SAMEDI 4 AVRIL 2020 - 76E ANNÉE - N O 23401 - 4,50 € - FRANCE MÉTROPOLITAINE WW

SAMEDI 4 AVRIL 2020 - 76E ANNÉE - N O 23401 - 4,50 € - FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR - FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 3,70 €, Andorre 3,50 €, Autriche 3,80 €, Belgique 4,80 €, Cameroun 2 400 F CFA, Canada 5,70 $ Can, Chypre 3,20 €, Côte d'Ivoire 2 400 F CFA, Danemark 36 KRD, Espagne 3,50 €, Gabon 2 400 F CFA, Grande-Bretagne 3,10 £, Grèce 3,50 €, Guadeloupe-Martinique 3,20 €, Guyane 3,50 €, Hongrie 1 330 HUF, Irlande 3,50 €, Italie 3,50 €, Liban 6 500 LBP , Luxembourg 4,90 €, Malte 3,20 €, Maroc 22 DH, Pays-Bas 3,80 €, Portugal cont. 3,50 €, La Réunion 3,20 €, Sénégal 2 400 F CFA, Suisse 4,40 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 4,10 DT, Afrique CFA autres 2 400 F CFA WEEK-END EMANUELE COCCIA : « La Terre peut se débarrasser de nous avec la plus petite de ses créatures » ENQUÊTE Les épidémies perturbent la relation aux morts PAG ES 2 5 À 2 8 idées UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE, EN BELGIQUE ET AU LUXEMBOURG Les Etats entrent dans une ère de dettes colossales ▶ Les pays occidentaux ont lancé des plans de soutien massifs à leur éco­ nomie, pour atténuer les conséquences de l’épidé­ mie et du confinement ▶ Dans les scénarios noirs, la dette de la France pourrait passer à 141 % du PIB, celle de l’Italie à 181 %. Les déficits américain et britannique explosent ▶ Ces Etats profitent des taux bas, voire négatifs, actuels et du renfort des banques centrales, qui rachètent massivement leurs dettes ▶ Les économistes ne sont pas inquiets concernant la solvabilité à court terme, mais redoutent à long terme la perte de crédibi­ lité auprès des créanciers ▶ Les Etats ont déjà connu dans leur histoire des ni­ veaux d’endettement plus importants, notamment après des guerres PAGES 14-15 EN LOMBARDIE, L’IMPOSSIBLE DÉCOMPTE DES MORTS Dans l’église San Giuseppe de Seriate, près de Bergame, le 26 mars. CLAUDIO FURLAN/LAPRESSE VIA AP ▶ Dans cette région italienne, les habi­ tants craignent un bilan bien supérieur au chiffre officiel de 8 000 décès ▶ A Brescia, les autorités ne savent plus où entreposer les cercueils PAGE 6 Reportage Une journée au cœur de la « réa 4 », à Annecy TRISTAN REYNAUD /ZEPPELIN Emploi Un salarié sur cinq se retrouve en chômage partiel PAGE 11 Industrie Michelin décide de redémarrer ses usines PAGE 13 Des salariés des magasins du réseau de distribution témoignent de conditions de travail où les pres­ sions et une étroite sur­ veillance sont habituelles PAGE 16 Commerce Leclerc : un management par l’intimidation Isabelle Adeline, 59 ans, infirmière depuis vingt ans en Normandie, est souvent la seule personne que ses patients croisent dans la journée. « Les gens veulent tous être rassurés. Et les infirmières tissent un lien social essentiel » PAROLES DE SOIGNANTS – P. 19 Témoignages Le sacerdoce de l’infirmière en milieu rural Politique Comment la gauche réfléchit au « monde d’après » PAGE 10 MAGAZINE 1920, L’ÉPIDÉMIE OUBLIÉE Outre les produits de santé liés à la pandémie, ce sont les médicaments dits « essentiels » qui commencent désormais à manquer PAGE 3 Santé Vers une pénurie mondiale de médicaments Au moins 884 personnes âgées sont mortes depuis le début de la crise sani­ taire, selon un premier bilan partiel, le 2 avril. Une hécatombe silencieuse PAGE 4 Ehpad « C’est un cauchemar collectif » MUNICIPALES : L’INÉVITABLE IMBROGLIO PAGE 30 1 É D I T O R I A L Le quotidien du service hospitalier en photos PAGES 20-21 ANALYSEZ 2018 // DÉCHIFFREZ 2019 220 PAGES 12 € 2| CORONAVIRUS SAMEDI 4 AVRIL 2020 0123 En Ile­de­France, une évacuation sanitaire sans précédent Depuis mercredi, 36 patients ont été transférés en TGV médicalisé vers la Bretagne, et 84 malades par les airs ou par la route vers la Normandie, les Pays de la Loire ou le Centre­Val de Loire, des régions moins touchées J usqu’au dernier moment, ils ont es­ péré pouvoir faire face seuls à la vague de patients. Mais, dans la nuit du mardi 31 mars au mercredi 1er avril, le directeur général de l’ Assistance publi­ que­Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, et celui de l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile­de­France, Aurélien Rousseau, ont dû se rendre à l’évidence. Impossible de sui­ vre le rythme d’arrivée des malades. Au cours des vingt­quatre heures précédentes, les hô­ pitaux franciliens ont dû accueillir 190 nou­ veaux patients affectés par le SARS­CoV­2 en réanimation, portant leur nombre total à 2 200, leur capacité maximale. Pour retrouver un peu de marge, ordre est alors donné de transférer des malades vers des régions moins touchées. Résultat deux jours plus tard : après une première opération d’évacuation − déjà program­ mée − de 36 patients en TGV médicalisé mercredi vers la Bretagne, 84 ont été transportés dès l’après­midi par les airs ou par la route vers la Normandie, les Pays de la Loire ou le Centre­Val de Loire. PLANIFICATION « PERMANENTE » Pour déployer ce « pont aérien », un « hub » a été installé à l’aéroport d’Orly − fermé au public − à partir duquel une quinzaine d’hélicoptères et d’avions civils comme militaires ont fait la navette. Une « pre­ mière dans l’histoire de la médecine en France », indique­t­on à l’ ARS. Cinquante autres malades pourraient encore être transférés ce week­end. « L’objectif est d’avoir transféré un total de 216 patients d’Ile­de­France d’ici à lundi », calcule un conseiller à Matignon, en rappelant que 439 transferts ont déjà été réalisés en France depuis le 18 mars. Au sein de l’exécutif, on souligne que « c’est un travail de planification permanent, effec­ tué quasiment vingt­quatre heures sur vingt­ quatre par la direction générale de la santé, avec les ARS et les pays frontaliers ». L’objectif est d’éviter à tout prix qu’un malade ne trouve pas le lit de réanimation dont il pour­ rait avoir besoin. « Il n’est pas question de lais­ ser une personne sans solution », jure un con­ seiller. Mais, reconnaît­on, cela demande des arbitrages subtils entre les lits disponibles aujourd’hui et ceux dont les régions ont be­ soin pour accueillir les futurs patients. Pour l’heure, l’exécutif table plutôt sur un effet po­ sitif du confinement. « On ne va pas laisser inemployées des capacités de réanimation dans des régions qui pourraient être épar­ gnées », explique un proche du premier mi­ nistre, Edouard Philippe. Chaque jour en fin d’après­midi, un point est fait au sein de la cellule interministérielle de crise, installée au ministère de l’intérieur, place Beauvau. C’est là que sont décidés les transferts et les moyens associés, qu’ils soient militaires ou civils. Et ce, quel que soit le coût financier. « Le président de la Républi­ que a dit que tout devait être fait quoi qu’il en coûte, ce n’est pas un sujet », balaie­t­on à Ma­ tignon. L’Etat a d’ailleurs mis à disposition sa propre flotte de Falcon pour transporter jusqu’à Paris des médecins et des personnels soignants de régions pour l’instant moins touchées, afin d’ouvrir de nouveaux lits de réanimation en Ile­de­France. Trois avions ont ainsi récupéré une trentaine de soi­ gnants mercredi. Au total, 300 infirmiers et aides­soignants, et une trentaine de méde­ cins sont attendus en renfort en région pari­ sienne, permettant d’ouvrir 200 nouveaux lits d’ici à ce week­end. SOLIDARITÉ TRANSFRONTALIÈRE Dans l’attente de nouvelles capacités, les hôpitaux évaluent les malades qui sont aptes à être transportés. Ceux­ci doivent être stables. « Deux patients devaient partir dans la journée, mais nous avons annulé car leur état s’est aggravé pendant la nuit », témoigne Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond­Poincaré de Garches (Hauts­de­ Seine), en précisant que le transfert pourra être reprogrammé pour le week­ end en cas d’amélioration. Deux autres patients sont déjà arrivés sans difficulté à Brest, où ils seront pris en charge jusqu’à leur réveil. La pression sur les lits a atteint un pic cette semaine : « Dès qu’un lit se libère, nous avons six ap­ pels et, en une heure à peine, il est pourvu », constate le médecin, en rappelant qu’un tiers des 70 personnes hospitalisées à Gar­ ches pourrait avoir besoin d’une réanima­ tion dans les prochains jours. Dans la région Grand­Est, les transferts ont été nombreux et, de l’avis de tous les acteurs, vitaux pour éviter l’effondrement d’un sys­ tème de soins mis sous haute tension. Ils ont été « indispensables », souligne Christophe Gautier, directeur des hôpitaux de Stras­ bourg. Ces évacuations ont eu lieu vers d’autres régions, avec trois TGV sanitaires qui ont emmené 56 patients au total vers le « DÈS QU’UN LIT SE LIBÈRE, NOUS AVONS SIX APPELS ET, EN UNE HEURE À PEINE, IL EST POURVU » DJILLALI ANNANE chef du service de réanimation à l’hôpital de Garches Une infirmière bretonne sanctionnée pour avoir rejoint l’ AP­HP Alors que sa hiérarchie l’aurait autorisée à prêter main­forte aux hôpitaux parisiens débordés, Mona Amraoui a vu uploads/Sante/ journal-le-monde-du-samedi-4-avril-2020-pdf.pdf

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  • Publié le Oct 16, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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