Introduction La culture, première variation de notre recherche, est à la fois u

Introduction La culture, première variation de notre recherche, est à la fois un objet d’apprentissage et un moyen pour apprendre la langue qu’elle comprend. Et afin d’impliquer le lecteur dans notre travail de recherche, nous devrions consacrer ce premier chapitre théorique à la notion de culture. Dans ce premier chapitre, nous allons tenter de faire le point sur ce que signifie la culture et comment elle pourrait être abordée en classe de langue. Nous commencerons par définir la notion de culture, en la distinguant de celle de civilisation. Nous clarifierons, par la suite, son lien étroit avec la langue et avec la communication. Après, nous étudierons sa présence au sein de l’éducation et en classe de langue, en particulier. La civilisation Le terme « civilisation » est apparu au 18ème siècle1 en France. A cette époque, les aristocrates ont utilisé l’adjectif « civilisé » pour parler de l’évolution sociale et intellectuelle de l’individu, et pour se distinguer aussi de ceux qu’ils considéraient socialement moins évolués qu’eux. Le dictionnaire le petit Robert (1989) définit la civilisation comme l’« ensemble de phénomènes sociaux (religieux, moraux, esthétiques, scientifiques, techniques) communs à une grande société ou à un groupe de société.» (Le Robert, 1989, p. 325). Cette définition qui donne un sens plus large met en valeur l’aspect humain et social du terme. Mendras souligne que la civilisation est « l’ensemble supposé cohérent, des règles de conduite, des croyances, des techniques matérielles et intellectuelles caractéristiques d’un ensemble social. » (Mendras, 1967, p. 242). Ces deux définitions renforcent encore l’idée que la civilisation signifie l’évolution sociale et intellectuelle. Elias en a donné une définition aussi claire et détaillée que nous citons ici « La notion de "civilisation" se rapporte à des données variées : au degré de l’évolution technique, aux règles de savoir-vivre, au développement de 1 La notion est apparue pour la première fois entre 1776-1778 dans l’ouvrage de l’historien anglais E. Gibbon « Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain », ouvrage considéré comme une des premières tentatives de travail historique et scientifique. la connaissance scientifique, aux idées et usage religieux. Elle peut s’appliquer à l’habitat et à la cohabitation de l’homme et de la femme, aux méthodes de la répression judiciaire, à la préparation de la nourriture, et à y regarder de plus près – à tout ce qui peut s’accomplir d’une manière "civilisé" ou "non-civilisé" ; c’est pourquoi il est toujours difficile de résumer en quelques mots l’ensemble des phénomènes susceptibles d’être désignés par le terme de "civilisation". » (Elias, 1973, p. 11) La civilisation comprend, d’après tout ce que nous avons cité ci-haut, l’ensemble de phénomènes liés à la vie sociale et les produits matériaux et moraux de la société. La culture Le terme « culture » avait d’abord une signification terrestre, d’origine latine « cultura »2 qui veut dire « cultiver la terre ». Après Cicéron l’a utilisé pour parler d’une « culture de l’esprit »3. En ajoutant cette signification à la première, le terme culture englobe dès lors deux significations, une terrestre « cultiver la terre » et une autre spirituelle renvoyant le plus à « l’adoration des Dieux ». Au 16ème siècle, le terme culture a eu une nouvelle signification plus moderne, la culture : « est relative aux œuvres de l’esprit plus particulièrement à celle produite par la littérature et les beaux-arts et ce qui en résulte dans l’esprit de celui qui élabore ces œuvres, qui les étudie ou qui les fréquente assidûment. » (H.Besse, 1993, p. 42) Cette vision humaniste de la culture, que l’on nomme aussi « culture cultivée » ou « culture savante », constitue l’ensemble des savoirs principaux transmis essentiellement par l’éducation. A cette conception de la culture, s’oppose une autre conception de masse ou plus ordinaire. La culture : 2 D’après le dictionnaire le petit Larousse illustré, 2005. 3 Cicéron est le premier à avoir appliqué le mot « culture » aux choses de l’esprit ou à l’âme (animus) : « Un champ si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement » (Tusculanes, II ; 13) « est en principe partagée par tous les membres d’une société donnée […] La culture ordinaire peut s’acquérir sans être enseignée ou "cultivée", elle se transmet et évolue de génération en génération […] au sein de la société qui se reconnaît ou est reconnue par elle. » (Ibidem) Ces deux conceptions sont complémentaires l’une de l’autre coexistent au sein d’un groupe social où elles sont partagées par les individus. Elles créent ensemble une culture et une identité nationales, mais elles ne caractérisent pas seules une société. Il faudrait leur ajouter, donc, une autre conception plus subjectiviste qui désigne la culture des individus d’un même groupe. C’est une conception globalisante de la culture définie par l’anthropologue Taylor, E., (1871) comme un : « ensemble complexe qui inclut la connaissance, la croyance, l’art, la morale, le droit, la coutume et toutes autres capacités et habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société. » (Olivieri, C, 1996, p. 08) Cette définition reprend le sens de l’ensemble deSs phénomènes sociaux d’un groupe. La notion de culture est, selon Beacco (2007), encore plus large. Elle recouvre plusieurs dimensions : la culture civilisatrice ou de la nature, la culture universelle, la culture nationale ou de groupes, et la culture traditionnelle ou moderne. La Déclaration4 de Mexico (1982) sur les politiques culturelles définit la culture comme suit : « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » Aujourd’hui, le terme « culture » est définit en sociologie et en anthropologie et généralement, est considéré comme le produit humain résultant des rencontres susceptibles, d’une évolution grâce aux échanges et interactions des groupes 4 D’après la conférence mondiale de l’UNESCO qui s’est tenue à Mexico entre le 26 juillet et le 26 aout 1982, connue sous le nom de Mondiacult, qui a réuni 960 participants venus de 126 États et qui a porté sur les politiques culturelles. La citation ci-dessus est tirée du Rapport Final, Paris, UNESCO, 1982, p.24 d’individus. Citons en fin une définition détaillée de la « culture » dans son sens anthropologique: « La signification qui est couramment donnée en anthropologie se réfère à un groupe ou à un peuple. Elle correspond à une structure complexe et interdépendante de connaissances, de codes, de représentations, de règles formelles ou informelles, de modèles de comportements, de valeurs, d’intérêts, d’aspirations, de croyances, de mythes. Cet univers se réalise dans les pratiques et comportements quotidiens : usages vestimentaires, culinaires, modes d’habitat, attitudes corporelles, types de relations, organisation familiale, pratiques religieuses. La culture recouvre le vivre et le faire. La genèse de cette structure complexe s’opère dans les transformations techniques, économiques et sociales propres à une société donnée dans l’espace et dans le temps. Elle est le résultat de la rencontre des trois protagonistes de la vie : l’homme, la nature et la société. » (Perroti, A, 1994, p.84) Pour résumer, le terme « culture » englobe donc les formes d’expression d’une société, ainsi que toutes les relations entre les individus qui la composent et l’ensemble des faits sociaux. Culture / communication Lors d’un échange communicatif, les parties de la communication doivent prendre en considération le statut social de l’une et de l’autre, ainsi que le type de relation entre elles. Ces facteurs s’influencent sur les choix linguistiques et les formes langagières correspondant à la situation de communication qui les réunit. A force de l’usage permanent, les membres d’un groupe culturel forment un code spécifique qui permet de véhiculer les contenus exprimés. Ce qui nécessite pour décoder certaines connaissances culturelles idéologiques, normative, comportementales, etc. La communication est aussi une pratique sociale concrétisant la culture et elle ne se limite pas au linguistique, car tout message verbal est accompagné d’un ensemble d’éléments para-verbaux et référentiels qui en complètent la fonction communicative. La culture en classe de langue L’enseignement de la culture a pour but l'apprentissage des valeurs et normes dont les valeurs définissent ce qui est souhaitable alors que les normes sont des actions sociales concrètes conduites par les valeurs. Par exemple, la protection de l’environnement est une action sociale (norme) conduite par l’écocitoyenneté, qui est une valeur. De même pour la valorisation de la vie (valeur) et prendre soin de sa santé (norme), le respect des autres et la politesse, etc. L'ensemble de ces normes et valeurs forment ce que la société attend d'un individu en tant que citoyen. On attend de tout citoyen un comportement en fonction de son statut social. Une mère, par exemple, joue un rôle différent de celui du professeur et ce dernier n’a pas le même rôle que son élève et ainsi de suite. Quelle uploads/Societe et culture/ langue-culture.pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager