ARTICLE N°15 THÉRAPIES COMPORTEMENTALES, COGNITIVES ET DÉPRESSION Recherche men

ARTICLE N°15 THÉRAPIES COMPORTEMENTALES, COGNITIVES ET DÉPRESSION Recherche menée par Christine MIRABEL-SARRON Psychiatre-docteur en psychologie clinique et pathologique, Praticien Hospitalier, service de Mr le Pr Rouillon , C.M.M.E Université Paris V René Descartes, C.H.S Sainte-Anne, PARIS Thérapies comportementales, cognitives et dépression Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) font partie des traitements les plus efficaces et les plus recommandés pour la dépression. Dr. Marie-Christine Mirabel-Sarron, présente les caractéristiques de ces thérapies et les étapes essentielles qui conduisent au changement thérapeutique. L’étude de l’efficacité des TCC est fondée sur de nombreuses recherches qui permettent également d’optimiser et de personnaliser leurs indications. Les TCC évoluent avec l’évolution des connaissances scientifiques, de la société et des nouvelles technologies. Les axes de ces évolutions visent à aider toujours mieux les patients déprimés, sont également présentés. Christine Mirabel-Sarron - Thérapies comportementales, cognitives et dépression SOMMAIRE De quels résultats communément admis disposons-nous ? Comment les obtenons-nous ? Qu'en tirons-nous comme connaissances ? Qu'en faisons-nous concrètement ? Références Biographie p.3 p.6 p.8 p.10 p.11 p.16 NOTA BENE : Les numé- ros entre crochets dans le texte correspondent aux références bibliogra- phiques situées à la fin du document (Exemple : [1] correspond à Ref. [1] sur la page 11). Christine Mirabel-Sarron - Thérapies comportementales, cognitives et dépression 3 De quels résultats communément admis disposons-nous ? Un ensemble de psychothérapies est proposé aux patients déprimés1 parmi lesquelles les thérapies comportementales et cognitives (T.C.C). Ces thérapies brèves ont montré leur efficacité dans l’accélération de la ré- mission clinique et la diminution du taux des récidives dépressives [1]. Elles sont utilisées depuis les années 1970 comme traitement des désordres émotionnels [2, 3]. Dés les années 1980, elles sont proposées en traite- ment combiné avec les médicaments antidé- presseurs avec un gain important de l’asso- ciation y compris pour les états dépressifs majeurs hospitalisés [4]. Le taux de récidive dépressive est alors diminué d’environ 35 % à un an [5]. La T.C.C de la dépression est une thérapie verbale et comporte une quinzaine de séances. La thérapie est centrée sur des objectifs concrets et personnels. Elle est une des seules aides psychologiques qui s’utilisent en phase aiguë de la dépression. Les étapes de la thérapie comportemen- tale et cognitive sont les suivantes : 1.  Présentation du modèle cognitif : situation- cognition2-émotion-comportement. 2.  Définition et identification des pensées automatiques négatives3. 3.  Argumentation des pensées dépressives, initiation aux méthodes de distanciation. 4.  Identification des processus cognitifs4 trop utilisés (voir les différents types de pro- cessus cognitifs dans le Tableau n°1 page suivante). 5.  Initiation à la technique de planification des actions. 6. Identification des schémas cognitifs. 7.  Augmentation de la flexibilité des schémas cognitifs5. L’indication est posée après des entretiens préliminaires incluant une analyse fonction- nelle6 des troubles aussi bien diachronique7 que synchronique8 [6]. En phase aigüe de la dépression9, le patient apprend une démarche psychologique qui l’amène à : mettre à distance ses pensées né- gatives dépressives ; obtenir un soulagement émotionnel et récupérer une liberté d’action. Une seconde partie de la thérapie se consacre à l’identification des vulnérabilités cognitives (appelées schémas10) incriminés dans le pro- cessus des rechutes et récurrences [7, 8]. Exemples d’après Leahy de « résistances » dues aux croyances dysfonctionnelles (la vali- dation du schéma, la résistance morale, etc.). Buttler en 2006 fait la synthèse des 16 méta- analyses11 publiées sur l’évaluation de la T.C.C dans différentes souffrances psychiatriques et constate que la taille de l’effet est très importante dans le cas des dépressions non bipolaires [9]. Dans le même sens, de nombreuses études validées ont démontré l’efficacité des T.C.C sur l’amélioration des symptômes dépressifs à court et moyen terme [10, 11]. Une première série d’études visent à évaluer l’efficacité de cette thérapie brève dans diffé- rentes populations de déprimés, adolescents, 1. Voir l’article n° 17 : « Dépres- sion et Psychothérapie dans la vraie vie » (Dr. J-M Thurin), Le Livre Blanc de la Dépression. 2. Cognition : le terme « cogni- tion » désigne des pensées ou des images mentales qui apparaissent dans l’esprit du sujet au cours d’expériences émotionnelles. Les cognitions construisent des discours intérieurs automatiques, non réfléchis [1]. 3. Les pensées automatiques ou les pensées dysfonction- nelles prennent le plus souvent la forme de petites phrases de contenu banal mais fortement négatives, par exemple : « je suis nul ; je ne suis pas capable de faire quoi que ce soi… ». Ces pensées automatiques peuvent être en lien avec une situation déclenchante ou peuvent se manifester par des rumina- tions qui ne constituent pas une réponse à un stimulus externe immédiat [1]. 4. Les processus cognitifs : Les processus cognitifs sont des mécanismes qui sous-tendent le traitement de l’information (la sélection, l’évaluation, la mémorisation, l’organisation des éléments significatifs du son environnement). Pour une typologie des processus cogni- tifs, voir le Tableau n°1. 5. Les schémas cognitifs représentent l’ensemble des croyances et des convictions intimes qu’un sujet entretient sur lui-même et sur le monde. Ils sont à comprendre au sens donné par les institutrices cognitivistes et notamment comme des représentations non spécifiques mais organi- sées (selon l’expérience pré- alable du sujet), facilitant le rappel mnésique, mais en même temps entraînant des distorsions systématiques des nouvelles constructions men- tales. Les schémas sont décrits comme étant à la fois des struc- tures et des processus qui, une fois activés, canalisent l’atten- tion et interviennent comme des filtres cognitifs pendant le traitement de l’information. [1] Christine Mirabel-Sarron - Thérapies comportementales, cognitives et dépression 4 adultes ou personnes âgées. Dobson en 1989 répertorie 28 études effectuées entre 1977 et 1987 [10]. Cette méta-analyse souhaite évaluer l’efficacité d’une T.C.C suivant le programme préconisé par Beck (1979) [3]. Toutes ces publications montrent une thé- rapie 70 % plus efficace que les autres aides psychologiques. 6. Une analyse fonctionnelle : Cet analyse permet d’établir pour chaque comportement problème (ou séquence com- portementale), le lien entre le comportement, les cognitions et les émotions ressenties, de spécifier le contexte et les modalités de son apparition, et enfin de réfléchir sur ses anté- cédents et ses conséquences (responsables du maintien du comportement – problème). L’analyse fonctionnelle permet de définir les buts et le plan thérapie, ainsi que les straté- gies thérapeutiques les plus adaptées pour agir sur le com- portement – problème. 7. Diachronique : l’évolution des faits ou des troubles dans le temps. 8. Synchronique : la descrip- tion des faits/des troubles ici et maintenant. 9. Phase aigue : la phase dans laquelle les symptômes ont une forte intensité 10. Voir note de bas de page n°5. 11. Une méta-analyse est une démarche statistique combi- nant les résultats d’une série d’études indépendantes sur un problème donné. La méta- analyse permet une analyse plus précise des données par l’augmentation du nombre de cas étudiés et de tirer une conclusion globale. Cette dé- marche est largement utilisée en médecine pour l’interpréta- tion globale d’études cliniques parfois contradictoires. Processus cognitifs Définitions Le raisonnement émotionnel La personne fait une conclusion sur ses qualités d’après son état émotionnel La surgénéralisation La conclusion est tirée sur une seule expérience Le raisonnement dichotomique Penser en termes extrêmes, en tout ou rien Devoir, falloir Se donner des impératifs catégoriques qui organisent la manière d’agir et d’être. L’auto-injonction volontaire. Prédictions négatives Anticiper toujours l’échec de manière prématurée et sans arguments La lecture des pensées des autres Baser sa conclusion sur ce que l’on pense que les autres pensent sans avoir demandé. L’étiquetage Une caractéristique négative d’un événement ou d’une personne devient une caractéristique définitive La personnalisation L’interprétation d’une situation ou d’un comportement est mise en relation avec une caractéristique négative de soi-même. L’abstraction sélective Des événements indésirables ou négatifs sont davantage rappelés que des événements neutres ou positifs L’évitement de la pensée (cognitif) Les sentiments et les événements déplaisantes sont perçus comme insurmontables, ils sont alors supprimés et/ou évités Focalisation somatique La personne interprète des stimuli internes (palpitations, souffle court…) comme des indicateurs fiables d’une catastrophe imminente, d’une attaque ou d’un malheur Maximalisation L’exagération d’un événement mineur Minimisation La moindre prise en compte des ressources personnelles et des réussites antérieures Les erreurs de logique Conclure quelque chose sans lien entre les faits Tableau n°1 (ci-contre) Typologie et défini- tion des processus cognitifs. >  d’après Wright, cité par Mirabel- Sarron, 2005 [1] Christine Mirabel-Sarron - Thérapies comportementales, cognitives et dépression 5 12. Une étude multicentrique est une étude scientifique qui est faite avec des volontaires en provenance de plusieurs centres médicaux différents. Ceci permet ainsi de réunir un nombre plus grand de patients donc d’obtenir des données médicales plus précises. 13. Une thérapie interperson- nelle : cette thérapie se centre sur les relations entre le début des symptômes dépressifs et les problèmes relationnels du présent. De manière générale, la thérapie se focalise sur le contexte social immédiat du patient et cherche à intervenir sur les dysfonctionnements sociaux qui sont associée à la dépression plutôt que sur la personnalité. Dans sa pers- pective psychodynamique, la thérapie interpersonnelle est étroitement reliée à la pers- pective des relations d’objet : la uploads/Sante/ 6-a-164-bbc.pdf

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  • Publié le Dec 10, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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