Echelle de dépression de Raskin Y. Lecrubier - Mise à jour 2008 par M. Ferreri

Echelle de dépression de Raskin Y. Lecrubier - Mise à jour 2008 par M. Ferreri Hétéro-évaluation Échelle d’intensité Résumé L'échelle de Raskin est une échelle d'évaluation globale de la sévérité des états dépressifs. Elle comporte trois items centrés sur les plaintes, le comportement observé et les symptômes secondaires de dépression présentés par le malade. Son score est bien corrélé à celui des échelles classiques. La fidélité interjuges est bonne ainsi que la sensibilité au changement. Elle est à juste titre largement employée au niveau international. Introduction Les échelles d'évaluation globale de la pathologie présentent l'avantage de mesurer certains troubles (anxiété, dépression) avec une grande pertinence, lorsque l'évaluation est réalisée par un clinicien expérimenté. Ce jugement synthétique peut en effet tenir compte de la gravité d'une anxiété paucisymptomatique ou, à l'inverse, ne pas considérer comme "dépression sévère" un état anxiodépressif dans lequel l'anxiété augmente le score de nombreux items d'échelles comme l'échelle de dépression de Hamilton (HDRS). Par contre on peut reprocher aux échelles d'évaluation globale leur manque de sensibilité et une absence totale de renseignement qualitatif. Les valeurs absolues présentées et la fidélité interjuges dépendent d'un avis à propos duquel on ne peut être certain que différents cotateurs se basent sur les mêmes éléments. Ces échelles ont de plus l'avantage de réduire au minimum les pertes de temps pour le cotateur. Historique et présentation L'échelle de Raskin et al. (1969) avec seulement trois items se veut intermédiaire entre ces deux positions. Le discours, le comportement et les plaintes du sujet sont explorés. Le jugement du cotateur est, pour ces niveaux d'observation, très global. Le choix de ces trois domaines et le contenu de chacun ont été faits à partir de travaux antérieurs du même groupe où chaque domaine était exploré grâce à des instruments indépendants. Mode de construction Celui-ci est original ; en effet, les auteurs ont, à partir de travaux antérieurs, considéré qu'il était utile de définir des domaines et non des items définis par un concept unique. En ce sens il s'agit bien d'une évaluation globale. Cependant pour chaque domaine, des exemples précis, nombreux, sont cités avec des consignes précises pour la cotation. L'item "Symptômes" peut ainsi être évalué à partir de l'insomnie autant que la perte de la concentration ou de l'appétit. - 1 - Etudes de validation La gamme de scores possibles est donc de 0 à 12. Les scores supérieurs ou égaux à 6 sont en général considérés comme suffisants pour nécessiter un traitement antidépresseur. Les dépressions dont les scores sont supérieurs ou égaux à 9 sont considérées comme sévères. Les corrélations avec les scores mesurés avant traitement décrites dans la littérature sont élevées (r = 0,84 pour l'HDRS, 0,71 pour le facteur dépression de la Symptom Check List SCL 90, 0,76 pour le Beck Depression Inventory BDI de Beck (Rounsaville et al., 1979). Nous avons trouvé des corrélations de 0,65 à 0,80 avec les scores de l'échelle de dépression de Montgomery et Asberg (MADRS) selon les populations étudiées. La fidélité inter-juges a été bien étudiée par Cicchetti et Prusoff (1983) ; elle est excellente dès l'évaluation avant traitement pour le score global et le reste après traitement. A titre indicatif, dans les mêmes conditions la fidélité inter-juges pour le score global de l'HDRS est seulement moyenne à l'entrée pour devenir excellente à la sortie. Le domaine évalué qui donne lieu aux moins bons coefficients intraclasse concerne les plaintes du malade ; l'entraînement peut donc porter particulièrement sur ce point lors des séances d'entraînement aux cotations. Mode de passation L'échelle de dépression de Raskin est cotée par le clinicien après un entretien concernant : - les plaintes rapportées par le malade, - le comportement observé, - les symptômes dits "secondaires" des états dépressifs. Différents symptômes sont cités dans chacun des trois domaines. Les passations peuvent être fréquentes puisqu'il s'agit d'une évaluation "instantanée". Cependant, certains symptômes cités ne peuvent être correctement évalués qu'en faisant référence à des temps supérieurs à une journée. Cotation La présence d'un seul des symptômes cités entraîne une cotation positive, le symptôme le plus sévère définit l'intensité attribuée qui, dans chacun des trois domaines, est de 0 (absent) à 4 (énormément). Applications Le but de l'E.R. n'est en aucun cas diagnostique ; cependant sa sensibilité à identifier les cas positifs est bonne (94 % si HDRS 78 %) ; le nombre de faux négatifs est peu élevé tandis que les faux positifs sont nombreux. Ceci peut être en faveur de l'utilisation du score de 6 et plus comme critère d'exclusion lorsque l'on ne veut pas introduire de déprimés dans une étude. Si au contraire on veut s'assurer qu'un score minimal garantit une sévérité suffisante, nous conseillons d'utiliser, selon l'objectif, le score de 7 ou de 8. En aucun cas ces scores ne peuvent être considérés comme diagnostiques. En terme de prédictivité thérapeutique, les scores de patients présentant une dépression unipolaire majeure, selon les Research Diagnostic Criteria (RDC), sont identiques qu'ils - 2 - soient placebo-répondeurs ou pas ; il en va de même pour les autres échelles habituellement employées. La sensibilité au changement est bonne. Même lorsque l'on évalue des changements modestes chez des sujets présentant un trouble dépressif majeur (de l'ordre de 30 %) par rapport à la ligne de base la sensibilité de l'ER est aussi bonne que celle de l'HDRS (Pollock et al., 1989). Chez des sujets dysthymiques présentant des pathologies initiales faibles nous avons trouvé une sensibilité égale à celle de la MADRS. Intérêts-limites Il s'agit donc d'une "évaluation globale" précise et sensible particulièrement adaptée aux protocoles de caractère thérapeutique. Au total, les populations cibles sont les états dépressifs et les syndromes anxio-dépressifs. L'emploi pour exclure des déprimés, par exemple d'une population d'anxieux, a aussi été proposé. Il s'agit d'une échelle facile d'emploi, de passation rapide, sensible et fiable y compris pour évaluer le changement. Elle est largement utilisée au niveau international et l'utilisation de la version française, bien que n'ayant pas donné lieu à une validation spécifique, montre des résultats identiques à ceux de la littérature internationale. Bibliographie CICCHETTI D.V., PRUSOFF B.A. Reliability of Depression and Associated Clinical Symptoms. Arch Gen. Psychiatry, 1983, 40, 987-990. LECRUBIER Y., STERU M.L., LANCRENON S., LAVOISY J. et coll. Les déprimés ambulatoires en pratique de ville; une enquête épidémiologique. Actualités Psychiatriques, 1983, 2A, 19-26. POLLOCK B.C., PEREL J.M., NATHAN R.S., KUPFER DJ. Acute Antidepressant Effect Following Pulse Loading with Intravenous and Oral Clomipramine. Arch Gen. Psychiatry, 1989, 46, 29-35. RASKIN A., SCHULTERBRANT J., REATIG N. et al. Replication of factors of psychopathology in interview, ward behavior and self-report ratings of hospitalized depressives. J. Nerv. Ment. Dis., 1969, 148, 87-98. ROUNSAVILLE B.J., WEISSMAN M.M., ROSENBERCER P.H., WILBER C.H., KLEBER H.D. Detecting Depressive Disorders in Drug Abusers: A Comparison of Screening Instruments. J. Aff.Dis. 1979, 1, 4, 255-267. - 3 - ECHELLE DE GRAVITÉ DE LA DÉPRESSION DE RASKIN Outil d’évaluation NOM : PRENOM : SEXE : AGE : DATE : Coter : Inexistant : 0 ; Faible : 1 ; Moyen : 2 ; Beaucoup : 3 ; Enorme : 4 Coter : Inexistant : 0 ; Faible : 1 ; Moyen : 2 ; Beaucoup : 3 ; Enorme : 4 Coter : Inexistant : 0 ; Faible : 1 ; Moyen : 2 ; Beaucoup : 3 ; Enorme : 4 Coter : Inexistant : 0 ; Faible : 1 ; Moyen : 2 ; Beaucoup : 3 ; Enorme : 4 DISR Discours du sujet Se sent triste, sentiment d'être sans espoir, perte d'intérêt, idées de mort, pleure facilement. ☐ COMR Comportement Semble abattu, pleure, parle à voix basse, triste, ralenti, perte d'énergie. ☐ SYMR Symptômes Insomnie ou hypersomnie, bouche sèche, histoire suicidaire récente, perte d'appétit, difficultés à se concentrer, perte de mémoire. ☐ SOMME DES ITEMS SOMME DES ITEMS ☐ - 4 - Éval. Clin. Stand. J.D. Guelfi et al., P.F. 92 uploads/Sante/ depression-raskin.pdf

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  • Publié le Aoû 05, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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