1 Chapitre I_________NATURE ET CULTURE Introduction Considéré comme un être bio

1 Chapitre I_________NATURE ET CULTURE Introduction Considéré comme un être biologique ou un individu, l’homme n’est pas différent de l’animal, car tous les deux ont les mêmes besoins biologiques à satisfaire comme manger, boire, dormir et se reproduire. Mais considéré comme un être social, il se différencie de l’animal grâce à son éducation ou à sa culture. Même si l’homme vit dans la nature avec les autres animaux, il est différent d’eux parce qu’il est un être culturel. Alors, faut-il définir l’homme exclusivement par la nature, par la culture ou par les deux à la fois ? Nature et culture s’opposent-elles radicalement ou se complètent-elles ? En tant qu’animal social, l’homme a besoin de travailler pour vivre. Si le travail est source d’épanouissement, il peut également être une contrainte. Quel est donc le sens du travail ? Le travail est-t-il source de libération ou d’aliénation ? D’autre part, pour échanger avec ses semblables, l’homme a besoin du langage qui est un outil essentiel pour la communication. Sur cette question, nous étudierons les rapports que la pensée entretient avec le langage, mais aussi les formes et fonctions du langage ; et nous terminerons par une analyse des pouvoirs du langage. I- RAPPORTS ENTRE NATURE ET CULTURE 1- L’inné et l’acquis Dans le mot culture, on distingue le sens humaniste et le sens anthropologique. Au sens humaniste, on parle d’érudition, d’instruction ou de culture générale. Au sens anthropologique, la culture désigne le mode de vie d’une société, ses coutumes et ses traditions que l’individu acquiert. La nature désigne, entre autres, l’environnement ou le milieu physique dans lequel nous évoluons. Quand on parle de la nature, on pense à la faune, à la flore et aux minéraux. En bref, c’est tout ce que l’homme n’a pas créé. Il y a aussi les besoins vitaux ou naturels comme manger, boire, dormir, se reproduire etc. Ces besoins sont innés parce que l’homme naît avec. La nature, en tant que cadre de vie, est ce qui est commun à l’homme et à l’animal. Autrement dit, l’homme et l’animal vivent tous deux dans la nature, mais on pourrait se demander si tous deux entretiennent le même rapport avec la nature. Le rapport n’est pas le même, car pendant que l’animal s’adapte à la nature et la laisse intacte, l’homme la transforme et modifie son environnement en fonction de ses goûts ou de sa culture. D’autre part, l’homme et l’animal ont les mêmes besoins naturels, mais l’animal satisfait ses besoins ici et maintenant alors que l’homme Domaine II : La vie sociale 2 peut se contrôler et reporter le moment de la satisfaction de ses besoins. De plus, en satisfaisant ses besoins naturels, l’homme tient compte des règles, normes sociales et interdits de la religion ou de la morale. En outre, si l’animal consomme directement les produits de la nature, l’homme peut les préparer. Ceci est la preuve que l’homme passe son temps à modifier la nature extérieure (l’environnement) et intérieure (son corps), ce qui fait de lui un être de refus, qui refuse la nature telle qu’elle est et sa propre nature. Comme l’écrit Georges Bataille, l’homme est un animal rebelle, il nie le donné naturel et refuse son animalité. C'est-à-dire que, en plus de la transformation qu’il apporte à son corps, l’homme transforme la nature. Et en exploitant la nature, il se rebelle contre elle, ce qui fera dire à Hegel que la nature sera toujours en agonie tant que l’homme existe. Compte tenu de ce qui précède, on peut dire que tout chez l’animal est naturel alors que chez l’homme tout est naturel et culturel ; c’est pourquoi on le définit comme un animal bio- culturel. Par ailleurs, il faut souligner que la culture est relative, elle change d’une société à une autre. Mais Claude Lévi-Strauss montre qu’il existe un phénomène à la fois naturel et culturel : c’est la prohibition de l’inceste. Il s’agit de l’interdiction des relations sexuelles entre proches parents. C’est un phénomène universel parce que dans toutes les sociétés, l’inceste est interdit ; de ce point de vue, il relève de la nature. Mais c’est aussi un phénomène culturel parce que l’interdiction est une règle et les relations parentales peuvent changer d’une société à une autre. Cette diversité culturelle débouche sur la question du relativisme culturel, c’est à dire l’égalité des cultures. 3 2- De l’idée d’une nature humaine Pendant longtemps, les philosophes se sont interrogés sur l’existence ou l’inexistence d’une nature humaine. La nature humaine serait un ensemble de caractères permanents qu’on retrouverait chez tous les hommes. Elle serait une Texte Je pose en principe un fait peu contestable : que l’homme est l’animal qui n’accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L’homme parallèlement se nie lui-même, il s’éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l’animal n’apportait pas de réserve. Il est nécessaire encore d’accorder que les deux négations que, d’une part, l’homme fait du monde donné et, d’autre part, de sa propre animalité, sont liées. Il ne nous appartient pas de donner une priorité à l’une ou à l’autre, de chercher si l’éducation (qui apparaît sous la forme des interdits religieux) est la conséquence du travail, ou le travail la conséquence d’une mutation morale. Mais en tant qu’il y a homme, il y a d’une part travail et de l’autre négation par interdits de l’animalité de l’homme. Georges Bataille, l’Erotisme. Ed. de Minuit, 1957, pp. 238-2339 * Quelle est l’idée générale du texte ? L’idée que l’auteur développe dans ce texte, c’est que l’homme est un négateur. C’est un animal qui nie le donné naturel c'est-à-dire qui se rebelle contre la nature extérieure et sa propre nature. * L’homme est-il un animal qui se contente de ce que la nature lui offre ? L’homme est un animal insatisfait. Il ne se contente pas de ce que la nature lui offre, c’est pourquoi il passe tout son temps à transformer la nature et sa nature. * L’homme satisfait-il ses besoins comme le fait l’animal ? A cause de sa raison, de sa culture et de l’éducation, l’homme satisfait ses besoins en tenant compte des normes sociales alors que l’animal donne libre cours à ses besoins, sans réserve. 4 essence qui définirait l’homme partout et toujours. De ce point de vue, Aristote et Descartes estiment que l’homme a une nature qui serait réduite à la pensée. Aristote définit l’homme comme un « animal raisonnable » et on retrouve la même conception chez Descartes qui définit l’homme comme une « res cogitans » c’est à dire une substance pensante. Mieux, Descartes dit que l’homme est « une substance dont toute la nature n’est que de penser ». Autrement dit, quel que soit ce qu’il est et quelles que soient les circonstances, l’homme sera toujours un être de raison. Or, dans son ouvrage Les enfants sauvages, Lucien Malson a démontré le contraire. Il y décrit l’expérience d’enfants abandonnés à la naissance, qui seront recueillis et élevés par des loups. Ces enfants agissaient comme des loups et lorsqu’ils seront retrouvés et intégrés dans la société, ils devront apprendre à se comporter comme des hommes. De cette expérience, on peut tirer l’enseignement selon lequel le petit enfant, à la naissance, peut s’adapter à des conditions différentes. Tant qu’il vit avec des loups, l’enfant ne mérite pas encore le nom d’homme. C’est pourquoi Erasme de Rotterdam, humaniste, théologien néerlandais et écrivain du 16ème siècle a affirmé que « on ne naît pas homme, on le devient ». L’homme est un être inachevé. Il est différent de l’animal qui, à la naissance, est déjà programmé. L’animal est déjà ce qu’il sera alors que l’homme doit tout apprendre. La nature donne à l’homme des potentialités, mais il revient à la culture de les mettre en valeur. L’homme est ainsi le produit de multiples apprentissages et il a la possibilité de se perfectionner. On devient humain par un long processus d’apprentissage. C’est la culture qui forme, façonne, modèle l’individu par l’apprentissage et l’éducation. A travers l’expérience des enfants sauvages, Lucien Malson en conclut que « l’homme n’a point de nature mais qu’il a - ou plutôt qu’il est - une histoire » et l’avis est partagé par Jean Paul Sartre qui nie l’idée de nature humaine. Luc Ferry et André Comte-Sponville, dans une œuvre coproduite, considèrent aussi que l’homme n’a pas de nature, il évolue. Sujet « L’homme se distingue de l’animal par le fait qu’il naît prématuré ». Qu’en pensez-vous ? 5 3- Universalisme et relativisme culturels Le relativisme culturel implique l’idée d’une égalité et d’une complémentarité des cultures. En d’autres termes, aussi diverses qu’elles puissent être, toutes les cultures se valent ; elles n’entretiennent pas des rapports de supériorité ou d’infériorité, mais d’égalité et de complémentarité. Certes, les sociétés ont leur propre manière de vivre ; malgré leurs différences, il uploads/Societe et culture/ 5-nature-et-culture-1.pdf

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