion de « conscience » nous reconduit par conséquent à la connaissance et à la morale, c’est-à-dire aux deux dimensions, théorique et pratique, de l’existence humaine. Tout se passe donc bien comme si la conscience définissait ou caractérisait l’humanité. « Naître », « venir au monde », c’est non seulement sortir de l’organisme maternel, mais encore devenir conscient du monde. PublicDomainPictures / Pixabay Un peu de vocabulaire Moral : un jugement est « moral » lorsqu’il attribue une valeur (bonne, mauvaise, droite, transgressive, conve- nable, déplacée…) à une conduite humaine. L ’adjectif « moral » est formé sur le latin mos, moris, qui signifie « conduite » et « règle de conduite » : telle conduite est-elle conforme à la règle ? Psychologique : l’adjectif « psychologique » renvoie au grec ancien psukhê, « l’âme ». Au sens moderne, la psychologie est l’étude de l’esprit. Par conséquent, la conscience « psychologique » baptise le versant « psychique » de la conscience, l’aptitude de notre esprit à la connaissance. Théorique : le terme « théorique » vient du verbe grec ancien theorein qui signifie « voir ». Une théorie est une manière de « voir » les choses, c’est-à-dire de les expliquer, qui repose sur une « vision » intellectuelle, c’est- à-dire sur l’esprit humain. En tant qu’adjectif, « théorique » désigne le domaine de la connaissance. Pratique : le terme « pratique » vient du verbe grec ancien prattein, « agir ». En tant qu’adjectif, il renvoie notamment au domaine de l’action humaine en sa dimension morale et il se distingue de l’adjectif « poétique », construit sur le grec ancien poiein, « faire », qui qualifie le registre de la production (technique et artistique) et de l’adjectif « théorique » qui a partie liée à l’ordre de la connaissance. 2 CNED TERMINALE PHILOSOPHIE Toutefois, la question se pose de savoir si la conscience est véritablement capable de déterminer précisément et justement l’être humain. En effet, l’homme n’est-il pas aussi, et peut-être d’abord, un être composé de matière, de molécules et d’atomes, un organisme fait de chair et de sang situé au sein du monde et au milieu des choses ? Il semble que résumer l’homme à sa conscience conduise à promouvoir abusivement l’une de ses dimensions au détriment des autres. En outre, il paraît discutable de faire de la conscience l’apanage ou le privilège exclusif de l’homme. Si l’homme est conscient, ce n’est peut-être pas d’abord parce qu’il est un être humain, mais parce qu’il est un être vivant qui avant de connaître le monde et de faire le bien doit survivre et trouver les moyens de sa subsistance. En ce sens, la conscience n’apparaît plus comme le propre de l’homme, mais le propre du vivant en général. Finalement, il n’est plus si évident que la conscience caractérise l’homme, par distinction avec le reste de ce qui existe. La conscience définit-elle l’homme ? C’est de deux choses l’une. Ou bien la conscience caractérise l’homme en son double versant psychologique et moral. Ou bien la conscience ne suffit pas à définir l’homme puisque l’homme ne se réduit pas à sa conscience d’une part et d’autre part puisqu’il n’est pas légitime de rabattre toute conscience sur la conscience humaine. Mise en activité Au brouillon, vous vous demanderez si la conscience constitue la juste définition de l’humanité. Vous essayerez en particulier de formuler vos idées et vos intuitions sur le sujet. Peut-être que certaines d’entre elles se révéleront être par la suite des préjugés ou des idées reçues. Par ailleurs, l’introduction a été l’occasion d’interroger, du moins d’approcher, la notion de « conscience ». Mais qu’en est-il du verbe « définir » ? A-t-on épuisé les significations de la définition en la reformulant en termes de « caractérisation » ? Vous confronterez ce travail préparatoire aux éléments du cours qui va suivre. CNED TERMINALE PHILOSOPHIE 3 Étape 2 : S’interroger et débattre (la leçon) 1 - La conscience caractérise l’homme a.  La conscience distingue l’homme des êtres inanimés Mise en activité Lisez très attentivement le célèbre texte de Hegel qui suit et répondez au brouillon aux questions posées ensuite. Vous comparerez vos réponses aux éléments de correction proposés. Questions 1) Comment comprenez-vous la distinction entre « être » et « être-pour-soi » ? 2) Que signifie « être-pour-soi » ? 3) Quelle est la thèse de Hegel dans ce texte ? 4) Pourquoi est-il question de l’art ? Georg Wilhelm Friedrich Hegel « Les choses naturelles ne sont qu’immédiatement et pour ainsi dire en un seul exemplaire, mais l’homme, en tant qu’esprit, se redouble, car d’abord il est au même titre que les choses naturelles sont, mais ensuite, et tout aussi bien, il est pour soi, se contemple, se représente lui-même, pense et n’est esprit que par cet être-pour-soi actif. L ’homme obtient cette conscience de soi-même de deux manières différentes : premièrement de manière théorique, dans la mesure où il est nécessairement amené à se rendre intérieurement conscient à lui-même, où il lui faut contempler et se représenter ce qui s’agite dans la poitrine humaine, ce qui s’active en elle et la travaille souterrainement, se contempler et se représenter lui-même de façon générale, se fixer à son usage ce que la pensée trouve comme étant l’essence, et ne connaître, tant dans ce qu’il a suscité à partir de soi-même que dans ce qu’il a reçu du dehors, que soi-même. – Deuxièmement, l’homme devient pour soi par son activité pratique, dès lors qu’il est instinctivement porté à se produire lui-même au jour tout comme à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement et s’offre à lui extérieurement. Il accomplit cette fin en trans- formant les choses extérieures, auxquelles il appose le sceau de son intériorité et dans lesquelles il retrouve dès lors ses propres déterminations. L ’homme agit ainsi pour enlever, en tant que sujet libre, son âpre étrangeté au monde extérieur et ne jouir dans la figure des choses que d’une réalité extérieure de soi-même. La première pulsion de l’enfant porte déjà en elle cette transformation pratique des choses extérieures ; le petit garçon qui jette des cailloux dans la rivière et regarde les ronds formés à la surface de l’eau admire en eux une œuvre qui lui donne à voir ce qui est sien. Ce besoin passe par les manifestations les plus variées et les figures les plus diverses avant d’aboutir à ce mode de production de soi-même dans les choses extérieures tel qu’il se manifeste dans l’œuvre d’art. » Hegel, Cours d’esthétique (1818-1829), Tome I, introduction, trad. J.-P. Lefebvre et V. von Schenck, Aubier, 1995 4 CNED TERMINALE PHILOSOPHIE — — Éléments de réponse 1)  La distinction entre « être » et « être-pour-soi », opérée dans les premières lignes du texte, permet à Hegel de distinguer les « choses naturelles » de l’homme. Par « chose naturelle », Hegel entend les êtres qui sont soumis aux lois dites de la nature (la loi de la chute des corps par exemple), c’est-à-dire les êtres composés de matière par distinction avec les choses immatérielles comme les idées dans notre esprit. Parce qu’il est constitué de matière, l’homme est aussi soumis aux lois de la nature, et c’est pourquoi il « est » : il est présent dans le monde, uploads/Science et Technologie/ 7ph06te0120-partie1.pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager