Bilans musculaires. Stratégie d’évaluation d’après la Classification internation

Bilans musculaires. Stratégie d’évaluation d’après la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) R. Hignet, J.-L. Blaise Cet article a pour objet d’ordonner les bilans musculaires selon les concepts de la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF). Après un historique de celle-ci, les six éléments qui la composent sont détaillés. Ces six éléments sont regroupés en trois entités : la personne, les facteurs environnementaux et la participation. Les connexions de chaque entité avec les bilans musculaires sont traitées. Il en découle une méthodologie du choix du bilan musculaire, selon l’acte moteur, la personne et les structures à tester. Un déroulement type d’une évaluation est proposé. La seconde partie montre des exemples de bilans de la fonction et de l’activité de force (isocinétique et isométrique), de vitesse (iso-inertielle et plyométrique) et d’endurance. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Bilan musculaire ; Classification internationale du fonctionnement ; Force ; Vitesse ; Endurance ; Isométrique ; Isocinétique ; Iso-inertiel ; Plyométrique Plan ¶ Introduction 1 ¶ Classification internationale du fonctionnement 2 Bref historique 2 Six éléments 2 Synthèse 3 ¶ La personne 3 Premier élément : « problème de santé (trouble ou maladie) » 3 Deuxième élément « facteurs personnels » 4 Troisième élément « fonctions organiques et structures anatomiques » 4 Quatrième élément « activités » 4 Exemples d’interactions entre ces éléments 4 ¶ Les facteurs environnementaux 4 ¶ La participation 4 Niveau journalier global d’activités 4 Niveau de réalisation d’une activité particulière 5 ¶ Choix du bilan musculaire 5 Caractéristiques de l’acte moteur à tester 5 Caractéristiques de la personne à tester 6 Caractéristiques des structures anatomiques à tester 7 ¶ Déroulement du bilan musculaire 7 Vérifications préliminaires 7 Variables à mesurer 7 Modalités de l’épreuve 8 Aspects techniques 9 Bilans subjectifs de l’intensité de l’effort 9 Transcription des résultats 9 Réévaluation 9 ¶ Fonction force maximale volontaire isométrique durée brève 10 Épreuve par paliers 10 Épreuve rectangulaire 10 Épreuves triangulaires 11 ¶ Fonction force maximale isométrique durée courte 11 ¶ Fonction force maximale isocinétique durée brève 11 Épreuves par paliers 12 Épreuves rectangulaires 12 ¶ Fonction force maximale isocinétique durée courte 12 ¶ Fonction vitesse maximale (avec ou sans plyométrie) durée brève 12 ¶ Fonction vitesse maximale durée courte 13 ¶ Fonction endurance maximale : maintien de positions ou répétitions d’actions cycliques 13 Épreuves rectangulaires 13 Épreuves par paliers 14 ¶ Activité force maximale 14 ¶ Activité vitesse maximale (avec ou sans plyométrie) durée brève 14 ¶ Activité vitesse maximale (avec ou sans plyométrie) durée courte 14 Épreuve rectangulaire ou par paliers 14 ¶ Activité endurance maximale 14 Épreuves par paliers 14 Épreuves rectangulaires 15 ¶ Des bilans pour le thérapeute ou pour le patient ? 15 ■Introduction Il existe un grand nombre de bilans musculaires, et de toutes sortes. Un cadre de référence paraît nécessaire afin de donner une cohérence à cet ensemble. La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) [1] propose un cadre général aux bilans. Cette classification est appliquée dans de nombreux pays et par de nombreux professionnels de santé [2]. Ce n’est pas seulement une classification, c’est essentiellement un concept qui correspond à la vision que peut avoir un spécialiste du mouvement. Ce modèle permet à la fois ¶ 26-010-A-10 1 Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation une approche analytique précise et une optique systémique, mettant en perspective les interactions entre les éléments en présence (Fig. 1). Quelques rappels concernant la CIF sont nécessaires pour montrer où elle situe les bilans musculaires. ■Classification internationale du fonctionnement Le lecteur initié à la CIF remarquera certains aménagements de détails vis-à-vis de la classification. Ces aménagements restent toutefois en concordance avec son organisation générale. Ils respectent les objectifs fondamentaux de la CIF, en particu- lier celui de favoriser un langage commun à tous les thérapeutes évaluant le fonctionnement humain [3]. En outre, cette classifi- cation est évolutive ; une CIF enfants est disponible en langue anglaise depuis cette année sur www.who.int/classification/ icf/en/. Une prochaine révision de la CIF est annoncée. Bref historique La famille des classifications de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est donc enrichie, en 2001, d’une nouvelle classification visant à définir un langage commun pour identifier et mesurer les conséquences de longue durée des maladies et traumatisme. L’émergence de ces classifications de la santé remonte à la fin du XIXe. Dès 1893, Mesurer pour juger, principe fondateur de l’école d’anthropologie de Paris, conduit Bertillon à recenser, à analyser et à classer les causes de décès. Il établit alors une première nomenclature. Par ses travaux, il jette les bases de classifications qui seront reprises en 1948 par l’OMS, agence spécialisée de l’ONU. Après avoir privilégié l’observation des causes de décès, ce sont les maladies qui font l’objet d’une Classification internationale des maladies (CIM), référence internationale en termes de diagnostics médicaux. C’est actuel- lement la dixième révision (CIM 10) qui fait autorité. Dans le domaine de la Santé publique, 1950 est une période charnière. La médecine progresse et repousse de nombreuses maladies infectieuses ; l’espérance de vie augmente et, avec elle, les maladies chroniques. Les années 1970 voient la qualité de vie devenir objet d’intérêt. La définition même de la santé s’affine : pour l’OMS, ce n’est plus seulement l’absence de maladie, mais un état de total bien-être physique, mental et social. Certaines personnes vivent parfois dès leur naissance et jusqu’à des âges de plus en plus avancés avec des limitations fonctionnelles parfois très sévères. Apparaît alors la nécessité d’identifier les conséquences invalidantes de la maladie, communément appelées handicaps. Entre 1975 et 1980, au titre de l’OMS, le professeur Philip N. Wood, rhumatologue et épidémiologiste, coordonne l’élabora- tion de la Classification internationale des handicaps : déficien- ces, incapacités et désavantages (CIH), traduite en français en 1988. En distinguant trois niveaux d’expérience du handicap, ce modèle propose une approche linéaire et centrée sur l’individu. Le point de départ est toujours la maladie ou le trouble de santé. Ainsi, une maladie ou un traumatisme provoquant une faiblesse musculaire des membres inférieurs (déficiences) entraîne une impossibilité à marcher (incapacité motrice) qui aboutit à un désavantage pour les déplacements et produit une situation de handicap dans la vie sociale ordinaire. Cette classification modifie considérablement l’approche de l’infir- mité, devenue handicap dans sa dénomination. Malgré tout, alors que l’ambition était de mesurer les conséquences du problème de santé dans la vie quotidienne de l’individu, il s’avère que cette grille de lecture s’appuie essentiellement sur le modèle biomédical (diagnostic curatif). Elle ne prend pas en considération les autres composantes de l’état de santé telles que l’aspect environnemental et sociétal. Un long processus de révision est alors engagé. L’observation, de linéaire qu’elle était, devient interactive. C’est le fonctionne- ment de la personne qui est pris en considération : « le fonc- tionnement est un terme générique qui se rapporte aux fonctions organiques, aux activités de la personne et à sa participation dans la société » [1]. La CIF modifie profondément le modèle précédent. Elle sous-tend que la situation de handicap est liée à l’organisation sociale autant qu’aux facteurs indivi- duels. Dans l’exemple précédent, le manque d’accessibilité aux moyens de transport, l’inadaptation des mobiliers urbains, l’absence de lois appuyées sur le principe de non-discrimination créant une égalité et une équité pour tous les citoyens, sont facteurs de situations de handicap. L’approche du handicap qui était à l’origine individuelle, est maintenant devenue une approche systémique de la situation de handicap. Une rapide analyse des différents éléments du système montre les interactions. Six éléments Six éléments sont interdépendants. Problèmes de santé (troubles, maladies, hérédité...) La CIM 10 démembre les pathologies qui vont interférer sur le fonctionnement de la personne. Il faut inclure les éventuels effets iatrogènes des traitements orthopédiques ou chirurgicaux, médicaux ou physiques. La CIM 10 est complémentaire de la CIF, apportant d’autres informations, donnant une image plus large et plus signifiante sur le fonctionnement de la personne. Fonctions organiques et structures anatomiques Cette dyade « fonction-structure » comporte tous les consti- tuants de l’organisme et leurs rôles. Cet ensemble peut aller du plus petit (par exemple : le noyau de la mitochondrie- duplication, déficient dans la myopathie, ou autre exemple : l’acétylcholine-transmission synaptique, déficient dans la myasthénie) jusqu’au plus grand (l’œil-la vision, la main-la préhension) en passant par les cellules, les tissus, les systèmes et les appareils, y compris les fonctions mentales et le cerveau (Tableau 1). Cet ensemble se situe au niveau local ou locorégio- nal. Le référentiel egocentré est le référentiel à utiliser lorsque sont évaluées les relations des différentes parties du corps entre elles. Les bilans de cet ensemble sont encore souvent appelés « bilans analytiques ». La CIF n’utilise plus cette terminologie. Elle parle d’efficience et de déficience de fonction et d’efficience et de déficience de structure. Activités Cet ensemble considère « la personne-l’activité ». Par activité, il faut entendre des actions mettant en jeu plusieurs dyades « structures-fonctions » : par exemple se déplacer, communiquer, s’habiller, exécuter une tâche, etc. Le terme de uploads/Sante/ bilans-musculaires.pdf

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  • Publié le Fev 03, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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