Recherches en didactique des langues et des cultures Les cahiers de l'Acedle 13
Recherches en didactique des langues et des cultures Les cahiers de l'Acedle 13-3 | 2016 Travailler sur et à partir de textes écrits en classe de langue étrangère La correction de l'expression écrite en langue étrangère et son exploitation pédagogique Expliciter l'implicite ? Kevin Noiroux et Germain Simons Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rdlc/1302 DOI : 10.4000/rdlc.1302 ISSN : 1958-5772 Éditeur ACEDLE Référence électronique Kevin Noiroux et Germain Simons, « La correction de l'expression écrite en langue étrangère et son exploitation pédagogique », Recherches en didactique des langues et des cultures [En ligne], 13-3 | 2016, mis en ligne le 31 décembre 2016, consulté le 30 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/ rdlc/1302 ; DOI : 10.4000/rdlc.1302 Ce document a été généré automatiquement le 30 avril 2019. Recherches en didactique des langues et des cultures is licensed under a Creative Commons Attribution- NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License La correction de l'expression écrite en langue étrangère et son exploitation pédagogique Expliciter l'implicite ? Kevin Noiroux et Germain Simons Introduction 1 L'enseignant est confronté à toute une série de choix pédagogiques et didactiques qui influencent peu ou prou la performance de l'apprentissage de ses élèves. Notre recherche se penche sur les choix qui ont trait à la régulation des apprentissages. Il s'agit d'un champ de recherche complexe, car il comporte de nombreux gestes didactiques qui s'opèrent dans différents modes et modalités (par exemple l'écrit et l'oral, seul ou collégialement). Plus spécifiquement, nous nous intéressons ici à la correction des erreurs produites dans le cadre de la rédaction d'un texte en langue étrangère. Pour corriger les erreurs de ses élèves, l'enseignant dispose de plusieurs choix : localiser l'erreur ou laisser l'apprenant la trouver, expliquer l'erreur, la corriger… 2 Les recherches scientifiques récentes qui portent sur la correction des erreurs tendent à conclure que cette dernière option, appelée correction directe – c'est-à-dire fournir à l'apprenant une version correcte de son énoncé erroné – est plus efficace que les autres formes de correction. Cependant, bien que les chercheurs émettent des hypothèses pertinentes sur l'efficacité accrue de cette forme de correction sur les autres, leur angle d'approche reste comparatiste : ils n'analysent pas les tenants et aboutissants afférents à l'utilisation de la correction directe. Aucune méthodologie n'est mise en place pour mesurer le taux de compréhension des erreurs corrigées. 3 Pour accomplir cette tâche, nous avons réalisé une recherche exploratoire qui vise à déterminer le taux de compréhension des erreurs et de leur correction comme mesure de l'efficacité de ce mode de correction : si les élèves déclarent et prouvent qu'ils ont compris l'erreur corrigée, la correction peut être jugée efficace. Dans le cas contraire, La correction de l'expression écrite en langue étrangère et son exploitation ... Recherches en didactique des langues et des cultures, 13-3 | 2016 1 l'enseignant n'a pas atteint son but. Plus le nombre d'erreurs non comprises est élevé, plus la correction directe est un mode de régulation limité. 4 Tous ces choix s'inscrivent dans un contexte particulier qui influe sur les options dont l'enseignant dispose, et ce pour des raisons tant institutionnelles que pragmatiques. Le contexte de notre recherche est celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles (l'ancienne Communauté française de Belgique) qui, pour diverses raisons, limite les options à la disposition des enseignants. 5 Cette contribution s'articule autour de quatre grandes parties. 6 Dans la partie 1 destinée au cadrage théorique, nous situons d'abord l'acte d'évaluation de l'expression écrite dans un processus pédagogique plus large et précisons la focale que nous avons choisie dans cette contribution, en l'occurrence la correction du texte par l'enseignant et le traitement qui peut être fait de cette copie annotée en classe. Ensuite, nous passons en revue la recherche sur les feedbacks correctifs en expression écrite en proposant une définition et une typologie de ces feedbacks et en argumentant l'intérêt de cet outil pour améliorer la maitrise de la langue étrangère. 7 Dans la partie 2, nous évoquons le contexte spécifique de l'enseignement des langues en Fédération Wallonie-Bruxelles (désormais FWB) dans lequel nous avons effectué notre recherche exploratoire, car ce contexte a un impact sur les choix posés par l'enseignant. 8 Dans la partie 3, nous présentons une recherche exploratoire réalisée dans une classe de 5e année d'anglais première langue étrangère (entre 16 et 17 ans) de l'enseignement secondaire général. Cette recherche a pour objectif de mieux appréhender ce que les élèves comprennent de leurs erreurs sur la base des corrections directes fournies par l'enseignant sur les copies, et du dispositif mis en place suite à la distribution de celles-ci. Les résultats nous permettent de conclure à une efficacité relative et limitée de la correction directe. 9 Dans la partie 4, nous procédons à une synthèse de l'article et proposons quelques pistes de solution pour tenter de résoudre les problèmes soulevés préalablement. Cadrage théorique : régulation des apprentissages et feedback correctif 10 Allal définit la régulation des apprentissages « […] en termes d'une succession d'opérations visant à fixer un but et orienter l'action vers celui-ci ; contrôler la progression de l'action vers le but ; assurer un retour sur l'action (un feedback, une rétroaction) ; confirmer ou réorienter la trajectoire de l'action, et/ou redéfinir le but » (2007 : 8). Parmi ses nombreuses missions, l'enseignant doit enseigner à ses élèves comment rédiger un texte dans une langue formellement correcte. Lorsque les élèves commettent des erreurs, il doit par conséquent réguler leur apprentissage pour qu'ils ne les commettent plus à l'avenir. Dans le cadre de la production de textes, il est très fréquent que l'enseignant annote la copie de l'élève au moyen de feedbacks correctifs écrits (désormais FCE). 11 L'annotation de la copie de l'élève par l'enseignant peut prendre des formes très différentes, de même que le traitement qui en est fait ultérieurement par le professeur et les élèves. Comme le synthétise la figure 1, on peut identifier quatre grandes phases dans le processus de production et de traitement de la copie écrite initiale de l'élève. La correction de l'expression écrite en langue étrangère et son exploitation ... Recherches en didactique des langues et des cultures, 13-3 | 2016 2 Figure 1 – Grandes étapes de la démarche de traitement de la copie d'expression écrite initiale par l'enseignant et les élèves (*) (*) Les flèches hachurées indiquent que les étapes qui suivent ne sont pas nécessairement mises en pratique dans toutes les classes. 12 Dans le cadre de cet article, nous nous focalisons principalement sur les étapes 2 et 3. Le feedback correctif écrit 13 Le FCE indique à l'élève qu'il a commis une erreur de langue (Russell & Spada, 2006 : 134). Son but est d'attirer l'attention de l'élève sur son utilisation erronée de la langue cible pour lui permettre de restructurer son interlangue1 et, in fine, de ne plus commettre la même erreur. Le FCE cible les erreurs lexicogrammaticales (morphologiques, syntaxiques, lexicales, d'orthographe, etc.) ; les erreurs plus macro (p. ex. de structuration, de cohérence et de pertinence du contenu) relèvent du feedback sur l'écrit (feedback on writing) et ne sont pas traitées dans cet article, car elles font appel à des processus cognitifs différents. 14 Les dernières recherches sur le FCE, que nous synthétisons ci-dessous (cf. 1.3.), tendent à conclure que la correction directe, qui consiste à fournir la forme correcte de l'erreur, est plus efficace que la correction indirecte, où il est seulement fait mention à l'élève qu'il a commis une erreur. Mais qu'en est-il de la compréhension effective du FCE direct ? En effet, la correction directe a beau s'avérer plus performante que son homologue indirect, cela n'implique pas qu'elle soit nécessairement performante, c'est-à-dire qu'elle permette à tous les élèves de comprendre la majorité de leurs erreurs. Si un élève comprend 10 % de ses erreurs quand elles sont soulignées, mais 20 % quand elles sont soulignées et corrigées, le deuxième mode de correction est certes plus performant que le premier, mais il n'en est pas performant pour autant puisque l'élève ne comprend qu'une erreur sur cinq. L'objet de notre recherche est précisément de mesurer ce taux de compréhension (voir point 3). La correction de l'expression écrite en langue étrangère et son exploitation ... Recherches en didactique des langues et des cultures, 13-3 | 2016 3 15 Plusieurs concepts clés de la linguistique appliquée et de l'acquisition d'une langue étrangère indiquent que le FCE peut contribuer à restructurer l'interlangue de l'élève. Parmi ceux-ci, nous en épinglons deux qui nous paraissent fondamentaux. Le premier est que l'exposition à des énoncés erronés (negative evidence) qui informent l'élève qu'il dévie de la norme, peut être bénéfique à l'acquisition d'une langue étrangère (Gass, 1988 ; White, 1991). Le second, celui d'"attention" développé par Schmidt (1990, 1995, 2001), postule que pour acquérir une langue étrangère, il faut prêter attention aux éléments qui la constituent pour qu'ils s'intègrent à l'interlangue. Concrètement, l'apprenant, grâce au FCE, prête une attention sélective à son énoncé corrigé, ce qui lui permet de percevoir ( notice) le fossé (gap) entre les versions erronée et correcte de l'énoncé et, ce faisant, de prendre conscience (awareness) de ses erreurs uploads/Science et Technologie/ la-correction-de-l-x27-expression-ecrite-en-langue.pdf
Documents similaires
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 31, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.3146MB