Le designer, l’anthropologue et le trickster Introduction Situation des différe
Le designer, l’anthropologue et le trickster Introduction Situation des différents groupes autochtones La déculturation Le cas particulier de la Nouvelle-Calédonie Repères historiques Rencontre avec E. Kasarhérou, son rôle dans l’évolution d’un projet Introduction de la notion de dualité tradition/modernité Le cas particulier du Québec À destination de Montréal Relations entre québécois et autochtones, le témoignage d’un québécois Colloque CIÉRA - AÉA : le travail d’universitaire sur la question autochtone La situation des autochtones aux Canada Autochtquoi ? Autochtones en milieu urbain, interaction, confrontation de deux sociétés Le design graphique au profit de l’affirmation d’une identité intéraction & construction Le Nurraq L’expérience de l’Amanar Genèse du projet Impact politique et culturel sur la société La force du signe Archiver, conserver, divulguer Du bambou au pétroglyphe Relation entre mise en écriture et de l’oralité dans la structuration de la pensée L’écriture, la stricuturation de pensée L’oralité et la forme écrite d’une société La transmission des savoirs par l’écriture De l’observation Le regard d’un anthropologue Mise en relation entre deux démarches Le paradigme indiciaire La forme et la fonction Le travail des designers Les fonctions du design par Victor Papanek Conditional Design Un espace de réflexion Decode unicode de Johannes Bergerhausen Le Brito de Fanch le Henaff CitéInter d’André Baldinger Regard sur un travail artistique Conclusion Bibliographie Annexes p. 2 - p. 5 - p. 5 - p. 5 - p. 9 - p.10 - p.13 - p.13 - p.15 - p.17 - p. 18 - p.25 - p.25 - p.25 - p.27 - p.29 - p.30 - p.30 - p.33 - p.34 - p.36 - p.37 - p.39 - p.40 - p.44 - p.48 - p.49 - Justine Chevallier Mémoire #6 jan. 2015 Environ 100 000 signes 2 Lorsque je tente de comprendre pourquoi j’ai commencé à m’interroger sur les différents comportements et modes de vie des peuples, des souvenirs précis me viennent. Après les premières années de mon enfance passées en Nouvelle- Calédonie, ma famille et moi sommes rentrées en France métropolitaine. Je me souviens qu’à l’époque, un sentiment de décalage m’était venu en observant les attitudes des « Métropolitains ». La notion du temps et les préoccupations ne semblaient pas être les mêmes. Plus tard, lors de lectures de textes anthropologique et de rencontres cette impression d’un monde qui n’adopte pas les mêmes attitudes c’est confirmée. Notre façon de vivre et de regarder, de concevoir ce qui nous entoure n’est pas universelle. Certes, cette attestation peut paraître un temps soit peu naïve. Cependant, il m’était étrangement difficile d’appréhender que d’autres personnes puissent concevoir différemment des notions qui me paraissaient « élémentaires ». C’est justement le rapport à l’identité et à l’individuation qu’avait observé Maurice Leenhardt ( pasteur ethnologue ), chez les peuples Kanaks, qui m’a permis de porter un regard différent, plus critique sur ce qui m’entoure. Il me semble que la première pensée qui consistait à globaliser un mode de vie était teintée d’ethnocentrisme, que l’on peut voir comme une pensée occidentale affirmée. Cette pensée globalisante a atteint les peuples kanaks au moment de l’histoire coloniale qu’ils ont vécu ( sur laquelle je reviendrai plus tard ). La population kanak s’interroge à l’heure actuelle sur ce qu’il reste de leur identité. Ce questionnement, lié à mon histoire personnelle, m’a amenée à porter mon attention sur la reconnaissance des peuples autochtones. Souvent minoritaires et discriminés, ces peuples doivent affronter un phénomène de déculturation face à la culture dominante. J’aimerais comprendre dans quelle mesure le design graphique, par une méthode particulière et des outils appropriés pourrait participer à mettre en valeur ou à conserver les éléments fragiles d’une culture minoritaire. J’ai conscience de m’attaquer à une problématique qui demande de manipuler des savoirs et des domaines dont je ne peux que maîtriser les contours. Cependant, je souhaiterais apporter un nouveau regard, celui d’une étudiante en design graphique sur cette question. J’aime à penser un designer graphique non pas comme prestataire d’une demande mais comme le partenaire d’un projet, regroupant ainsi des personnes issues de domaines différents afin de répondre à une question commune. Cette approche permet également de questionner la place du designer collaborant avec des scientifiques, notamment anthropologues et ethnologues. Je me demande comment je pourrais penser les outils du design graphique afin de permettre aux groupes sociaux minoritaires d’affirmer leur identité culturelle. Il s’agit dans ce travail d’écriture, d’analyser dans un premier temps, les différentes situations autochtones. Les zones géographiques étudiées concernent l’Océanie, en particulier la Nouvelle-Calédonie où vivent les Kanaks, et la région du Québec où mes interrogations portent sur les populations amérindiennes. Ses peuples autochtones sont également nommés peuples minoritaires. J’interrogerais Introduction 3 notamment le terme autochtone et d’autres appellations pour nommer ces groupes sociaux. Cette première partie aide à contextualiser mon projet. J’avais réalisé en 2013 à l’issue de mon diplôme national d’art et technique un caractère typographique le Drehu. Cette expérience, que j’expliquerai par la suite, était une première tentative d’affirmation culturelle kanak. Elle fut un point de départ à la démarche de ce mémoire. Elle m’a permis de rencontrer Emmanuel Kasarhérou qui a été un élément clé au développement et au questionnement sur le sujet de déculturation. La déculturation implique une réflexion sur la dualité tradition/modernité. Je porterais aussi mon regard sur les différentes propositions typographiques qui ont été menées afin de participer à une dynamique pour l’affirmation de l’identité de cultures minoritaires et ce qu’elles ont impliqué en particulier en présentant les travaux de Pierre di Sciullio pour le caractère typographique Amanar. L’étude de ces travaux me permettra de préciser ma pensée sur la place du designer graphique, de l’impact culturel que ses travaux peuvent avoir et sur l’importance d’instaurer une dynamique de collaboration entre les différents acteurs. Pour aller plus avant, il m’est apparu nécessaire de questionner la transmission des savoirs par sa mise en écriture et l’impact de l’écriture sur la pensée. Je m’appuierai sur les travaux de Jack Goody sur la structuration de la pensée entre société orale et écrite. De même, j’ai souhaité questionner l’observation des anthropologues pour ainsi la mettre en relation avec le regard particulier d’un designer graphique. La méthode d’observation du paradigme indiciaire d’après Giovanno Morelli permettra de rendre compte du regard à la fois analytique mais subjectif de l’observateur. Je souhaiterai établir des liens entre ce regard et les différentes productions graphiques des designers en utilisant le principe de la relation de la forme et de la fonction définit par André Leroi- Gourhan. Parallèlement, j’ai souhaité mettre en regard le travail de designers et d’artistes répondant aux principes des fonctions du design développés par Victor Papanek dans Design pour un monde réel. Cette réflexion s’ouvrira sur le projet de plateforme typographique Decode Unicode de Johannes Berge rhausen qui permettra également de poser la question du numérique comme outil dynamique d’une affirmation des cultures minoritaires. Enfin je me pencherai sur le travail d’artistes, se préoccupant de la situation autochtone. Je souhaiterai porter mon regard sur leur travail pour leurs intentions et leur attitude teintée d’ironie. 4 5 Situation des différents groupes autochtones La déculturation La déculturation est la perte de toute ou d’une partie de la culture traditionnelle, au profit d’une culture nouvelle. Elle est liée à l’histoire complexe de la colonisation, de la mondialisation et donc du « partage » d’un territoire. Parfois, la cohabitation de deux cultures est possible et n’est pas uniquement perçue comme un phénomène négatif. C’est un phénomène très ancien et permanent. Les cultures ne sont pas délimitées par des frontières, elles sont perméables. Il s’opère inévitablement un changement d’une culture au contact d’une autre, et le croisement de deux civilisations peut former un nouveau métissage culturel intéressant. Mais, la formation d’une « nouvelle culture » par le fruit du métissage est possible tant que l’une des cultures n’est pas totalement dominante sur l’autre. En ce qui concerne les peuples innu et kanak, la présence d’une pensée et d’un mode de vie occidental à l’évidence prédominant a induit et continue d’induire une déculturation. L’amoindrissement de leur héritage culturel peut engendrer un sentiment de perte d’identité. Dans les deux situations citées, la déculturation résulte d’un processus de domination et donc de violences physiques, sociales et culturelles. Ce qui est en cause n’est pas le métissage culturel mais la domination et la violence. Le cas particulier de la Nouvelle-Calédonie Repères historiques Je me suis intéressée à cette problématique pour la première fois il y a deux ans, lors de mes recherches sur l’identité kanak. J’ai passé une partie de mon enfance en Nouvelle-Calédonie, ce qui justifie mon intérêt particulier et personnel pour cette région située aux antipodes de la métropole française. Les souvenirs que j’en garde sont simples et faits d’insouciance. Mes proches travaillaient dans différentes sphères publiques : le domaine de la culture, de la diffusion d’informations et de l’agronomie. Bien que nous soyions tous rentrés en France métropolitaine, nous parlons encore de l’actualité calédonienne. Afin de mieux comprendre le contexte calédonien, quelques repères historiques semblent utiles. La civilisation mélanésienne est de tradition orale, sans écriture. La colonisation européenne du territoire kanak uploads/Societe et culture/ justine-chevallier-memoire-6.pdf
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- Publié le Aoû 14, 2022
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
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