1 2 SPAGYRIE Spagyrie, phyto-spagyrie et « l’or du millième matin » « L’eau est

1 2 SPAGYRIE Spagyrie, phyto-spagyrie et « l’or du millième matin » « L’eau est la mémoire de la plante » affirmait Paracelse il y a cinq cents ans, vérité qui semble se confirmer par les plus récentes découvertes de la science. Et cette mémoire végétale est peut-être justement la clef de la phytothérapie, et l’explication d’une efficacité qui ne cesse d’être démontrée au quotidien, à condition de ne pas traiter les plantes comme des réserves de remèdes allopathiques. L’exemple de la spagyrie, une discipline millénaire qui s’éclaire des nouvelles recherches scientifiques, illustre parfaitement tous les propos que j’ai tenus dans cet ouvrage. Juste pour le plaisir, je vous fais ici un résumé succinct de cette science oubliée qui quand je l’ai découverte il y a plus de quarante ans a enchanté mon adolescence et mes vertes années. La spagyrie réinventée Aujourd’hui la grande majorité des compléments alimentaires et des médicaments, même phytothérapiques, repose exclusivement sur une action chimique, moléculaire. Or les travaux récents de Jacques Benvéniste (la « mémoire de l’eau »), Louis Claude Vincent (l’eau et la bioélectronique), Claude Louis Kervran (les transmutations biologiques), Dufaut et le groupe international et interdisciplinaire LAIM (le silicium organique), les données nouvellement acquises de la physique quantique, confirment que les interactions entre électrons ne sont qu’un des aspects – le plus élémentaire - des liens complexes qui régissent les mécanismes biologiques. 3 Il est maintenant avéré que les processus pathologiques et leurs réponses thérapeutiques sont également régis par des phénomènes électromagnétiques, micro- vibratoires, biodynamiques encore incomplètement élucidés. Curieusement, ces découvertes récentes remettent au goût du jour des traditions multiséculaires qui à la lumière de la science du XXIème perdent leur aura magicoreligieuse pour recouvrer la place qui est la leur dans nos laboratoires modernes. Paracelse, l’alchimie et la spagyrie Paracelse, médecin et alchimiste zurichois disparu en 1541 et à qui on attribue, sans doute à tort, la formule « la dose fait le poison », s’il n’a pas inventé la spagyrie en a au moins forgé le nom. Paracelse est aussi connu pour avoir été un trublion alcoolique – nul n’est parfait – mais aussi pour avoir offert à l’Humanité quelques belles découvertes médicales. Il a aussi été le premier à comprendre que le goitre et le crétinisme fréquents dans les montagnes étaient dus à une carence d’un actif marin (on sait maintenant qu’il s’agit de l’iode) et que ces deux pathologies pouvaient être prévenues par l’introduction dans l’alimentation d’algues marines séchées. Spagyrie est en fait un vocable d’origine grecque issu des verbes spao (séparer) et ageiro (réunir). On retrouve cette approche sémantique du mot spagyrie dans une formule lapidaire essentielle « solve coagula », signifiant « dissout, coagule », ou encore en langage plus moderne « dissout, précipite », et qui désigne les principales opérations physico- chimiques auxquelles le praticien se livrera inlassablement. 4 La spagyrie est une discipline directement issue de l’alchimie, science millénaire assimilée par tout un chacun à une magie opérative de bas étage. Alchimie et spagyrie sont en fait mal connues du grand public, pour lequel l’alchimiste n’a pour but que la fabrication de l’élixir de longue vie, et surtout de la pierre philosophale capable de transmuter le plomb en or. Bien au-delà de l’image d’Epinal évoquant le « faiseur d’or » toujours occupé à compulser de vieux grimoires et à mélanger inlassablement des mixtures noires et malodorantes, Alchimie et Spagyrie sont des disciplines véritablement scientifiques, et qui de surcroît sont peut-être les seules à intégrer la spiritualité dans la recherche expérimentale. Quant à la spagyrie stricto sensu, rares sont ceux qui se souviennent d’en avoir seulement entendu prononcer le nom. Cette ignorance peut sembler étonnante concernant deux sciences plus que millénaires – il semblerait qu’elles soient nées à l’époque de l’Egypte ancienne, en tout cas on en trouve de nombreuses traces, écrites, sculptées ou peintes, dans les documents arabes, juifs, et dès le moyen-âge en Occident – ignorance qui se justifie d’une part par la peur des bûchers inquisitoriaux, d’autre part par le mystère volontairement entretenu par les adeptes de ces deux disciplines. Et l’on ne saurait les blâmer d’avoir si bien crypté leurs traités, compte tenu de l’importance du grand Secret protégé sous les allégories, les symboles et les rébus, et le danger qu’il pourrait représenter s’il tombait en de mauvaises mains. 5 Les trois principes et les quatre éléments Alchimie et Spagyrie sont souvent représentées par le symbole de la pyramide, qui réunit en une seule figure le chiffre trois, représentation divine correspondant à la face triangulaire, et le chiffre quatre, la base en forme de carré représentation de l’incarnation humaine. D’après les principes alchimiques et spagyriques, tout ce qui existe dans l’Univers est composé de trois principes réunis entre eux par l’action des quatre éléments, il en est ainsi des minéraux, des plantes, des animaux, des hommes. Le SEL, principe de fixité, qui est représenté par la partie minérale de la plante, sels minéraux et oligo-éléments. 6 Le SOUFRE, principe odoriférant et subtil que l’on peut grosso modo faire correspondre aux huiles essentielles. Le MERCURE, principe de volatilité, qui peut facilement s’évaporer sous l’action de la chaleur. Michel Sendivogius, alchimiste bien connu des XVIIème / XVIIIème siècles, nous décrit ainsi ces principes universels : « Le mercure est une liqueur spirituelle, aérée, rare, engrossée d’un peu de soufre, et l’instrumentale la plus proche de la chaleur naturelle. Le soufre est un principe gras et huileux qui lie les deux autres principes entièrement différents. Le sel est la substance des choses et un principe fixe comparable à l’élément de la terre. Il nourrit le soufre et le mercure qui agissent sur lui. » 7 Paracelse nous donne sa propre définition des trois principes : « Ce qui brûle est le soufre, ce qui s’élève en fumée est mercure, ce qui se résout en cendre est le sel. » Ce qu’il présente également sous la forme : « L’un est liqueur, c’est le mercure ; l’autre est une huile, c’est le soufre ; le troisième un alkali, c’est le sel. » Quant aux éléments, ils sont au nombre de quatre : - La terre, élément tangible - L’eau, élément fluide - L’air, élément gazeux - Le feu, élément intangible. La quintessence, obtenue après la réunion – ou cohobation – des trois principes préalablement séparés et purifiés, est souvent considérée par les spagyristes comme un cinquième élément, sublime ou plutôt sublimé, spirituel. Les préparations spagyriques Pour Paracelse, l’art spagyrique consiste « à tirer le nombre ternaire de l’unité et à ramener le ternaire à l’unité. » 8 Dans la nature, les substances minérales, végétales et animales subissent une lente évolution qui les mène théoriquement et avec une infinie lenteur à la perfection de la quintessence, la « substantifique moelle » dont parlait François Rabelais. L’alchimiste ou le spagyriste se sont donné pour mission de reproduire le travail de la nature, mais de manière accélérée pour parvenir dans l’espace d’une vie humaine à la perfection, le Grand Œuvre ou élaboration de la pierre philosophale, matière parfaite, étant une imitation à l’échelle de l’homme de la création divine. Dans la pratique spagyrique, les plantes sont soumises à l’action des quatre éléments, AIR et distillation, EAU et macération ou dissolution, FEU et calcination ou distillation, TERRE et digestion ou fermentation. Les principales manipulations spagyriques, au nombre de sept, permettent de séparer les trois principes composant la matière première végétale, et pour parvenir au terme de cette séparation, la patience est de rigueur, comme nous l’enseigne la table d’émeraude. Ce document, attribué à Hermès Trismégiste (le trois fois grand) d’où nous vient le mot « hermétique », est un des plus anciens et laconiques des traités alchimiques : « Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais, doucement, avec grande industrie. » Ces manipulations seront toutes longuement et inlassablement répétées, les quatre premières correspondant à l’étape de séparation (solve ou spao) : - La dissolution (ou décomposition), sera suivie pour plus d’efficacité par la filtration et la décantation 9 - La fermentation (ou putréfaction) - La distillation, complétée par la rectification et la circulation ou rotation - La calcination (ou cémentation, sublimation, exaltation). Les trois dernières correspondent à l’étape de réunion (coagula ou ageiro) : - La cohobation ou réunion proprement dite - La digestion qui parfait la réunion - La coagulation ou fixation. La première étape de séparation permet d’isoler et de parfaire les trois principes : - Le soufre, qui correspond aux huiles aromatiques volatiles et non volatiles est obtenu par distillation - Le mercure, qui correspond aux alcools et autres esters est obtenu par fermentation - Le sel, composé des minéraux solubles et insolubles est obtenu par calcination à haute température. La deuxième étape de réunion permet de recomposer et de recréer, sous une forme parfaite marquée par la quintessence, la matière première végétale (ou minérale selon les cas). 10 Au terme de ces longues et subtiles préparations qui d’une certaine façon font mourir la plante et ses actifs mais pour mieux les faire renaître, uploads/Science et Technologie/ spagyrie.pdf

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