Les enfants exposés à la violence conjugale et familiale : Guide à lintention
Les enfants exposés à la violence conjugale et familiale : Guide à lintention des éducateurs et des intervenants en santé et en services sociaux Notre mission est d’aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de santé. Santé Canada Les enfants exposés à la violence conjugale et familiale : Guide à l’intention des éducateurs et des intervenants en santé et en services sociaux préparé par Marlies Sudermann et Peter Jaffe pour l’Unité de la prévention de la violence familiale, Santé Canada. Also available in English under the title Handbook for Health and Social Service Providers and Educators on Children Exposed to Woman Abuse/Family Violence. Les opinions exprimées dans ce document sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue de Santé Canada. Il est interdit de reproduire ce document à des fins commerciales, mais sa reproduction à d’autres fins est encouragée, à condition que la source soit citée. On peut obtenir, sur demande, la présente publication en formats de substitution. Pour obtenir plus de renseignements sur les questions de violence familiale, veuillez communiquer avec : Le Centre national d’information sur la violence dans la famille Unité de la prévention de la violence familiale Division des questions relatives à la santé Direction générale de la promotion et des programmes de la santé Santé Canada Indice de l’adresse : 1907D1 7e étage, immeuble Jeanne-Mance, Pré Tunney Ottawa (Ontario) K1A 1B4 CANADA Téléphone : 1–800–267–1291 ou (613) 957–2938 Télécopieur : (613) 941–8930 Téléimprimeur (FaxLink) : 1–888–267–1233 ou (613) 941–7285 ATME : 1–800–561–5643 ou (613) 952–6396 Site Web : http://www.hc-sc.gc.ca/nc-cn © Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 1999 Cat. H72-21/163-1998F ISBN 0-662-83267-1 1 LES ENFANTS EXPOSÉS À LA VIOLENCE CONJUGALE ET FAMILIALE : GUIDE À L’INTENTION DES ÉDUCATEURS ET DES INTERVENANTS EN SANTÉ ET EN SERVICES SOCIAUX Ce guide est destiné à tous les intervenants en santé et en services sociaux, ainsi qu’à tous les éducateurs au Canada. Il vise les intervenants de première ligne ainsi que les superviseurs et les dirigeants des agences de services sociaux, des organismes de soins de santé et des établissements d’enseignement. Nous incitons les responsables de la formation et du perfectionnement professionnels à utiliser ce document comme outil de travail. Les enfants qui sont exposés à la violence envers les femmes sont profondément marqués par cette expérience qui a d’importants effets préjudiciables sur leur santé, leur sécurité, leur comportement, leur développement affectif et social, et leurs résultats scolaires. C’est un problème important pour les médecins de famille, les professionnels de Introduction À QUI CE GUIDE EST-IL DESTINÉ? INTRODUCTION la santé mentale des enfants, les psychologues, les travailleurs sociaux, les préposés à la protection de la jeunesse, les éducateurs, les administrateurs scolaires, le personnel des garderies, les infirmières et infirmiers de la santé publique et des écoles, les sage-femmes, les pédiatres, les obstétriciens, les travailleurs des services communautaires, les défenseurs des femmes, les enseignants des écoles professionnelles et des collèges communautaires, les spécialistes de la thérapie familiale et conjugale, les évaluateurs spécialisés dans la garde d’enfants et les visites aux enfants, et les nombreux autres intervenants du réseau de fournisseurs de nos collectivités. QUEST-CE QUE LEXPOSITION DES ENFANTS À LA VIOLENCE CONJUGALE ET FAMILIALE? Les termes « enfants exposés à la violence » et « enfants témoins d’actes de violence » sont interchangeables dans ce guide. De nombreux auteurs (p. ex., Holden et coll., 1998) et nous- mêmes préférons maintenant utiliser le mot « exposition » parce qu’il offre une acception plus complète qui englobe le fait de voir, d’entendre et d’observer les effets de la violence, et le fait de vivre dans la peur. Le mot « témoin » sous-entend « témoin oculaire » et il est parfois confondu avec celui de témoin devant un tribunal ou avec la préparation des enfants en vue de témoigner devant un tribunal. Les enfants exposés à la violence envers les femmes voient, entendent, et sont témoins d’actes de violence commis à l’égard de leur mère par leur père ou par le conjoint de celle-ci. Ils peuvent être des témoins oculaires ou se trouver dans une autre pièce, à l’étage ou au lit où ils essaient de s’endormir. Ils peuvent également constater les résultats de la violence. Ils voient et entendent des scènes qui vont de la violence verbale à l’agression sexuelle ou physique, dont des gifles et des bourrades, des volées de coups et de l’agression armée. Ils entendent presque toujours la violence verbale et les insultes qui 2 LES ENFANTS EXPOSÉS À LA VIOLENCE CONJUGALE ET FAMILIALE : GUIDE À L’INTENTION DES ÉDUCATEURS ET DES INTERVENANTS EN SANTÉ ET EN SERVICES SOCIAUX accompagnent la violence physique, et qui peuvent également se produire à d’autres moments. L’atmosphère familiale est souvent caractérisée par un manque total de respect de l’agresseur à l’égard de leur mère qui, à de nombreux égards, se trouve réduite à l’impuissance. Le milieu familial dans lequel ces enfants doivent vivre est donc un « environnement toxique » qui, dans bien des cas, compromet gravement leur bien-être et leur développement. Même lorsqu’il n’y a pas de violence physique, il règne souvent une atmosphère de crainte, d’anxiété, de colère et de tension au foyer. Le pouvoir et le contrôle sont les moteurs de la violence. L’agresseur a recours à la violence pour maintenir son pouvoir et contrôler la victime. Parmi les tactiques fondées sur la violence, notons : n La violence verbale : insultes, remarques humiliantes et propos dégradants. n La violence morale : menaces (p. ex., menaces d’enlèvement des enfants, menaces de mort ou de sévices envers la mère ou les enfants, ou menaces de suicide ou de meurtre suivi de suicide). n La violence psychologique : actions qui minent la confiance en soi ou les décisions de la mère concernant son enfant, accusations d’infidélité envers la mère et attitude excessivement soupçonneuse à l’égard de ses actes. n Le contrôle des ressources financières de la famille afin d’enlever toute autorité à la mère. n L’isolement de la victime pour l’empêcher d’avoir des contacts avec sa famille élargie, ses amis et les membres de la collectivité (p. ex., décider d’aller s’installer dans une collectivité où la femme ne connaît personne; refuser de permettre à celle-ci à sortir avec des amis; décourager ou interdire tout contact avec les parents de la femme; empêcher celle-ci de suivre des cours de langue ou une formation professionnelle). n La violence physique : frapper, gifler, pousser, battre, attaquer avec une arme. n La violence sexuelle : violer, forcer la femme à participer à des actes sexuels que celle-ci considère offensants ou dégradants. Le père ou le partenaire masculin exerce souvent un pouvoir autoritaire et la mère n’est pas autorisée à prendre de décisions dans la famille. La victime peut souffrir d’une faible estime de soi, de dépression et d’anxiété; des sentiments de désespoir l’animent et elle arrive même à se considérer comme responsable de la situation, ce qui compromet ses capacités d’adaptation et ses compétences parentales. Le secret est souvent imposé, si bien que la violence n’est pas connue en dehors de la famille. On apprend aux enfants à ne pas en parler et on les menace même parfois de punitions s’ils disent quelque chose. Certaines familles déménagent chaque fois qu’il est probable que la violence soit découverte, alors que d’autres vivent dans le même quartier pendant des années, sans qu’aucun membre de la collectivité n’intervienne pour aider les victimes. Dans les foyers où la femme est victime de violence, les enfants courent eux-mêmes un risque accru de violence physique et sexuelle de la part de l’agresseur de leur mère. Le présent guide met l’accent sur les cas de violence familiale où c’est l’homme qui est l’agresseur et la mère la victime, car c’est le scénario de contrôle et d’abus de pouvoir le plus fréquent. Nous reconnaissons cependant qu’il arrive aussi que ce soit l’homme qui soit victime de violence (et que les effets sur les enfants qui en sont témoins sont les mêmes). Toutefois, les données disponibles indiquent que ces cas sont minoritaires, particulièrement en ce qui concerne les répercussions qualitatives sur les victimes. INTRODUCTION 3 LES ENFANTS EXPOSÉS À LA VIOLENCE CONJUGALE ET FAMILIALE : GUIDE À L’INTENTION DES ÉDUCATEURS ET DES INTERVENANTS EN SANTÉ ET EN SERVICES SOCIAUX n Les problèmes affectifs et comportementaux sont 10 à 17 fois plus fréquents chez les enfants que chez ceux appartenant à un foyer non violent (Jaffe, Wolfe et Wilson, 1990). n Les enfants exposés à la violence envers les femmes manifestent souvent des symptômes de stress post-traumatique : peur, anxiété, irritabilité, difficulté à se concentrer, souvenirs importuns des actes de violence, explosions de colère et hyperactivité (Lehmann, 1997; Graham-Berman et Levendosky, 1998). n Les actes d’agression contre les pairs, les enseignants et les mères sont plus fréquents chez les enfants qui sont témoins d’actes de violence envers les femmes, en particulier lorsqu’il s’agit de garçons, mais ce comportement existe également chez les filles (Jaffe, Wolfe, Wilson et Slusczarzck, 1986; Kerig et coll., 1998). uploads/Sante/ les-enfants-exposes-a-la-violence-conjugale.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 25, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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