1 CHAPITRE I : MALADIE ET ONCTION DANS LA VISION BIBLIQUE Introduction La publi

1 CHAPITRE I : MALADIE ET ONCTION DANS LA VISION BIBLIQUE Introduction La publication, suite aux dispositions conciliaires (SC73-75) du nouvel Ordo Unictionis Informorum eorumque pastoralis curae (OUI) de 1973 constituait un changement radical dans la considération de ce sacrement, tant du point de vue théologique que du point de vue pratique. Le témoin éloquent en est le changement du nom. A partir du XIIème siècle, on l’appelait « extrême onction », aujourd’hui on l’appelle « onction des malades ». Déjà avant le concile, ces deux visions du sacrement étaient perçues. Ceux qui le considéraient « extrême onction » le plaçaient avant la mort du chrétien, tandis que les autres, au contraire, avec le même nom, le liaient à la maladie1. Si les premiers se referaient aux pratiques de la théologie médiévale, rendue sacrée plus tard par le Concile de Trente, les seconds par contre se fondent sur la tradition liturgique du premier millénaire, redécouverte plus tard par Vatican II. L’attention est ainsi faite à la considération de la maladie ou de l’infirmité, comme un donné constant de la situation de l’homme, qui se place non seulement du point de vue anthropologique, mais aussi du point de vue religieux. Du point de vue anthropologique, on assiste aujourd’hui, grâce au développement toujours croissant de la science médicale et de la technologie, à la diminution des maladies, mais paradoxalement, à leur augmentation. La science en effet, prolongeant toujours plus le moment de la mort, et ne réussissant pas du tout à éliminer les causes toujours croissantes de la maladie, ne fait qu’en prolonger l’état. De ce point de vue, on voit attentivement la maladie non pas comme un traumatisme physique, dû aux lésions organiques, mais une situation humaine, avec interaction entre psychisme et le corps pour lequel on recourt à un médecin, un infirmier, etc. non seulement pour sa technique, mais aussi pour un rapport humain dans le sens que l’homme est un être à aider. 1 B. BOTTE, L’onction des malades, LMD, 15, 1984, pp 99-107 2 Du point de vue religieux, si dans le passé, animé par un certain esprit chrétien et ascétique qui faisait accepter avec résignation la maladie, on amenait le malade et la famille à se tourner vers Dieu, aujourd’hui, une vision plus séculaire de la vie amène à se tourner vers la science afin de lutter contre les maladies, dans le but de les faire disparaître. L’Eglise ne s’oppose pas à cette attitude. Elle encourage plutôt les hommes de sciences à poursuivre leurs efforts. Toutefois la situation de la maladie reste substantiellement constante, et si certaines maladies sont éradiquées, d’autres par contre surgissent et angoissent profondément l’homme et la société. On se demande alors pourquoi l’homme doit-il souffrir ? Eternelle question ! C’est à cette question que l’Eglise, illuminée par la révélation, doit donner une réponse. Le sacrement des malades s’insère dans une telle perspective, comme le signe de la réponse de la foi. Nous verrons ensuite, avant de passer à l’histoire du sacrement lui- même, quelle est la vision biblique de la maladie et de l’onction. I. THEOLOGIE DE LA MALADIE A. L’Ancien Testament L’Ecriture Sainte ne parle pas directement de la maladie, sinon dans le contexte général de la souffrance. Les auteurs bibliques partent du constat que la souffrance existe, et ne recherchent pas les causes possibles ou les motivations. Certaines souffrances trouvent leur raison dans la méchanceté de l’homme : le juste souffre en effet à cause de l’impie qui l’opprime. Mais le problème se pose pour ses souffrances, qui ne trouvent pas une explication humaine, entre autres les maladies et les malheurs. En face de cela dans une vision religieuse, Israël se demande : comment est-il possible que JHWH, qui a noué une alliance d’amour avec son peuple, qui a réalisé des prodiges (par exemple l’exode), permette qu’il y ait des maladies et des injustices ? Israël voit que la souffrance et la maladie sont des « réalités mal à propos, injustifiées, illégitimes, scandaleuses » (Ex 14, 10 ss ; Jug 3,9 ; les psaumes de lamentation). 3 La première observation qui s’impose est que la Bible ne considère pas la maladie du point de vue scientifique, mais plutôt du point de vue religieux. Dans la description de la maladie, elle ne va pas au-delà de l’observation empirique, qui peut parfois être vague et même gauche (exemple : Lv 13, 14 s, où de simples affections cutanées et même moisissure des murs sont considérées comme lèpre). Nous ne trouvons dans l’AT aucune exhortation à recourir au médecin, mais seulement celle à se tourner vers Dieu (Sir 38, 2). Il est tout de même permis de recourir aux pratiques magiques (2Rois 1, 1-4). La souffrance n’est jamais considérée comme un bien. La santé par contre est un signe de bénédiction de JHWH (Sir 31, 20) pour laquelle on le remercie (Sir 17, 28) ou on le supplie (Jug 5, 8 ; 8, 5 ; Ps 107, 19, etc.) le seul cas considéré positif est celui de la vieillesse : celle-ci est signe de bénédiction divine, parce que la vie est un don de Dieu, qui la désire longue et prospère (Ex20, 12 ; Prov 10, 27 ; Ps 92, 15 ; Job 15, 15 ; Tb 14, 2), et parce que source de sagesse et d’expérience (Sir 25, 6-8) qui lui permet de mieux assoir son autorité. C’est le cas des « anciens » (Ex 3, 16 ; 18, 12 ; 2Sm 5,3 ; Es 6, 7). C’est seulement quand la vieillesse devient, à cause de la maladie, un poids (Sir 14, 3-4) qu’elle est assimilée à la maladie. Les réponses au problème de la sagesse sont multiples. La plus ancienne, commune à tous les peuples, est que Dieu a créé ce qui était bon, la souffrance est le produit de la faute, qui doit être punie.la souffrance et la douleur entrent ainsi dans la scène de l’homme (Job 3), après le péché originel. La douleur est alors un signe de l’ouvrage de Satan, et la manifestation de la colère divine contre le monde pécheur (Ex 9, 1-2 ; Nb 12, 9-13 ; 1Sam 16, 14 ; Ps 38, 3-9 ; Sag 1, 23). Mais par-dessus-tout, Dieu peut vaincre ces forces du mal, ainsi, le chemin de l’espérance demeure ouvert. De cette conception, se pose un problème de causalité entre la souffrance et le péché (1Sam 16, 14 ; 2Rois 5, 27 ; 20, 1-11 ; Macc 9, 52-54 ; 2Macc 9, 11-12 ; Dn 4, 28-30 ; Ps 32, 3-5 ; 38, 1-5 ; Job 8, 13 ; 22, 5-14). Mais la réflexion biblique va au-delà : elle n’aperçoit pas toujours ce qui est vrai. On observe en effet que ce sont les justes qui souffrent pendant que les impies prospèrent : autre motif de scandale ! Voilà posé le problème du 4 livre de Job. Pendant que ses amis présentent la solution traditionnelle, Job est sûr de son innocence. Il vient en doute l’idée que la souffrance est une preuve2 de l’infidélité de Job. Et si cette preuve est fausse ? Il reste alors de reconnaitre que « les voies du Seigneur sont différentes de celles de l’homme » et qu’il faut se fier à lui. Cela semble être la conclusion du livre de Job, avec une ouverture vers l’idée d’une rétribution après la mort qui sera illustrée dans les derniers livres sapientiels. Ainsi regardant en avant, sont annoncés les temps messianiques dans lesquels la victoire sur le mal et la maladie, annoncée de façon obscure sera réalisée3. La guérison sera une des œuvres de Yahvé et une des tâches du Messie (Is 19, 22 ; 57, 18 ; 53,4). Une dernière réponse au problème est la valeur rédemptrice de la souffrance : Moïse qui veut offrir sa vie pour le peuple (Ex 7, 11 ; Nb 11, 1 ; Ex 32, 30-33) thème repris en Jérémie (8, 18. 21 ; 11, 19 ; 15,18 ; et développé dans les poèmes du Serviteur de JHWH (Is 52,13 ; 53,12). B. Le Nouveau Testament Le NT se pose en continuité avec la réflexion de l’AT et en même temps qu’il corrige ou précise certaine lignes, fait réaliser d’autres. Jésus n’est jamais présenté comme un malade, mais il est celui qui porte en lui les infirmités et les enlève, réalisant la figure du Serviteur de Jahvé (Mt 8,17) d’autre part, il se présente comme un médecin, venu non pas pour les biens- portants, mais pour les malades (Mt 9,12 ; Lc 5,31-32 ; Mc 2,17). Il est clair que les infirmités que Jésus soigne sont causées par le péché. Les guérisons effectives des maladies sont « signes » de sa victoire sur le mal. Si en Mt 11, 4-5 et Lc 7, 22 elles sont le signe de sa messianité, elles deviennent par ailleurs le signe de sa libération vraie et profonde qu’il opérera avec sa mort et sa résurrection. Sa mission, en effet, est présentée en St Luc 4, 18-19, comme une uploads/Sante/ cours-ucac-onction-des-malades.pdf

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  • Publié le Apv 28, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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